P2_UE2_Chirpaz_Epidemiologie-des-cancers_29-Aout-2016-word

UE2 Biopathologie moléculaire, cellulaire et tissulaire
E. CHIRPAZ
Date : 29/08 Plage horaire : 10h45 - 12h45
Promo : 2016/2017 Enseignant : E. CHIRPAZ
Ronéistes :
ENAULT Mélissa et LAM-HONG Matthias
Surveillance Epidémiologique des Cancers
Introduction
I. Organisation
II. Indicateurs
III. Objectifs
IV. Les différentes sources de données
A) Les registres de cancers
B) Données de mortalité
C) Base médico administratives
V. SNIIRAM
Expositions professionnelles
I. Définitions
II. Cancérogène
III. Epidémiologie des cancers expositions
IV. Reconnaissance et prévention
UE2 Chirpaz
Surveillance épidémiologique des cancers en France
Introduction
a. L’evidence Based Medecine
De nos jours, tout ce qui est fait en médecine est basé sur des faits scientifiques prouvés.
L'Evidence Based Médecine correspond donc à la médecine factuelle.
L'Evidence Based Médecine a été développée par des épidémiologistes canadiens au début des
années 1980. Il s'agit de fonder les principes de la pratique clinique sur des preuves.
Ce concept est à intégrer dans une démarche globale de Santé Publique au « sens large ».
b. Exemple : le dépistage des cancers
L’idée de tout dépister est que plus on diagnostique tôt la maladie, mieux on peut la traiter, plus on
a de chance de guérir le patient.
Depuis le début des années 90, le dépistage du cancer de la prostate s’est naturellement mis en
place avec les urologues et les généraliste.
Le problème du dépistage du cancer de la prostate par le dosage PSA c’est qu’il ne remplit pas les
critères d’efficacité d’un dépistage en santé publique.
Selon l’OMS, il y a des critères qui définissent l’efficacité d’un dépistage d’une maladie:
1. La maladie doit se rapporter a un vrai problème de santé publique (une maladie grave et/ou
fréquente)
2. la maladie doit avoir un stade latent identifiable (stade avant les 1er signes cliniques)
3. l’histoire naturelle de la maladie doit être connue
4. un traitement efficace doit être disponible
5. un test de dépistage doit être performant et acceptable
6. le bilan économique doit être positif (le dépistage doit être rentable économiquement)
En général dans le dépistage des cancers, le critère d'évaluation est la diminution de la mortalité.
L’efficacité des dépistages a été démontré pour certains cancer: ceux du col de l’utérus, du
colon ou encore du sein.
La pratique de ces dépistages à la bonne fréquence permet de diminuer la mortalité.
La mortalité du cancer du col de l’utérus a baissé de 90 % en appliquant une fréquence d’un frottis
tout les 3 ans.
Celle du cancer du sein, ou celle du colon ont diminué de 15 a 30 % en effectuant tout les 2 ans un
dépistage. (par mammographie pour le sein et par test hemoccult pour le colon)
Pour certains cancer, on sait que le dépistage est inefficace.
Pour le cancer du poumon, effectuer des radio (et/ou cytologie) ne change pas la mortalité.
Pour le neuroblastome, le dosage des catécholamines urinaires entraîne un sur diagnostic*, et ne
change pas l’incidence des formes graves.
*Sur- diagnostic : Un faux positif (ou) Une maladie dépisté qui ne modifie ni qualité, ni la durée de
vie du patient.
Le dépistage du cancer de la prostate par dosage PSA respecte une partie des critères d’efficacités :
- C’est un problème de santé publique
- Il possède un stade latent identifiable
- Son histoire naturelle est comprise
- Un traitement efficace est disponible
- Le test est performant et acceptable (dosage sanguin d’une molécule produite lors d’un
cancer)
- Cependant, son bilan économique n’est pas fait
- Et son efficacité en terme de diminution de la mortalité n’est pas prouvée
. Le cancer de la prostate est un cancer que l’on diagnostique le plus souvent chez les personnes
âgées (après 70 ans). Si on devrait faire une analyse autopsique des prostates des personnes mortes
à 80 ans, on verrai que 80 % d’entre eux avaient un cancer de la prostate.
. Le cancer de la prostate a la particularité d’avoir une évolution très lente. La plupart des hommes
meurent sans savoir qu’ils avaient un cancer de la prostate. Si on va chercher a dépister des
hommes de 50 ans pour le cancer de la prostate, on va trouver des cancers. Mais si on était pas
aller les chercher, la personne n’aurait jamais su qu’elle avait un cancer. C’est ce qu’on appelle
faire du surdiagnostic.
La personne diagnostiqué devra alors effectué un traitement lourd (chirurgie ou radiothérapie) qui
présente des pourcentages de complications non négligeables (20 a 30 % d’impuissance, 15 a 20 %
d’incontinence urinaire).
On s’est rendu compte que le dépistage du cancer de la prostate augmente le surdiagnostic, ainsi
que le coût de sur-traitement (cad traiter des personnes qui n’avaient en théorie pas besoin) et que
son efficacité en terme de diminution de la mortalité n’a pas fait ces preuves.
Depuis le milieu des années 2000, on refait marche arrière : on ne traite pas tout cancer
diagnostiqué, on n’oriente plus les jeunes vers la surveillance et on a baissé ce dépistage.
Ces graphiques représentent les incidences et la mortalité du cancer de la prostate, aux Etats unis et
en France.
On remarque que l’incidence a explosé dans les années 90, simplement à cause du dépistage.
Après notre réaction, l’incidence a diminué.
La courbe de mortalité ne bouge pas beaucoup quant à elle. La baisse est plus imputable au progrès
thérapeutique qu’au dépistage du cancer.
Définition de l’épidémiologie
L’épidémiologie (epi dêmos :’’ science qui s’abat sur le peuple ‘’) peut être définis de 2
manières :
C’est l'étude des facteurs influant sur la santé et les maladies des populations humaines. Il
s'agit d'une science qui se rapporte à l’analyse de la répartition, à la fréquence et à la gravité des
états pathologiques et des facteurs de risques des pathologies.
Définition de Milos Jenicek et Robert Cléroux (1963) :
‘’ L'épidémiologie est un raisonnement et une méthode propre au travail objectif en médecine et
dans d'autres sciences de la santé, appliqués à la description des phénomènes de santé, à
l'explication de leur étiologie et à la recherche des méthodes d'intervention les plus efficaces. ‘’
Dans l'épidémiologie, on distingue 3 dimensions :
- L’épidémiologie descriptive : qui s’attache à la description des phénomènes de santé
(c’est le propre des registres des cancer).
- L’épidémiologie analytique ou étiologique : on essaie de déterminé les déterminants de
santé (on va chercher à faire des relations entre les maladies et les facteurs de risques)
- L’épidémiologie évaluative : l’on va évaluer les interventions (efficacité, efficience)
(c’est notamment le cas des essais thérapeutiques)
Dans ce cours nous allons nous intéressé plus particulièrement à l’épidémiologie descriptive, et
l’épidémiologie analytique.
I. Organisation
Comment est organisée la surveillance épidémiologique des cancers en France ?
InVS
C’est l’InVS (Institut National de Veille Sanitaire) qui est chargé de la surveillance, de la
vigilance et de l’alerte dans tous les domaines de santé publique.
Elle récupère les données de plusieurs sources : les registres des cancers, le Centre Épidémiologique
sur les cause de décès (CepiDC-INSERM), les hôpitaux (PMSI), les assurances maladie
(remboursement des chimiothérapie, les déclarations ALD), les anatomopathologistes, les centres
de luttes contre le cancer, le Centre International de Recherche contre le Cancer (CIRC qui dépend
de l’OMS et se situe a Lyon), etc...
L’institut récupère toutes ces données pour faire des statistiques et surveiller tout ce qui concerne
l’épidémiologie des cancers en terme descriptif.
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