Intitulé de la thèse : Écologie trophique de la crépidule (Crepidula fornicata) et implications pour le
fonctionnement de son habitat
École Doctorale : École Doctorale Végétal, environnement, nutrition, agroalimentaire, mer (VENAM)
– Université de Nantes
Équipe de recherche encadrante :
Antoine CARLIER Antoine.Carlier@ifremer.fr 02.98.22.43.91
Stanislas DUBOIS Stanislas.Dubois@ifremer.fr
Laboratoire d’Écologie Benthique, Unité DYNECO (Dynamique de l’Environnement Côtier), IFREMER
Priscilla DECOTTIGNIES Priscilla.Decottignies@univ-nantes.fr
EA2160 Mer Molécules Santé - Équipe ECO, Université de Nantes
Résumé du projet de thèse :
La crépidule (Crepidula fornicata) est un gastéropode invasif originaire des États-Unis, qui prolifère sur
plusieurs façades européennes depuis 40 ans. Les travaux scientifiques dédiés à cette espèce ont
montré qu’elle possède un fort potentiel reproducteur et qu’elle a profondément modifié les habitats
benthiques qu’elle a colonisés. Cependant, les mécanismes de sa dynamique invasive n’ont pas tous
été élucidés. En particulier, la niche trophique de cette espèce benthique suspensivore reste à
préciser car elle peut aussi constituer un avantage compétitif par rapport aux autres espèces filtreuses
(dont celles qui sont exploitées par l’homme).
Cette thèse a pour objectif d’approfondir ce champ de connaissance en étudiant les interactions
(essentiellement trophiques) qui s’établissent entre la crépidule, la production primaire dont elle
dépend (benthique et pélagique) et ses prédateurs potentiels. Les travaux seront menés par des
approches d’observation sur le terrain (in situ) et d’expérimentation en milieu contrôlé (en laboratoire).
Le volet in situ ciblera un ou plusieurs secteurs fortement colonisés par la crépidule, telle que la baie
de Bourgneuf ou la rade de Brest, et considèrera l’habitat à crépidule dans son ensemble. Étant
donné que de récents suivis montrent que la crépidule régresse dans certains secteurs, il faudra
déterminer si le réseau trophique benthique se trouve modifié sur les bancs de crépidules mortes.
L’approche expérimentale sera centrée sur l’espèce et permettra d’analyser les interactions avec la
production primaire benthique (i.e. le microphytobenthos).
Contexte scientifique et socio-économique du projet :
Ce travail de thèse constitue une problématique de recherche fondamentale appliquée à une espèce
invasive du domaine côtier sur laquelle continue de se focaliser l’attention de nombreuses catégories
d’usagers (scientifiques, gestionnaires, pêcheurs professionnels). La crépidule reste un très bon
modèle biologique pour mieux comprendre les mécanismes de prolifération d’espèces en milieu marin
et les impacts potentiels de ces invasions sur le fonctionnement des écosystèmes côtiers. Depuis son
introduction sur la façade Manche-Atlantique, l’espèce a créé des habitats benthiques côtiers
singuliers qui abritent une forte biodiversité et assurent des fonctions écologiques potentiellement
importantes, comme la production secondaire et le contrôle et l’entretien de la production primaire (y
compris benthique).
Sur le plan socio-économique, à défaut d’éradiquer cette espèce désormais bien implantée, les
tentatives d’exploitation de ce gastéropode sont toujours à l’ordre du jour, mais visent maintenant à
contrôler sa progression (dans les secteurs où elle est toujours en expansion) tout en valorisant au
mieux ce produit de la mer comme source de nourriture (exploitation de la chair pour la consommation
humaine) et comme granulat marin (exploitation de la coquille comme amendement calcaire ou bio-
matériaux). D’autre part, les usagers du domaine côtier commencent à percevoir cette espèce
différemment et ne la considèrent plus uniquement comme un envahisseur qui génère des impacts
négatifs sur le milieu marin.
Problématique scientifique :
Un premier objectif est d’analyser l’écologie trophique de la crépidule sous l’angle de l’espèce
suspensivore (approche population-centrée) et sous l’angle de l’assemblage d’espèces benthiques
associées à l’habitat à crépidules (approche communauté-centrée). Il s’agit de caractériser le régime
alimentaire de la crépidule, de déterminer si sa niche trophique se distingue de celle des autres
suspensivores (qualitativement et en termes de plasticité trophique), et sous quelles conditions
environnementales. A l’échelle de l’habitat à crépidule, il s’agit de mesurer comment la crépidule