Entretien avec Amed ZOUHAM Réalisé par Catherine Beauville Ahmed Zouham nous raconte son arrivée au Mirail, au moment de sa construction ainsi qu’un souvenir du carré des douves. J’ai passé 15 ans de ma vie à Reynerie. Depuis 61. C’était en construction. Le lac il était tout petit, il était sauvage. Ils l’ont agrandi, ils l’ont aménagé. Je me rappelle il y avait la forêt jusqu’à la fac. La fac a été construite en 72. Moi je jouais à la fac, elle était en construction. Cathy : Et tu y es allé à la fac ? Oui, j’ai fait histoire et géographie. Mon Mirail à moi, c’était les années 80. Il y avait du boulot, il y avait les soirées, … c’était bien quoi. Il n’y avait pas les éducateurs, tous ces êtres bizarres qui arrivent … Dans les années 70-80, c’était les HLM dans la campagne, c’était super. On se baignait dans le lac de Reynerie, à l’époque on pouvait se baigner, c’était autorisé. Les familles, elles venaient avec leur parasol. Ce qu’on appelle la plage, c’était une vraie plage, de sable. Ici c’est chez moi, je suis d’ici. Quand on me dit d’où tu viens, je dis même pas Toulouse, je dis du Mirail. Je viens de là, c’est important. J’ai bougé, je suis revenu. C’est chez moi. Il faut partir pour se rendre compte de ça. Quand tu es déraciné, c’est important d’être chez toi. Je vois les têtes que je connais, j’ai mes repères, pour moi ça compte. Je suis parti à l’étranger, en Afrique, même en Suisse. C’est pas chez toi : tu n’as pas grandi chez eux. Je me souviens quand j’étais jeune, tout le monde disait « il faut se casser de ce quartier ». Je l’ai fait et finalement on trouve plus malheureux ailleurs. On dit qu’ici c’est un quartier chaud. Pas pour moi. Enfin, si, mais dans le sens positif. On dit qu’il est sensible alors voilà, on la revendique notre sensibilité ! Entretien avec Amed ZOUHAM Réalisé par Catherine Beauville Mon nom, Zouham, en arabe, ça veut dire meneur, leader. Je suis d’une famille historiquement noble. La noblesse est donnée par ta participation à l’Islam. Moi en fait je suis descendant de l’équivalent des templiers pour l’Islam. C’est pas énorme : je ne suis pas descendant du prophète, mais c’était des moines guerriers, comme les templiers. Tu sais l’Islam, c’est une culture, une civilisation, on a des blasons et des blazes nous aussi. Cathy : T’as pas un souvenir du carré des douves ? Un souvenir du carré des douves. J’amenai mes premiers flirts au labyrinthe… Je les amenais là mes premières copines… On s’y perdait tous les deux… Dans tous les quartiers les amoureux ont leur petit coin, à Bellefontaine c’est le petit bois, aujourd’hui à la Reynerie c’est le parc du château… C’était vivant le lac à l’époque, surtout les débuts d’été : les premières histoires d’amour c’était chouette, il y avait des coins, c’était sympa… Il y a beaucoup de choses à dire sur le quartier, contrairement à d’autres endroits, il y a plein de gens supers.