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plexe mais dont le résultat est toujours une forme inversée et une seule.
En outre dans ces deux cas les structures corrélées sont véritablement du
point de vue du sens l'envers et l'endroit l'une de l'autre: identiques du
point de vue de la forme logique proprement dite, et inversées quant àla
«focalisation». En ce qui concerne les verbes des trois classes correspon¬
dant ààétester, plaire et irriter, la situation est àpeu près la suivante:
entre la classe I(type àétester) et la classe III (type irriter) il n'existe pas
de relations telles qu'on puisse faire correspondre àun verbe de la
classe Iun verbe de la classe III pourvu non seulement de la même
«grille thématique» mais du même contenu prédicatif, la seule différence
consistant dans la répartition des fonctions syntaxiques. On ne trouvera
pas, par exemple, dans la classe III, un verbe qui. substitué ààétester, per¬
mettrait de former une paraphrase de (1) en inversant les arguments fai¬
sant fonction de sujet et d'objet, comme on peut le faire en substituant
acheter àvendre et en inversant les arguments faisant fonction de sujet et
d'objet indirect en (4):
(4) Paul avendu sa maison àJean.
Dans ce qui suit, il sera exclusivement question des verbes des
classes Iet III"1. Contrairement àce qui s'est fait jusqu'à présent dans la
plupart des recherches sur les verbes «psychologiques», les classes II et III
ne seront pas traitées comme des variantes l'une de l'autre131. La classe II
semble être en effet une classe extrêmement restreinte, dont l'établisse¬
ment même pose problème'1', mais c'est peut-être parmi ses rares
(1) N. Ruwet vient précisément de consacrer àla question «Être ou ne_pas être un
verbe psychologique» (Langue Française 103. sept. 1994). un article où il pro¬
pose quelques critères pour tenter de lever la confusion qui règne, linguisti¬
quement parlant, dans le domaine des sentiments.
(2) Belletti et Rizzi (1988) étendent aux constructions indirectes (classe II) ce
qu'ils disent des constructions directes (classe I) de l'italien, et G. Legendre
(1989), qui étudie les constructions indirectes du français, suggère une analyse
identique pour les constructions directes.
(3) G. Legendre (1989) yinclut, outre plaire, déplaire et répugner, manquer et fal¬
loir. Or. même si on laisse de côté le fait que falloir n'apparaît que dans des
constructions impersonnelles, et que manquer entre aussi dans une construction
en de (J'ai manqué de courage /Le courage m'a manqué) -construction dans
laquelle cependant les restrictions de sélection et les contraintes sur les déter¬
minants ne sont pas les mêmes que dans la construction inverse -il reste que
l'objet indirect de ces verbes, àla différence de celui de plaire et déplaire par
exemple, n'est pas restreint aux seuls humains. On peut très bien dire: // lui
faudrait un bon nettoyage (à ce tableau) ou: C'était justement cette page-là qui
manquait àmon livre. Seul sans doute manquer pourrait, dans certains de ses