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Module « compréhension et expression »
Épreuve de Compréhension écrite
Lisez attentivement cet extrait et répondez aux questions de l’épreuve de
compréhension écrite.
Vendanges en Italie
La vendange est belle. Par-dessus les vignobles, on
entend des cris et des éclats de voix. Les chiens
gambadent, se couchent sur les pattes de devant et les
moineaux prennent leur vol dispersé.
« Allez, allez, encourage le patron. Courage ! … prr,
prr, prr… Allez, Allez … »
Les lèvres et le menton sont collants de miel distillé, ainsi que les mains, le tricot, le
manche de la serpe, les barriques et les chars. Tout n‘est qu’une gomme rougeâtre. Et on s’y
lave en écrasant à mains ouvertes les grappes craquantes dans la cuve.
Délicieux est le raisin, quand on l’arrache de la grappe, grain après grain, avec les
dents, tandis que les yeux dégouttent la sueur et que la paume de la main est lassée de la
serpe !
Mais encore cette rangée, encore ce pied, encore cette grappe ! Ici avec une barrique !
Allons !
Et, amenés sur la voiture cahotante, le pain et le bouillon sont bons comme ils ne le
furent jamais ! On se réjouit de la belle nappe blanche sous la lampe. Demain on
recommence !
Il bruinait à peine. Sur la boue de la grand-place deux traînées jaunâtres s’étiraient.
J’entrai dans la cave : « Bonsoir ! Ah ! bonsoir ! »
La cave était basse. Au milieu, sur un petit tonneau, fumait non sans peine la flamme
rougeâtre d’une lampe à pétrole. Le maître de maison était assis à côté de cette lueur, un verre
à la main. Son visage était de la couleur violacée du tonneau. Tout autour se dressaient,
pesantes, de grandes barriques et des cuves ventrues. Sur les murs, dans les coins, entre les
grilles de la lucarne, on voyait des toiles d’araignées, déchirées et remplies de pelotons de
poussière. Une chatte noire, agile bien qu’indolente, flairait sous les cuves l’odeur de rat
d’égout qui remplissait l’air. Un des hommes, occupé à retrousser ses pantalons avec peine,
car sa cuisse musclée ne voulait pas céder, leva les yeux pour me regarder.
Vila était là-haut, debout sur les poutres équarries qui soutenaient les cuves ; elle était
droite et fraîche dans sa chemise rouge et me sourit.
Moi, j’étais un enfant timide. Elle me dit doucement : « Saute là-dessus. » De là-haut
l’on voyait les belles grappes pleines que nous avions cueillies la veille se tasser dans les
cuves. Nous choisîmes seulement les grains les plus gros car nous étions rassasiés…
Les hommes piétinaient le raisin, courbés, agrippés au bord de la cuve, haletant comme
des bûcherons. Les jambes velues, rouges, rythmaient le battement avec frénésie et la cuve
vibrait sous les coups. Les grains, les peaux et le jus giclaient entre les doigts épais des pieds.
Vila était debout, accoudée à la cuve. Ses ongles étaient devenus rouges.
Bientôt les jambes des fouleurs disparurent jusqu’à la cuisse, dans la bouillie vineuse.
Le double coup des pieds devint régulier, comme le bruit d’un piston : sourd et égal.
L’oncle de Vila buvait, essuyant du revers de la main le jus qui perlait à ses
moustaches. Son visage était tout rouge.
Scipio SLAPATER. II mio Carso. Vallechi (Firenze) édit., 1912.
Université Paris IV Sorbonne – SELFEE – Paris-Sorbonne B2 – 30 avril 2011