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du soleil. Les diathèses verbales correspondant à la topicalisation de la cause comportent
comme commentaire la formulation de la conséquence. Nom de la diathèse, lié au sujet, et
valeur sémantique du verbe s’opposent donc, ce qui peut créer des confusions.
Certes, Henri Bonnard (1981, 168) signale clairement que les connecteurs de sens causal
comme c’est pourquoi ou donc introduisent une conséquence : « Donc : introduit une
conclusion, c’est-à-dire une conséquence ». C’est pour cette raison qu’il faut parler, pour la
diathèse « de la cause », de formulations verbales de sens « consécutif » (elles notent une
conséquence). Inversement, il faudra éventuellement parler, dans le cas inverse de la diathèse
« de la conséquence », de formulations verbales de sens « causal » (elles notent une cause).
Mais on remarquera que cette analyse ne sert pas de critère dans l’emploi traditionnel du
terme « causatif » qui, sur le modèle de actif = voix de l’agent / passif = voix du patient, a
considéré le « causatif » comme la voix du causateur, de la cause. Cette tradition (qui
anticipait, mais de façon outrancière, les principes de l’analyse des formes verbales en
diathèses) amène par exemple le PR à déclarer (s.v. causatif) que « les suffixes –iser et –fier
sont causatifs », mais en les mettant sur le même plan que les conjonctions de cause parce que
et vu et en définissant « causatif » par « qui annonce ou indique la cause, la raison », alors que
ces verbes indiquent, au contraire, une conséquence, un effet. Ainsi,
(2) Ses paroles m’ont pétrifié.
peut être paraphrasé par « Il a dit certaines choses => Je suis pétrifié. » Alors qu’il répond
à une diathèse causale puisque l’action qui est la cause du malaise est sujet du verbe, ce verbe
« pétrifier » explicite la conséquence de cette action.
De même, il est fréquent de rencontrer, dans des ouvrages didactiques au moins, la présence
de listes hétéroclites mêlant formulations causales et formulations consécutives.
Par exemple, Monique Callamand (1987, 189-192) mêle dans sa Grammaire vivante du
français des outils de cause et des outils notant la conséquence (ces deux notions n’étant pas
accompagnées d’une définition). On trouve ainsi, au titre de la conséquence, légitimement,
« c’est pourquoi » et « il en résulte que », mais aussi « ce qui explique » et « être le résultat
de ». De même, au titre de la cause, « car », « c’est que » et « s’expliquer par » ont pour
voisins « expliquer », « provoquer », « entraîner » et « être à l’origine de ».
Bref, ces deux notions nécessitent une grande vigilance en raison de leur symétrie parfois
troublante.
1.4. Les outils en jeu
Des formulations verbales prennent en charge, en français, certaines relations de causalité, la
plus fréquente étant la tournure « faire + infinitif » au service de la diathèse « de la cause ».
Cette tournure souvent qualifiée de « causative », position dont je me suis déjà démarqué ci-
dessus, ne peut, de fait, recevoir de désignation sémantique en raison de la variété de ses
emplois. La formulation faire embarquer sera étudiée dans cet article avec les précautions
sémantiques qui s’imposent en raison de cette pluralité virtuelle d’emplois5.
5 J’ai évidemment exclu de cette étude les périphrases impliquant faire pour noter une action (faire brûler du
bois dans la cheminée, faire avancer une affaire, faire tomber un coupable, faire retentir un air), c’est-à-dire le
domaine de ce que de nombreux auteurs qualifient de « causation ». Les relations de causalité ici étudiées
n’incluent pas, je le rappelle, les finalités ni les motivations et ne concernent pas les actions au premier chef.