Plan du cours PHI-4214, cours 12 La crise: les deux dogmes de l’empirisme Pierre Poirier Département de philosophie Université du Québec à Montréal [email protected] 1. Introduction 2. Le contexte théorique de l’article 3. Analyse de l’argument de Quine • Argument principal • Arguments auxiliaires 4. Conclusion DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 2 La crise Introduction DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 4 1 Origine de la crise Willard van Orman Quine • Né en 1908 à Akron, Ohio et décédé à Boston en 2000 • Rôle du langage en philosophie analytique • Est - ce que le langage peut jouer le rôle que lui demandent les philosophes analytiques – Word and Object (le mot et la chose, 1960 – From a Logical Point of View, 1953 – Quintessence, 2004 • La page officielle de Quine • Biographie de Quine (en français) DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 5 Willard van Orman Quine DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 6 Willard van Orman Quine 1. Aspects of Quine's naturalized epistemology Robert Fogelin; 2. Quine on the intelligibility and relevance of analyticity Richard Creath; 3. Quine's holisms Ernest Lepore and Raffaella de Rosa; 4. Underdetermination of physical theory Lars Bergstrom; 5. Quine on reference and ontology Peter Hylton; 6. Indeterminacy of translation Robert Kirk; 7. Quine's behaviorism cum empiricism Roger F. Gibson; 8. Quine on modality Dagfinn Follesdal; 9. Quine and Logical Positivism Daniel Isaacson; 10.Quine and logic Joseph S. Ullian; 11.Quine on Quine Burton S. Dreben. DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 7 DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 8 2 «Les deux dogmes de l’empirisme» Le contexte théorique de l’article • The Philosophical Review 60 (1951): 20 - 43 Repris dans From a Logical Point of View (Harvard University Press, 1953; seconde édition révisée 1961) – Version mixte contenant les deux éditions – Traductions: espagnol, Italien, Polonais, Japonais, Allemand, Chinois DIC-4214, Automne 2003 «Les deux dogmes de l’empirisme» • Contenu: • rejet de l’empirisme logique – Travail constructif: Conception empiriste-positiviste de la science – Fondationnalisme • définition d’un nouvel empirisme – Non dogmatique (selon Quine) – Linguistique – Psychologique La philosophie analytique Cours 12, page 10 • Les deux dogmes dont il est question sont deux dogmes de la conception empiriste - p ositiviste de la science. – Travail critique: DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique • la science forme un système unifié, excluant la métaphysique et les pseudosciences, et qui, uniquement sur le plan épistémique de la justification, est fondé dans les connaissances empiriques. Cours 12, page 11 DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 12 3 Conception empiriste-positiviste de la science • Les deux dogmes dont il est question sont deux dogmes de la conception empiriste - p ositiviste de la science. Traduction vs compilation • Traduction – Relation d’équivalence (équi-valence) • Signification d’égale valeur – Réductionnisme (atomisme sémantique) – Relation médiatisée par une connaissance • Les énoncés observationnels du système unifié de la science acquièrent leur signification et leur fondement épistémique par le biais de la vérification, et uniquement par lui. • Les énoncés théoriques, non observationnels, du système unifié de la science acquièrent leur signification et leur fondement épistémique par le biais leur traduction aux énoncés observationnels, et uniquement par lui. DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 13 • des deux l’énoncé couchera • du monde DIC-4214, Automne 2003 Traduction vs compilation – Relation médiatisée par un compilateur ou manuel de traduction • i.e. un semble d’énoncés spécifiant les identités de sens. DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 15 Cours 12, page 14 Relations entre des langages – – Relation d’identité • Signification identique La philosophie analytique Traduction vs compilation • • Compilation langues, celle de laquelle provient traduit et celle dans laquelle on l’énoncé qui traduit. dans lequel on les utilise. • ou de manière plus formelle : – • « La neige est blanche » en Français traduit « Snow is white » en Anglais. S1F traduit S1A. Les énoncés qui constituent le manuel de traduction sont donc des énoncés spécifiant des identités de sens entre des langages : le français et l’anglais, la langage observationnel et le langage théorique. DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 16 4 Traduction vs compilation LT1 LO3 LO2 • IS1 = « La pluie est acide » a la même signification que « Je plonge un papier litmus dans un récipient contenant de la pluie et j’attends quelques secondes et le papier devient rouge » LT2 LO5 LO1 Traduction vs compilation LO7 LO8 LO6 – Selon les positivistes-empiristes logiques adoptant la conception vérificationniste de la signification, les énoncés observationnels (1) montrent le mode de confirmation de l’énoncé théorique et (2) déterminent le sens de l’énoncé théorique. LO4 DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 17 DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Attention 1 • IS1 = « Wa gutch ger wadlen » a la même signification que « Je plonge un papier litmus dans un récipient contenant de la pluie et j’attends quelques secondes et le papier devient rouge » Cours 12, page 18 Attention 2 • (P & Q) → Q • Aucun homme non marié n’est marié • Ste-Catherine est Ste-Catherine • Aucun célibataire n’est marié • Mais attention: – Les secrétaires volantes sont des secrétaires DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 19 DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 20 5 Deux conditions • (P) L’argument de Quine – L’existence d’une notion bien définie de compilation entre deux langues naturelles est une condition nécessaire de possibilité de la conception positiviste-empiriste de la science. • (P) ◊P → C – Pourquoi? DIC-4214, Automne 2003 Deux conditions • (A) Cours 12, page 22 L’argument principal de Quine • Forme de l’argument: – L’existence d’énoncés analytiques explicitant des identités de signification entre deux langues naturelles distinctes est une condition nécessaire à l’existence d’une notion bien définie de compilation entre deux langues naturelles. • (A) La philosophie analytique – Modus tollens sur pour nier la condition de possibilité de la conception empiriste-positiviste logique de la science – Argument par induction pour établir la négation du conséquent C → A – Pourquoi? DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 23 DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 24 6 L’argument principal de Quine • Soit les propositions suivantes : – P = La conception positiviste-empiriste de la science est vraie – C = Il existe une relation bien définie de compilation entre deux langues naturelles – A = Il existe une notion bien définie d’analyticité exprimant des identités de sens entre des énoncés de deux langues naturelles. DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 25 L’argument principal de Quine 1 ◊P → C Condition de possibilité (thèse interne à la conception positiviste-empiriste) 2 C → A par définition de la compilation 3 ∼A Prouvé dans l’argument auxiliaire A 4 ∼A → ∼C de 2, par contraposition 5 ∼ C Modus ponens, sur 3 et 4 6 ∼C → ∼◊P de 1, par contraposition C ∼◊P Modus ponens, sur 5 et 6 DIC-4214, Automne 2003 L’argument principal de Quine • Si, par transitivité, on combine les deux principes – ◊P → C, C → A – ◊P → A • Et si on remplace les contrapositions et les modus ponens, alors on obtient la version simple de l’argument principal DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 27 La philosophie analytique Cours 12, page 26 L’argument principal de Quine 1 ◊P → A Condition de possibilité (thèse interne à la conception positiviste-empiriste), incluant la définition de la compilation 2 ∼A Prouvé dans l’argument auxiliaire A C ∼◊P Modus tollens, sur 1 et 2 DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 28 7 L’argument auxiliaire L’argument auxiliaire Soit les propositions suivantes Soit les propositions suivantes A Il existe une notion bien définie d’analyticité exprimant des identités de sens entre deux langages. Def Deux termes sont synonymes en vertu de définitions. Syn Il existe une notion bien définie de synonymie capable d’expliquer la notion de signification (la notion d’analyticité exprimant des identités de sens entre deux langages) : un énoncé est analytique s’il peut être transformé en vérité logique en remplaçant certains termes par des synonymes SSV Deux termes sont synonymes s’ils sont substituables sont salva veritate dans tous les contextes. RS Un énoncé est analytique si une règle sémantique le stipule. Conf Un énoncé est analytique s’il est synonyme avec un énoncé logiquement vrai et deux énoncés sont synonymes s’ils ont les mêmes modes de confirmation ou d’infirmation empirique. S Un énoncé est analytique s’il est vrai uniquement en vertu des signification et indépendamment des fait. MP Un énoncé est analytique s’il est vrai dans tous les mondes possible. DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 29 DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 30 1 A→(S ∨ MP ∨ Syn ∨ RS) Conditions nécessaires de l’analyticité 2 Syn→(Def ∨ SSV ∨ Conf) Conditions nécessaires de la synonymie 3 ∼S Prouvé dans l’argument auxiliaire A1 4 ∼MP Prouvé dans l’argument auxiliaire A2 1 A→(S ∨ MP ∨ Syn ∨ RS) 5 ∼Def Prouvé dans l’argument auxiliaire A3 2 Syn→(Def ∨ SSV ∨ Conf) Conditions nécessaires de la synonymie 6 ∼SSV Prouvé dans l’argument auxiliaire A4 3 7 ∼RS Prouvé dans l’argument auxiliaire A5 ∼S, ∼MP, ∼Def, ∼SSV, ∼RS, ∼Conf Prouvés dans les arguments auxiliaires A1, A2, A3, A4, A5 et A6 8 ∼Conf Prouvé dans l’argument auxiliaire A6 Loi d’adjonction sur 5, 6 et 8 9 ∼Def & ∼SSV & ∼Conf Loi d’adjonction sur 5, 6 et 8 L’argument auxiliaire Conditions nécessaires de l’analyticité 9 ∼Def & ∼SSV & ∼Conf 10 ∼(Def ∨ SSV ∨ Conf) Loi de De Morgan sur 9 11 ∼Syn Modus Tollens sur 2 et 10 Loi d’adjonction sur 3, 4, 7 et 11 10 ∼(Def ∨ SSV ∨ Conf) Loi de De Morgan sur 9 11 ∼Syn Modus Tollens sur 2 et 10 12 ∼S & ∼MP & ∼Syn & ∼RS 12 ∼S & ∼MP & ∼Syn & ∼RS Loi d’adjonction sur 3, 4, 7 et 11 13 ∼(S ∨ MP ∨ Syn ∨ RS) Loi de De Morgan sur 12 13 ∼(S ∨ MP ∨ Syn ∨ RS) Loi de De Morgan sur 12 C ∼A Modus Tollens sur 1 et 13 C ∼A DIC-4214, Automne 2003 Modus Tollens sur 1 et 13 La philosophie analytique Cours 12, page 31 DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 32 8 Un ensemble de rejets • Ensemble de tentatives de définir la notion d’analyticité. – – – – la signification les mondes possibles la définition la substituabilité salva veritate dans tous les contextes – les règles sémantiques – la vérification DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 33 Argument auxiliaire 1: La signification • Définition proposée de l’analyticité : – Un énoncé est analytique s’il est vrai uniquement en vertu des significations et indépendamment des faits. Un ensemble de rejets • Ou bien – Quine montre que la tentative en question présuppose la notion d’analyticité qu’elle tente d’expliquer – Quine montre que la tentative en question n’est pas suffisante pour expliquer l’analyticité – Quine montre que la tentative en question se fonde sur une notion qui autant besoin d’être expliquée que celle d’analyticité DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 34 Argument auxiliaire 1: La signification • La vérité est une notion binaire et digitale. Des énoncés qui sont vrais uniquement en vertu des significations auront aussi ces propriétés, et elles devront être conférés aux énoncés seulement par les significations de ces énoncés. Ceci présuppose qu’il existe une notion bien définie de signification. – D’où l’énoncé de la première que nous avons placé dans l’argument auxiliaire : A → S • Mais quelle serait cette notion bien définie de signification ? DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 35 DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 36 9 Argument auxiliaire 1: La signification • Il ne faut pas confondre le sens et la dénotation. • Quine n’est pas très clair ici. On peut se baser je crois sur deux éléments du texte : son parallèle entre la notion de signification et celle de d’essence (que Quine, en bon empiriste, rejette) et sa conclusion qu’on en revient en dernière analyse à la notion d’analyticité. DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 37 Argument auxiliaire 1: La signification • Traditionnellement, on conçoit la signification d’un concept c’est un ensemble d’autres concepts (ou de descriptions). Prenez n’importe quel concept et demandez vous quel concept vous mettriez dedans. DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 38 Argument auxiliaire 1: La signification • Fodor et Lepore 1992: Homme – On aimerait pouvoir dire que la signification de « Brown Cow » est composée de celle de « Brown » et de « Cow » et non de toutes les connaissances collatérales qu’un individue peut avoir sur les vaches brunes. Animal rationnel Animal bipède Etc. DIC-4214, Automne 2003 Argument auxiliaire 1: La signification La philosophie analytique Cours 12, page 39 DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 40 10 Argument auxiliaire 1: La signification • Ceci ne veux pas dire que la notion de sens ne fait pas sens, ou qu’il ne peut y avoir de sémantique en général, mais simplement que la notion de sens ne peut pas être utilisée pour définir celle d’analyticité car elle la présuppose. – D’où le premier rejet : ∼S DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 41 Argument auxiliaire 2: Les mondes possibles • Définition proposée de l’analyticité : – Un énoncé est analytique s’il est vrai dans tous les mondes possibles (descriptions d’états). DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 42 Argument auxiliaire 2: Les mondes possibles • Un monde possible, ou du moins une façon de voir un monde possible, c’est l’ensemble de tous les énoncés atomiques d’une langue associés d’une valeur de vérité. – Voici donc un monde possible • M1 = {(La table est brune, V), (Le bureau est beige, V), (Le ciel est bleu, F), (La neige est blanche, V), etc. pour tous les énoncés atomiques du français} – et en voici un autre • M2 = {(La table est brune, V), (Le bureau est beige, V), (Le ciel est bleu, F), (La neige est blanche, V), etc. pour tous les énoncés atomiques du français} DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 43 DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 44 11 Argument auxiliaire 2: Les mondes possibles Argument auxiliaire 2: Les mondes possibles M1 M2 M3 Etc. Etc. Etc. Etc. Etc. V F V Etc. Etc. Etc. Etc. Etc. F V V Etc. Etc. Etc. Etc. Etc. Etc. Etc. Etc. Etc. Etc. Etc. M1 M2 M3 Etc. La table est brune V V V Etc. Etc. Le bureau est beige V F V Etc. Simon C. est célibataire Le ciel est bleu F V F Etc. Etc. La neige est blanche V F V Etc. Simon C. est marié Bernard Landry est premier ministre V F F Etc. Etc. Etc. Etc. Etc. Etc. DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 45 Argument auxiliaire 2: Les mondes possibles • La conception de l’analyticité comme vérité dans tous les mondes possibles ne fonctionne que si la notion de monde possible fait sens. • la notion de monde possible fait sens ne fait sens que si l’on peut éliminer les mondes incohérents. • Or, pour éliminer les mondes incohérents, il nous faut la notion d’analyticité. • On ne peut donc utiliser la notion de monde possible pour définir celle d’analyticité. C’est-à-dire, • ∼MP DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 47 DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 46 Argument auxiliaire 3: La définition • Définition proposée de l’analyticité : – Un énoncé est analytique s’il peut être transformé en vérité logique en remplaçant certains termes par des synonymes, et des termes sont synonymes s’ils sont définis comme tels. • Il y a trois formes pertinentes de définition : – la description de l’usage (par le lexicologue). – l’explication (à la Carnap) – l’abréviation DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 48 12 Argument auxiliaire 3: La définition • l’abréviation • Définition proposée de l’analyticité : – Pour économie pratique – Pour économie théorique • Sauf dans le cas de l’introduction explicite d’une nouvelle notation, la compilation, l’abréviation présuppose elle aussi une appréciation antérieure des relations de synonymie entre le definiens et le definiendum DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 49 Argument auxiliaire A4 : La synonymie cognitive • Note – la synonymie cognitive concerne simplement la question de la vérité et de la fausseté des énoncés, pas leur valeur émotionnelle ou poétique. Les autres types de synonymies s’expliqueraient par la substituabilité « salva émotivité », ou « salva poésie ». La substituabilité salva veritate expliquera la signification cognitive. DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Argument auxiliaire A4 : La synonymie cognitive Cours 12, page 51 – Un énoncé est analytique s’il peut être transformé en vérité logique en remplaçant certains termes par des synonymes, et des termes sont cognitivement synonymes s’ils peuvent être substitués salva veritate dans tous les contextes. DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 50 Argument auxiliaire A4 : La synonymie cognitive • Il y a deux contextes pertinents ici: – Les contextes extensionnels (le contexte d’un langage extensionnel) • Ici la substituabilité est insuffisante pour expliquer la synonymie (cordate vs renate) – Le contexte d’un langage intensionnel, en particulier un langage contenant l’adverbe «nécessairement». • Ici la substituabilité présuppose la notion d’analyticité puisque le critère d’application de l’adverbe présuppose qu’on a identifiée quels énoncés sont analytiques. DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 52 13 Argument auxiliaire A4 : La synonymie cognitive • Puisque la synonymie cognitive présuppose la notion d’analyticité, celle - ci ne peut être utilisée pour définir la synonymie en contexte d’une définition de l’analyticité • D’où Argument auxiliaire A5 : Les règles sémantiques • Définition proposée de l’analyticité : – Un énoncé est analytique si une règle sémantique stipule qu’il l’est. – ∼SSV DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 53 Argument auxiliaire A5 : Les règles sémantiques • Ou bien on définit les règles sémantiques en terme d’analyticité – L’ensemble des règles sémantiques de L est l’ensemble des énoncés analytiques de L. • Il est évident que, dans le présent contexte, cette solution n’est pas applicable. DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 55 DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 54 Argument auxiliaire A5 : Les règles sémantiques • Ou bien on définit les règles sémantiques en terme de la vérité – L’ensemble des énoncés analytiques compte parmi l’ensemble des énoncés vrais (des vérités) de L. – La règles sémantique stipule quels sont ces énoncés. – Mais comment distinguer les vérités qu’on dira analytiques des autres (factuelles) DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 56 14 Argument auxiliaire A5 : Les règles sémantiques • Puisque ni l’une ni l’autre des interprétations de «règle sémantique» ne fait l’affaire, on peut en conclure que – ∼RS DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 57 Argument auxiliaire A6 : La vérification • Cette définition présuppose ce que Quine croit être un autre dogme de l’empirisme, le réductionnisme: – Ce sont les énoncés individuels sont confirmés ou infirmés par l’expérience. Argument auxiliaire A6 : La vérification • Définition proposée de l’analyticité : – Un énoncé est analytique s’il est synonyme à un énoncé logiquement vrai et deux énoncés sont synonymes s’ils ont les mêmes modes de confirmation ou d’infirmation empirique. DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 58 Argument auxiliaire A6 : La vérification • Notes: – Il serait préférable de dire le dogme de l’atomisme sémantique: • Autre sens de réductionnisme • Thèse sémantique • Opposé à holisme sémantique – Cette proposition est plus importante que les autres. DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 59 DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 60 15 Argument auxiliaire A6 : La vérification • Et l’argument? • Et l’argument? – le rejet de l’atomisme sémantique présuppose qu’on a déjà rejeté par ailleurs la notion d’analyticité comme identité sémantique entre énoncés de deux langages, et la distinction entre énoncé analytique-synthétique qui vient avec. DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 61 Argument auxiliaire A6 : La vérification • « Quant à moi, je propose l’idée que nos énoncés sur le monde extérieur sont jugés par le tribunal de l’expérience sensible, non pas individuellement, mais seulement collectivement. » – Thèse Quine-Duhem. – holisme de la confirmation qui, associé à une conception vérificationniste de la signification, nous donne un holisme sémantique. DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Argument auxiliaire A6 : La vérification Cours 12, page 63 – Et Quine le sait : au lieu de nous donner un argument, • (1) il nous chante une chanson au sujet de l’histoire de l’atomisme sémantique à travers l’empirisme, • (2) il sort les canons rhétoriques en parlant de « réductionnisme radical » et de « réductionnisme » et • (3) nous dit que les deux dogmes viennent ensemble, sont deux facettes de la même médaille (une admission de la pétition de principe associée d’une justification). DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 62 Argument auxiliaire A6 : La vérification • Tant que l’on adopte l’atomisme sémantique, l’idée qu’il existe certains énoncés, des cas limites, qui sont confirmés ou infirmés dans tout contexte paraît naturelle. – OK, mais il s’agit ici d’un diagnostic de la raison pour laquelle on peut trouver attrayante l’idée de l’analyticité mais pas un argument contre l’analyticité. DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 64 16 Argument auxiliaire A6 : La vérification • Cette avant dernière section du texte de Quine se termine sans argument contre l’analyticité, mais par une simple réaffirmation de la thèse holiste, qui présuppose la fausseté de l’analyticité : L’unité de signification empirique est la totalité de la science. DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 65 1 A→(S ∨ MP ∨ Syn ∨ RS) Conditions nécessaires de l’analyticité 2 Syn→(Def ∨ SSV ∨ Conf) Conditions nécessaires de la synonymie 3 ∼S Prouvé dans l’argument auxiliaire A1 4 ∼MP Prouvé dans l’argument auxiliaire A2 5 ∼Def Prouvé dans l’argument auxiliaire A3 6 ∼SSV Prouvé dans l’argument auxiliaire A4 7 ∼RS Prouvé dans l’argument auxiliaire A5 8 ∼Conf Prouvé dans l’argument auxiliaire A6 9 ∼Def & ∼SSV & ∼Conf Loi d’adjonction sur 5, 6 et 8 10 ∼(Def ∨ SSV ∨ Conf) Loi de De Morgan sur 9 11 ∼Syn Modus Tollens sur 2 et 10 12 ∼S & ∼MP & ∼Syn & ∼RS Loi d’adjonction sur 3, 4, 7 et 11 13 ∼(S ∨ MP ∨ Syn ∨ RS) Loi de De Morgan sur 12 C ∼A Modus Tollens sur 1 et 13 DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Conclusion Cours 12, page 67 L’argument principal de Quine 1 ◊P → A Condition de possibilité (thèse interne à la conception positiviste-empiriste), incluant la définition de la compilation 2 ∼A Prouvé dans l’argument auxiliaire A C ∼◊P Modus tollens, sur 1 et 2 DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 68 17 L’empirisme sans les dogmes • L’empirisme de Quine adopte deux idées fondamentales de l’empirisme, – (1) toute justification possible pour la science est empirique et – (2) toute signification possible pour le langage est empirique, donc adopte la conception vérificationniste de la signification, DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 69 L’empirisme sans les dogmes • L’empirisme de Quine adopte deux idées fondamentales de l’empirisme, mais laisse tomber – (1) la projet fondationnaliste de Descartes (image du bateau de Neurath) • L’empirie justifie la science mais ne la fonde pas – (2) la thèse de l’atomisme sémantique, • L’unité de confirmation n’est pas le l’idée, le mot, ni même la phrase, mais la théorie. Ajouté au vérificationnisme, ceci implique que la théorie est l’unité première de signification DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 70 Le futur de la philosophie analytique • Est - ce que l’argument de Quine sonne le glas de la philosophie analytique, ou de la sémantique, ou de l’utilisation de la sémantique et de la théorie du langage en épistémologie et en philosophie? – La philosophie analytique n’est pas morte mais elle ne peut désormais plus se faire comme auparavant. DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 12, page 71 18