Le chromosome acrocentrique a la même taille que le
bras long de son homologue subtélocentrique. Le bras
court est probablement hétérochromatique, et peut-être
polymorphe dans la population. Il faudrait déterminer
les profils des bandes G et C pour confirmer cette inter-
prétation. Le chromosome X est grand et submétacen-
trique; le Y, plus petit et subtélocentrique. Les chromo-
somes homologues des cellules en diacinèse de méiose
sont appariés et forment la disposition prévue de 20
chromosomes bivalents (figures 2A).
Le caryotype 2n = 40 de C. grassei est l’un des plus
bas qui aient été caractérisés chez les espèces
africaines, bien que l’on trouve un nombre diploïde
aussi peu élevé que 22 chez des espèces asiatiques du
même genre (Zima et al. 1998). Meylan (1971) sig-
nala un caryotype semblable de 2n = 40 chez l’e-
spèce africaine C. bottegi. Les caryotypes standard de
C. grassei et de C. bottegi diffèrent par les éléments
suivants : 1) la possibilité d’une inversion péricen-
trique ayant entraîné la formation d’un chromosome
acrocentrique de taille moyenne chez C. grassei et un
métacentrique chez C. bottegi; 2) un bras court sur le
chromosome X plus long chez C. grassei; et 3) une
fixation, chez C. bottegi, de la forme subtélocen-
trique de la paire hétéromorphe de C. grassei.
Il existe un degré de similarité élevé entre les
caryotypes de C. grassei et de C. bottegi, de même
qu’avec d’autres espèces africaines de Crocidura au
nombre diploïde peu élevé (2n = 3644) (Maddalena
et Ruedi 1994, Schlitter et al. 1999). Toutefois, ces
caryotypes sont très semblables au caryotype ances-
tral proposé pour le genre (Maddalena et Ruedi
1994, Zima et al. 1998), ce qui ne signifie donc pas
nécessairement une parenté étroite entre les espèces
africaines avec un nombre diploïde peu élevé.
Néanmoins, ces espèces ont probablement divergé
tôt dans le processus de diversification des espèces
africaines et dans certains cas, la divergence peut
avoir précédé l’embranchement eurasien. D’ailleurs
les études morphologiques, moléculaires et chromo-
somiques ont permis de classer C. bottegi comme
un taxon primitif ayant commencé à diverger avant la
division donnant lieu aux deux grands clades
(africain et eurasien) (Maddalena et Ruedi 1994,
Ruedi 1998). En se fondant sur la morphologie,
Brosset et al. (1965) suggérèrent un lien de parenté
étroit entre C. grassei et C. dolichura, cette
dernière ayant également été identifiée comme l’un
des membres plus primitifs du genre (McClellan
1994, Butler 1998). Le caryotype de C. grassei et
ses similarités avec ceux de C. bottegi et de C.
dolichura laissent supposer que cette espèce est issue
d’une des premières branches du genre.
Sylvisorex ollula
Les préparations de chromosomes mitotiques de
deux S. ollula mâles ont toutes les deux révélé des
caryotypes de 2n = 38 (figure 1D). Nous avons
observé 13 paires de chromosomes à deux bras et
cinq paires d’autosomes acrocentriques. Le chromo-
some X est acrocentrique, le Y, métacentrique. Nous
avons compté le nombre prévu de 19 bivalents en
diacinèse (figure 2C-2B), et les spermatocytes sec-
ondaires avaient un nombre haploïde de 19 (figure
2D). Le complément autosomal est identiques à
celui décrit pour deux spécimens du Cameroun
prélevés par Schlitter et al. (1999). Le chromosome
Y est cependant plus grand que celui observé chez
les spécimens du Cameroun, et il est métacentrique
plutôt qu’acrocentrique. Les chromosomes Y que
nous avons observés chez les spécimens de Rabi
peuvent différer dans l’addition de bras hétérochro-
matiques. Cette hypothèse pourrait être vérifiée par
la coloration des bandes C.
En se fondant sur le caryotype, Schlitter et al.
(1999) ont révélé l’existence de deux groupes de
Sylvisorex. Les espèces S. megalura et S. lunaris
ont des nombres diploïde et basal élevés, tandis que
les caryotypes des espèces S. johnstoni, S. isabel-
lae, S. morio et S. ollula ont des nombres diploïde
et basal faibles. Le fondement systématique de cette
différence a été étayé par l’analyse des séquences
géniques de l’ARNr 16S (Quérouil et al. 2001), qui
a indiqué que S. megalura est plus étroitement
apparentée au genre Suncus qu’au genre Sylvisorex à
nombre diploïde faible, qui comprend S. ollula.
3.2 Ordre des Rodentia, famille des Muridés
Heimyscus fumosus
Le caryotype de Heimyscus consiste en 40 chromo-
somes (figure 3A). Trois paires de microchromo-
somes ont deux bras et les autosomes restants sont
acrocentriques. Le chromosome X est grand et sub-
télocentrique, tandis que le Y est légèrement plus
petit et acrocentrique. H. fumosus a été observé au
Gabon, au Cameroun et en République cen-
trafricaine. Brosset et al. (1965) avaient décrit cet
animal comme un Hylomyscus. Par la suite, Misonne
(1969) a choisi le nom de Heimyscus comme nou-
Bulletin of the Biological Society of Washington, No. 12 159