Éditorial - John Libbey Eurotext

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Éditorial
Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil 2016 ; 14 (1) : 57
Éditorial
La pensée ne peut se développer qu’en combinant des
mots à définition très précise avec des mots flous et
imprécis, en extrayant des mots de leur sens usuel pour
les faire migrer vers un sens nouveau.
doi:10.1684/pnv.2016.0596
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Edgar Morin
L’identité humaine
Aborder la neuropsychologie de l’humour est un sujet
difficile : bien que chacun possède une connaissance empirique de l’humour et qu’il ait été le sujet de multiples
disciplines littéraires, philosophiques et scientifiques, sa
définition et ses limites restent très incertaines. Dans cette
introduction, la question est alors d’en délimiter le champ
d’intérêt. Si la neuropsychologie est la discipline consacrée
à l’étude des rapports entre activité psychique et fonctionnement cérébral, il nous est néanmoins apparu nécessaire
d’aborder, dans un premier temps, les principales questions
soulevées par la psychologie de l’humour avant d’envisager,
dans un second article, ses rapports avec le fonctionnement cérébral. La multiplicité des champs de la psychologie
de l’humour (linguistique, cognitif, émotionnel et social)
ne peut fournir ici qu’un canevas réduit aux éléments qui
nous ont paru essentiels pour aborder son rapport avec
le fonctionnement cérébral, ce qui conduit notamment à
réduire l’étude de sa dimension sociale, pourtant fondamentale. L’humour est caractérisé, avant tout, par une
émotion positive dont le déclenchement est régi par des
mécanismes cognitifs particuliers qui apparaissent et se
développent parallèlement au développement des capacités cognitives et des rapports sociaux par conditionnement
et imitation. Son étude dans la vie quotidienne se heurte à
de nombreuses difficultés d’où la multiplication de nombreux travaux expérimentaux dont le caractère variable,
mais toujours schématique et réducteur, laisse souvent planer un doute sur la validité de leur méthodologie et de leurs
résultats et, a fortiori, de leur application à la vie quotidienne.
L’objectif de cet article ne saurait viser à rendre compte de
tous les travaux concernant la psychologie de l’humour : il se
limite à en introduire les principaux éléments et à soulever
les nombreuses interrogations qui restent sans réponse :
comment comprendre le lien entre le(s) mécanisme(s) cognitif(s) et le déclenchement du plaisir que procure l’humour ?
Quels sont les rapports de l’humour avec le comique et les
autres émotions positives (rire, joie, bien-être. . .) ? Les différentes terminologies associées à l’humour (humour noir,
ironie, sarcasme) relèvent-elles d’un mécanisme unique ou
différencié ?
Christina Calso et al. nous offrent une excellente mise
au point sur les modèles actuels qui sous-tendent le vieillissement des fonctions cognitives et métacognitives en
rapport avec l’activité des lobes frontaux, et soulignent
l’hétérogénéité de l’effet du vieillissement sur ces fonctions.
Claire Roubaud Baudron et al. livrent le deuxième
volet de leur étude consacrée à l’hypothèse infectieuse
de la maladie d’Alzheimer en résumant leurs travaux sur
l’implication possible d’Helicobacter pylori.
Le travail de Nouréddine Bouati et al., dont l’originalité
est de combiner les approches systémiques et psychanalytiques, contribue à mettre en lumière les différents facteurs
psychologiques et sociaux dont la compréhension permet
de mieux prévenir l’épuisement des aidants familiaux de
patients dépendants.
Valentina La Corte et Pascale Piolino montrent le lien
entre passé et futur au niveau de la mémoire personnelle qui
assure le voyage dans le temps et le sentiment de la continuité du soi. L’altération de ce lien est toutefois différente
dans la maladie d’Alzheimer et dans la démence sémantique, ce qui conduit les auteures à proposer un nouveau
modèle distinguant deux types de continuité temporelle,
phénoménologique et sémantique.
Kevin Charras et al. ont essayé de répondre à la question
difficile de l’évaluation des interventions non médicamenteuses et proposent une démarche qui veut améliorer les
résultats des études publiées sur le sujet. Les études
menées selon les critères d’évaluation de l’efficacité des
médicaments se révèlent inadaptées pour évaluer cette efficacité ou comparer entre elles les différentes méthodes
utilisées. Aux insuffisances d’élaboration méthodologique,
s’ajoute le fait que beaucoup de ces interventions sont
menées par des acteurs persuadés de l’efficacité de leur
méthode dont témoigne l’amélioration rapportée par les
patients ou les familles dans laquelle les phénomènes de
transfert jouent un rôle essentiel. Il faut remarquer que la
nécessité d’une évaluation objective est ainsi plus fondée
sur des impératifs financiers (quelle technique recommandée, quel rapport bénéfice/coût ?) que sur le résultat
subjectif des uns ou des autres.
Pour citer cet article : Derouesné C. Éditorial. Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil 2016 ; 14(1) : 57 doi:10.1684/pnv.2016.0596
Christian DerouesnÉ
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