Une société post croissance pour le XXIe siècle. Peut-on prospérer sans attendre le retour de la croissance ?
STUDY 08/2013 3
IDDRI
CONTEXTE : UN DISCOURS
INAUDIBLE SUR LA CROISSANCE
Depuis les années 1970, les taux de croissance des
pays européens les plus riches sont atones, voire
en baisse, et l’Europe n’est pas la seule concernée.
Pour les générations post-Trente Glorieuses, nées
à partir des années 19, le discours politique sur
le retour de la croissance devient de plus en plus
désuet.
Certains responsables espèrent un retour des
Trente Glorieuses ou l’avènement d’une nouvelle
révolution industrielle, quand d’autres se satis-
feraient d’une croissance de % par an une fois
la crise passée. Par ailleurs, pour la très grande
majorité des politiques, la croissance est synonyme
de prospérité : il faut plus de croissance pour créer
plus d’emplois, réduire les inégalités, maintenir la
qualité des États-providence et, au final, rendre les
gens heureux.
Ces discours politiques sur la croissance sont
doublement insatisfaisants. Malheureusement, les
auteurs qui développent une pensée alternative
à la croissance ne répondent pas non plus à cette
insatisfaction. D’une part parce que la démonstra-
tion d’une fin de la croissance économique rendue
. Y a-t-il un « biais » des politiques à l’optimisme envers
la croissance ? Nous pensons que c’est souvent le cas
à moyen et long termes, comme en témoignent les
espoirs de nouvelle vague de croissance, ainsi qu’à
court terme (voir par exemple les prévisions de crois-
sance du gouvernement français depuis dix ans qui ont
surestimé la croissance pour l’année suivante de près
d’un point - soit autant que la croissance moyenne sur
la période). Est-ce grave de surestimer la croissance ?
Evidemment à court terme : voir par exemple le creu-
sement des déficits pendant les dernières décennies.
À plus long terme ? Pas tant que les actions politiques
engagées aujourd’hui ne rendent pas la croissance forte
indispensable.
inéluctable par la finitude des ressources du monde
nous semble fragile, tout comme les espoirs d’une
nouvelle vague de croissance portée par les tech-
nologies vertes. D’autre part, la littérature sur les
indicateurs alternatifs au PIB discute des objectifs
sociaux et environnementaux qui doivent primer,
mais elle en dit souvent trop peu sur le rôle que
joue la croissance du PIB dans l’atteinte de ces
objectifs, que ce soit en matière d’emploi, d’éga-
lité de revenus ou d’accès aux services essentiels
comme la santé ou l’éducation.
OBJECTIFS DU RAPPORT
Afin de répondre à cette insatisfaction relative
au discours politique mais aussi médiatique
sur la croissance, nous tentons d’apporter dans
ce rapport des éléments de réponse à ces deux
questions :
. Peut-on avoir des certitudes sur l’avenir de la
croissance ?
. Dans l’hypothèse d’une croissance faible pour
les décennies à venir, oscillant par exemple entre
% de croissance annuelle et la stagnation du PIB,
peut-on prospérer ?
Pour répondre à ces questions, nous avons étu-
dié la littérature académique en économie, orga-
nisé des séminaires réunissant des praticiens,
politiques et experts et procédé à un exercice
de modélisation pour étudier dans le détail les
liens entre la problématique énergie-climat et
l’économie.
. Les enseignements de ce rapport découlent en partie
des séminaires « croissance et prospérité » organisés
par l’Iddri en partenariat avec l’OFCE, le CIRED, la FNH
et l’Institut Veblen.
RÉSUMÉ EXÉCUTIF