Jésus et son verger? La Bible est remplie de paraboles inscrites

Chronique religieuse : 27 mai -2 juin 2015
Jésus et son verger?
Par Louise Hébert-Saindon
La Bible est remplie de paraboles inscrites dans la végétation du Moyen Orient :
par exemple : l’olivier (Dt6, 12), la vigne (Jn15), ou encore le grain de sénevé
(Mc 4,3) devenu aussi grand qu’un arbre. Par contre, l’olivier et la vigne sont
moins évocateurs pour nous que nos récoltes : les légumes et les fruits qui
poussent dans notre pays.
« The Orchard : a memoir » par Adele Crockett Robertson a retenti en moi pour
plusieurs raisons. D’abord c’est le récit véridique d’une femme qui, en 1931, suite
au décès de son père, a lutté seule pour sauf garder le verger familial en
nouvelle Angleterre. Au plan personnel, j’ai vu une femme intelligence, forte et
courageuse persévérer envers et contre tout pour préserver son héritage.
Ensuite j’ai saisi l’ampleur de la résilience et l’entraide qui existaient lors de la
grande dépression lorsque plusieurs perdaient leurs emplois et leurs fermes. En
dernier lieu, j’ai transposé le visage du Seigneur sur celui de cette femme pour
voir l’image qui surgirait.
Imaginez Jésus, propriétaire de verger. À chaque jour il se lève et va d’abord
contempler son verger. Il note chaque bourgeon qui éclos, chaque nouvelle
feuille et l’arôme du sol et des fleurs. Comme Adele il lutte contre la vieille
machinerie pour appliquer les pesticides afin que le fruit ne se fasse pas abimer
par les insectes ou les champignons (tout en ayant un souci de l’environnement).
Il les applique aux moments propices et dans les doses ajustées. Il fait des
calculs et prend des risques. Il sait que les pêchers sont plus fragiles que les
pommiers, que certaines variétés de pommes doivent être cueillies en été et
d’autres tardivement en automne. Il garde les anciennes variétés pour la
postérité et les consommateurs avisés, et il cueille en dernier celles qui résistent
mieux au gèle. Il opte de perdre la récolte annuelle en choisissant de faire un
émondage radical des branches afin de promouvoir une abondante récolte
l’année suivante. Comme Adele, il choisit des personnes fiables pour cueillir et
emballer les fruits. Il cherche des gens fidèles ayant une solide éthique du travail,
les capacités physiques et intellectuelles car il ne veut pas abimer la récolte
actuelle ou compromettre les bourgeons de l’an prochain. Puis, ayant tout fait
pour préserver les arbres et leurs fruits, impuissant, il voit les ravages causées
par la grêle, l’orage, le vent et le givre… Surtout, il travaille inlassablement,
souvent sans sommeil ou nourriture lorsque le verger est en péril…
Et si le verger c’était nous? Le Seigneur, tout comme le propriétaire d’un verger
nous arrose de grâces afin d’empêcher que nos vices entravent nos fruits, nous
émonde lorsque les soucis du monde ou ses attraits nous gâtent et que nous
avons besoin de creuser notre foi pour porter plus de fruits. Il se désole et il se
tord les mains lorsque la grêle de nos épreuves s’abat sur nous. Il se réjouit de la
récolte lorsque les fruits murs sont engrangés. À l’automne de notre vie il
prépare le verger contre le gel de l’hiver et les saisons à venir. Il est plein de
compassion et de tendresse envers son œuvre… Il n’est jamais loin de son
verger…
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