C’est là une des raisons qui explique par que nous vivons dès lors dans une agitation constante.
Ce qui est s’avère le plus délétère, ce sont les effets que la cinétique ainsi décrite engendre au
niveau de la vie collective. Sloterdijk insiste sur une ses illusions. Parmi celles-ci, il faut compter
celle qui nous fait croire qu’il est encore possible de se comporter moralement en obéissant à
l’impératif de la dans la hâte. C’est une illusion dans la mesure où la droiture, l’esprit de justice,
etc. sont des choses qui ne peuvent se faire dans la hâte. Or, la moralité ne peut se développer
qu’au prix d’une véritable maturation. Autrement dit, sur le plan éthique et moral, rien ne peut se
déployer sous l’effet de l’empressement constant. Nous pouvons l’observer dans la croissance des
enfants bombardés, dès le plus jeune âge, par des sollicitations extrêmes et sans cesse
changeantes. Lorsqu’on se laisse séduire par de telles sollicitations, on est conduit à se précipiter
à tout propos hors de soi-kêmetellement en avant de soi-même que l’on n’est plus véritablement à
soi. L’homme n’éprouve plus la présence et la consistance de l’instant présent. Ce n’est d’ailleurs
pas un hasard si l’existentialisme (notamment celui de Sartre) a donné lieu à cette notion
fondamentale de projet, où il est précisément question d’être en avant de soi, plutôt que de rester
fdidèle à so-même et de ne pas quitter son centre de gravité intérieure. Dans nos sociétés
industrielles avancées nous sommes d’ailleurs contraints de nous inscrire dans une temporalité
qui ne nous autorise plus de rester en repos auprès de nous-mêmes, et de passer notre existence
au crible d’un examen pratiqué à l’abri de l’urgence. En effet, s’arrêter, prendre le temps de la
réflexion est aujourd’hui aussitôt perçu comme un acte de désertion qui se fait au détriment de la
productivité.
Ce à quoi Sloterdijk fait également référence c’est à des phénomènes de société tels que la
violence, le terrorisme ou la délinquance, phénomènes qui deviennent, avec l’amplification de la
cinétique, impossible à localiser. Il en va de même au niveau écologique. Notre domination de la
nature se fait grâce à la science technicisée et cette entreprise visant au contrôle absolu de tout
nos moyens, de sorte à ce qu’ils soient rentabilisé, contient quelque chose qui nous dépossède de
la substance même de notre vie et nous conduit à l’ignorance de nous-mêmes. Il en va de même
pour la terre sur laquelle repose toutes nos entreprises. Ainsi, les cataclysmes qui nous menacent,
bien qu’on ne puisse en calculer l’échéance exacte, si on ne sait à quel terme, se présente à nous
comme inexorable, et engendre des attitudes de soumission archaïque Ce que le sens commun
considère comme une nécessité qui procède de la marche de l’histoire initiée par les hommes à
l’aube des temps modernes (on n’arrête pas le progrès !) est conçu tout différemment par un
philosophe comme Heidegger. Ce ne sont pas les hommes qui décident de d’emprunter la voie
d’une civilisation technicienne en vue de s’assurer la maîtrise des choses, avec pour prix à payer
une acceptation de ses inconvénients. C’est bien plutôt l’être même des choses qui se présente à
nous ainsi. L’obscurcissement du sens de l’être, originairement vécu comme un don, puisque
personne ne peut décider qu’il y ait quelque chose plutôt que rien, puisque l’homme ne peut faire
surgir l’être du néant, serait d’après lui le résultat d’un retrait de son intelligibilité première qui
aurait commencé ave Platon, pour être définitivement accompli avec Descartes. En effet, la
philosophie qui fut à l’origine de la science moderne est devenue aujourd’hui, au terme d’un long
processus, la servante de cette science.Et cela, affirme-t-il, en vertu de sa propre évolution.
Historiquement, c’est le courant positiviste triomphant à la fin du XIXe siècle, comme une
perversion du grand rationalisme du XVIIIe siècle qui serait à la source de la liquidation
implacable de la philosophie et de toute pensée critique Si l’on peut fort bien donner raison, tout
au moins partiellement, l’on ne peut négliger cependant le fait que toute une partie de la
philosophie contemporaine, ne fût-ce qu’avec Bergson, Merleau-Ponty, Canguilhem et un