INTRODUCTION
Nous avons cru utile de reprendre à notre compte en guise d'introduction le texte de la
consultation rédigé par la Mission Prospective de la DAEI. Il est le mieux à même d'introduire
le débat concernant l'évolution des politiques industrielles.
"L'économie mondiale qui est en train d'émerger déplace fortement les frontières du rôle de
l'Etat-nation : la protection des grandes entreprises n'est plus un problème national ; la
régulation de l'économie est désormais mondiale tout comme le sont les firmes qui sont de
moins en moins nationales".
Que ces firmes aient besoin pour assurer leur compétitivité d'infrastructures de qualité, de
systèmes fiscaux attractifs, de ressources humaines qualifiées et de cadres juridiques et
normatifs non contraignants, est une évidence. Et cela incombe aux acteurs et aux responsables
publics de leur accorder éventuellement ces appuis. Mais les autres éléments fondamentaux de
leurs stratégies dépendent de logiques échappant de plus en plus aux cadres nationaux :
mécanismes financiers souples, recherches technologiques, alliances de marché.
Dans ce contexte on peut se demander si les Etats-nations vont durablement poursuivre des
politiques industrielles qui favorisent la compétitivité des entreprises mais concentrent trop de
moyens budgétaires sur ce volet de l'action économique et se soldent par une diminution
d'emplois, une baisse relative des revenus distribués et de fréquentes délocalisations.
La situation française oblige cependant à nuancer une hypothèse de retrait de l'Etat en tant que
régulateur économique :
- une part non négligeable de notre économie est encore "nationale", et est pour des raisons
financières, ou de marché, attachée à une localisation en France : il s'agit de PME
"indépendantes" à capitaux majoritairement familiaux, ou de secteurs d'activité trouvant
leurs débouchés en France et privilégiant une localisation sur le territoire national : le BTP
et les activités de services urbains, souvent liées dans des mêmes groupes, font partie de
ces secteurs,
- les implications sociales de la mondialisation de l'économie, en termes d'emplois et de
déclin territorial, sont tels qu'une régulation s'impose, même si les marges de manoeuvre
sont faibles.
Cette régulation pourra-t-elle durablement reposer sur des transferts sociaux (ASSEDIC,
RMI...)? On peut penser que les difficultés de son financement et les clivages sociaux qu'il
entraine, menacent le devenir de ce mode de régulation.
Il faudra donc vraisemblablement dans un proche avenir modifier ces modalités en
reconsidérant en profondeur les rapports entre l'économie et le social.
La documentation Française : L’Avenir des politiques industrielles \(BTP, services urbains\)