Extrait du Vocabulaire français de l'Art urbain, par Robert-Max Antoni, sur www.arturbain.fr
Extrait du “Vocabulaire français de l'Art urbain”, par Robert-Max Antoni, sur www.arturbain.fr
PLAN LUMIÈRE
PLAN LUMIÈRE :
Concept né à la fin des
années 1980.
Le Plan Lumière est un
document destiné à l'é-
clairage et à la mise en
valeur de l'espace public
et du paysage urbain
à différentes échelles
(agglomération, quartier,
etc.).
Il présente (selon La lumière
urbaine de Roger Narboni),
un inventaire identitaire
de l'existant, une hiéra-
chisation des zones à
projets, un phasage pluri-
annuel des réalisations.
Il se différencie du schéma
directeur d'aménagement
Lumière par l'échelle et la
planification ; ce dernier a
pour objet de réunir les
études d'éclairage à grande
échelle sur le long terme,
concernant l'éclairage des
voies, des espaces publics,
des monuments et bâtiments
remarquables (extraits des
recommandations de l'Asso-
ciation française de
l'éclairage (AFE) résultant du
travail d'une commission).
Le Plan Lumière est
l'aboutissement d'un proces-
sus historique d'éclairage des
villes qui commence au
XVIe siècle, où le couvre-feu
imposait aux citadins de
rester chez eux après une
heure fixée par les autorités.
Louis XIV, dans sa lettre
du 16 août 1662 où il
constate que « les vols, meurtres
et accidents arrivent journellement
en notre bonne ville de Paris faute
de clarté suffisante dans les rues »,
crée une compagnie de
lanterniers (1). Ces nouvelles
mesures donneront à Paris
son surnom de « ville-
lumière ». Par la suite, les
réverbères à huile prennent
le relais des lanternes (2)
directement sur le mur.
Puis en janvier 1829, les
quatre premiers appareils
d'éclairage au gaz sont mis
en service (3).
À la fin du XIXe siècle, avec
l'électricité et la lampe à arc
de charbon, une nouvelle ère
commence, celle de l'éclai-
rage public des villes. La
première démonstration a
lieu en 1884 sur la place de la
Concorde (4).
Dès 1930, l'éclairage public
est réalisé pour protéger le
piéton et favoriser la circula-
tion automobile.
Dans les années 1980, le
besoin de mettre en valeur la
ville de nuit donne naissance
à la notion de Plan Lumière.
Ce dernier se substitue à
l'éclairage public pour conci-
lier l'aspect sécuritaire de la
lumière et renforcer son
identité.
Le Plan Lumière permet de
dessiner la silhouette noc-
turne d'une ville à partir
d'une collection d'édifices
éclairés (7/8). Les projets
d'illumination sont confiés
aux services techniques, qui
auront à gérer l'application
des principes du Plan
Lumière sur le long terme,
suivant les aménagements
futurs.
Le Plan Lumière est le fil
conducteur qui oriente les
concepteurs lumière, archi-
tectes, designers, plasticiens,
etc., qui œuvrent ensemble
dans ce projet d'urbanisme.
Cette façon globale de
repenser la ville est mise en
place selon « une méthodologie
très précise », que définit le
Plan Lumière. Il pose des
principes de base, affiche des
préférences, planifie les
réalisations dans le temps.
Le Plan Lumière est avant
tout une étude de concep-
tion urbaine.
Il s'inscrit dans une dé-
marche d'aménagement de la
ville, puise sa spécificité dans
les données inhérentes aux
sites et conjugue harmo-
nieusement des approches
extrêmement variées. Il se
trouve de ce fait au milieu de
réflexions multiples à la fois
sur la mémoire des lieux,
l'urbanisme, l'architecture, la
sociologie, etc.
Ces divers critères d'appré-
ciation interviendront tous
ensemble, aussi bien dans
l'analyse du contexte du Plan
Lumière que dans l'élabo-
ration des solutions propo-
sées. C'est cette nécessité
d'une réflexion en perma-
nence multicritères qui fait la
difficulté mais aussi l'intérêt
du Plan Lumière.
En 1995, est créée l'ACE
(Association des concepteurs
lumière et éclairagistes) qui a
pour but de promouvoir le
matériau lumière et les
professions qui s'y rappor-
tent. Elle est fondée par
Roger Narboni et présidée
en 2003 par Jean Sabatier.
Le Plan Lumière s'organise
autour d'une méthodologie
définie en trois phases
successives :
Phase 1 : inventaire identi-
taire de l'existant.
Il faut s'imprégner de l'esprit
du lieu, par l'observation et
une sensibilité d'analyse
d'ambiance. Il faut intégrer
les informations historiques,
culturelles, la publicité exté-
rieure, les textures de la
ville, les perspectives, les
pratiques, les couleurs, etc.
Cette étape permet au
concepteur lumière de se
faire une première image de
la ville. Comme pour Lyon, il
faut repérer les principaux
sites, monuments, ponts et
façades à illuminer (11) dans
le cadre du Plan Lumière
grâce à un plan de synthèse
du patrimoine (5).
Phase 2 : hiérarchiser les
zones à projets.
La ville est étudiée dans ses
usages et la lumière est
pensée comme un outil
d'aménagement.
La délimitation des secteurs
géographiques à traiter est
déterminée en intégrant les
futures extensions possibles
et les liens entre les secteurs.
Cette réflexion s'appuie sur
des plans de circulation,
sur l'organisation spatiale des
différentes fonctions de la
ville et sur les projets
d'aménagement urbain. Dans
le Plan Lumière de Lyon, le
plan directeur général (6)
permet de visualiser les
grandes orientations de la
lumière. Les contenus types
du Plan Lumière dépendent
du périmètre d'intervention
et de l'échelle souhaitée par
le maître d'ouvrage (du
1/25 000 au 1/500 voire au
1/200). Cette phase peut
entraîner l'établissement
d'une charte lumière
débouchant sur la réalisation
de zones tests.
Phase 3 : établir un phasage
pluriannuel des réalisations.
En fonction des impératifs
budgétaires de la commune,
il est vérifié si les réalisations
ne sont pas contradictoires
avec les règles de sécurité.
Les coûts d'études des Plans
Lumière sont très variables.
Ils dépendent du périmètre
d'étude, du degré de préci-
sion souhaitée et de la durée
de l'étude (de trois à
neuf mois).
Des Plans Lumière ont été
réalisés sur ce principe dans
plusieurs villes en France
(9/10) : c'est dire toute l'im-
portance de ce phénomène,
qui est appelé à se dévelop-
per dans les années à venir.
V. CHARTE LUMIÈRE, LAN-
TERNE, PERSPECTIVE,
PLAN DE CIRCULATION,
PUBLICITÉ EXTÉRIEURE,
RÉVERBÈRE, SCHÉMA DI-
RECTEUR D'AMÉNAGE-
MENT LUMIÈRE, SIL-
HOUETTE.
« Pour créer une image nocturne harmonieuse et cohérente de la ville
et non une juxtaposition disparate de réalisations, il ne suffit pas de
recenser les monuments à illuminer ; il faut composer, rythmer,
différencier par l'ombre et la lumière les quartiers qui la composent. »
Roger Narboni, La lumière urbaine
« L'image nocturne doit être perspective et sensorielle. Elle ne doit
pas tenter de reproduire la vision diurne, mais au contraire identifier
la ville, réaffirmer dans l'histoire et la vie de la cité. »
Éthique des concepteurs lumière, L'urbanisme lumière