Journal Identification = PNV Article Identification = 0368 Date: December 10, 2012 Time: 10:9 am
Troubles du langage dans la démence sémantique
à raison de 20 minutes par jour pendant 3 semaines. Elle
a obtenu une performance parfaite en dénomination après
le traitement. Six mois après le traitement, les auteurs ont
toutefois observé une diminution des capacités de déno-
mination des stimuli (13/20), davantage marquée pour les
photos correspondant à des objets non liés à l’expérience
de CR. Ces résultats suggèrent que la nature familière des
concepts favorise l’apprentissage et le maintien à plus long
terme de la trace en mémoire sémantique.
Jokel et al. [12] ont présenté une étude visant le traite-
ment de l’anomie chez AK. La thérapie proposée consistait
en la dénomination d’un ensemble d’images choisies par
la participante. Pendant les 6 jours précédant le début de
la thérapie, AK étudiait à la maison le nom de stimuli ima-
gés (n = 230) qui allaient être utilisés en thérapie. Elle tentait
aussi d’apprendre une description de ces items, incluant un
lien personnel avec l’objet. Suite à cette période d’étude,
les stimuli imagés étaient répartis en trois ensembles de
30 stimuli (+N +C ; -N +C ; -N -C) selon que la compré-
hension du concept était préservée (+C) ou non préservée
(-C) et que la patiente était capable (+N) ou non (-N) de
dénommer l’image correspondante. Lors de la thérapie, AK
était invitée à dénommer sans aide les stimuli travaillés à
la maison. Après un traitement de trois semaines, à rai-
son de 30 minutes par jour, des effets positifs pour les
ensembles contenant des items compris (+C) ou non (-
C) ont été observés. Cependant, l’effet de généralisation à
des items non entraînés s’avérait minime. Un mois après la
thérapie, AK pouvait encore dénommer les deux tiers des
items des listes -N +C et -N –C. Six mois plus tard, elle
pouvait encore dénommer la moitié de l’ensemble -N +C
et le tiers de l’ensemble -N -C. Le maintien à long terme
des effets positifs de la thérapie, surtout pour les items
que AK pouvait comprendre, soutient l’hypothèse selon
laquelle les concepts préservés ou partiellement préservés
en mémoire sémantique facilitent le réapprentissage des
mots correspondants.
Henry et al. [13] ont proposé une thérapie sémantique
qui visait à soutenir la récupération des concepts par des
tâches sémantiques telles que le classement d’images
par catégories, l’identification d’attributs sémantiques, la
comparaison entre items et la dénomination orale d’images
appartenant à la même catégorie. Les deux participants
(P1 et P2) bénéficiaient de 12 séances de 90 minutes au
cours desquelles six catégories sémantiques étaient tra-
vaillées. Ce traitement était également intégré à domicile
afin d’optimiser la génération de nouveaux items, d’éviter
un simple apprentissage d’une série d’items et de favoriser
la généralisation. Pour ce faire, les auteurs encourageaient
les participants à produire des items non traités pouvant
appartenir aux catégories traitées. Les auteurs ont établi la
ligne de base et mesuré les effets de la thérapie à l’aide
d’une tâche de fluence lexicale d’une durée d’une minute
pour chaque catégorie. À la fin du traitement, les auteurs
ont observé chez P1 une forte amélioration de la perfor-
mance, un petit effet de généralisation ainsi qu’un maintien
des acquis quatre mois post-traitement, surtout pour les
items traités en thérapie, suggérant ainsi un effet protec-
teur de la thérapie. La thérapie était toutefois peu efficace
chez P2, sauf pour la catégorie “chiens”, et aucun effet
de généralisation ou de maintien n’a été observé chez lui.
Selon les auteurs, l’amélioration limitée à cette catégorie
résulterait de l’intérêt personnel de P2 pour cette catégorie
ou du maintien d’information résiduelle pour ces concepts
en mémoire sémantique. Selon eux, le déficit sémantique
plus important chez P2 que chez P1 permettrait peut-être
aussi d’expliquer la différence dans les effets du traitement
chez les deux patients.
Heredia et al. [14] ont rapporté les résultats d’une thé-
rapie constituée d’une tâche de dénomination orale d’un
ensemble de 28 images que la participante (CUB) ne pou-
vait dénommer en phase de pré-traitement. Quand CUB ne
pouvait dénommer une image, elle était invitée à lire le mot
écrit correspondant. Cette méthode était pratiquée à la mai-
son une fois par jour pendant un mois. Après le traitement,
on a observé une performance parfaite en dénomination
des items entraînés, un maintien des acquis pendant six
mois, mais une faible généralisation des acquis. Selon les
auteurs, l’intensité de la pratique, le moins grand nombre
d’items à réapprendre, le format simple de la thérapie et
l’inclusion d’items facilement utilisables dans le discours
quotidien sont des éléments susceptibles d’expliquer l’effet
positif de la thérapie.
Funnell [15] a tenté une méthode de réapprentissage
simple, en une seule séance, chez Mme P. L’auteur a
sélectionné six légumes que la patiente ne pouvait nom-
mer lors de l’établissement de la ligne de base et lui
demandait simplement de les nommer. En cas d’échec, la
réponse était immédiatement corrigée. Afin d’éviter que la
patiente n’apprenne la séquence de dénomination par cœur,
la séquence de présentation était constamment modifiée.
Cette procédure a été répétée dix fois au cours de la
même séance. Immédiatement après cette séance, dix
mesures ont été réalisées au cours desquelles la partici-
pante a réussi à nommer les six items, neuf fois sur dix. De
plus, sa performance était parfaite suite à une semaine de
pratique à domicile de la dénomination orale des mêmes
six légumes. On observait des effets neuf mois plus tard
alors qu’elle pouvait encore nommer correctement trois
des six légumes. Aucune généralisation n’a cependant été
observée, probablement en raison du faible nombre d’items
travaillés en thérapie.
Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 10, n ◦4, décembre 2012 431
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