M2R STUE / Cours « Neige et Glace » Les calottes polaires L'écoulement de la glace F. Parrenin Laboratoire de Glaciologie et Géophysique de l'Environnement Grenoble Divers mécanismes d’écoulement Vitesses horizontales en fct de la profondeur : A : déformation sous l’action de la contrainte de cisaillement B : glissement sur l’interface glace-socle C : déformation du sédiment sous-glaciaire Résumé des types d’écoulement qq m/an qq 100 m/an Vitesses de bilan - Antarctique ● ● ● ● Vitesses moyennes Fait apparaître des fleuves de glace Ice-streams en anglais Représentent 15% de la côte, mais évacuent 90% de la glace Testut, thèse, 2002. Ice-streams de Ross ● Ice-stream C s'est arrêté il y a 150 ans ● Comportement oscillatoire ? ● ice-stream B : 500 m/an Retzlaff and Bentley, J. Glaciol., 1993. Joughins and Tulaczyk, Science, 2002 Les conditions à la base sont à l’origine de l’activité des fleuves de glace Les ice-shelves Peyaud, 2006 Mécanisme d’écoulement d’un iceshelf A : force nette proportionnelle à l'épaisseur au carré B : déformation sous l’action de la contrainte longitudinale L’ice shelf sert d’arc-boutant à la calotte d’Antarctique de l’Ouest Dans quelle configuration l'effet d'arc boutant a-t-il lieu ? (a) (b) With this model, only the grounding zones like (c) with both : • An ice stream region • A confined ice shelf (c) Are sensitive to changes in ice shelf thickness Rignot et al., GRL, sept. 2004 => Accélération de l'écoulement en amont du Larsen A. Rignot et al., GRL, sept. 2004 1996 2000 2003 => Accélération de l'écoulement en amont du Larsen B. le cristal de glace c axe C plan de base symétrie hexagonale, comme certains métaux (magnésium, cadnium) ● Un des matériaux naturels les plus anisotropes : glissement 100x plus difficile selon l'axe C. ● Déformation par mouvements de dislocations (défauts cristallins) ● se comporte comme un jeu de carte !! le polycristal de glace Ice crystal c Fabrique (orientation des cristaux) Glace polycristalline Anisotropie fonction de la fabrique ● Les propriétés mécaniques du polycristal dépendent : – de l'orientation des cristaux (fabrique) – de leur agencement les uns par rapport aux autres Déformation du polycristal ● ● Processus intervenant dans la déformation : – Déformation intra-cristalline – Mouvement relatif des cristaux – Croissance des cristaux – Migration des frontières de cristaux – La recristallisation dynamique (naissance d'un nouveau cristal orienté favorablement pour la déformation) ou par rotation (séparation d'un cristal en 2) Difficultés des études en laboratoire : – temps petits (par rapport aux calottes polaires) – pressions faibles (par rapport aux CP) – échantillon limité (présence d'effets de bord) L'anisotropie de la glace polaire Dome C Tension Compression and/or Simple shear (Rémy and Tabacco, 2000) Variation d'un endroit à l'autre et avec la profondeur (Durand et al., 2007) Vostok Rétroaction fabrique / déformation Hétérogénéité de la déformation Petites differences de viscosité initiale Evolution de la fabrique rétroaction positive Lorsque la glace est cisaillée verticalement, la fabrique va s'orienter verticalement à cause : ● de la rotation des grains ● de la recristallisation dynamique Les classes de modèles de glace (1) Modèles complets Résout les équations de Stokes sur le polycristal ­ Méthode aux éléments finis ­ Transformée de Fourier rapide donne accès aux hétérogénéités temps de calcul 3D Modèles topologiques Modèles d'automates cellulaires inclut les processus de recristallisation Temps de calcul 3D Modèles micro­macro améliorés inclut les interactions entre les grains Hyp. de contrainte uniforme Les classes de modèles de glace (2) Modèles micro­macro (modèles d'homogénéisation) c-axis c Rhéologie de l'assemblage Cristal de glace Evolution de la fabrique Fabrique Glace polycristalline Modèles phénoménologiques (modèles continus) Postule une loi constitutive viscoplastique anisotropic Evalue les paramètres de cette loi grâce ­ à des données expérimentales ­ à un modèle micro­macro temps de calcul seulement un comportement macro Quelques rappels sur les contraintes Contraintes exercées sur un cube élémentaire Pour toute surface dS de normale : n =⋅n dS F Attention au signe « - » (la normale est orientée vers l'extérieur) On peut montrer que le tenseur des contraintes est symétrique (hyp. de milieu continu non polarisé) tenseur des contraintes : x xy xz = yx y yz zx zy z Déviateur des Contraintes Déviateur τ 'ij = τ ij − δ ij σ 0 σ x +σy +σz σ0 = 3 p = Pression hydrostatique = - contrainte octaedrale Contrainte octaedrale Cission efficace 2 τ= 1 τ' ij ∑ 2 ij 2 Vitesse de déformation Interprétation géométrique : 1 ∂ ui ∂u j ̇ij = 2 ∂ x j ∂ xi Loi de comportement ● Relie contraintes et déformations ij ij ● Le plus simple : loi visqueuse linéaire 2 η ε̇ij =τ' ij viscosité indépendante de la contrainte (évt de T°) ● Le plus compliqué : loi anisotrope non linéaire ij= fct ° ij ,T terminologie Rousselot, thèse, 2006. Loi de Glen Loi de comportement « loi de Glen » ( Définition d’une loi visqueuse) n−1 2 ε̇ij =BT τ τ' ij (En général, on utilise n=3) Loi visqueuse non linéaire (viscosité fonction de la contrainte) avec un coefficient BT dépendant de la température Ea énergie d’activation R constante des gaz parfaits Tf température de fusion 1−n = BT Ea 1 1 B T =B 0 exp − R Tf T Limites : ● Seulement une appr. polynomiale basée sur qq essais en laboratoire ● Plus compliqué dans la réalité (de multiples processus...) Mécanismes en jeu dans le glissement sur un socle rigide ● ● Moteur = cisaillement vertical Sur les obstacles : ● ● ● ● ● Fonte-regel Déformation Influence de l’eau ● ● Paterson, 1994. Lubrification Pression effective N (pression glace-pression eau) Presque toutes les lois proposées sont de la forme γ −β u = k τ N b Attention, le frottement estb une paramétrisation de phénomènes à petite échelle et => dépend de l'échelle considérée Glissement sur du sédiment glissement à l'interface glace/sédiment : ● comportement visqueux ● vitesse basale liée à la contrainte basale Labourage (« ploughing ») : ● Comportement plastique ● Contrainte seuil qui dépend de la pression effective Déformation du sédiment : ●Comportement visqueux ●N : pression effective ●h : épaisseur du sédiment Rousselot, thèse, 2006. b = N ,h U b Ice-shelf : bilan des forces sur le front Pression dans la glace et l'eau : P g = g z g g P e =e z e g eq. de flottaison : h g g =he e Force nette : hg he F =∫0 P g dz−∫0 P e dz g 2 2 2 F = he 1−e / g 2 « La force nette est proportionnelle au carré de l'épaisseur du front. » Dumas, 2002 Forces en présence Pression atmosphérique Gravité Frottement sur le fond et sur les bords Pression de l’eau au fond et au bord des iceshelves Équations de base Loi de comportement relie contraintes et déformation Equilibre quasi-statique équilibre des forces On néglige les termes d'accélération incompressibilité le volume de la glace varie très peu ∑ F =0 Équations d’équilibre quasi-statique La somme des forces sur un cube infinitésimal est nulle : (les termes d'accélération sont négligés) ∂σ x ∂x ∂τ xy ∂x ∂τ xz ∂x + ∂τ xy ∂y + ∂σ y ∂y + ∂τ yz ∂y + ∂τ xz ∂z =0 + ∂τ yz ∂z =0 + ∂σ z ∂z =ρg L'équation d'incompressibilité La somme des flux sortant d'un cube infinitésimal est nulle : uz(z+dz) uy(y+dy) ux(x) ux(x+dx) uz(z) ∂ ux ∂ u y ∂ uz =0 ∂x ∂y ∂z ou : div u =0 ou : ̇ xx ̇ yy ̇ zz =0 Les approximations selon l’échelle Couche mince ordre 0, isotrope Couche mince ordres supérieurs anisotropie à l’ordre 0 Résolution complète “full Stokes” isotrope ou anisotrope Modélisation de l’anisotropie Vision schématique de la déformation L’approximation de la couche mince Shallow Ice Approximation en anglais Principe : tirer parti du rapport d’aspect ε= épaisseur/longueur caractéristique Les variations horizontales sont supposées petites devant les variations verticales Passage en adimensionnel et réduction des coordonnées (les coordonnées sont 0->1) Développement de toutes variables : A = A 0+ ε A 1+ ε 2 Réécriture des équations Avantages A 2+ ... (...) + ε (...) + ε 2 (...) = 0 Critères objectifs pour négliger certains termes Traitement rigoureux des conditions aux limites Pour l’ordre 0 approche intuitive Les dérivées horizontales sont négligeables devant les dérivées verticales ∂ ui ∂ u i ∂ ui Appliqué aux vitesses , ∂x ∂y Et aux déformations ≪ ∂z => ̇ xx , ̇ xy , ̇ yy , ̇ zz ≪ ̇ xz , ̇ yz à cause de l'incompressibilité En raison de la loi de comportement 1 ∂ ux ̇ xz = 2 ∂z 1 ∂uy ̇ yz = 2 ∂z Ce qui revient à supposer ' xx , ' xy , ' yy , ' zz ≪ ' xz , ' yz x = y = z Conséquences (1) équation d'équilibre quasi-statique : ∂ x ∂ xz =0 ∂x ∂z x = y = z = g S − z ∂ y ∂ yz =0 ∂y ∂z ∂S S−z xz =− g ∂x ∂S S−z yz =− g ∂y ∂z = g ∂z (S = altitude de la surface) Cission efficace : 2 2 2 = g S − z 2 ∂S ∂S ∂x ∂y 2 2 = =pente max Conséquences (2) ∂ ux n n n−1 ∂ S =−BT g S − z ∂z ∂x ∂ uy n n n−1 ∂ S =−B T g S − z ∂z ∂y Avec une loi de Glen : En intégrant : z ∂S n n−1 n u x z =u xb − g ∫B B T z ' S − z ' dz ' ∂x z ∂S n n−1 u y z =u xb − g ∫B B T z ' S − z ' n dz ' ∂y Conséquence : vitesse horizontale par déformation indépendante de la profondeur et parallèle à la direction de plus grande pente de surf. : n u h z − u hb =− g n z ∫B BT z ' S − z ' dz ' ∥∥ ∂S ∂S , = ∂x ∂y n Applications En isotherme : n n1 n1 H − S −z u z =u b − g n1 ∥∥ n Vitesses en surface, pour n=3 : ∥u s− u b∥= g 3 S 3 B T z dz ¿ ∫ B Vitesses en surface, pour n=3 et en isotherme : 3 4 3 b ∥u s− u b∥= g B 0 H /4= B0 H /4 car : b = g H Valeurs numériques : −3 −1 3, B 0=0.2 bar an , =0.001, H =3000 m , =920 kg/m g =9.8 m/s b=0.27 bar ,∥u s −ub∥=3 m/an 2 CM pour ice-shelf et ice-stream (1) ● Equations d’équilibre quasi-statique ● Loi de déformation ● Couche mince avec des conditions à la base différentes de celles de la glace posée – – ● Pas de cisaillement tangentiel à la base Pression de l’eau donnée par la force d’archimède Résultats – – Ordre 0 : les vitesses sont indépendantes de la profondeur Ordre 1 : L, opérateur elliptique L U = ρ g H ∇S CM pour ice-shelf et ice-stream (2) Le frottement basal est nul pour les ice-shelves, imposé pour les ice-streams : frottement proportionnel à la vitesse basal. β peut dépendre de la morphologie du socle et de la présence d'eau.