Saison
2004-2005
21
sept.
>
2
oct.
04
Le
Jugement
dernier
d'ODÔN
VON
HORVÂTH
/
mise
en
scène
ANDRÉ
ENGEL
23
sept.
>
23
oct.
04
L'Illusion
comique
de
PIERRE
CORNEILLE
/
mise
en
scène
FRÉDÉRIC
FISBACH
4
>
27
nov.
04
La
Rose
et
la
hache
d'après
«Richard
III
»
ou
l'horrible
nuit
d'un
homme
de
guerre
de
CARMELO
BENE
/
mise
en
scène
GEORGES
LAVAUDANT
6
>
14
nov.
04
Carmelo
Bene
cinéma
-
rencontres
11
>
14
nov.
04
AmletO,
la
veemente
esteriorità
délia
morte
di
un
mollusco
(Hamlet,
la
véhémente
extériorité
de
la
mort
d'un
mollusque]
de
ROMEO
CASTELLUCCI
/
SOCiETAS
RAFFAELLO
SANZIO
26
nov.
>
4
déc.
04
Rodzenstwo
Ritter,
Dene,
Voss
(Déjeuner
chez
Wittgenstein)
de
THOMAS
BERNHARD
/
mise
en
scène
KRYSTIAN
LUPA
7
>
19
déc.
04
Eraritjaritjaka
musée
des
phrases
spectacle
musical
d'après
des
textes
d'ELIAS
CANETTI
mise
en
scène
HEINER
GOEBBELS
13
janv.
>
5
mars
05
Hedda
Gabier
d'HENRIK
IBSEN
/
mise
en
scène
ERIC
LACASCADE
20
janv.
>
19
fév.
05
Ecrire
I
Roma
de
MARGUERITE
DURAS
/
mise
en
scène
JEAN-MARIE
PATTE
12
mars
>
16
avril
05
Peer
Gynt
d'HENRIK
IBSEN
/
mise
en
scène
PATRICK
PINEAU
28,
29,
30
avril
05
Philomela
musique
de
JAMES
DILLON
/
mise
en
scène
PASCAL
RAMBERT
11
>
14-
18
>
21
mai
05
Paysage
après
la
pluie
d'après
Jean-Christophe
Bailly,
René
Char,
Marguerite
Duras,
Elie
Faure,
Didier-Georges
Gabily,
Jean
Genet,
Vincent
Van
Gogh,
Bernard-Marie
Koltès,
Georges
Lavaudant,
Jean-Paul
Sartre,
Jacques
Séréna,
Andreï
Tarkovsky
mise
en
scène
MOÏSE
TOURÉ
20
>
28
mai
05
Kasimir
und
Karoline
d'ODÔN
VON
HORVÂTH
/
mise
en
scène
CHRISTOPH
MARTHALER
21
sept.
>
2
oct.
04
Le
Jugement
dernier
d'ODÔN
VON
HORVÂTH
/
mise
en
scène
:
ANDRÉ
ENGEL
texte
français
:
Henri
Christophe
adapté
par
Bernard
Pautrat
pour
la
mise
en
scène
d'André
Engel
dramaturgie
:
Dominique
Muller
scénographie
:
Nicky
Rietî
costumes
:
Chantai
de
la
Coste-Messelière
lumière
:
André
Diot
musique
:
Etienne
Perruchon
son
:
Pipo
Gomes
avec
Caroline
Brunner,
Rémy
Carpentier,
Yann
Collette,
Evelyne
Didi,
Eric
Elmosnino,
Jacques
Herlin,
Jérôme
Kircher,
Gilles
Kneusé,
Bruno
Lochet,
Lucien
Marchai,
Lisa
Martino,
Julie-Marie
Parmentier,
Anne
Sée
production
:
Centre
dramatique
national
de
Savoie
avec
l'Espace
Malraux
Scène
nationale
de
Chambéry
et
de
la
Savoie,
Bonlieu
Scène
nationale
Annecy
Dès
les
premières
représentations
du
Jugement
dernier,
en
novembre
2003,
il
est
apparu
que
notre
théâtre
ne
serait
pas
en
mesure
de
satisfaire
toutes
les
demandes
de
places.
A
lui
seul,
cet
accueil
splendide
pourrait
suffire
à
expliquer
la
reprise
du
spectacle
en
début
de
saison,
avant
un
départ
en
tournée.
Mais
Le
Jugement
dernier
n'a
pas
seulement
été
un
succès
public.
Toute
la
presse
a
salué
l'élégance
rigoureuse
d'une
scénographie
taillée
sur
mesure
par
Nicky
Rieti,
l'excellence
d'une
troupe
d'interprètes
parfaitement
accordés,
l'intelligence
d'un
spectacle
la
sensibilité
et
l'ironie
critique,
loin
de
se
nuire,
participaient
de
la
même
acuité.
C'est
qu'Engel
est
l'un
des
meilleurs
connaisseurs
du
théâtre
de
langue
allemande,
et
de
celui
d'Horvéth
en
particulier.
Sa
vivacité
elliptique,
son
attention
à
la
pluralité
des
voix,
sa
liberté
à
l'égard
des
formes
artistiques,
son
dédain
de
tout
préjugé
social,
son
maniement
à
la
fois
respectueux
et
ironique
de
la
banalité
quotidienne,
l'intérêt
qu'il
porte
aux
différents
registres
et
niveaux
de
la
conscience
ou
de
l'inconscient,
mais
aussi
sa
terrible
pertinence
politique
-
autant
de
facettes
du
talent
horvathien
qu'Engel
et
son
équipe
ont
servies
à
la
perfection.
Revoici
donc,
pour
quelques
représentations
exceptionnelles,
Le
Jugement
dernier
:
l'histoire
d'une
bourgade
anonyme
engluée
dans
les
convenances,
rumeurs
et
ragots
semblent
être
l'unique
ciment
communautaire,
tout
est
figé
dans
un
ordre
immuable
et
faux,
même
le
retard
des
trains
a
sa
régularité.
Tel
est
le
cercle
dans
lequel
tourne
l'existence
d'Houdetz,
le
chef
de
gare.
Existence
entièrement
accaparée
par
les
nécessi-
tés
du
service,
pauvre
«vie»
d'un
rouage
humain
au
bord
du
chemin
de
fer,
humilié
et
harcelé
par
une
femme
jalouse
dont
il
s'obstine
très
convenablement
à
prendre
la
défense
devant
les
tiers.
Un
homme
bien
sous
tous
rapports,
comme
on
dit,
y
compris
celui
de
son
malheur
conjugal.
Rien
à
changer,
donc
-
pas
même
ce
malheur.
Par
consé-
quent,
rien
ne
changera.
Sauf
accident,
et
plus
si
affinités...
La
pièce
étant
peu
connue,
on
s'en
voudrait
d'en
révéler
davantage.
Disons
simplement
que
de
surprises
en
coups
de
théâtre,
le
réalisme
de.Horvéth
se
hisse
jusqu'au
fantastique,
et
que
cette
collision
des
genres,
troublant
les
yeux
du
spectateur,
ouvre
sur
des
lointains
rôdent
le
mythe
ou
la
folie.
f
I
23
sept.
>
23
oct.
04
L'Illusion
comique
de
PIERRE
CORNEILLE
mise
en
scène
:
FRÉDÉRIC
FISBACH
dramaturgie
:
Alexis
Fichet
scénographie
:
Emmanuel
Clolus
costumes
:
Olga
Karpinsky
lumière
:
Daniel
Lévy
avec
Hiromi
Asaï,
Valérie
Blanchon,
Christophe
Brault,
Pierre
Carniaux,
Alexis
Fichet,
Wakeu
Fogaing,
Sophie-
Pulchérie
Gadmer,
Laurence
Mayor,
Giuseppe
Molino,
Benoit
Résiliât
production
:
Studio-théâtre
de
Vitry,
sou-
tenu
par
le
Ministère
de
la
Culture
-
Drac
Ile-de-France
;
le
Conseil
Général
du
Val-
de-Marne
et
la
Ville
de
Vitry-sur-Seine
/
Festival
d'Avignon
/
Théâtre
Dijon
Bourgogne
-
Centre
Dramatique
National
Théâtre
National
de
Strasbourg
/
La
Coupe
d'Or-scène
conventionnée
de
Rochefort
/
Espace
Malraux
-
Scène
Nationale
de
Chambéry
/
Centre
Dramatique
Régional
de
Tours
avec
le
soutien
de
ta
Région
Ile-de-France
et
de
lAdami
L'Illusion
comique,
ou
le
classique
sans
l'être.
Classique,
sans
aucun
doute,
puisqu'il
s'agit
de
l'une
des
meilleures
pièces
de
Corneille
;
pas
tout
à
fait,
cependant,
puisqu'elle
compte
parmi
ses
œuvres
de
jeunesse.
Jeunesse
aventu-
reuse,
avide
d'expériences,
d'un
Corneille
qui
n'hésite
pas
à
faire
en
toute
liberté
l'essai
de
ses
moyens
de
dramaturge,
ployant
à
sa
guise
les
règles
et
les
trois
unités.
La
composition
de
L'Illusion
remonte
sans
doute
à
1635.
L'univers
baroque
y
déploie
largement
ses
équivoques
somptueuses.
Que
ce
soit
du
point
de
vue
formel,
moral
ou
métaphysique,
les
frontières
les
mieux
établies
semblent
s'effacer
dès
qu'elles
paraissent
sur
les
tréteaux
du
«comique».
Corneille
lui-même
écrira
de
son
essai
dramatique
que
«le
premier
Acte
n'est
qu'un
Prologue,
les
trois
suivants
font
une
Comédie
imparfaite,
le
dernier
est
une
Tragédie,
et
tout
cela
cousu
ensemble
fait
une
Comédie».
Les
êtres
picaresques
qui
peuplent
ce
théâtre
rapiécé
circulent
d'un
bout
à
l'autre
de
l'échelle
sociale
sans
trop
s'embarrasser
de
la
qualification
dramatique
exacte
de
leurs
actions.
Un
personnage
tel
que
Clindor,
censément
«héroïque»,
va
jusqu'à
trahir
(sous
les
yeux
de
son
père
!)
la
convention
littéraire
à
laquelle
il
doit
pourtant
son
existence.
Encore
faudrait-il
s'entendre
sur
la
nature
de
cette
«exis-
tence»-^.
Car
Isabelle,
Clindor,
Lyse,
ne
sont-ils
d'abord
que
des
«spectres»,
suscités
sous
les
yeux
de
Pridamant
par
les
pouvoirs
surnaturels
du
mage
Alcandre
?
Ou
jouent-ils
dès
le
début
leurs
propres
rôles
dans
une
«comédie
imparfaite»
qui
résume
leur
existence
?
Pour
explorer
les
fastueux
dédales
de
cette
Illusion,
Frédéric
Fisbach
a
estimé
qu'il
lui
fallait
poursuivre
un
travail
d'ap-
profondissement
qu'il
conduit
depuis
plusieurs
spectacles
sur
la
théâtralité
propre
à
la
langue
française,
considérée
dans
toute
sa
profondeur
historique.
Sans
rien
retrancher,
sans
rien
retoucher
du
texte
original,
il
s'appliquera
à
définir
un
style
qui
permette
de
le
soutenir,
aussi
bien
vocalement
que
visuellement.
Il
s'est
ensuite
très
rapidement
convaincu
que
le
vertige
baroque
devait
être
pris
en
quelque
sorte
à
la
lettre.
Plutôt
que
de
voir
dans
L'Illusion
l'un
des
plus
brillants
spécimens
de
«théâtre
dans
le
théâtre»,
Fisbach
a
choisi
de
mettre
ce
«dans»
à
la
fois
en
question
et
en
jeu.
Plutôt
que
de
tracer
d'emblée
une
limite
invisible
entre
la
scène
de
l'existence
et
celle
de
son
reflet
dramatique,
il
a
souhaité
qu'image
et
réel
infusent
l'un
dans
l'autre,
se
traversent
et
s'inquiètent
constamment.
Enfin,
pas
plus
qu'il
n'a
voulu
définir
l'espace
une
fois
pour
toutes,
Fisbach
n'a
pas
souhaité
distribuer
de
rôles
fixes.
La
plupart
des
acteurs
de
son
équipe
formeront
des
couples
au
sein
desquels
les
personnages
seront
échangés
d'un
soir
à
l'autre,
élevant
ainsi
à
une
puissance
aussi
secrète
qu'inédite
le
jeu
baroque,
son
goût
du
trouble
et
du
miroir.
len
polonais,
surtitré)
26
nov.
>
4
déc.
04
Rodzenstwo
Ritter,
Dene,
Voss
(Déjeuner
chez
Wittgenstein)
de
THOMAS
BERNHARD
mise
en
scène
et
scénographie
:
KRYSTIAN
LUPA
traduction
polonaise
:
Jacek
S.
Buras
musique
:
Jacek
Ostaszewski
avec
Malgorzata
Hajewska-Krzysztofik,
Agnieszka
Mandat,
Piotr
Skiba
production
:
Narodowy
Stary
Teatr
Cracovie
Nova
Polska,
une
saison
polonaise
en
France
NOVA
POLSKA
Six
ans
-
déjà
!
-
que
Krystian
Lupa
enchante
les
spectateurs
de
l'Odéon.
Depuis
1998
et
la
présentation
des
Somnambules
(d'après
Hermann
Broch),
le
grand
maître
polonais
du
théâtre
d'art
est
revenu
régulièrement,
à
l'invitation
de
Georges
Lavaudant,
poursuivre
devant
un
public
de
fidèles
toujours
plus
nombreux
sa
méditation
scénique
sur
l'état
spirituel
de
notre
temps.
Deux
ans
après
Auslôschung/Extinction,
Lupa
nous
revient
avec
un
autre
texte
de
Thomas
Bernhard,
qui
est
l'un
de
ses
auteurs
de
prédilection.
Mais
pour
la
première
fois,
il
n'y
aura
pas
lieu
d'admirer
les
qualités
d'adaptateur
de
Lupa
:
avec
Ritter,
Dene,
l/oss
[Déjeuner
chez
WittgensteinI,
il
nous
propose
une
mise
en
scène
d'une
pièce
de
théâtre,
conçue
d'emblée
et
composée
comme
telle
par
son
auteur.
Ritter,
Dene,
Voss
sont
les
noms
de
trois
grands
comédiens
que
Bernhard
admirait.
C'est
pour
eux
qu'il
écrivit
sa
pièce
avant
de
leur
rendre
hommage
en
lui
donnant
ce
titre.
Ritter
et
Dene
y
ont
créé
les
rôles
de
deux
sœurs
préparant
le
retour
de
leur
frère
(interprété
par
Voss).
Elles
sont
comédiennes.
Comédiennes
qui
ne
jouent
pas,
ou
presque
pas.
Le
choix
leur
appartient,
puisque
leur
père,
en
homme
d'affaires
prévoyant,
leur
a
légué
51
%
des
parts
du
théâtre.
Peut-être
que
sous
nos
yeux
elles
rejouent
la
mille
et
unième
variante
de
leur
petit
scénario
intime,
avec
ses
piques,
ses
disputes
et
ses
automatismes
-
mais
si
elles
ne
font
que
le
jouer,
elles
n'en
laissent
du
moins
rien
paraître.
Quant
au
frère,
il
dicte
inlassablement
une
Logique.
Un
philosophe,
donc,
mais
qui
proclame
que
l'asile
psychiatrique
est
son
seul
vrai
foyer.
Deux
artistes
et
un
penseur,
tous
trois
prisonniers
d'une
famille
dont
les
portraits
couvrent
les
murs
d'une
maison
rien
ne
peut
bouger.
Dans
cette
pièce,
composée
deux
ans
après
un
récit
intitulé
Le
Neveu
de
Wittgenstein,
Bernhard
reprend
à
nouveaux
frais
un
matériau
librement
inspiré
de
la
saga
familiale
de
l'un
des
principaux
philosophes
du
XX
ème
siècle,
Ludwig
Wittgenstein.
Les
trois
«actes»
de
la
pièce
peuvent
être
lus
comme
trois
moments
saisis
sur
le
vif
au
sein
d'une
famille
névrosée
tout
à
fait
quelconque,
mais
aussi
comme
la
satire
d'une
certaine
Autriche,
contraignant
à
l'exil
ses
rejetons
les
plus
sensibles
ou
pire
encore,
empoisonnant
leurs
énergies
créatrices
à
la
source.
Créée
en
Pologne
en
1996,
Rodzenstwo,
Ritter,
Dene,
Voss
y
fut
l'un
des
plus
grands
succès
de
Lupa.
Trois
des
meilleurs
comédiens
de
la
troupe
du
Stary
Teatr
y
déploient
leurs
talents
dans
un
huis-clos
que
la
Petite
Salle
de
l'Odéon-Berthier
contribuera
à
concentrer
davantage
encore.
La
proximité
avec
les
spectateurs
est
en
effet
un
élément
essentiel
du
climat
du
spectacle
tel
que
Lupa
l'a
conçu
:
les
comédiens
se
livrent
ici
au
jeu
comme
si
nul
regard
extérieur
ne
troublait
leur
dérisoire
et
terrifiante
intimité.
coproduction
:
Odéon-Théâtre
de
l'Europe,
le
Festival
d'Automne
à
Paris
avec
le
soutien
de
la
Drac
Ile-de-France
/
Bureau
du
cinéma
et
de
l'audiovisuel
Carmelo
Bene
CINÉMA
-
THÉÂTRE
-
RENCONTRES
Jusqu'à
sa
disparition
en
2002,
Carmelo
Bene
fut
le
carrefour
tous
les
opérateurs
artistiques
de
l'écriture
et
de
la
scène,
du
visuel
et
du
vocal,
se
sont
associés
pour
produire,
un
demi-siècle
durant,
un
phénomène
sans
autre
nom
que
le
sien.
Bene
a
pratiqué
tous
les
genres
qu'il
abordait
dans
un
esprit
violemment
critique
qui
fit
de
lui,
dès
les
années
60,
l'une
des
figures
majeures
de
l'avant-garde
ita-
lienne,
mais
aussi
l'un
des
grands
inspirateurs
(aux
côtés
de
Grotowski
ou
de
Kantor]
de
la
modernité
théâtrale
européenne.
Chacune
de
ses
apparitions
sur
scène
a
manifesté
l'affolement
d'une
fabrique
à
dérégler,
à
subvertir
l'un
par
l'autre,
la
scène
et
le
réel,
la
voix
du
sujet
et
la
rumeur
inorganique
des
choses.
Avec
l'appui
et
dans
le
cadre
du
Festival
d'Automne,
Georges
Lavaudant,
pour
saluer
l'artiste
qu'il
invita
dès
1996
à
se
produire
sur
la
scène
de
l'Odéon,
a
souhaité
organiser,
avec
l'aide
de
Jean-
Paul
Manganaro
(traducteur
et
spécialiste
de
l'œu-
vre
de
Bene)
et
de
la
fondation
«L'Immemoriale
di
Carmelo
Bene»,
une
série
d'événements
dans
le
sillage
de
ce
contemporain
essentiel.
Lectures,
débats,
projections
de
films
et
de
documents
-
du
6
au
14
nov.
-*
ponctueront
la
reprise
ou
la
recréation
de
deux
spectacles
se
réclamant
à
divers
titres
de
son
travail
:
La
Rose
et
la
hache,
d'après
sa
version
radicale
du
Richard
III,
mis
en
scène
par
Lavaudant,
et
l'Amleto
de
Castellucci,
qui
s'inscrit
dans
la
filiation
des
recherches
de
Bene
sur
la
«machine
actoriale»
et
la
«réduction»
du
texte
shakespearien.
*détail
de
la
programmation
à
la
rentrée
Am
1.6t0,
la
veemente
esteriorità
délia
morte
di
un
mollusco
j
1
>
14
flQV.
04
(Hamlet,
la
véhémente
extériorité
de
la
mort
d'un
mollusque)
de
ROMEO
CASTELLUCCI
/
SOClETAS
RAFFAELLO
SANZIO
mise
en
scène
:
ROMEO
CASTELLUCCI
rythme
dramatique
:
Chiara
Guidi
mélodie
:
Claudia
Castellucci
avec
Paolo
Tonti
production
:
Sodetas
Raffaello
Sanzio,
Wiener
Festwochen
en
collaboration
avec
le
Teatro
Comunale
Bonci
de
Cesena
en
coréalisation
avec
te
Festival
d'Automne
à
Paris
Sans
conteste
l'un
des
spectacles-performances
parmi
les
plus
A
partir
des
décombres
de
l'opus
shakespearien
-
.de
ce
«reste»
marquants
de
la
Societas.
Plus
de
dix
ans
après
sa
création,
en
1991,
dont
le
prince
à
l'agonie
murmure
qu'il
«est
silence»
-,
VAmleto
de
Paolo
Tonti
a
accepté
d'affronter
à
nouveau,
pour
quelques
représen-
Castellucci
propose
une
méditation
en
images
d'une
violente
étran-
tations
exceptionnelles,
l'un
des
rôles
les
plus
éprouvants
qu'un
met-
geté
sur
«le
mythe
de
l'acteur
à
la
croisée
des
chemins»,
oscillant
teur
en
scène
ait
imaginés,
en
prêtant
son
corps
à
la
figure
d'Horatio
entre
être
et
non-être
avant
de
les
conjoindre,
d'en
«liquéfier
les
racontant/incarnant/déconstruisant
la
légende
du
héros
danois,
limites»
et
de
«rendre
fluides
les
frontières
entre
la
vie
et
la
mort».
4
>
27
nov.
04
La
Rose
et
la
hache
d'après
«Richard
III»
ou
l'horrible
nuit
d'un
homme
de
guerre
de
CARMELO
BENE
mise
en
scène
:
GEORGES
LAVAUDANT
costumes
;
Jean-Pierre
Vergier
lumière
:
Georges
Lavaudant
son
:
Jean-Louis
Imbert
avec
Astrid
Bas,
Ariel
Garcia
Valdès,
Babacar
M'baye
Fall
(distribution
en
cours)
production
:
Odéon-Théâtre
de
l'Europe,
MC2
:
Maison
de
la
Culture
de
Grenoble
en
coréalisation
avec
le
Festival
d'Automne
à
Paris
Le
public
parisien
dut
attendre
jusqu'en
1977
pour
découvrir
enfin
en
chair
et
en
os,
grâce
au
Festival
d'Automne,
l'homme-théâtre
Carmelo
Bene
dans
ses
oeuvres
faussement
narcissiques.
Son
cinéma
était
déjà
apprécié
de
quelques
inconditionnels.
Parmi
eux,
une
bande
de
Grenoblois,
au
nombre
desquels
Georges
Lavaudant
et
Ariel
Garcia
Valdès,
dont
le
Théâtre
Partisan
faisait
depuis
trois
ans
les
belles
heures
du
Centre
Dramatique
National
des
Alpes.
Un
an
après
ce
premier
passage
en
terre
française,
Bene
publia
une
nouvelle
pièce,
presque
aussitôt
traduite
et
publiée
aux
éditions
de
Minuit
avec
un
important
commentaire
de
Gilles
Deleuze,
sous
le
titre
de
Superpositions.
Cette
pièce,
«Richard
III»
ou
l'horrible
nuit
d'un
homme
de
guerre,
est
évidemment
inspirée
de
Shakespeare,
auteur
qui
ne
cessa
de
fournir
à
Bene
de
quoi
alimenter
son
œuvre
propre.
Des
pages
entières
de
son
Richard
III
sont
constituées
d'emprunts
presque
littéraux,
mais
parler
d'adaptation
serait
méconnaître
complètement
la
nature
et
l'ampleur
du
traitement
appliqué
au
texte-
source.
Le
travail
de
Bene,
plus
qu'une
mise
en
scène,
est
un
essai
critique
à
part
entière.
Car
c'est
depuis
la
scène
et
à
même
la
lettre
shakespeariennes
que
Bene
en
démonte
la
dramaturgie
afin
de
mettre
à
l'épreuve
ses
constituants
et
effectuer
à
nouveaux
frais
une
reconstruction
de
son
héros.
A
ceci
près
que
le
corps
royal
que
se
fabrique
Richard
est
difforme,
improvisé
à
l'aide
de
bandages,
de
bosses
postiches,
de
membres
artificiels
et
de
tout
un
bric-à-brac
orthopédique
:
le
bistouri
de
Bene,
dans
ce
«théâtre
d'une
précision
chirurgicale»,
opère
aussi
sur
l'esthétique
elle-même,
c'est-à-dire
sur
les
liens
qui
unissent
Pouvoir
et
Représentation.
Très
vite,
Georges
Lavaudant
décide
de
recréer
à
son
tour
le
montage
de
Bene.
Non
pas
pour
en
exécuter
la
partition,
mais
pour
le
traverser
à
sa
façon,
austère
et
baroque.
La
Rose
et
la
hache
fut
conçu,
distribué,
répété
en
moins
de
trois
semaines
;
puis
il
fut
joué
17
fois.
Et
les
privilégiés
qui
l'applaudirent
ne
se
doutèrent
pas
qu'ils
venaient
de
découvrir
à
l'état
naissant
le
rôle
dont
Ariel
Garcia
Valdès
donnerait
un
jour,
dans
la
Cour
d'Honneur
du
Palais
des
papes,
une
interprétation
devenue
aujourd'hui
mythique.
Vingt
ans
après,
pour
saluer
la
mémoire
de
Carmelo
Bene,
Lavaudant
a
souhaité
réinventer
un
spectacle
qui
fut
inspiré
par
son
exemple.
A
cette
occasion,
pour
quelques
soirs,
Ariel
Garcia
Valdès
redeviendra
l'inoubliable
«
Richard,
duc
de
Gloucester,
plus
tard
Richard
III».
musée
des
phrases
spectacle
musical
d'après
des
textes
d'ELIAS
CANETTI
conception
et
mise
en
scène
:
HEINER
GOEBBELS
musiques
:
Jean-Sébastien
Bach,
Gavin
Bryars,
George
Crumb,
Gyorgy
Kurtâg,
Vassili
Lobanov,
Alexandre
Mossolov,
John
Oswald,
Maurice
Ravel,
Giacinto
Scelsi,
Dimitri
Chostakovïtch
et
Heirser
Goebbels
scénographie
et
lumière
:
Klaus
Grunberg
costumes
:
Florence
von
Gerkan
dramaturgie
et
collaboration
à
la
mise
en
scène
:
Stephan
Buchberger
son
:
Willi
Bopp
video
:
Bruno
Deville
Eraritjaritjaka
avec
André
Wilms
et
le
Quatuor
Mondrian
(Jars
Erik
van
Regteren
Aliéna,
Edwin
Blankenstijn,
Annette
Bergman,
Eduard
van
Regteren
Altena)
production
;
Théâtre
Vidy-Lausanne
E.T.E.,
T&M
-
Odéon-Théâtre
de
l'Europe,
Schauspiel
Frankfurt,
Spielzeiteuropa
I
Berliner'
Festspiele,
Wiener
Festwochen,
Pour-cent
Culturel
Migros,
avec
le
soutien
de
la
Fondation
Landis
et
Gyr
et
du
Programme
Culture
2000
de
l'Union
Européenne
iUTE,
Réseau
Varèse}
en
coréalisation
avec
le
Festival
d'Automne
à
Paris
MlWl
UMwIÎŒxrRÈsEuRora;
M
IfK
De
Heiner
Goebbels,
l'un
des
créateurs
les
plus
marquants
du
paysage
théâtral
actuel,
les
spectateurs
de
l'Odéon
ont
pu
découvrir
le
travail
en
1998
à
l'occasion
d'Eislermaterial.
Quant
à
André
Wilms,
il
est
sans
conteste
l'un
de
nos
acteurs
les
plus
intenses
et
les
plus
exigeants.
Wilms
et
Goebbels
se
sont
donnés
à
nouveau
rendez-vous
pour
prolonger
une
aventure
commune
commencée
en
1993
avec
Ou
bien
le
débarquement
désastreux
et
poursuivie
en
1998
avec
Max
Black.
Leur
nouveau
projet
constitue
la
troisième
et
dernière
station
de
ce
qui
apparaît
rétrospectivement
comme
un
voyage
à
la
découverte
de
ce
qui
s'est
appelé
«l'humain»
à
travers
l'Europe
du
dernier
siècle.
La
première
étape,
qui
fit
découvrir
en
France
le
«théâtre
musical»
pratiqué
par
Goebbels,
s'interrogeait
sur
l'émergence
massive
de
l'individu
comme
tel,
et
était
abordée
par
le
biais
d'une
confrontation
entre
l'individu
et
l'étranger.
La
deuxième
étape
abordait
le
problème
de
la
singularité
par
un
autre
angle.
Pareil
à
une
sorte
d'alchimiste
fou
dont
les
gestes
autant
que
les
mots
étaient
captés,
sonorisés
et
relayés
en
direct
par
un
dispositif
électronique
quadrillant
tout
le
plateau,
André
Wilms,
seul
en
scène,
conduisait
d'étranges
expériences,
provoquait
des
réactions
théâtrales
en
chaîne
en
vue
de
parvenir
à
cette
pierre
philosophale
que
serait
l'invention
de
soi-même.
Les
figures
de
l'«individu»
selon
Goebbels
sont
inséparables
d'une
histoire
de
la
sensibilité
et
de
la
pensée
européennes.
Ou
bien
le
débar-
quement
désastreux
s'inscrivait
dans
une
atmosphère
coloniale.
Max
Black
se
situait
plutôt
dans
une
France
des
années
de
l'entre-deux-guerres.
Avec
Eraritjaritjaka
(terme
des
Aborigènes
d'Australie
qui
désigne
à
peu
près
le
sentiment
d'être
empli
de
désir
pour
quelque
chose
qui
est
perdu),
Goebbels
et
Wilms
abordent
désormais
aux
rives
de
notre
époque.
Car
l'auteur
tutélaire
sous
l'invocation
duquel
le
spectacle
est
conçu,
et
qui
en
fournit
non
seulement
le
titre
mais
la
matière
textuelle,
n'est
autre
qu'Elias
Canetti
(prix
Nobel
1981),
dont
l'Europe
va
célébrer
en
2005
le
centenaire
de
la
naissance.
Penseur
capital,
témoin
splendide,
polyglotte
et
cosmopolite
d'une
Mitteleuropa
il
se
lia
d'amitié
avec
nombre
de
penseurs,
il
dut
fuir
le
nazisme
après
la
Nuit
de
Cristal
et
se
réfugier
à
Londres.
Une
telle
figure
d'écrivain
était
faite
pour
retenir
l'attention
d'un
créateur
comme
Goebbels,
et
pour
inspirer
le
troisième
volet
de
son
triptyque.
Le
spectacle,
en
recueillant
des
sentences
isolées
et
des
maximes
de
Canetti,
vise
à
traduire
scéniquement
et
à
faire
partager
la
tranchante
intelligence
de
son
regard.
Musicalement,
le
lapidarium
(ou
«musée
des
phrases»)
de
Canetti,
dont
André
Wilms
donne
une
interprétation
saisissante,
prend
la
dimension
d'une
partition-hommage
au
quatuor
à
cordes,
forme
emblématique
et
parfaite
de
la
musique
savante
euro-
péenne.
En
puisant
au
répertoire
qui
-
de
Ravel
à
Kurtâg
-
traverse
le
XX
è
me
siècle,
Heiner
Goebbels
compose,
entre
gravité
et
ironie,
un
réseau
de
correspondances
possibles
entre
les
phrases
de
Canetti
et
la
musique
de
son
siècle.
Jusqu'à
cette
société
ultime
décrite
par
Canetti
qui
se
pose,
en
coda
irréelle,
sur
l'Art
de
la
fugue
de
Jean-Sébastien
Bach,
illustration
par
excellence
de
musique
absolue
et
initiale.
7
>
19
déc,
04
20
janv.
>
19
fév.
05
Ecrire
I
Roma
MARGUERITE
DURAS
mise
en
scène
:
JEAN-MARIE
PATTE
scénographie
:
Philippe
Marîoge
lumière
:
Marc
Delamézjère
costumes
:
Framboise
Maréchal
maquillages
:
Odile
Fourquin
avec
Astrid
Bas,
Anthony.Paliotti,
Cheikna
Sankaré
production
:
Le
Jardin,
Odéon-Théâtre
de
l'Europe
L'écriture
ou
la
voix
de
Duras,
dans
sa
conquête
d'une
libre
simplicité
toute
proche
du
silence,
a
beaucoup
dérivé
entre
les
genres.
Un
même
titre,
dans
son
œuvre,
peut
voyager
d'un
film
à
un
récit,
parfois
à
une
pièce
de
théâtre.
Et
ces
genres
ont
entretenu
avec
notre
monde
des
rapports
toujours
plus
ambigus,
à
mesure
que
les
frontières
entre
fiction,
rêverie
et
réel
se
faisaient
plus
flottantes,
comme
emportées
au
fil
de
cette
voix.
C'est
ainsi
que
Roma,
qui
fut
d'abord
un
moyen-métrage
produit
par
la
RAI,
devint
ensuite
un
court
texte
du
même
nom.
L'écriture
s'appuie
sur
un
film
qui
reconduit
au
théâtre
et
à
l'Histoire.
Un
peu
comme
la
rencontre
d'un
couple,
un
soir,
à
Rome
dans
le
hall
d'un
hôtel,
Piazza
Navona,
suscite
les
fantômes
fugitifs
d'un
lointain
passé
impérial.
Etrange
mouve-
ment
de
ricochet,
par
lequel
le
présent
paraît
rebondir
sur
le
songe
d'un
passé
qui
le
hante
et
il
va
se
perdre.
A
moins
que
ce
ne
soit
le
passé
qui
revienne
se
recueillir
dans
la
solitude
d'un
présent
presque
anonyme.
Comme
si
l'autobiographie,
après
avoir
alimenté
du
plus
loin
de
l'enfance
les
sources
de
la
fiction,
avait
fini
par
rejoindre
le
moment
l'écrivain
elle-même
se
tenait
à
l'orée
de
son
œuvre,
dans
un
dépouillement
total.
Ecrire
et
vivre
deviennent
alors
comme
les
deux
noms,
mal
distingués,
du
courant
qui
la
traverse.
L'un
des
derniers
textes
de
Duras
s'appetle
ainsi
:
Ecrire.
«Ecrire»,
y
dit-elle,
«c'est
tenter
de
savoir
ce
qu'on
écrirait
si
on
écrivait
-
on
ne
le
sait
qu'après
[...]».
Il
s'est
d'abord
agi
de
libres
propos
que
Duras
voulut
tenir
devant
la
caméra
de
Benoît
Jacquot.
Elle
y
parle,
à
son
rythme,
de
la
maison
de
Neauphle-
le-Château
qui
abrita
la
naissance
de
ses
livres
les
plus
fameux,
du
travail
de
l'écrivain
et
de
sa
solitude,
ou
encore
de
la
lente
agonie
d'une
mouche,
noire
sur
un
mur
blanc,
à
laquelle
elle
se
fit
un
devoir
d'assister
et
dont
elle
tient
à
témoigner
plus
de
vingt
ans
après.
Ces
paroles
sont
devenues
un
texte,
conservant
de
la
voix
qui
les
a
proférées
la
qualité
évocatoire,
le
ton
mi-
incertain
mi-impératif,
les
fulgurances.
Cette
voix,
Jean-Marie
Patte
la
connaissait
bien.
Pour
en
restituer
la
gravité
discrète
et
douce,
il
a
voulu
en
confier
les
principales
inflexions
à
trois
comédiens
qui
feront
surgir
sur
scène
deux
des
lieux-dits
dont
cette
voix
fit
ses
abris
:
la
maison
de
Neauphle
et
le
hall
d'un
hôtel
sans
nom,
non
loin
de
la
Fontaine
des
Fleuves.
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