Innovations industrielles et développement territorial durable au

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Innovations industrielles et développement territorial durable au
Maghreb : une illustration à travers une étude comparative des
technopoles du secteur agroalimentaire
Sidi Mohamed RIGAR
Université Cadi Ayyad, Marrakech
& Abdelhamid Bencharif
CIHEAM/ IAM Montpellier
Introduction
La notion de technopole renvoie à la nécessité de coordination de l’ensemble des
acteurs dans le cadre de la mise en place de systèmes productifs locaux (SPL). Il sagit de
promouvoir des dispositifs permettant une appropriation des savoirs et leur diffusion, à
travers « un partenariat entre des organisations de recherche-développement et le monde de
la production, avec l'appui des pouvoirs publics, généralement locaux, pour accroître la
compétitivité des territoires et des entreprises concernées » La politique des pôles localisés
cherche, ainsi, à répondre aux nouveaux enjeux posés par la coordination des acteurs
économiques et les institutions du savoir.
La démarche technopolitaine se situe à la convergence de trois principales
orientations stratégiques sécantes, adoptées en réponse au processus de mondialisation :
- l’entrée dans l’économie des connaissances ;
- l’émergence des politiques territoriales ;
- la décentralisation progressive des politiques sectorielles.
Dans les pays du Maghreb, les notions de technopoles, parcs technologiques et
scientifiques, ou pôles de compétitivité sont timidement apparues au cours de la décennie
1990, et se sont progressivement imposées à partir des premières années 2000. Aujourd’hui,
les trois pays du Maghreb (Algérie, Maroc et Tunisie) se sont lancés dans de vastes
programmes d’installations de technopoles et de pôles de compétitivité pour promouvoir les
différentes régions au sein de chaque pays.
L’objet de ce papier est de montrer l’importance et la place qu’occupent aujourd’hui
les technopoles dans les stratégies industrielles des pays maghrébins en procédant à une
étude comparative des expériences dans le domaine agroalimentaire. Le concept de
technopole, est particulièrement adapté au secteur agro-alimentaire, dont la production est
bien ancrée dans les territoires ; en outre, il présente un contexte économique favorable à un
tel projet, et constitue un champ d’action multisectoriel et multidisciplinaire propice à un
maillage des activités.
Noter objectif est double. Il s’agit d’abord de comprendre les stratégies des différents
pays maghrébins en matière d’installation et de fonctionnement des technopoles et des pôles
de compétitivité, et ensuite identifier éventuellement les possibilités de coordination entre les
différents pays afin de bénéficier des expériences mutuelles.
L’analyse des trois expériences se fera à travers la méthode des cas, et nous
retiendrons pour chaque pays des projets de technopole agroalimentaire, qui feront l’objet
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d’un diagnostic pour faire ressortir les spécificités et les contraintes de chacune des trois
expériences à travers une étude comparative des objectifs et des réalisations.
Le fondement de la méthode proposée réside dans sa démarche intégrée, et à la fois
participative, prospective et opérationnelle. L’étude s’appuie sur trois types d’approches :
Analyse sectorielle, diagnostic institutionnel, diagnostic opérationnel (acteurs économiques,
y compris l ‘économie des savoirs). L’évaluation consiste alors à confronter les résultats de
ces trois analyses, en vue de vérifier la pertinence et la cohérence, à plusieurs niveaux, de
tester la viabilité du projet, et d’opérer les ajustements nécessaires
1. Les technopoles : genèse et référentiel théorique
C’est au cours des années 1960 que la notion de technopôle a fait son appraution et
s’est imposée au cours de la décennie1980; mais en réalité les premières expériences ont été
initiées bien avant, notamment aux Etats Unis. La fameuse Route 128 à Boston et la Silicon
Valley dans la banlieue de San Francisco, créées dès l’entre deux guerres représentent
actuellement des références emblématiques. Le phénomène technopolitain est ainsi devenu
international ; il s’est répandu dans plusieurs pays à travers tous les continents.
1.1. L’émergence et l’évolution des technopoles
Les premiers technopôles vont se développer en Europe et particulièrement en
France, à partir des années 1960. Vers la fin de cette décennie, Pierre Laffitte avait pressenti
« une dynamique créative nouvelle ». En effet pour le créateur de Sophia Antipolis, « les
industries lourdes associées par tous, au XIXe siècle, aux brumes et aux fumées de
Pittsburgh, de Birmingham, de la Lorraine, de la Ruhr », correspondent à une période
révolue, « le progrès et l'avenir ne dépendent plus désormais des matières pondéreuses,
charbon ou minerais… mais de la matière grise, de la qualité de la formation, de la qualité de
l'environnement » (repris par Araszkiewiez, Rase 2005). Pour développer l’arrière pays
niçois, il voulait alors établir « un mode de relations professionnelles différent qui bouscule
la logique de la concurrence et du cloisonnement et pose en son cœur la coopération, le
partage et la fécondation des savoirs» (Bourdin Sylvie 2003)
Les années 1970 et surtout 1980, ont connu un regain d’intérêt pour les dispositifs
technopolitains, qui s’est traduit par une multiplication des sites et une très grande diversité
des formes d’organisation qui les caractérisent. Quelle qu’en soit la forme, la notion de
technopole a connu un certain succès qui s’explique en grande partie par l’accélération du
processus de la mondialisation, au cours des deux dernières décennies.
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Figure 1 : les parcs scientifiques dans le monde
Source : Bencharif, (2009)
La politique des technopoles vient ainsi répondre aux enjeux posés par la
mobilisation des compétences, et la diffusion des connaissances en favorisant « un
partenariat entre des organisations de recherche-développement et le monde de la
production, avec l'appui des pouvoirs publics, généralement locaux, pour accroître la
compétitivité des territoires et des entreprises concernées ».
1.2. Les justifications théoriques et empiriques
Sur le plan théorique, la notion de technopole ou de pôle de compétitivité renvoie aux
concepts de coordination des acteurs, et la mobilisation des connaissances, en vue d’assurer
la compétitivité des territoires dans une vision de développement durable. Ces concepts ont
été traité par un grand nombre d’approches qui relèvent de différentes disciplines,
notamment l’économie spatiale, l’économie du développement, l’économie industrielle.
Les technopôles sont devenus des instruments de développement économique fondés
sur le fameux « triangle d’or » qui symbolise la mise en relation des trois types d’acteurs, au
niveau d’un territoire en vue de « faciliter la création d’un écosystème fondé sur la
fertilisation croisée entre scientifiques et industriels et des diverses cultures nationales » :
- Les institutions de la connaissance ;
- Les entreprises ;
- Les décideurs publics locaux.
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Figure 2 : Le triangle d’or ou lécosystème de la connaissance
(Soulier Laurent, 2009)
La notion de coordination des acteurs est donc au centre de la problématique des
technopoles. Elle vise en premier lieu la mobilisation des connaissances, en vue d’assurer la
compétitivité des territoires. Ces questions ont été approchés par plusieurs auteurs qui
relèvent de différentes disciplines, notamment l’économie spatiale, l’économie du
développement, l’économie industrielle. On peut ainsi distinguer plusieurs écoles de pensée
complémentaires : les districts industriels (A. Marshall, Becattini), les coûts de transaction
(Coase, Williamson), le milieu innovateur (Aydalot), les réseaux (Velt), l’économie de
proximité (Gilly, Torre)…etc.
En matière d’innovation, beaucoup de travaux ont également montré le rôle
déterminant de la complémentarité entre les compétences internes des entreprises et les
dispositifs de coordination mis en œuvre au niveau local. « Aujourd’hui, un certain
consensus se dessine autour de la représentation du processus d’innovation en tant que
processus collectif d’apprentissage. Ce processus d’apprentissage met en jeu des interactions
entre des partenaires divers, qui peuvent être situés à l’intérieur de la firme comme à
l’extérieur. Le premier aspect renvoie généralement à la problématique des compétences
pour l’innovation, le second à la relation entre l’entreprise, les acteurs qui la composent, et
son environnement, source externe de connaissances » (Fort Fatiha, Rastoin Jean-Louis,
Temri Leila 2002).
Toutes les phases du processus, c’est à dire l’acquisition de l’information, son
traitement, la production de nouvelles connaissances et de nouveaux savoirs supposent des
capacités d’apprentissage.
La proximité des acteurs apparaît alors comme un élément clé dans la « gestion des
connaissances », et la stimulation de l’innovation, au sein d’un territoire, mais elle n’entraîne
pas automatiquement les interactions entre acteurs.
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