
Introduction
HAUTENAUVE Jean-Matthieu_2009 5
Introduction
La ville est devenu l'échelon de mesure le plus pertinent pour rendre compte des
changements économiques et sociaux de nos sociétés occidentales. « La ville étant au cœur
de nos sociétés, plus encore qu'au temps de l'industrie triomphante, les transformations du
présent s'y concentrent, s'y révèlent et y éclatent » (Viard 1994 p. 65). En effet, l'échelon
national, et à fortiori celui des grands blocs, perd de sa pertinence dans un monde qui
se globalise dans tous les domaines. La hauteur, si elle permet la prise de recul, a aussi
tendance à placer un voile obscurcissant sur les micro-phénomènes. Rapprocher le niveau
de l'analyse à celui du territoire ou de la ville semble donc de plus en plus nécessaire pour
faire la lumière sur les mécanismes à l'œuvre. La pertinence de l'échelon urbain est d'autant
plus renforcée qu'un terrien sur deux vit en ville depuis 2008, et cette tendance s'accélère
(UNWUP 2008). La ville, horizon de l'homme ?
L'objet de ce mémoire s'inscrit dans la montée en puissance de l'urbain, la dynamique
économique et sociale des villes. Il a l'ambition de proposer l'intégration d'une étude
empirique à un travail de synthèse théorique dans le vaste domaine de l'économie urbaine.
Le constat d'une urbanisation croissante de la population et du rôle toujours plus
important que jouent les villes, notamment dans la production culturelle, ont conduit de
nombreux commentateurs à résumer la France ainsi : « Paris et le désert français » (Gravier,
1947). Cette métaphore suggère une forme de hiérarchisation au sein des villes : il y aurait,
ou du moins il y aurait eu, une seule ville en France, Paris, puis rien. Cinquante ans plus
tard, et après plusieurs lois de décentralisation et l'enclenchement d'un nouveau cycle de
mondialisation, la question de la hiérarchie des villes françaises se pose à nouveau. Or, à
l'évidence, non seulement les villes françaises ne se ressemblent pas mais elles évoluent
et se transforment. Il est donc possible de dégager, pour une période donnée, une forme de
hiérarchie des villes, à condition d'en établir au préalable les critères. C'est essentiellement
le critère économique, tel que mesuré par la nature fonctionnelle de l'emploi, qui l'emporte
ici. Plutôt que d'étayer l'existence ou non d'une hiérarchie urbaine, une des questions
maîtresses sera donc de déterminer les modalités de la hiérarchisation des villes.
Mais avant même cela se pose la question de l'agglomération économique tout court.
En effet, sur le plan économique, la ville peut être définie comme une concentration
géographique d'activités de production et de consommation. Mais la concentration
géographique est contre-intuitive en économie puisqu'elle augmente inutilement la
concurrence. Il s'agit d'un paradoxe qui n'a été résolu que récemment
Ces deux questions théoriques s'emboitent et constituent le corps de la première
partie, théorique, du mémoire. Les fondements économiques de l'agglomération ferons
l'objet d'une présentation préalable en vue de rendre légitime l'examen théorique de la
différenciation et de la hiérarchisation de ces entités agglomérées.
Afin d'illustrer la théorie par la pratique, la seconde partie sera consacrée à un
test empirique, en l'occurrence l'analyse économique et qualitative des villes française ;
économique parce que basée sur l'emploi dans les aires urbaines métropolitaines,
qualitative parce qu'ayant pour objet de qualifier les villes selon la nature de cet emploi.
Ce cas pratique, basé sur l'utilisation de l'analyse fonctionnelle de l'emploi (AFE), un outil
de l'Insee encore peu mis en œuvre, permet de rendre compte de la dynamique urbaine