Dossier documentaire Dossier documentaire 3 La culture dans la mondialisation L a mondialisation de l’économie a entraîné l’émergence d’une culture « globale », diffusée par les industries du divertissement comme le cinéma, la télévision, les parcs de loisirs, les spectacles sportifs. Dans le même temps, les technologies de l’information ont aboli les frontières et les distances et ont créé la « société de communication ». Ces évolutions ont-elles abouti à rapprocher les six milliards d’habitants de la Terre, transformée en un « village planétaire » (global village) et partageant une culture commune ? Ou bien ont-elles porté atteinte à la diversité des cultures par une uniformisation des pratiques culturelles soumises aux lois d’un marché unique ? 1 Le sport, un enjeu mondial. Logo du relais de la flamme olympique pour les Jeux olympiques d’Atlanta en 1996. Ce relais, qui précède l’ouverture des JO, a été sponsorisé par Coca-Cola (dont le siège se trouve à Atlanta). Royaume78 Uni ÉTATS-UNIS Russie Océan 46 France Pacifique 183 385 Turquie Italie Japon 63 99 Chine 238 469 Égypte 77 Inde Océan Philippines 839 Atlantique Thaïlande 456 « McWorld » dénoncé par un Américain Conseiller du président des États-Unis Bill Clinton, l’universitaire Benjamin Barber a publié en 1996 un livre intitulé Jihad vs. McWorld. McWorld, comme Macintosh ou McDonald’s, c’est notre planète uniformisée, homogénéisée par le commerce et la communication globale, transformée en une sorte de parc à thème mondial qui diffuse le style de vie et les symboles de la culture populaire américaine : les mêmes images, les mêmes sons, les mêmes logos, les mêmes produits sur les cinq continents. Coca-Cola, Levi’s, Kentucky Fried Chicken, MTV… C’est l’Amérique qui se vend de manière universelle, qui exporte ses icônes dans tous les pays, avec ses héros, ses antihéros, et qui commercialise jusqu’à la culture de ses ghettos. « We are the world ! » claironnent ses clips. « C’est un tout petit monde », chantent les personnages de Walt Disney. Bill Clinton l’a effectivement bien compris, la mondialisation de l’économie est maintenant dans une phase critique et dangereuse : la monoculture qu’elle diffuse s’oppose aux diversités régionales, à la souveraineté des États et, oui, à la démocratie. (…) Tel le communisme autrefois, le capitalisme global a besoin de façonner un homme nouveau : ce n’est plus le travailleur, cette fois, mais le consommateur. Il nous réduit au simple statut de client du marché mondial. Consommateurs de tous les pays, brisez vos chaînes et allez au supermarché, vous y trouverez l’identité commune ! (…) Certes, les nouvelles technologies sont multiples, on peut regarder des centaines de chaînes de télévision différentes… Mais le contenu, lui, s’est uniformisé. Il y a plus d’occasions, mais moins de choix. « Jihad contre McWorld », interview de B. Barber dans L’Express, 21 novembre 1996. 4 Mickey en kimono. Spectacle Disney à Urayasu, à côté de Tokyo (1er janvier 2004). 5 Plaidoyer pour la diversité culturelle La mondialisation menace les identités culturelles et, si l’on n’y prend garde, elle engendrera une standardisation culturelle. La mondialisation pousse en effet à l’uniformisation des comportements et des modes de vie. Il importe certes de promouvoir des valeurs et des références communes à l’ensemble de l’humanité, mais sans oublier les spécificités léguées par le temps, sans oublier le respect des identités, sans négliger la richesse de la diversité des cultures. Banaliser le traitement de la culture ne permettrait pas de présenter les identités linguistiques et culturelles auxquelles nous tenons. Affirmer l’importance de la diversité culturelle répond également à une exigence économique. L’importance de ces enjeux économiques impose d’apporter des correctifs à la logique du libre-échange, qui impliquerait que la plupart des États renoncent à leurs industries culturelles et audiovisuelles dès lors que des « produits » étrangers peuvent être importés à un moindre coût : les films hollywoodiens par exemple sont amortis sur un vaste marché avant d’être exportés à bas prix, sans subir l’obstacle de la langue. Mais les industries culturelles, les industries du savoir et de l’imaginaire sont des industries d’avenir, dont le poids est très important en termes d’emplois et de croissance économique. L’entrée dans la société de l’information, la prise en compte des nouvelles technologies mettent clairement en avant cette dimension économique étroitement imbriquée avec la dimension culturelle. Nous ne pouvons renoncer à ces activités. Intervention de Catherine Trautmann, ministre de la Culture de la France, à la table ronde organisée par l’UNESCO : « La diversité culturelle face à la mondialisation », 2 novembre 1999. 194 Océan Pacifique Océan Brésil Q uestions Indien 86 ■ Analyse des documents Argentine 47 Production de films 194 Nombre de films produits par an Diffusion du ciméma américain Pourcentage du total de films importés (moyenne 1988-1999) 2 ● 54 plus de 75 % 40 à 60 % 60 à 75 % moins de 40 % moyenne = 60,2 % données absentes 1. Présentez les principales industries culturelles dans le monde d’aujourd’hui, en les replaçant dans le contexte plus général de la mondialisation depuis 1945. 2. Quel pays domine ces industries culturelles ? Donnez des exemples précis, en vous appuyant sur les documents 1, 2, 3 et 4. 3. Quels sont les principaux pays qui « résistent » à l’influence du cinéma hollywoodien (doc. 2) ? 4. Comment peut-on défendre la diversité culturelle aujourd’hui (doc. 5) ? 5. Peut-on cependant penser que la mondialisation contribue à l’échange entre les cultures et à la définition de valeurs communes à l’humanité (doc. 1, 4, 5) ? ■ Rédigez une réponse au sujet suivant : Quels sont les effets de la mondialisation économique sur la culture ? Le cinéma, une industrie culturelle à l’échelle du monde. Chapitre 2. De la société industrielle à la société de communication 55 ●