cabinet du mois Portrait
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Portrait cabinet du mois
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DR FRANK POURRAT
BORDEAUX (33)
Par Claudie Vallos - Photos : Christine Amat
Premier praticien français engagé dans la certication Eco-Dentistry,
le Dr Frank Pourrat, rédacteur en chef d’Orthophile, a engagé son cabinet
dans une démarche de gestion de ses déchets et résolument high-tech pour
préserver la santé et le bien-être de ses patients comme de son équipe soignante.
« J’ai choisi
le développement
durable »
Dr Frank Pourrat à Bordeaux (33)
D
éterminé à être prothésiste dentaire au temps
de sa scolarisation, le Dr Frank Pourrat, bac
littéraire en poche, vise plus loin et suit le
premier cycle des études médicales (PCME)
ce qui lui ouvre les portes de l’orthodontie : « Les stages
obligatoires de l’époque m’ont conduit à l’hôpital dans le ser-
vice de Lise Baume : j’y ai vu un grand intérêt alors que je ne
voulais faire que de la prothèse dentaire complète. » « Petite
main » dans un premier temps au cabinet du professeur –
« Cela n’existe plus », précise-t-il –, le fil de sa vie l’amène
finalement très rapidement à exercer en omnipratique à
Mont-de-Marsan : « Je faisais la navette entre le cabinet et
la fac de sciences (certificats d’anthropologie, d’embryologie
et d’ODF) jusqu’au moment où les promesses de ma vie dans
cette ville et mon choix de l’orthodontie m’ont convaincu de
m’installer à Blaye : ma plaque était gravée “Orthodontie
exclusive” ; à l’époque, le mot “orthodontiste” n’existait même
pas…» Nous sommes en septembre 1978, l’année du
lancement des premières promotions de cecsmistes !
À partir des années 85, instructeur dans des cours privés
des techniques Ricketts et Edgewise, notre praticien du
mois est en Belgique. Il rencontre alors Fabienne et le
duo de praticiens, qui deviendront rédacteurs en chef
d’Orthophile, est formé. « À ce moment-là, nous avons
fait le choix de la France : Fabienne reprenant mon cabi-
net à Blaye, je me suis installé à Bordeaux : consultant à
l’hôpital Brugmann à Bruxelles, on m’a proposé une chaire
de professeur que j’ai refusé parce que la bascule était faite :
j’avais signé pour un 90 m2 en plein centre-ville qui s’est vite
avéré trop confiné. En 2002 et chantier du tram à l’appui,
j’ai consulté mes patients pour leur proposer de déplacer le
cabinet de deux cents mètres, pour une plus grande surface;
ou de nous installer en dehors du centre dans un immeuble
résidentiel qui nous permettait de bénéficier d’un parking :
c’est ce choix que les patients ont entériné. »
Le cabinet 3.0
Le cabinet du Dr Frank Pourrat est intégré dans une
copropriété de résidence et a son entrée indépendante ;
de 150 m
2
au sol, il a deux niveaux et date des années
60-70. « J’ai fait appel à un architecte pour aménager la
structure initiale (acquisition et travaux, le projet est évalué
DD
1976
diplômé de dentaire
à Bordeaux
1978
1er cabinet
à Blaye
1987
full member de l’EACD
(European Academy of
Craniomandibular Disorders)
1990
certicat d’occlusodontie
Pr C.M. Valentin, Paris V
2000
DU orthodontie linguale,
Pr A. Decker, Paris V
2002
Mastère de management
par la qualité en santé, Bordeaux
2010
Rédacteur en chef
d’Orthophile
1980
titre de spécialiste qualié
en ODF
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à 530 000 €). Mon but, c’était de créer quelque chose qui
dure dans le temps en choisissant des matériaux de qualité
et des marques sélectionnées pour, par exemple, la climati-
sation ou le parquet flottant (de haute résistance)… Mais
aussi et surtout, je voulais que les travaux se réalisent en un
temps record… » Pas encore inscrit dans le développement
durable, le maître d’œuvre utilise du BA 13 préfilmé
pour supprimer notamment l’étape de la peinture…
« Le chantier a commencé début juillet, il n’a pas vraiment
tourné en août, et j’étais dans les murs en octobre. »
Octobre 2003 : le praticien, ses deux assistantes, sa se-
crétaire et une coordinatrice sont dans les murs, mais
passer d’un espace où tout le monde se sent à l’étroit à
une nouvelle structure qui multiplie la surface par trois
fait éclater l’équipe : « Retrouver ses marques a été difficile,
se souvient Frank Pourrat. L’équipe du bas ne parlait plus
à celle du haut, le cabinet devait tourner (emprunts) et je
n’étais pas toujours là puisqu’engagé en mastère de manage
-
ment », bien difficile de mettre ces notions en application
dans ces conditions ! Est-ce que ça a été une bonne idée
au vu de la conjoncture d’investir autant ? « À 63 ans,
je pourrais être plus détendu et profiter un peu mieux de ce
que j’ai construit dans ma vie… je n’ai pas 6 mois d’attente
de consultation », analyse notre praticien.
LE DR FRANK POURRAT
BORDEAUX (33)
L’équipe 2.0
Entre 2008 et aujourd’hui, l’équipe est complètement
remaniée : « Ce cap a bien été géré puisque le cabinet, mal-
gré une équipe éclatée, n’a pas perdu de patients ». Une
patientèle qui s’engage à suivre son praticien et qui est
là, présente et fidèle : « Nous les cocoonons, nous leur don-
nons le maximum d’informations, nous maîtrisons, pour
les aider, les plans de financement – le cabinet propose des
règlements mensuels par prélèvement direct à la banque
et le praticien veut mettre en place le paiement à distance
par carte bancaire via Internet –, nos patients, parce qu’ils
connaissent tout de la vie du cabinet, sont constants, atten-
tifs et gentils mais nous investissons tellement qu’il est sans
doute normal qu’il en soit ainsi ». La communication a
été intégrée dans le processus de cœur de métier. Valérie,
la coordinatrice, intervient dès le départ de la prise de
rendez-vous au démarrage du traitement. En parallèle,
le cabinet met à disposition de la patientèle des vidéos
sur l’orthodontie ce qui le place dans une proportion
conséquente de diffusion d’informations. « Les personnes
qui m’entourent sont suffisamment compétentes pour me
préserver, ce qui me permet de me consacrer à la clinique et
à la conduite de mon cabinet : je crois avoir imaginé depuis
longtemps ce que doit être un service de soins high-tech,
l’axe est là et aujourd’hui, il ne peut en être autrement. La
modélisation améliore les plans de traitement, les finitions
Tablettes, connexion
Wi-Fi et parc
à vélos sécurisé
à disposition
des patients.
Ouverture du cabinet : le timing
Le cabinet est ouvert, 165 jours par an, les lundi, mardi, mercredi et vendredi
165 jours par an de 9h30 à 13 heures et de 15 heures à 19h15 : «L’intérêt de
cette répartition est de diviser la journée en deux parts égales ; ainsi, l’après-
midi est moins long et l’équipe ressent moins de fatigue le soir au moment
où nous avons besoin de plus d’énergie dans un cabinet d’orthodontie ».
Les assistantes ont leur propre planning qu’elles administrent en autogestion
pour assurer la présence sans patients : un roulement leur permet
de se redistribuer les temps supplémentaires, « en toute conance »,
précise le Dr Frank Pourrat.
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seront de moins en moins sources d’erreurs : c’est ce que tous
les consommateurs exigent : des produits durables dans le
temps qui favorisent leur bien-être et préservent leur santé. »
À la réception téléphonique et physique de l’accueil,
Baobail supervise le planning des rendez-vous et la ges-
tion administrative des patients : « La préprogrammation
de l’agenda a rationalisé l’exercice et apporté un gain de
temps de 20 % comme supprimé les à-coups même au niveau
financier basé sur les semestres avec un chiffre d’affaires au
mois. D’un point de vue organisationnel, et puisque nous tra-
vaillons en bacs et cassettes, cette rationalisation nous permet
d’obtenir un quota optimisé de tubs and trays ». Cette inte-
raction entre la distribution des actes et des personnes, des
journées et une stérilisation rationalisées a ses effets sur
l’économie du cabinet avec un masque remanié à l’envi :
« Si je décide de moins travailler, je diminue mon activité
avec plus de codes de sortie que d’entrée, je peux décider de
maintenir le rythme ou de l’accélérer en programmant plus
d’actes : 10 % de hausse en lingual se décrètent d’abord au
planning, c’est l’organisation qui doit suivre ».
La circulation du patient
Le cabinet a été pensé sur ses deux niveaux : la commu-
nication se fait en bas et la clinique à l’étage : « Autrement
dit, un nouveau patient monte l’escalier qu’à partir de la
pose de l’appareil. » Radios, photos et empreintes numé-
riques, présentation des plans de traitement et consen-
tement éclairé : tout ce qui se passe avant la pose se fait
au rez-de-chaussée (le fauteuil des consultations est aussi
celui des soins pour les personnes à mobilité réduite). Le
démarrage d’un traitement s’organise sur la base classique
des trois rendez-vous : consultation, bilan et compte rendu
« Consultation et bilan peuvent être couplés en ultime recours,
c’est trop agressif pour le patient de tout faire d’un coup »,
précise Frank Pourrat.
Formation
interne d’Arnaud
au secrétariat,
encadré
par ses tutrices,
Baobail
et Valérie…
Frank Pourrat,
consultant QC2M,
implique
son équipe
dans cet
accompagnement
d’autres cabinets.
Signature numérique sécurisée : pour les devis,
les questionnaires médicaux, les consentements,
les plans de nancement, les prélèvements bancaires
et autres échéanciers…
L’ÉQUIPE
Valérie,
coordinatrice :
rôle commercial
totalement
intégré dans
le processus de
cœur de métier
Baobail,
secrétaire
médicale :
à l’approche
de son congé
maternité, elle
sera remplacée
par Arnaud
accueil, planning
et gestion
administrative
des patients
Marie-Laure,
Véronique
et Rachida :
assistantes
dentaires
qualiées
Jeudi : journée sans patients
Une fois par mois le matin, trois heures
de réunion sont au programme de l’équipe
au complet. L’ordre du jour est décidé
par afchage quinze jours avant et chacun
peut noter le (les) sujet(s) qu’il veut aborder.
« Le compte rendu est cosigné par tout le monde
et les décisions entérinées par l’équipe entière
au résumé », précise Frank Pourrat.
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Au fauteuil, le plateau technique est mis en place (code
de l’acte au planning) et le patient a été réceptionné
par l’assistante quand notre praticien arrive : « Je passe
simplement d’un fauteuil à l’autre et c’est l’assistante qui
gère la traçabilité (code-barres) du matériel et des maté-
riaux utilisés en relation avec le dossier patient : j’adhère
au “sans papier” ». L’assistante codifie l’acte du prochain
rendez-vous du patient et signale, via le réseau infor-
matique à Baobail, dans combien de temps il doit être
idéalement programmé : l’accueil le fixe au vu du masque
et en accord avec la disponibilité du patient ; les adultes
sont tout naturellement intégrés dans le flux normal
des patients. Le Dr Frank Pourrat précise : « En collage
indirect, le plateau technique est moins important mais
j’ai besoin de plus d’assistance pour le maintien au sec du
champ opératoire, le maintien des gouttières et la photo-
polymérisation… Pour cette aide opératoire et parce que
les assistantes doivent maintenir des appuis sans bouger, j’ai
étudié l’ergonomie de ce poste et songé à son adaptation en
faisant asseoir l’assistante ».
Le développement durable au cabinet
Le cabinet bordelais est un cabinet exclusivement sans
papier (dossier patient et signature numériques) et
high-tech (empreintes et radio numériques) qui pense
regroupement des achats, réduction des déchets et met
en application le lean management pour réduire les gaspil-
lages. « Dans le monde pendant des années, des entreprises
n’ont pas été en conformité en l’absence de référentiels. Puis,
on a créé des démarches qualité spécifiques aux activités :
on a obtenu moins de rebuts, moins d’erreur car les normes
ont réglementé les pratiques. Il se trouve que les praticiens
du dentaire jettent à l’égout des effluents toxiques alors que,
par exemple, l’hôpital, lui, est strictement encadré. L’année
dernière, l’ADF a initié une charte du développement du-
rable (je suis adhérent de l’ADF) et je me suis engagé dans la
certification de l’association américaine Eco Dentistry qui a
constitué un référentiel pour le dentaire ». Premier praticien
engagé dans cette démarche développée par scorage en
paliers (bronze, silver, gold) afin d’encourager l’évolution
des pratiques, Frank Pourrat sera au pupitre des Journées
de l’orthodontie 2013 pour une conférence dédiée au
développement durable au cabinet (notre dossier Le déve
-
loppement durable Inscrire les cabinets dans une orthodontie
green, p. 37). « Cette démarche permet de valider toutes
les actions mises en place au cabinet dans l’optique d’offrir
un service respectueux de l’environnement, du social et de
l’économie. Lors de ma conférence des JO, je proposerai à mes
consœurs et confrères des outils qui leur permettront d’ana-
lyser leur pratique et de déterminer leur engagement dans le
développement durable. » Faire du développement durable
au cabinet aujourd’hui, c’est penser les vingt prochaines
années de l’orthodontie avec le high-tech, la réduction
des pollutions, la conservation des énergies et de l’eau, le
respect de la santé et du bien-être du patient comme des
personnels soignants. « Il semblerait que les cabinets soient
globalement eco friendly mais sans le savoir. Or demain,
deux tiers des jeunes choisiront plutôt les fournisseurs inscrits
dans le DD et le high-tech, gages de préservation de leur
santé et de leur bien-être. Pour démarrer, les cabinets d’au-
jourd’hui à mon avis n’ont pas d’autres choix que d’investir
immédiatement sur les ressources techniques, quitte s’il le faut
à être moins regardant sur d’autres points. »
LE DR FRANK POURRAT
BORDEAUX (33)
La stérilisation
Les assistantes ont la responsabilité de la sté
par roulement, une proposition qu’elles ont faite
en imaginant un système que Frank Pourrat a validé:
«Puisque nous avons besoin d’une personne 7heures
par jour à la sté, chaque assistante, à tour de rôle,
en est responsable pour, de principe, ne faire que ça.
Comme c’était un peu austère d’assurer une semaine
complète du lundi au vendredi, elles ont proposé de n’y
entrer que le mercredi. Elles ont donc une première coupure
le jeudi (journée sans patients) ; les assistantes reprennent la sté en charge
le vendredi et c’est le week-end. Ensuite, il n’y a plus que deux jours
à assurer d’aflée.» Intelligent, ce système de roulement est
une réalisation à inscrire dans le DD (bien-être personnel + leadership)
PRESTATIONS
& TARIFS
Lieu : Bordeaux (33)
Site Internet :
en construction
www.orthodontie
bordeaux.com
Nombre
de praticiens : 1
Fauteuils :
3 clinique,
1 consultation
(réservé handicapés
ou empreintes
numériques au RDC)
Patientèle :
actifs : 400
Éducatif fonctionnel :
5 % tout petits
Interception : 15%
enfants
Ado : 50 % Damon
Adulte : 30%
– invisible, lingual dont
Win de D. Wiechman,
céramique, métal Damon,
Insignia et Invisalign
avec plan de traitement
informatisé
CA : 740 000 (2012)
Analyse
des empreintes
numériques
avant l’envoi
au labo
via Internet,
code-barres
au lecteur laser
et enregistrement
de la cassette
du patient
pour une
traçabilité
complète
Séance de collage
d’une contention :
les matériaux sont tous
marqués de code-barres
pour la traçabilité du patient
Cartes de rendez-vous
numériques en PVC
recyclé biodégradable
Utilisation du laser lors d’actes orthodontiques: il favorise
le bien-être du patient (douleur, cicatrisation…).
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