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Conférence internationale sur le renforcement de la cybersécurité
et de la cyberdéfense dans l’espace francophone
Grand-Bassam (Côte d’Ivoire), le 8 février 2016
Intervention de Monsieur Adama OUANE
Administrateur de l’OIF
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Allocution de Monsieur l’Administrateur
à l’occasion de l’ouverture de la Conférence internationale sur le
renforcement de la cyber-sécurité et de la cyber-défense dans l’espace
francophone
Grand-Bassam, le 8 février 2016
Monsieur le Ministre d’État, Ministre de l’Intérieur,
Monsieur le Ministre de l'Économie numérique et de la poste,
Monsieur le Directeur général de l’Autorité de Régulation des télécommunications de
la Côte d’Ivoire (ARTCI),
Honorables invités,
Mesdames et Messieurs, en vos rangs, grades et qualités respectifs respectés,
Chères participantes et chers participants,
L’essor des technologies de l’information et de la communication a provoqué une
transformation profonde et accélérée de nos modes de vie et de travail. Les progrès
proposés par cette révolution numérique ont des effets bénéfiques que tout le monde
peut apprécier. Dans le même temps, ils comportent des risques. De sorte que nous
osons affirmer que les TIC sont comparables à la langue d’Ésope, le célèbre
fabuliste grec.
C’est dire que les TIC pourront être à la fois la meilleure et la pire des choses à
l’époque contemporaine. Elles facilitent la vie, développent l’économie, l’innovation et
les relations entre les hommes. Elles sont, dans le même temps, sources de
criminalité ou de violation des droits fondamentaux des citoyens. La multiplication et
la complexification des attaques informatiques et les vulnérabilités des réseaux et
systèmes d’information commencent à inquiéter aussi bien les citoyens que les
entreprises et les États et gouvernements.
Face à ces inquiétudes, certains se posent la question de savoir pourquoi l’OIF
s’intéresse à la lutte contre la cybercriminalité, la promotion de la cyber-sécurité et de
la cyber-défense. L’OIF est une organisation multilatérale engagée dans la promotion
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et la défense de la diversité culturelle et linguistique, mais aussi dans
l’accompagnement du développement de ses États et gouvernements membres.
C’est d’ailleurs pour cette raison que la promotion de l’économie et du numérique
constituent les priorités de la Secrétaire générale de la Francophonie, Michaëlle
Jean.
Mesdames, Messieurs,
Distingués invités,
Au regard de ce positionnement de l’OIF, il apparaît que l’augmentation croissante
des pratiques cybercriminelles dans le monde en général, dans les pays
francophones en particulier, devient un défi pour nos États et notre Organisation.
En effet, les menaces cybernétiques et les infractions en ligne constituent un
obstacle au développement économique et social de nos pays membres. En effet, la
cybercriminalité entame la confiance dans le cyberespace et empêche nos pays et
gouvernements membres de profiter pleinement de l’économie numérique comme
une source de croissance économique. Par exemple, dans les pays francophones en
développement, la démocratisation de l’utilisation des téléphones portables a permis
l’émergence de certains services comme les transactions bancaires et financières, le
marketing et les services de distribution, le commerce électronique et beaucoup de
services de TIC pour le développement comme l’e-santé et l’e-éducation. Le
développement de la cybercriminalité constitue un véritable handicap pour
l’accélération de la croissance dans ces secteurs.
La cybercriminalité se révèle également comme un obstacle aux investissements.
L’expansion du fléau détruit l’image des pays et dissuade des investisseurs
potentiels. On connaît le cas de plusieurs pays africains dont les domaines internet
sont « blacklistés » par les grandes plateformes internationales. Une telle situation
provoque la baisse de l’attrait du pays et entraîne un ralentissement des
investissements. Or, une telle situation limite les opportunités de croissance
économique et d’emploi pour les populations.
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La cyberfraude provoque également des pertes de ressources financières pour les
individus et les États. Selon une étude de la Compagnie Européenne d'intelligence
Stratégique (CEIS), en 2013, le coût estimé de la cybercriminalité en Côte-d’Ivoire
est de 26 milliards de F CFA (3,8 millions d’euros) et de 15 milliards de F CFA (2,2
millions d’euros) au Sénégal. En France, cette criminalité affecte le PIB à hauteur de
0,11%.
La cybercriminalité constitue aussi une menace pour la paix et la stabilité des pays.
En plus de la professionnalisation de la cybercriminalité, certains États ou groupes
organisés utilisent des attaques informatiques à des fins stratégiques. Ces
cyberattaques touchent des infrastructures critiques de nos pays. On se rappelle
l’attaque subi sans précédent par notre opérateur de la Francophonie TV5 Monde.
Des cyber-hacktivistes paralysent des sites des pouvoirs publics. Par exemple, en
juin 2015, tous les sites gouvernementaux et parapublics du Burkina-Faso ont subi
une attaque de « défacement ». Le Sénégal, le Cameroun et d’autres pays africains
ont subi des attaques de même type ou de déni de services.
On peut évoquer ici la question du cyber-terrorisme avec la radicalisation des jeunes
sur Internet. Mais, plus grave encore, les cyberattaques peuvent être dirigées contre
des infrastructures physiques comme des réseaux d’énergie, de transport, des
chaînes de production, etc. A l’avènement de l’Internet des objets et le
développement des logiciels de supervision et de contrôle SCADA, les risques
encourus par les individus, les entreprises et les États vont s’accroître de façon
vertigineuse.
On ne peut négliger aussi les opérations de renseignement ou de surveillance
massive des populations. Le développement du cyber-espionnage met en danger les
secrets industriels et commerciaux.
Mesdames, Messieurs,
Au vu de ces enjeux économiques, politiques et sociaux, les chefs d’États et de
gouvernement de l’OIF ont clairement exhorté l’OIF à accompagner les États et
gouvernements membres à lutter contre la cybercriminalité et à promouvoir la cyber-
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sécurité. La Stratégie de la Francophonie numérique, « Horizon 2020 » et la
Stratégie économique pour la Francophonie constituent les sièges de ces résolutions
des hauts dirigeants de notre Organisation.
Sur la base de ces documents politiques, l’OIF a adopté une programmation
quadriennale 2015-2018 qui a pris en compte la question de la criminalité et de la
cyber-sécurité. Quelques actions ont commencé par être déployées. Une
coopération avec AfricaCERT permet de renforcer les capacités des experts africains
dans le domaine des équipes d’alerte et de réponses aux incidents de sécurité
informatiques. Nous travaillons aussi avec lAssociation francophone des autorités de
protection des données personnelles (AFAPDP) pour veiller à la protection des
données à caractère personnel dans nos pays. Avec le Réseau Francopol, la
coopération permet le développement des cyberpolices dans les pays africains.
Mais, ces actions se révèlent insuffisantes pour faire face à la montée en puissance
des pratiques de criminalité en ligne et des nouvelles vulnérabilités informatiques des
réseaux et systèmes d’information. De plus, de nombreux États francophones sont
de plus en désarmés face à la complexification et la professionnalisation de la
criminalité cybernétique. Quelques-uns commencent à prendre conscience des
menaces et esquissent des politiques de lutte à travers l’adoption de cyber-
législations ad’hoc. La majorité se pose bien des questions.
Devant cette situation perturbante, la Secrétaire générale de l’OIF a souhaité prendre
une initiative francophone de renforcement du continuum sécurité/défense dans le
cyberespace francophone. La présente conférence s’inscrit dans ce cadre.
Comme vous le savez, cette conférence vise trois objectifs, à savoir :
1. Échanger sur les meilleures pratiques dans le monde ;
2. Élaborer, à l’intention des hauts dirigeants de la Francophonie, un projet de
déclaration de principes sur la cyber-sécuri et la cyber-défense dans
l’espace francophone ;
3. Proposer une Initiative Francophone de renforcement de la cyber-sécurité et
de la cyber-défense (: un plan d’action et un guide pratique qui proposera une
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