réussit ses examens de médecine avec brio. « C’était l’époque des toutes premières transplantations rénales, au début des années 70.
Nos connaissances du système immunitaire étaient élémentaires et nous ne comprenions pas grand-chose aux mécanismes immuno-
logiques. Malheureusement, il n’y avait aucune activité de recherche au Portugal. Moi-même, je ne savais même pas que ça existait ! »
À la fin de son cursus, elle part en Grande-Bretagne en stage. Elle découvre alors l’existence de laboratoires de recherche par-delà les
frontières de son pays natal. Quand elle rentre à Lisbonne, elle fait une demande de bourse pour réaliser une thèse en sciences, à l’étran-
ger. La réponse se fait attendre. Elle pratique la médecine pendant cinq années, à l’hôpital Sainte-Marie, à Lisbonne. Puis un jour de
1975, une lettre lui annonce qu’elle a obtenu une bourse de thèse. Elle part la semaine suivante pour l’Écosse.
« Dans les années 80, au Portugal,
il n’y avait pas de laboratoire de recherche »
Arrivée à Glasgow, Benedita se met au travail. « C’était un véritable enseignement à l’anglo-saxonne. On ne m’a donné ni sujet, ni
méthodologie, juste une paillasse. Je me suis construite toute seule. » Elle rencontre son futur mari, Antonio Freitas, portugais et étudiant
en thèse, comme elle. Après leur doctorat, tous deux décident de rentrer au pays pour introduire la recherche au Portugal. « Dans les
années 80, il y avait tout à faire dans ce domaine. La dictature de Salazar avait éliminé toute trace d’activité de recherche scientifique ou
médicale », explique Benedita. Mais les choses ne sont pas simples. Professeurs à l’université de Lisbonne, il leur est difficile de se consacrer
à la recherche. Le temps qui leur est imparti pour mener leurs travaux se limite aux soirées et aux week-ends. Malgré ces conditions de
travail difficiles, Benedita, avec l’aide de son mari, développe une approche conceptuelle qui apporte une pierre considérable à l’édifice
des connaissances immunologiques de l’époque. Elle introduit la notion d’homéostasie lymphocytaire et montre ainsi qu’il existe des
systèmes de régulation des lymphocytes qui maintiennent le nombre des cellules constant. « Ces années ont été très enrichissantes.
D’abord, car le manque de crédits m’a valu d’acquérir une méthodologie irréprochable. À la paillasse, je n’avais pas le droit à l’erreur.
Ensuite, car j’ai rencontré de vrais passionnés, comme moi. » Elle contribue en effet à la formation d’étudiants qui participent
22
l1967 : baccalauréat, à
Lisbonne, Portugal
l1972 : doctorat en
médecine, université de
Lisbonne, Portugal
l1979 : doctorat en
sciences, université de
Glasgow, Écosse
l1985 : Professeur,
université de Lisbonne,
Portugal
l1986 : recrutement au
sein de l’unité Inserm 25
dirigée par Jean-François
Bach, hôpital Necker –
Enfants-malades, Paris
l1991 : chargée de
recherche au sein de l’unité
Inserm 345 dirigée par
Martine Papiernik, hôpital
Necker – Enfants-malades,
Paris
l2003 : directrice de
l’unité Inserm 591
« Différenciation et physiologie
des lymphocytes T », hôpital
Necker – Enfants-malades,
Paris