Si aujourd’hui, à l’échelle globale, on s’entend sur l’urgence d’évoluer vers des territoires
« durables », la mise en œuvre des déclarations d’intention apparaît plus problématique et les
réponses, liées aux spécificités des territoires, sont plurielles. D’ailleurs, aucun modèle universel
ni méthode miracle de réalisation de la ville durable ne s’est pour l’instant imposé. Il convient
donc d’analyser les réussites partielles et additionner les solutions validées, telles que l’effort de
rationalisation du tissu urbain autour d’objectifs principaux de densité, de déplacements fluides,
de maîtrise énergétique, de non-ségrégation de l’espace, et de gouvernance renouvelée. Ces
perspectives sont étudiées en mettant en rapport des expériences internationales et la situation
locale.
Mais en préalable, réfléchir à la ville de demain implique de s’intéresser à la société qui l’utilisera.
1- La ville de demain pour qui ? Prendre la société en considération
L’évolution des villes est de plus en plus marquée par l’évolution des modes de vie en général, et
des phénomènes de consommation en particulier.1 Il est important de connaître la réalité des
usages, les besoins de la demande autant que l’offre, susceptible d’influencer les choix de
localisation des ménages, pour engager telle ou telle politique urbaine en conséquence, pour
organiser son expérience de la ville.
Dans quelle société vivons-nous Comment celle-ci va-t-elle évoluer ?
Ces trente dernières années sont concernées par une nouvelle phase de modernisation des
sociétés occidentales, marquées par une évolution des besoins, des façons de penser et d’agir et
des liens sociaux, autour de l’évolution des moyens de transport et technologies.
L’individuation constitue l’évolution sociétale la plus remarquable. En témoigne le développement
d’équipements individuels et mobiles : automobiles, téléphones et ordinateurs portables,
internet… autant d’outils pour se déplacer et communiquer qui ont diversifié les référentiels
spatiaux des individus, leur permettant d’appartenir à plusieurs territoires à la fois et de
s’émanciper des contraintes spatiales et temporelles pour les échanges et pratiques sociales.
La localisation n’est alors plus tellement héritée et contrainte, hormis la contrainte financière
susceptible d’engendrer ségrégation et perte de cohésion sociale.
Par ailleurs, les structures familiales ont évolué. Le couple avec enfants n’est plus le modèle
dominant, les étapes de vie sont de moins en moins identiques. La part des familles
monoparentales ou des personnes seules a augmenté, sans compter celle des « recomposés ».
Les allers-retours entre différents statuts sont plus nombreux qu’auparavant : célibat, vie
conjugale, cohabitation avec les parents, « coloc »… Les parcours résidentiels sont d’autant plus
complexes à cerner.
1 La société urbaine du XXIème siècle, IAURIF, 2003
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