Journal Identification = JPC Article Identification = 0179 Date: August 23, 2011 Time: 12:7 pm
J Pharm Clin, vol. 30 n◦3, septembre 2011 133
Kératites amibiennes
nombreuses solutions notamment ophtalmiques. Dis-
ponibles sous de nombreuses formes et à différentes
concentrations, les formes aqueuses stériles sont plus par-
ticulièrement adaptées à la réalisation d’une préparation
de collyre.
Selon les pharmacies hospitalières, plusieurs concen-
trations sont préparées : 0,02 ou 0,05 %. Néanmoins, la
concentration de 0,05 % préparée en Suisse (service de
pharmacie, Hôpitaux universitaires de Genève) est plus
spécifiquement utilisée dans la prévention des accidents
d’exposition au sang en cas de projection de sang dans
les yeux et donc destinée au personnel soignant. Pour
le traitement des kératites amibiennes, les publications
[1, 2, 15] décrivent l’utilisation de collyre dosé à 0,02 %.
Ce choix est confirmé par la notion que si la peau sup-
porte aisément des concentrations de 1 %, les muqueuses
ou séreuses sont souvent irritées dès que la concentration
dépasse les 0,02 % [16].
Enfin, il faut souligner que le PHMB et la chlo-
rhexidine sont présentés comme contre-indiqués pour
la voie oculaire (RCP du Lavasept®, RCP chlorhexidine
aqueuse stérile Gilbert®0,05 % pour application locale).
Néanmoins, dans ce cas précis d’atteinte oculaire où le
pronostic visuel est engagé, la balance bénéfice-risque est
en faveur de leur utilisation à des concentrations adaptées
pour limiter le risque d’irritation oculaire.
Rôles du pharmacien d’officine
et du pharmacien hospitalier
Prévention et conseil
Le pharmacien d’officine a un rôle important d’éducation
des porteurs aux conditions de manipulation des lentilles
ainsi que d’utilisation des produits de nettoyage des len-
tilles [17].
Les principes importants à rappeler aux utilisateurs
sont les suivants :
– respecter la durée de port et d’utilisation des lentilles ;
– bien se laver les mains et les sécher avant toute mani-
pulation des lentilles ;
– utiliser un oxydant pour nettoyer les lentilles souples ;
– nettoyer régulièrement le boîtier des lentilles avec le
liquide de conservation, l’essuyer et le laisser sécher
ouvert ; le changer fréquemment et au moins chaque
mois ;
– ne pas mettre de lentilles sous une douche, dans les
piscines ou en eau douce (jacuzzi, lac...) ; si le port est
inévitable bien que fortement déconseillé, privilégier les
lentilles journalières et les jeter rapidement après être sorti
de l’eau ;
– ne jamais nettoyer les lentilles avec autre chose que le
liquide prévu à cet effet ;
– en cas de gêne ou de douleur (même augmentant au
dépôt des lentilles), ôter les lentilles et consulter un oph-
talmologiste en urgence en apportant ses lentilles, son
boîtier et son liquide de conservation ;
– toujours posséder une paire de lunettes correctrices
adaptées en complément des lentilles.
En cas de plaintes oculaires, le pharmacien a pour
premier objectif d’éliminer une urgence ophtalmique.
Les signes suivants doivent inciter à recommander une
consultation immédiate chez l’ophtalmologiste ou aux
urgences hospitalières : baisse de l’acuité visuelle, œil
dur et douloureux, photophobie, impression d’éclairs
lumineux et/ou de voile noir, ou plaie, corps étranger,
brûlure ou traumatisme oculaire. Si le patient est por-
teur de lentilles, il faut lui conseiller de les retirer. S’il
est déjà sous traitement ophtalmique notamment anti-
biotique, sans amélioration après 48 à 72 heures avec
une bonne observance, une kératite amibienne doit être
suspectée et donc le patient doit être incité à revoir immé-
diatement son ophtalmologiste.
Validation pharmaceutique
de la prescription,
médicaments à statut particulier
Le pharmacien hospitalier intervient au moment de la
validation pharmaceutique de la prescription médicale en
cas de suspicion de kératite amibienne ou de diagnostic
avéré. L’analyse de la prescription repose sur la vérifica-
tion de l’association de deux principes actifs amoebicides
de deux familles différentes. Il va ensuite devoir s’assurer
de la disponibilité des médicaments non commercialisés
en France pour la voie ophtalmique : spécialité en ATU
(Brolène®), préparations de collyre de PHMB 0,02 % ou
de chlorhexidine 0,02 %. Dans ce dernier cas, le pharma-
cien va soit réaliser la préparation s’il dispose des moyens
adéquats ou s’adresser à une pharmacie hospitalière spé-
cialisée dans ce domaine dans le cadre d’une convention
de sous-traitance.
Dispensation
Les patients sont le plus souvent traités en ambulatoire, le
traitement prescrit associant des médicaments agréés aux
collectivités à des médicaments disponibles uniquement
en milieu hospitalier, la dispensation du traitement sera
effectuée pour partie par le pharmacien d’officine et par
le pharmacien hospitalier en deux temps distincts.
Dans le cadre de la dispensation en milieu hospitalier,
le pharmacien doit expliquer le traitement au patient car
celui-ci trouvera souvent peu d’informations sur les condi-
tionnements. Le Brolène®, puisque commercialisé en
Angleterre comprend une notice et un conditionnement
rédigés en anglais. Pour les préparations, les informa-
tions portées sur le conditionnement vont être variables
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