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La DL-phénylalanine bloque la dégradation des enképhalines, des antidouleurs naturels de l’organisme
La DL-phénylalanine est un acide aminé
essentiel qui est métabolisé en tyrosine.
Celle-ci est le précurseur utilisé dans la syn-
thèse des neurotransmetteurs norépiné-
phrine, épinéphrine et dopamine. Les enké-
phalines sont des neurotransmetteurs libérés
par les neurones lorsque se produit une sen-
sation douloureuse trop intense. Ce sont des
endorphines, des peptides opioïdes qui se
fixent sur des récepteurs opioïdes présents à
la surface des membranes des neurones de la
douleur, et qui inhibent les messages de la
douleur vers le cerveau (des messages noci-
ceptifs). Elles possèdent donc une action
analgésique (diminuant, voire supprimant la
douleur). Leur action, qui s’exerce sur les
voies et les centres de la douleur comme le
thalamus, est très rapidement inactivée par l’in-
tervention d’enzymes, les enképhalinases.
Plusieurs composants inhibent la dégradation
des enképhalines. La phénylalanine, mais seu-
lement sous la forme DL-phénylalanine, est
l’un d’entre eux. Elle inhibe l’activité des enké-
phalinases et a été utilisée avec succès chez
l’homme dans la gestion de la douleur chro-
nique 6. La DL-phénylalanine montre égale-
ment des propriétés anti-inflammatoires. On
suppose que des inhibiteurs des enképhalina-
ses pourraient être efficaces chez l’homme
dans un certain nombre de maladies de défi-
ciences en endorphine, comme la dépression
ou l’arthrite. Des modèles animaux indiquent
qu’une supplémentation en phénylalanine
pourrait augmenter le seuil de la douleur. On
suppose que la phénylalanine induit cet effet
analgésique en bloquant la dégradation des
enképhalines.
Des études préliminaires sur des patients souf-
frant de douleurs chroniques ont montré des
taux de réponse de 32 à 75 % avec la phény-
lalanine 7. Des analyses suggèrent que cet
effet pourrait être induit par une surrégulation
du système analgésique endogène (SAE). Les
enképhalines étant des neurotransmetteurs
clés dans le SAE, il est raisonnable de penser
qu’en favorisant l’activité des enképhalines
avec de la phénylalanine, on pourrait poten-
tialiser l’analgésie induite par le SAE.
L’extrait de racine de gingembre inhibe l’activité des Cox-1, Cox-2 et de la 5-lipooxygénase
Les propriétés anti-inflammatoires du gin-
gembre sont connues depuis des centaines
d’années. Au cours de ces 25 ou 30 der-
nières années, de nombreux laboratoires
ont apporté des preuves scientifiques sou-
tenues par les connaissances anciennes
que le gingembre contient des composants
ayant des propriétés anti-inflammatoires.
La découverte, au début des années 1970,
que le gingembre exerce des effets inhibi-
teurs sur la production de prostaglandines
a été confirmée à plusieurs reprises. Le gin-
gembre agit sur la synthèse des prostaglan-
dines en inhibant les Cox-1 et Cox-2. Il
réduit également la biosynthèse des leuco-
triènes en inhibant la 5-lipoxygénase.
Ainsi, par ces différentes voies, le gingem-
bre module l’inflammation 8.
La racine de gingembre contient de très
puissants composants anti-inflammatoires,
les gingérols. On leur attribue la réduction
du niveau de douleur et l’amélioration de
la mobilité chez des sujets souffrant d’ar-
thrite ou d’ostéoarthrite lorsqu’ils consom-
ment régulièrement du gingembre.
Une étude a été entreprise pour investiguer
les effets analgésiques, anti-inflammatoires
et hypoglycémiants d’un extrait de racine
de gingembre sur des rats et des souris. Les
résultats sont venus confirmer l’utilisation
traditionnelle en ethnomédecine du gin-
gembre dans le traitement ou la gestion de
pathologies arthritiques inflammatoires
douloureuses 9.
Dans une étude en double aveugle croisée et
contrôlée contre placebo qui a duré 12 mois,
29 patients âgés de 42 à 85 ans avec une
arthrite douloureuse du genou ont reçu qua-
tre fois par jour pendant 12 semaines
250 mg d’un extrait standardisé de gingem-
bre ou un placebo. Puis, pendant les
12 semaines suivantes, les traitements ont été
interchangés. Ensuite, 20 patients souhaitant
poursuivre l’expérience ont été suivis pen-
dant 24 semaines supplémentaires.
La douleur provoquée par les mouvements
du genou, la mobilité et la circonférence du
genou ont été mesurées au début de l’étude
puis tous les mois.
Au bout de la première période de six mois,
les sujets recevant l’extrait de gingembre ont
constaté qu’ils souffraient moins lorsqu’ils se
mouvaient et qu’ils étaient moins handica-
pés. La douleur provoquée par le mouve-
ment est passée d’un score de 76,14 à un
score de 41,00 et le handicap de 73,47 à
46,08. Par contre, les sujets qui sont passés
de la supplémentation en gingembre au pla-
cebo ont vu la douleur provoquée par le
mouvement augmenter à un score de 82,10
et leur handicap passer à 80,80. Dans la
phase finale de l’étude pendant laquelle tous
les sujets ont reçu de l’extrait de gingembre,
la douleur est restée faible chez ceux prenant
déjà du gingembre dans la phase précédente
et a diminué à nouveau chez ceux précé-
demment sous placebo. La supplémentation
a également diminué l’enflure et la circonfé-
rence de leurs genoux : dans la première
phase de l’étude, celle-ci est passée de
43,25 cm à 39,36 cm ; pour ceux qui ont
poursuivi l’expérience, elle a encore dimi-
nué pour atteindre 38,78 à 36,38 cm 10.