S`occuper des patients plus que de la contenance des

Le décret du 16 décembre 2004 avait préparé larrivée
sur le marché français de boîtes de médicaments
pour 3 mois de traitement (1). Le dispositif,
annoncé comme générateur d’économies,
était apparu demblée bien compliqué. Il avait
surtout généré, dans un premier temps, beau-
coup de confusions : entre durée limitée de
prescription et dispensation pour une durée
de traitement limitée ; entre limites fixées pour
des raisons de santé publique (substances véné-
neuses, médicaments à prescription restreinte) et
limites fixées pour des raisons purement économiques (rem-
boursement pour une certaine durée de traitement) ; etc. Il
faut dire quen France, la superposition de multiples couches
réglementaires mérite dapparaître au livre des records.
UNE MULTIPLICATION DES PRÉSENTATIONS SANS
INTÉRÊT. En février 2005, ce décret a été présenté dans la
revue Prescrire en expliquant ce qui allait changer pour les pres-
cripteurs, pour les pharmaciens et pour les patients (2). Puis la
revue a commencé à présenter les premières spécialités com-
mercialisées en France pour des traitements de 3 mois : Acto-
nel°35 mg (acide risédronique) en boîte de 12 comprimés et
Evista°(raloxifène) en boîte de 84 comprimés (3,4). Lobjectif
était de signaler, de manière concise, ces présentations afin
quelles ne surprennent pas certains lecteurs ou leurs patients.
Mais la poursuite de ce recensement a fait apparaître des cas
de figure de plus en plus incohérents : inscription au rembour-
sement, sous un même nom commercial, de boîtes de 84 et de
90 unités, au côté de boîtes de 28 (mais pas de 30), tandis que
la même substance sous un autre nom commercial est présen-
tée différemment ; changement de boîtes de 28 en boîtes de 30
prévu, mais à une date incertaine, tandis que des boîtes de 90
sont déjà disponibles pour le même nom de marque, etc. Le
tout sur fond de ventes, reprises, changements de nom, sup-
pressions, réapparitions, etc., de multiples spécialités, dans un
marché concurrentiel plus dérégulé que jamais.
Une décision pragmatique sest alors imposée à la Rédac-
tion : arrêter, et vite, de prendre du temps à décrire toutes ces
modifications de présentations, et surtout arrêter dencom-
brer la revue avec de telles informations.
SE RECENTRER SUR LES SOINS. La revue Prescrire a pour
mission daider à mieux soigner, en donnant aux professionnels
de santé les moyens de la compétence. Dans le domaine parti-
culier du médicament, ce qui compte dabord pour les
patients, cest que les professionnels de santé connaissent les
substances actives, et choisissent les mieux adaptées en fonc-
tion de leur balance bénéfices-risques et de la situation du
patient. Ce qui compte, cest que les professionnels aient le
temps de parler, d’écouter, dexpliquer les traitements pour
une utilisation optimale des médicaments, de repérer et de
prévenir les erreurs et les effets indésirables.
À partir de ce mois de septembre 2006, la revue Prescri-
re cesse donc de décrire ce qui concerne unique-
ment les nouvelles présentations quantitatives
des spécialités : ce qui concerne le nombre de
comprimés par boîte, le volume du flacon ou
la grosseur du tube, etc.
Des exemples de conditionnements parti-
culièrement bien ou mal conçus seront tou-
jours signalés, à loccasion, parce que suscep-
tibles dapporter un avantage tangible aux
patients ou de leur faire courir un risque spécifique.
Lattention de la Rédaction et de lAtelier Conditionnement
Prescrire ne se relâche pas, mais le contenu de la revue est
recentré sur ce qui est le plus utile pour soigner.
La revue Prescrire continue bien sûr par ailleurs à présenter
toutes les nouvelles substances, les nouvelles indications, les
nouvelles formes, les nouveaux dosages, ainsi que les change-
ments de nom commercial, de dispositif doseur, etc. Mais la
boîte de 30 qui devient boîte de 20 ou celle de 84 qui sajoute,
cest terminé !
UN SIMULACRE DE MAÎTRISE DES DÉPENSES. Aux
décideurs qui trouvent important de se concentrer sur les
boîtes de 84 ou de 90 comprimés, on peut conseiller de se pen-
cher plutôt sur les prix accordés par les autorités aux nouveau-
tés qui napportent strictement rien aux malades (5,6, et dans
ce numéro page 575). Il y a là un gaspillage de largent collectif
sans commune mesure avec celui visé par larticle commun
aux Codes de la santé publique (CSP) et de la sécurité sociale
(CSS) qui stipule : «le pharmacien délivre le conditionnement le
plus économique compatible avec les mentions figurant sur
lordonnance » (articles R. 5123-3 du CSP et R. 162-20-6 du
CSS).
Même les pharmaciens les plus scrupuleux et les mieux orga-
nisés pour gérer la multitude de présentations commerciali-
sées ne peuvent rien contre les dérapages des dépenses liés aux
prix artificiellement élevés des nouveautés. Et surtout, les
pharmaciens, comme les médecins et les autres professionnels
de santé, ont mieux à faire pour les patients que dinventorier
des boîtes, pour un simulacre de maîtrise des dépenses.
La revue Prescrire
Extraits de la veille documentaire Prescrire.
1- “Décret n° 2004-1367 du 16 décembre 2004 relatif à la prescription et à la
délivrance de médicaments et modifiant le code de la sécurité sociale et le
code de la santé publique (deuxième partie : Décrets en Conseil d’État)” Jour-
nal Officiel du 18 décembre 2004 : 21533.
2- Prescrire Rédaction Remboursement de plus dun mois de traitement :
selon conditionnement Rev Prescrire 2005 ; 25 (258) : 97.
3- Prescrire Rédaction Boîtes pour 3 mois - Actonel°” Rev Prescrire 2006 ; 26
(269) : 106.
4- Prescrire Rédaction Boîtes pour 3 mois - Evista°” Rev Prescrire 2006 ; 26
(273) : 418.
5- Prescrire Rédaction Prix des médicaments : la folle envolée Rev Prescrire
2004 ; 24 (256 Suppl.) : 881-945.
6- Prescrire Rédaction Prix : la folle envolée continue, et tout est rembour-
sable. In : Lannée 2005 du médicament : la dérégulation saccentue Rev
Prescrire 2006 ; 26 (269) : 140-150.
Soccuper des patients plus que de la contenance des boîtes
POINT DE VUE DE LA RÉDACTION
LAREVUE PRESCRIRE SEPTEMBRE 2006/TOME 26 N° 275 PAGE 577
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