- Maintenant, dit le roi, celui de vous deux qui m’apportera des pommes gagnera la troisième
épreuve.
- Des pommes Votre Altesse! Mais la saison des pommes est loin et je…, dit le comte,
voulant interjeter appel, mais le roi reprit:
- Ces pommes je les veux et vite. Je sens que je faille et je me rappelle qu’à l’automne de ma
vie, j’adorais croquer dans la chaire de l’api et j’y veux goûter une dernière fois avant de
vous quitter. Attention messires, si le paysan remporte cette épreuve, il sera couronné roi
et vous lui devrez obéissance. Et le bon roi leur fit signe de quitter sa chambre afin qu’il se
repose.
Cette fois, les nobles seigneurs voulant s’assurer que le paysan ne remporte pas la
couronne firent enfermer le pauvre bougre dans un des cachots du château à l’insu du roi,
bien évidemment. Avant de l’enfermer pour de bon, ils obligèrent Armand à révéler l’endroit
où il avait l’intention de trouver des pommes. Armand se garda bien de parler des douze
magiciens, mais leur dit d’aller dans la forêt, au pied de la montagne peut-être y trouveront-
ils un verger à l’abri des intempéries hivernales. Puis, les seigneurs mirent leurs armures,
dégainèrent leurs épées de leurs fourreaux, montèrent leurs destriers en formation
guerrière et se dirigèrent vers la forêt. Quand ils furent arrivés dans la clairière enchantée,
ils virent les douze magiciens autour de leur feu sacré. Janvier voulut prendre la parole, mais
le perfide comte le prit de cours.
- Arrière sorciers, druides païens, engeances de Lucifer hors de ma route.
Les douze mages mirent ensemble leurs bâtons au feu. Du coup, un vent d’hiver souffla, les
racines des arbres sortirent de terre et retinrent les pieds des seigneurs. Leurs armures
rougirent tellement elles devinrent chaudes et enfin une onde agitée venue d’on ne sait d’où,
emportèrent à jamais les malfaiteurs. Peu après, au château, la porte du cachot dans lequel
était emprisonné Armand s’ouvrit. Un homme d’âge mûr apparut:
- Je suis Septembre, ton ami. Voilà pour le roi, son api. Qu’il fasse de toi son Dauphin, tu
le mérites, c’est ton destin.