Philippe de Broca avait développé un univers personnel et ludique à travers ses deux premiers
films, Les Jeux de l’amour (1960) et Le Farceur (1960), porté par son double
cinématographique d’alors, Jean-Pierre Cassel. L’acteur par son personnage séducteur, sautillant et
immature y incarnait merveilleusement les thématiques chères à de Broca sur la fuite du réel vers
un monde de rêve et de fantaisie. L’Amant de cinq jours est sans doute la plus belle réussite de
la collaboration entre Jean-Pierre Cassel et de Broca, mais c’est pourtant un film que le réalisateur
n’aimait pas. Ce refuge dans le rêve constituera toujours une issue positive dans toute la
filmographie de de Broca, quitte à saborder son intrigue par une pirouette narrative comme dans
Un Monsieur de compagnie (1964) ou de transformer un dénouement supposé tragique en
triomphe avec le chef-d’œuvre Le Roi de cœur (1966). L’Amant de cinq jours semble être une
des rares fois où de Broca confronte cette légèreté à une vraie noirceur, ce qui peut expliquer son
désamour pour le film.