Colloque de l'IRÉC Acheter vert et québécois Les priorités d'Élaine Zakaïb en matière de développement industriel 1 juin 2013 | Marco Bélair-Cirino | Actualités économiques Le secteur industriel doit passer au vert, est persuadé le gouvernement du Québec. La ministre déléguée à la Politique industrielle et à la Banque de développement économique du Québec, Élaine Zakaïb, veut privilégier les produits respectant les principes du développement durable fabriqués au Québec, par le biais notamment de sa politique d'acquisition. Ce faisant, l'État constituerait une « vitrine » des entreprises québécoises fondées sur des innovations technologiques. « Nous devons maintenant placer le développement durable et une économie propre au sommet de nos priorités, ce qui viendra insuffler un vent de changement dans chacun des secteurs de notre économie », a déclaré vendredi Mme Zakaïb, croisant les doigts afin que ce vent de changement « amène nos entreprises à se transformer ». La ministre déléguée s'adressait aux participants du colloque « Restructuration industrielle et reconversion écologique : une politique digne du XXIe siècle » mis sur pied par la Direction du développement durable HEC Montréal et l'Institut de recherche en économie contemporaine (IREC). La prochaine politique industrielle appuiera fermement les initiatives en développement durable. Il s'agit d'un « choix non seulement responsable sur les plans politique, économique et social, mais inévitable », a-t-elle fait valoir. « En Chine comme ailleurs, on va devoir produire différemment. Si ce n'est pas maintenant, c'est demain. Il faut que le Québec se positionne comme l'un des grands pays exportateurs de technologies propres [notamment] en nous attaquant à notre secteur manufacturier », a expliqué l'élue. La politique fort attendue favorisera l'adoption « de nouveaux processus intégrant les technologies les plus récentes » dans les entreprises du secteur industriel, afin qu'elles accroissent leur productivité et leur compétitivité tout en réduisant l'« empreinte environnementale de leurs opérations ». Pour y arriver, Mme Zakaïb a souligné la nécessité pour certaines d'entre elles de procéder à des investissements. « Si on le fait, demain, on n'aura pas des cas comme Old Dutch et Electrolux. » La création d'une agence de développement et de l'innovation (ADI) apparaît incontournable, selon le directeur de l'IREC, Robert Laplante. Elle permettrait notamment de « garder le cap » sur les objectifs à moyen et à long terme de la politique industrielle. L'ADI serait aussi chargée « de susciter et de soutenir » les pôles de compétitivité - précieux aux yeux de la ministre Zakaïb -, ainsi que de coordonner les 1 grands projets mobilisateurs comme le chantier de l'électrification des transports, « fer de lance » de la prochaine politique industrielle. Pour sa part, le professeur à l'ENAP Carl Grenier se questionnait vendredi sur la marge de manoeuvre du gouvernement du Québec à l'aube de la mise en oeuvre d'une nouvelle politique industrielle. « Ça prend de l'argent », a-t-il soutenu. Par ailleurs, il s'expliquait mal le démantèlement du ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation par la première ministre, Pauline Marois. « Ce ministèrelà était à l'origine de toutes les politiques industrielles depuis quarante ans. Pourquoi avoir dispersé à tous les vents les membres de cette équipe-là ? Qui tient la plume pour rédiger la politique industrielle ? », s'interrogeait-il, toujours, huit mois après l'entrée en scène du gouvernement péquiste. La « politique d'achat chez nous » esquissée par la ministre Zakaïb devrait tenir sans problème devant les accords de libre-échange. L'accord plurilatéral sur les marchés publics de l'Organisation mondiale du commerce est « truffé d'exceptions ». « On peut faire encore des choses sans appels d'ffres », a expliqué l'ancien serviteur de l'État canadien et québécois. Mais, « le Diable est dans les détails », a-t-il ajouté. Qui plus est, le Québec accorde une importance toute particulière au respect des accords internationaux. « Le Québec, en bonne partie, a l'ambition de devenir un pays lui-même. Il a intérêt à montrer d'avance qu'il est d'accord avec les règles. Ça pourrait jouer dans la reconnaissance d'un État souverain », a fait remarquer M. Grenier. La ministre Zakaïb rendra public un livre blanc sur la politique industrielle au plus tard à la rentrée parlementaire de l'automne. « C'est long, au gouvernement », a-t-elle laissé tomber. Sur un autre front, elle bataillera ferme pour faire renaître le projet de banque de développement économique. « Je n'ai pas baissé les bras. Je continue à croire qu'une banque de développement économique est nécessaire au Québec », a-t-elle déclaré vendredi. http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/379650/acheter-vert-etquebecois 2