12 imagine 120 • mars / avril 2017
DÉCOUVRIR
LANCEURS D’AVENIR Ils innovent pour construire
un monde durable
«Belfius est à nous », c’est le
nom d’une nouvelle plate-
forme citoyenne qui milite
contre la privatisation de la seule banque
publique belge. Celle-ci réunit depuis janvier
21 organisations (CADTM, Gresea, Attac,
Moc, FGTB…) issues de la société civile. Cette
plateforme se bat pour que Belfius devienne
« une banque à finalité sociale ».
« Cela fait plus d’un an que l’on travaille sur ce
projet. On s’est réuni pour discuter et réaliser
une analyse commune de la situation dans un
contexte de post-crise financière qui est loin
d’être résolu », nous explique Aline Fares, l’une
des porteuses du projet.
Belfius est devenue la propriété de l’État
belge en octobre 2011, suite au double sau-
vetage de Dexia Banque Belgique réalisé avec
l’argent des contribuables belges, pour un
montant total de 4 milliards d’euros.
« Au cours de ces dernières années, Belfius a
investi plus d’argent dans des activités locales
que ne l’avait fait Dexia auparavant, mais elle
s’est aussi engagée dans des restructurations,
des réductions d’eectifs et des fermetures
d’agences », constate le collectif. Qui craint, à
terme, une « privatisation même partielle de
la banque » et dénonce une « vision à court
terme » des actionnaires aujourd’hui dans
une logique de rentabilité
économique.
« Au sein du conseil d’admi-
nistration, on parle unique-
ment de dividendes. Il n’y
a aucune stratégie à long
terme sur les missions qu’une
banque publique devrait
remplir, car il n’y a tout sim-
plement aucun représentant
de l’intérêt général présent
au CA » déplore Aline Fares.
Récemment, Johan Van
« Belus est à nous »,
pas touche à ma
banque !
Overtveldt, le ministre des Finances (N-VA,
parti flamand indépendantiste) a laissé
entendre qu’une introduction en bourse par-
tielle de Belfius était « une option valable ».
La Plateforme s’y oppose formellement.
Pour elle, la banque publique constitue « un
véritable outil d’intérêt général » et constitue
« une excellente opportunité pour relever les
défis économiques, sociaux et environnemen-
taux auxquels la Belgique fait face ».
« Aujourd’hui, Belfius octroie des crédits en se
basant sur des critères de rentabilité. Nous sou-
haitons changer ce mécanisme afin que d’autres
critères soient également pris en compte. Il y a
par exemple de gros enjeux autour de la transition
énergétique et de la rénovation des bâtiments »,
ajoute Aline Fares.
Entre temps, le sujet s’est invité sur les bancs du
Parlement belge : les écologistes (Ecolo-Groen),
le PTB (gauche radicale) et le Parti socialiste
flamand (S.PA) se sont emparés du dossier.
De son côté, Belfius est à nous entend susci-
ter un large débat. Le 27 avril, elle organise
une assemblée générale à Bruxelles afin de
mobiliser un maximum de citoyens. – C.D. (st.)
En savoir +
www.belusestanous.be
«Tout roule comme sur des rou-
lettes ! » C’est le créneau de
Marie Vanden Berghe, 33 ans
et jeune entrepreneuse. Cette Lilloise, qui
habite Bruxelles, est l’auteure d’un concept
unique en Belgique : le vélo-café. « Il s’agit
d’une sorte de station-service conviviale où
il sera possible de boire un bon café ou une
bonne bière en refaisant le monde, de regonfler
ses pneus et poser une rustine, de prendre une
douche revigorante, ou de tout simplement se
relaxer. » nous explique Marie.
Comme beaucoup de jeunes adultes à l’heure
actuelle, Marie ne trouvait pas de sens à la
routine « boulot, métro, dodo ». Elle a donc
décidé de prendre son avenir en main et de
créer l’emploi de ses rêves par le biais de son
projet. « Je suis biologiste marine de formation
mais je ne retrouvais pas mes valeurs dans le
travail que j’exerçais. J’ai voyagé, j’ai réfléchi
à ce que je voulais vraiment et j’ai découvert le
Déclic tour qui a été un véritable tournant pour
penser mon projet. »
Sur Facebook, ce vélo-café est personnalisé
sous le nom de Marcel. On se rend compte
ainsi que ce projet n’a pas seulement vo-
cation d’entreprise mais qu’il s’agit d’un
véritable projet de cœur. « Marcel est le nom
de mon grand-père, j’ai voulu lui faire un clin
d’œil car c’est lui qui m’a appris à rouler à
vélo. C’est très important pour moi d’être en-
tourée de mes proches, c’est grâce à eux que
j’en suis arrivée là. »
Sensible à l’environnement de par sa for-
mation, les routes congestionnées de la
capitale ne sont pas étrangères à sa motiva-
tion. Cycliste elle aussi, elle se rend compte
que son deux-roues peut résoudre d’autres
problèmes. « Je suis convaincue que l’usage
Un vélo-
café contre
les coups
de pompe
cc SETCa BBTK