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professionnels et d'intérêts, puis à l'issue d'une procédure politique, un concordat des
cantons les fait entrer en vigueur sur l'ensemble du territoire. Depuis peu, des bases
scientifiques permettent de déterminer le caractère économique des différentes mesures de
protection incendie (cf. renvoi 6). La procédure d'élaboration et l'entrée en vigueur des
prescriptions de protection incendie par la voie politique leur confère une haute crédibilité sur
le plan technique, un caractère équilibré sur la plan économique et une légitimité
démocratique.
Il en va tout autrement du domaine des dommages naturels : l'accroissement des dégâts
amène les ECA à renforcer leur influence sur les mesures destinées à endiguer les coûts,
mais la manière de faire varie selon les cantons. Cela s'explique d'une part par des niveaux
de péril différents selon les régions et, d'autre part, par des points de vue divergents quant à
la nécessité de disposer de bases juridiques formelles pour pratiquer une politique de
prévention des dommages naturels. Contrairement à l'incendie, les processus de mise en
danger sont variés (dangers gravitaires / météorologiques) et leur impact variable selon la
topographie et l'emplacement et en fonction du type de construction. Ces dangers prennent
naissance en dehors des bâtiments menacés et, bien souvent, la possibilité de les combattre
ou de les éviter est nulle ou restreinte. Par conséquent, les responsabilités dans le domaine
des dommages naturels sont largement réparties. Sont concernés : l'État, du fait de son
obligation constitutionnelle de protéger la vie et l'intégrité corporelle des individus ainsi que la
propriété ; le propriétaire, qui se doit de protéger directement le bâtiment ; les autorités
délivrant les permis de construire ; et les ECA, pour certains volets de la prévention, de
l'intervention et de l'assurance contre les risques naturels.
Pour l'heure, il n'est possible d'estimer que grossièrement, à l'aide d'indices, si les coûts sont
optimisés dans ce réseau de responsabilités très étendu et si le meilleur parti en est tiré. Les
bas coûts de l'assurance contre les risques naturels dans les cantons avec ECA, par rapport
aux cantons GUSTAVO, laissent présager une influence positive du système « prévenir et
assurer ».
Pour tenter de justifier les frais élevés d'assurance dans les cantons GUSTAVO,
il est souvent prétendu que les risques naturels y sont plus élevés. Or, cet argument se voit
clairement démenti par la prime d'assurance éléments naturels basse du canton des
Grisons, fortement exposé à ces risques. En effet, en moyenne décennale, la part de primes
utilisée dans les Grisons pour les dommages dus aux éléments naturels s'élève à environ
12 centimes pour mille francs de somme assurée (frais d'administration inclus). Les primes
des assurances privées dans les cantons GUSTAVO (art. 17 et suivants de l'ordonnance
sur la surveillance des entreprises d'assurance privées OS) se montent actuellement à
45 centimes pour mille francs de somme assurée. Même par comparaison avec l'étranger,
les coûts d'assurance des cantons avec ECA sont extraordinairement bas pour un niveau de
prestations donné. Pour autant, ce constat à première vue positif ne prouve pas que le
système de prévention et d'assurance soit réellement équilibré au niveau économique global
au sein des ECA et de leurs organisations communes.
2.2 Nécessité d'interventions de l'État dans la prévention des dommages naturels
Les prises de vue récentes d'inondation survenues en Allemagne, Autriche, République
tchèque, etc. illustrent bien la tendance à l'échec de la concurrence en matière de
dommages naturels. Une grande partie des dégâts causés par les forces de la nature ne
sont pas couverts. En effet, 75 % des bâtiments ne sont pas assurés et, pour certains, ils ne
peuvent l'être en raison des risques élevés qu'ils présentent. Lorsque la logique de marché
prévaut, la solidarité collective ne fonctionne pas. La nécessité d'actes régulateurs n'est
guère contestée. La Suisse dispose d'un système dual unique au monde qui rend possible
Cf. Markus Fischer : Der lange Weg zur integralen Elementarschadenversicherung und -vorbeugung
in der Schweiz, in Vierteljahreshefte zur Wirtschaftsforschung, Berlin 2008