découvrir lanceurs d’avenir Ils innovent pour construire un monde durable « Belfius est à nous », pas touche à ma banque ! «B cc SETCa BBTK elfius est à nous », c’est le nom d’une nouvelle plateforme citoyenne qui milite contre la privatisation de la seule banque publique belge. Celle-ci réunit depuis janvier 21 organisations (CADTM, Gresea, Attac, Moc, FGTB…) issues de la société civile. Cette plateforme se bat pour que Belfius devienne « une banque à finalité sociale ». « Cela fait plus d’un an que l’on travaille sur ce projet. On s’est réuni pour discuter et réaliser une analyse commune de la situation dans un contexte de post-crise financière qui est loin d’être résolu », nous explique Aline Fares, l’une des porteuses du projet. Belfius est devenue la propriété de l’État belge en octobre 2011, suite au double sauvetage de Dexia Banque Belgique réalisé avec l’argent des contribuables belges, pour un montant total de 4 milliards d’euros. « Au cours de ces dernières années, Belfius a investi plus d’argent dans des activités locales que ne l’avait fait Dexia auparavant, mais elle s’est aussi engagée dans des restructurations, des réductions d’effectifs et des fermetures d’agences », constate le collectif. Qui craint, à terme, une « privatisation même partielle de la banque » et dénonce une « vision à court terme » des actionnaires aujourd’hui dans une logique de rentabilité économique. « Au sein du conseil d’administration, on parle uniquement de dividendes. Il n’y a aucune stratégie à long terme sur les missions qu’une banque publique devrait remplir, car il n’y a tout simplement aucun représentant de l’intérêt général présent au CA » déplore Aline Fares. Récemment, Johan Van 12 Overtveldt, le ministre des Finances (N-VA, parti flamand indépendantiste) a laissé entendre qu’une introduction en bourse partielle de Belfius était « une option valable ». La Plateforme s’y oppose formellement. Pour elle, la banque publique constitue « un véritable outil d’intérêt général » et constitue « une excellente opportunité pour relever les défis économiques, sociaux et environnementaux auxquels la Belgique fait face ». « Aujourd’hui, Belfius octroie des crédits en se basant sur des critères de rentabilité. Nous souhaitons changer ce mécanisme afin que d’autres critères soient également pris en compte. Il y a par exemple de gros enjeux autour de la transition énergétique et de la rénovation des bâtiments », ajoute Aline Fares. Entre temps, le sujet s’est invité sur les bancs du Parlement belge : les écologistes (Ecolo-Groen), le PTB (gauche radicale) et le Parti socialiste flamand (S.PA) se sont emparés du dossier. De son côté, Belfius est à nous entend susciter un large débat. Le 27 avril, elle organise une assemblée générale à Bruxelles afin de mobiliser un maximum de citoyens. – C.D. (st.) En savoir + www.belfiusestanous.be Un vélocafé contre les coups de pompe «T out roule comme sur des roulettes ! » C’est le créneau de Marie Vanden Berghe, 33 ans et jeune entrepreneuse. Cette Lilloise, qui habite Bruxelles, est l’auteure d’un concept unique en Belgique : le vélo-café. « Il s’agit d’une sorte de station-service conviviale où il sera possible de boire un bon café ou une bonne bière en refaisant le monde, de regonfler ses pneus et poser une rustine, de prendre une douche revigorante, ou de tout simplement se relaxer. » nous explique Marie. Comme beaucoup de jeunes adultes à l’heure actuelle, Marie ne trouvait pas de sens à la routine « boulot, métro, dodo ». Elle a donc décidé de prendre son avenir en main et de créer l’emploi de ses rêves par le biais de son projet. « Je suis biologiste marine de formation mais je ne retrouvais pas mes valeurs dans le travail que j’exerçais. J’ai voyagé, j’ai réfléchi à ce que je voulais vraiment et j’ai découvert le Déclic tour qui a été un véritable tournant pour penser mon projet. » Sur Facebook, ce vélo-café est personnalisé sous le nom de Marcel. On se rend compte ainsi que ce projet n’a pas seulement vocation d’entreprise mais qu’il s’agit d’un véritable projet de cœur. « Marcel est le nom de mon grand-père, j’ai voulu lui faire un clin d’œil car c’est lui qui m’a appris à rouler à vélo. C’est très important pour moi d’être entourée de mes proches, c’est grâce à eux que j’en suis arrivée là. » Sensible à l’environnement de par sa formation, les routes congestionnées de la capitale ne sont pas étrangères à sa motivation. Cycliste elle aussi, elle se rend compte que son deux-roues peut résoudre d’autres problèmes. « Je suis convaincue que l’usage imagine 120 • mars / avril 2017 énergies fossiles Une manifestation Fossil Free organisée en 2014 devant l’université du Wisconsin-Madison, aux Etats-Unis. L’ Université de Liège s’engage pour le climat : le 17 janvier, l’ULg a décidé de se désengager des investissements directement liés aux énergies fossiles et de développer « une politique d’investissement responsable ». Avant cette prise de décision, les étudiants s’étaient déjà mobilisés au sein du collectif Fossil Free ULg. « A la suite de la projection d’un film contre les énergies fossiles organisée par Greenpeace Liège et le parti Ecolo, il y a de ça quelques mois, l’idée nous est venue de nous mobiliser autour de cette question et une dynamique s’est rapidement enclenchée », explique un membre du collectif. Dans un communiqué, l’Université de Liège a précisé « qu’elle ne procèdera plus à des placements basés sur le pétrole, le charbon ou le gaz naturel ». Cette décision s’inscrit dans une logique d’investissement éthique et responsable, mené dans le cadre du label SRI (Socially Responsible Investing) que l’ULg développe depuis 2 ans déjà. Pour le collectif Fossil Free ULg, « c’est un premier pas intéressant, qui va dans notre sens. Un engagement est pris par la direction, mais elle pourrait aller encore plus loin. » En effet, celle-ci a précisé qu’elle ne pouvait pas éviter les investissements indirectement liés aux énergies fossiles puisque « investir dans des produits 100 % SRI reviendrait à limiter les secteurs dans lesquels l’ULg peut investir, augmentant la concentration et l’exposition au risque, et obligeant en conséquence l’Université à réduire ses placements, et entraînant une diminution de ses résultats financiers ». Après Liège, l’Université catholique de Leuven (KUL) a également décidé de franchir le pas du désinvestissement. à l’instar d’autres institutions à travers le monde, poussées dans le dos notamment par la plateforme 350.org, une ONG américaine, ainsi que par le mouvement international Fossil Free. En Belgique, la Coalition Climat se réjouit de ce mouvement. Mais entend maintenir la pression : « Nous lançons cette année une nouvelle campagne axée sur le désinvestissement de l’énergie fossile, explique son porte-parole Arnaud Collignon. Nous allons notamment rencontrer des banques pour lutter contre ces investissements qui ternissent l’avenir climatique. » La Coalition Climat a été créée en 2009, avec les Accords de Copenhague et rassemble 65 organisations telles que des syndicats, des ONG environnementales et de développement. – C.D. (st.) En savoir + • klimaatcoalitie.be • 350.org • gofossilfree.org D.R. En savoir + • www.marcelbikecafe.be , www.facebook.com/Marcel.bikecafe • Une nouvelle édition du Déclic Tour est prévue en 2017. www.declic-en-perspectives.be/ declic-tour L’Université de Liège se désengage des cc Joe Brusky du vélo est une des solutions aux questions de mobilité et de pollution à Bruxelles et je suis très heureuse de constater que la communauté des deux-roues prend de plus en plus d’ampleur dans notre ville. » Les grandes villes européennes ont déjà développé des projets autour du vélo. Marie a pu s’en apercevoir cet été lors d’un voyage, traversant la Belgique, le Luxembourg, les Pays-Bas, la France et l’Allemagne. « Aucun café-vélo ne se ressemble en réalité, tout le monde a un concept différent. Souvent ce sont des magasins de vélo ou des ateliers réparations. Pour moi le plus important, c’est la cohésion sociale, je veux que mon projet soit accessible à tous et parle à tout le monde. Je mise beaucoup sur l’espace café et pas seulement sur le vélo. » Accompagnée par Village Partenaire et Déclic Tour, Marie a également été sélectionnée par la Fondation Roi Baudouin. Si les structures d’accompagnement lui ont donné l’impulsion nécessaire pour se lancer, elle se donne les moyens de concrétiser son idée : « Je compte lancer un crowdfunding bientôt, via la plateforme bruxelloise Growfunding. Après avoir trouvé le local de mes rêves, c’est la prochaine étape. » – Camille Delannois (st.) imagine 120 • mars / avril 2017 13