"Projet guadeloupéen de société": documents du Groupe de pilotage.

PROJET GUADELOUPEEN DE SOCIETE
Rapport du Groupe de Pilotage
Décembre 2012
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Synthèse des débats communaux par thème (avril-août 2012)
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4.1 Fraternité
Quels enseignements nous livre la synthèse des contributions sur le thème de la fraternité ?
A) Sur l’importance du thème dans l’élaboration du projet de société
1) Certains contributeurs sont surpris d’être invités à s’exprimer sur le thème de la fraternité, dans le cadre du projet de société ; les exercices
participatifs portent généralement sur des questions de la vie quotidienne ou des décisions de politiques publiques, toutes deux concrètes pour le
citoyen. Il est rare si ce n’est inédit que ce dernier soit amené à débattre de grands thèmes de société.
2) De l’avis général, le renforcement de la fraternité doit être l’un des objectifs visés par le projet de société car, d’une part, un certain nombre de
fléaux sociaux (violence, racisme, addictions,…) sont imputés à des déficits dans les relations interpersonnelles et, d’autre part, le mauvais état de
la Guadeloupe exigerait urgemment des actions collectives.
3) La fraternité est une condition nécessaire, mais pas suffisante, du mieux vivre ensemble ; les thèmes « identi » et, dans une moindre mesure,
« éducation/transmission » sont, eux, perçus comme centraux, pour la réflexion en cours, certains participants estimant même que celle-ci aurait
les évoquer en premiers. Pour paraphraser une idée souvent exprimée dans les débats : « pour aimer son prochain, le Guadeloupéen doit se
connaître et s’aimer lui-même ».
B) Sur la définition de la fraternité
1) La fraternité est souvent mise en parallèle avec la solidarité ; parfois utilisés comme synonymes, ces deux termes sont plus souvent distingués. Le
premier « implique une dimension affective, un investissement personnel plus fort », tandis que le second désigne davantage les interventions des
institutions. Se dégage l’idée qu’en Guadeloupe, la fraternité traditionnelle est aujourd’hui progressivement remplacée par la solidarité mise en
œuvre par l’Etat.
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2) La fraternité a plusieurs significations et revêt des manifestations différentes, selon qu’elle s’exprime dans les champs de la famille, de la religion,
de la sphère publique. Certains participants déplorent que la République ne mette pas davantage l’accent sur le troisième principe de sa devise.
La plupart estime que c’est d’abord et surtout au sein de la famille que la fraternité devrait s’exprimer.
3) Comme évoqué précédemment, il semble que les réflexions menées sur la fraternité ne peuvent être dissociées de considérations identitaires ; la
fraternité procéderait d’un sentiment d’appartenance à une communauté humaine, à un pays, à une terre, de la volonté de vivre et de bâtir un
projet ensemble. Davantage, pour de nombreux participants, des relations respectueuses et égalitaires constituent un terreau favorable au
développement de la fraternité.
C) Sur la réalité des pratiques fraternelles en Guadeloupe
1) Le Guadeloupéen est devenu individualiste et matérialiste ; l’attrait pour les biens de consommation et les comportements égoïstes peuvent se lire
dans le monde professionnel ou sur le plan territorial. Le Guadeloupéen a du mal à s’intégrer ou même se projeter dans une démarche collective
et a une propension à imputer aux autres les choses qui vont mal.
2) La société guadeloupéenne était plus fraternelle dans le passé. Cette analyse socio-historique teintée de nostalgie insiste sur les mutations
sociales profondes qu’a connues la Guadeloupe lors des dernières décennies. Toutefois, cette évocation d’un passé fraternel est tempérée par
certains qui pointent du doigt un embellissement exagéré de la Guadeloupe d’antan.
3) Il existe encore, en Guadeloupe, un fonds fraternel qui s’exprime plus volontiers en temps de crise ; le goût des Guadeloupéens pour l’auto-
flagellation et l’autodénigrement ne doit pas occulter la réalité de certaines pratiques fraternelles. « La fraternité est vécue différemment selon les
histoires de chacun » et si elle ne correspond pas à un état permanent, ni à une pratique régulière, elle s’exprime tout de même sous des formes
variées lors de catastrophes ou de situations de crise. En cela, la Guadeloupe pratique encore une « fraternité de circonstances ».
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D) Sur les moyens de renforcer la fraternité en Guadeloupe
1) Les agents de socialisation doivent davantage promouvoir la fraternité : la famille, les associations, l’Ecole, les médias et les élites
politiques ne jouent plus réellement leur rôle en faveur de la cohésion sociale et doivent être repensés, dans cette optique. Mais, la fraternité est
également de la responsabilité de chaque citoyen et résulte, à ce titre, d’initiatives individuelles et de réseaux informels.
2) Pour renforcer la fraternité dans la société guadeloupéenne, l’accent doit être mis sur l’éducation et l’insertion (cours de morale à l’école, travaux
d’intérêt général, associations intergénérationnelles…), sur les espaces de sociabilité (fête des voisins, jardins familiaux, coups de main, agents de
médiation,…) et sur la solidarité économique (investissements citoyens, fonds de solidarité, éducation à la consommation locale, regroupement des
TPE et des PME…).
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