Jérusalem, Athènes, Rome:

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Jérusalem, Athènes, Rome:
Toutes les écritures de la Méditerranée ont pour origine l’alphabet phénicien. La culture
méditerranéenne a été influencée par les cultures grecque, romaine et judaïque. Ces 3
cultures ont colonisé la quasi-totalité du bassin méditerranéen.
La colonisation de Jérusalem s’est faite par conviction de manière lente et non violente.
C’est la langue qui fait l’unité de ce peuple nomade. En effet, les juifs sont dispersés dans le
monde mais gardent leur culture juive. De façon récente, l’Etat d’Israël a été crée
artificiellement adoptant l’hébreu, langue antique, comme langue officielle.
Le christianisme va coloniser l’ensemble de l’empire romain par l’intermédiaire de la
langue grecque.
L’analogie des dieux romains et grecs vient des fondements indo-européens. Ce sont
pourtant des cultures fondamentalement différentes.
Les romains se mettent à adopter la culture vaincue, ils apprennent le grec.
L’empire grec s’est étendu jusqu’aux portes de l’Inde. La Grèce est un monde de cités de
tailles moyennes. Ce sont des structures administratives qui dépassent les sociétés
traditionnelles. Ces cités se trouvent un héros fondateur de mémoire commune (ex :
Lycurgue pour Sparte). Ils donnent les règles de fonctionnement de la cité. On crée des
institutions qui sont uniquement destinées à organiser la cité. Ex : Remus et Romulus à
Rome. Il y a une stratification et organisation de la cité. Citoyen > métèque > esclave.
Il y a un basileos par cité. Les hommes libres de la cité forment le peuple (demos).
Les cités grecques vont tenter de se fédérer le plus les unes aux autres créant des tensions
et des zones d’influence. Les cités principales sont Thèbes, Sparte, Corinthe, Athènes,
Olympe, Lesbos, Ohios, Larissa même si c’est Athènes qui va développer le plus la culture
grecque à proprement parler. Par exemple, Alexandre (fils de Philippe II), roi de
Macédoine, a fait ses études à Athènes avec Aristote comme précepteur. Pendant
l’hégémonie de l’empire romain, la culture grecque continue à exister, intégrée dans la
culture romaine.
Les romains ne se désignent pas par leur langue (le latin) contrairement aux grecs qui
revendiquent leur langue pour affirmer leur identité. Les juifs s’identifient également grâce
à la langue qu’ils parlent, l’hébreu.
-1550 à -1200 : les achéens, les Egéens et les Mycéniens : société fondée sur le concept de
roi
-1200 à -800 : période obscure
-800 à -480 : naissance des cités
Ve et IVe siècles : période hégémonique : Athènes, Sparte, Thèbes, Macédoine
-380 à -146 : époque hellénistique
-146 à 1463 : Grèce romaine
1. Grèce:
D’un point de vue scientifique, la Grèce devance un tout petit peu le monde de la Bible,
celui de Jérusalem. Cité gouvernée par un roi proprement une idée grecque. Idée des
familles fondatrices, aristocratie. Les nobles, prétendaient d'être à l'origine du royaume de
France.
Structure politiques propres, indépendantes les unes des autres (cités). Les grecs créent
des ligues pour résister à un ennemi commun, exercer une sort d'hégémonie. Particularité
d'être à la fois très unifié culturellement (sentiment d’appartenir tous à un monde grec)
même si divisés politiquement.
800 -450: siècle de Périclès, moment où les aristocrates donnent le pouvoir au peuple,
Athènes est le centre culturel du monde grec et va le rester jusqu'au deuxième siècle. Elle
se fait connaître des babyloniens, assyriens, perses. Période archaïque. Homère, auteur des
épopées de l'Iliade et l'Odyssée. Troie, cité de culture grecque en guerre, montre la manière
dont les grecs se battent entre eux. Ils se liguent tout en développant en même temps une
même culture. Odyssée se passe à l'ouest, cité avec son roi, paysan aisé règne sur cette île
qui fait un périple, ne colonise pas mais visite tout ce qui est à l'ouest du monde grec.
Identifie les confins du monde grec, ce qui est étranger, bizarre, les cyclopes etc. données
mythologiques à la limite de la monstruosité et du divin. Tout ce monde parle grec.
Hésiode écrit comment le monde a été créé manière dont le cosmos et le monde ici bas se
sont engendrés l'un l'autre puis se sont séparés.
V è IV siècle : ligue athénienne, lutte pour l'hégémonie époque des premiers philosophes.
Fin IV : siècle d'Alexandre. Toute l'époque florissante d'Athènes. Socrate -380, Platon,
Aristote précepteur d'Alexandre. Instabilité politique. La ville règne par le commerce et la
culture. Jamais une hégémonie complète ne se dégage. Athènes entre ensuite dans une
période de décadence politique.
-415 formes d'oligarchie perte de vitesse de l'aristocratie, commerçants nouveaux riches
caste particulière. Donne conseils faire que lois de la cité soit en leur faveur.
-333 Alexandre en moins de 30 ans va unifier perses, faire tomber et prendre le proche
orient, moyen orient, actuel Irak, Iran jusqu'à l'actuel Pakistan. Il crée des villes partout
qui s'appelle généralement Alexandrie. C’est une gloire de courte durée puisqu’il meurt en
rentrant vers le berceau macédonien. C’est pourtant un phénomène assez unique : il
occupe un grand territoire et crée une économie. Il existe ainsi une trentaine de villes
appelées « Alexandrie ». L’épopée continue jusqu’en -317 où le mal grec frappe à nouveau :
division selon 3 généraux, qui vont vouloir s'installer et diriger le monde grec:
 Antigone va revenir en Macédoine pour régner à partir de la, va en fait régner sur la
péninsule : monarchie des Antigonides. Péloponnèse
 Séleucos donne des séleucides à l'origine de dynasties, règne sur proche et moyen
orient
 Lagos va donner les lagides, donne dynastie des Ptolémée, dernière Cléopâtre
grecque prétend au titre de reine car elle est grecque
Problème du royaume du proche orient difficile à structurer
Idée d'instaurer des rapports de force en utilisant les artifices possibles. Cela dure jusqu'en
-147. Les romains sont en progression, s'étendent vers l'est rencontrent des grecs au sud de
la péninsule italienne, et de l'autre coté de la mer adriatique de vrais grecs qui ne
colonisent pas de façon militaire. autre dimension: association sollicitent auprès de
l'adversaire, négociation formalisée des contrats d'association. Grecs imposent au romain
leurs manières de faire. Par la violence, les romains adoptent cette méthode, se battent
puis passent un contrat. Ils auraient pu les réduire en esclavage mais on ne peut pas le faire
de cité à cité. En -147 ils ont pris le royaume Antigonide puis continuent leur marche vers
l'est. Ils atteindront le royaume autour de -70 -60 un royaume résiste: Agides. Cléopâtre et
Marc Antoine y laissent la vie. Fédéré à Rome: autonomie mais pas indépendance.
Hégémonie, force de la Grèce, culture commerce, les romains profitent de ce qui
fonctionne, conditions sont mises pour montrer que l'on respecte le contrat, toute la partie
est va continuer.
Grec langue commune coïdé. Continuité de la langue.
Monde juif concerné: proche moyen orient.
Interpénétration des trois cultures.
Auteur: POLYBE, grec stratégie, politique. Arrive à Rome ne comprend pas comment eux
arrivent à tenir un empire que eux n'arrivent pas à obtenir. S'interroge sur le
fonctionnement des institutions romaines. Questionnement important, auteur le plus
important de la période hélénistide (après Alexandre)
2. Jérusalem (ordre d'ancienneté):
Premiers israélites, -1850 bien antérieurs au grecs. Fuite en Egypte -1400, exode -1200,
royaume constitué David -1000, division du royaume -933, première dispora -587 date
historique pour la destruction du temple.
Abraham Mésopotamie, Dieu lui dit d'aller peupler. La Bible est un texte qui est là pour
créer la cohésion, comme les mythes, intéressant que l'on puisse retrouver de manière
historique. Mythe fonctionne encore même avec la preuve par l'archéologie biblique qui
c'est employé à montrer jusqu'en 60 70 par critique textuelle peut être constater sur le
terrain. Pas sur le plan chronologique, trouve toujours gens qui veulent montrer que la
datation de la bible est juste.
Mythe est fort. Source est tellement forte. On arrive aujourd'hui à des datations sans
théories, factualité qui va de -800 et 70
Adam → Abraham création de l'homme à celle du peuple juif.
On incarne l'humanité, occupe espace, montrer cohésion naturelle, inscrit dans un
ensemble de filiation, fait s'étendre de manière la plus extensive, d'ou la dilatation de ce
qui se passe en 1000 ans, 6000 ans etc. -800 effectivement peuplement de cana, Isaak
Jacob plus au sud, départ pour l'Egypte, joseph et ses frères, 12 tribus d'Israël. Réduction
en esclavage, Dieu intervient, demande à Moïse arche de l'alliance, retourner vers terre
promise. -1450 -1200, aucune preuve, correspondrait à un pharaon. Égyptiens n'utilisaient
jamais les esclaves pour grands travaux, -800, extrême sud descendants de Jacob. Mythe
volonté d'installer un peuple. Richesse du texte renvoie à des connaissances plus ou moins
contemporaines, contacts avec énormément de population.
Livres: la bible dévoilée Niel Asher Silberman, Israël Finkelsteim.
5 livres. Alliance entre le dieu et son peuple (livre 2), le troisième donne les règles de vie,
deux cohabitations, 4ème anecdotes, 5ème règles données à un peuple qui se sédentarise.
Prophètes: énonce des maximes, à partir d'évènements qui se sont passés. Livres
historiques, construisent datation extra textuelle. Plus rapport à la mémoire. Bible réfère
au passé et à la mémoire. succesion qui raconte l'histoire des hébreux, décrit comme une
peuple relativement démocratique. On est souvent dans des situations de conflits donc on
se dotte d'un chef qui interprète les paroles de Dieu. Le peuple lui même se structure
jusqu'à arrivé a un moment ou le peuple décide d'avoir un roi, c'est une peuple qui se
choisit il peut le contester. Le premier roi c'est Saül. On décide d'occuper les terres données
par Dieu mais alors il y a conflit avec les peuples qui vivent sur ces terres. Type de roi qui
n'est pas du tout le roi des grecs . Le basileus est un type de roi plutôt militaire. Les
hébreux décide de se doter d'un roi qui est un messager entre le peuple et Dieu. Le roi des
romains est plus proche des rois des grecs. Le roi Saül est roi en -1020.
Samuel (prophète) avait conseillé Saül et David. David demande aux philistins de lui
envoyer un homme (combat David vs Goliath) David gagne et il devient le chef d'Israël
donc des philistins et il fait de Jérusalem ça capitale. Salomon est un roi avec une grande
puissance mais il est contesté en fin de règne pour une question d'impôts. Et à sa mort son
fils Roboam reprend le royaume unifié. Mais certaines tribu d'Israël (au nombre de 12) se
révoltent. Le roi n'est légitime que par le peuple donc le peuple peut se manifester. Mais
Roboam refuse la demande des tribus donc 10 tribus vont se séparer du roi. Il ne reste plus
que la tribu de Judas et de Benjamin. Donc le territoire est séparé en deux. Rivalité
permanente entre les deux royaumes. Au nord royaume d'Israël et au sud royaume de
Judas avec comme capitale Jérusalem. Le royaume d'Israël a une vision plus laxiste de la
bible. En -597 Nabachodonosor roi de Babylone raye les deux royaumes. Implantation
juive à Babylone.
Jérusalem : foi
Athènes : savoir
Rome : vision du monde intéressée par les règles, univers religieux avec un certain rapport
avec la connaissance (conciliation entre Athènes et Jérusalem).
La synthèse de ces 3 visions du monde doit être pensée autrement, à partir de l’individu,
pour pouvoir distinguer foi (question personnelle) et savoir (question qui se partage).
Question de laïcité, de la sphère du privé et du public.
Synthèse des fois individuelles ?  problème moderne : on peut s’associer mais on ne peut
pas avoir de prétention sur la vie publique (ce qui n’est pas le cas pour le savoir)
La religion reste un problème moderne, elle prétend un aspect collectif, universel qui n’est
pas accepté dans les systèmes laïques (la foi relève du domaine privé, chacun peut avoir la
sienne). Aux USA, in ne peut pas y avoir en principe de parties pris favorisant une religion
plutôt qu’une autre (« In God We Trust »  il n’est pas précisé quel Dieu ; quand on porte
serment sur la Bible, c’est en fait sur le texte dans lequel on croit et pas forcément la Bible)
La division des deux royaumes : le temps de la sédentarisation a été occupé par la
rédaction de la Bible. La destruction de Jérusalem par les assyriens entraine la dispersion
du peuple juif, les perses l’emportent après sur les assyriens et libèrent les Hébreux, leur
permettant de retourner peu à peu sur leurs terres. Asirius est le roi des perses à cette
époque. Les Grecs ne voient que les Perses lorsqu’ils se tournent vers le Proche Orient,
mais de font pas bien la distinction entre les différents peuples, pensent que les Perses
possèdent une culture plutôt grecque alors que ce n’est pas le cas (l’écriture cunéiforme
signes qui renvoient à 36 phonèmes, écriture avec des petits coins, les textes administratifs
sont écrits en trois langues acadiens, araméen et vieux persan.) Ne distinguent pas ma
minorité hébreu. Les Perses permettent aux Hébreux de retrouver leur terre de Canaan,
mais évidemment ce peuple ne dispose que d’une faible autonomie. Les Hébreux vont être
dirigés par des Rois qui n’ont qu’un faible pouvoir, collaboration avec le gouvernement
perse. Pour les Hébreux objectif à atteindre est de retrouver le royaume du Judas de
manière autonomie, philosophie messianique, avec la fin des temps l’humanité entière sera
sous la coupe des règles édictées par le Dieu unique des Hébreux. Il faut donc prendre les
armes afin de récupérer l’entière souveraineté de la Terre Promise alors que pour d’autres
il faut rester calme et continuer à collaborer. Division de la population hébreu en sectes,
c'est-à-dire des groupes religieux qui en partant de la base, interprètent les textes de
manière différente. Interprétation par rapport à la royauté, qu’est ce qu’un roi ? Définir ce
terme tout en étant en adéquation avec la parole de Dieu. Comment faire preuve de
violence ? Par les armes ou par la parole et la séduction. Certaines sectes sont extrêmement
violentes, en conflit permanent avec les autres modes de pensées. Concentration de l’esprit
de Dieu sur les terres juives, et même dans toutes les activités et actions de la communauté
comme les impôts (rapport à Dieu car contribution volontaire, effort que l’on fait pour la
collectivité pour le bien-être et la consolidation du lien social) cf France et impôts.
Avec Perses, reconstruction du temple de Jérusalem car autonomie. Sous les Grecs,
impossibilité de collaborer car véritable colonisation, hellénisation de la sphère
commerciale : de plus en plus de gens parlent grec, rôle réduit des langues sémitiques. Cet
usage de la langue grecque contribue à la stabilité.
64 : fin occupation grecque, début colonisation romain. Monde juif cesse définitivement
d’exister à partir de 70 avec destruction de Jérusalem et deuxième destruction du temple,
dispersion rendue nécessaire. Antioche capitale du monde grec séleucide, perd de son
influence avec les Romains.
Hébreu est de moins en moins parlé, devient une langue sacrée en synagogue ou au
temple. Langue commune = araméen. Le Christ s’exprime en araméen d’ailleurs, le Christ
qui était issu d’une secte juive extrêmement active lors de la Diaspora, celle des Christos,
avec une vision particulière de la royauté. Jean Baptiste appartient également à une secte
qui a rejoint la secte des Christos. Apocalypse en grec signifie la manifestation, la
manifestation de la vérité. Destruction du temple rend le moment imminent, ce moment
où toute l’humanité sera convertie au christianisme. Paul apôtre qui adopte l’idée que le
royaume lui-même ne concerne pas que les juifs mais aussi les romains, les corinthiens
donc que la terre promise ainsi que la constitution d’un royaume est une idée révolue.
Traduction de la Bible en latin c’est la vulgate, nouvelle interprétation (391-405).
Catholiques orthodoxes et catholiques romains se distinguent par leur Bible traduite dans
une langue différente donc une vision du monde différente.
Dans l’empire romain, les esclaves pouvaient échapper à leur sort en devenant chrétiens.
L’empereur Théodose ordonne un massacre au nom des chrétiens. Cela cause une
polémique ; l’Eglise met un terme à cela et devient l’institution de fait dans l’empire
romain. Le pouvoir spirituel a la main sur tous les pouvoirs temporels.
Le dernier empereur s’appelle Romulus Augustule (476).
3. L’empire romain
Entre le IVe siècle et le milieu du IIe siècle, l’empire romain domine toute la Méditerranée.
On parle le grec à l’est (de la Grèce au Proche-Orient) et latin à l’ouest (de l’Italie au
Portugal). Les phéniciens, peuple commerçant, disparaissent au Moyen-Orient à partir de
l’occupation de leur territoire par les grecs.
Les phéniciens : langue sémitique, alphabet avec des figures (qui vont devenir nos lettres).
C’est à travers le commerce que cet alphabet va se diffuser. Les gaulois utilisaient aussi
l’alphabet phénicien. Les grecs partent faire la guerre aux phéniciens de Carthage.
Corinthe, Carthage, Jérusalem ont été rasé par les romains car la population continuait à
manifester une résistance à l’occupation malgré le contrat passé avec les romains.
Rome garde des archives avec tous les types de matériaux (même s’ils sont très
périssables). Tite-Live et Tacite les ont utilisés pour restituer l’histoire de Rome.
Cependant, cette reconstitution n’est pas seulement historique puisqu’elle est complétée de
légendes… Les origines de la culture latine sont ainsi rattachées à la Grèce. Cependant,
toutes ces interprétations sont détournées et liées aux ambitions politiques de leurs
auteurs. Rome est né en -753 (légende de Remus et Romulus, enlèvement des Sabines).
Elle sera à plusieurs fois prises par les Etrusques et exploitée. Les Etrusques auraient ainsi
probablement passé un contrat laissant le Sénat aux romains mais en prenant la
monarchie. Si les romains n’avaient pas été regroupés en ville, ils auraient été réduits en
esclavage. Le pouvoir du roi est limité, le Sénat consulte le peuple (=l’ensemble des
hommes libres). Tous ceux qui pouvaient nuire au roi ou si opposaient pouvaient être
décapités à la hache (l’exercice du pouvoir étrusque est ainsi lié à l’exercice de la force). Les
derniers rois de l’empire romain sont étrusques.
Plus tard, on ne peut plus prétendre vouloir devenir roi, c’est un sujet tabou. Le pouvoir
royal est divisé. Il représente la force policière et militaire alors que le Sénat représentait le
pouvoir de l’autorité des Anciens. Le père de famille à Rome règne en maître absolu, il a le
pouvoir de vie et de mort sur ses esclaves, ses enfants. Ce modèle est reproduit à l’échelle
de la cité. Ceux qui vont remplacer le roi seront 2 consuls qui règnent tour à tour un jour
sur deux. Le mandat est reconductible une seule fois.
Division complète du pouvoir royal.
Il y a désormais un magistrat qui s’appelle un pontife pour diviser le pouvoir religieux. Les
magistrats supérieurs appartenaient aux familles qui composaient le Sénat. Il y avait donc
un roulement des magistrats entre les diverses fonctions.
Rome est donc devenu une République (=res publica : gestion de la chose publique). Tout
ce qui était décidé en matière de police, de colonisation devait avoir l’aval du Sénat. Ce
système reste un modèle de nos républiques de nos jours. Le pouvoir violent ne peut pas
dépasser certaines limites. Le peuple était consulté sur un certain nombre de lois ; il était
réuni lors d’élections pour se prononcer. Cependant, tout le monde n’avait pas le même
poids dans la prise de décision, l’avis des familles aisées comptait plus. Pour être
propriétaire à Rome, il fallait posséder des armures, un cheval et de son domicile
(généralement une ferme importante). Il y avait donc des fractions de la population qui
n’étaient pas représentés. A Rome, les lois devaient être formulées selon une certaine
procédure très formalisée qui n’était connue que des familles aristocratiques. La procédure
pour contester une loi n’était pas connue de tous.
-509 : naissance de la République romaine
-398 : révolte
Le système romain est à la fois royauté, aristocratie (membres du Sénat sont des
aristocrates) et démocratie (le peuple a toujours son mot à dire). Les institutions romaines
vont devenir un modèle dans la culture grecque.
Si l’on estime que la République est en danger, un dictateur peut prendre le pouvoir pour
un période de 6 mois avec l’accord du Sénat. La population se transforme alors en armée.
Dans notre Constitution, l’article 16 est directement inspiré du système romain.
Cependant, la durée n’est pas limitée. DG l’a utilisé une fois.
Le 1er dictateur, Sylla a gardé le pouvoir pendant 2 ans. César, de même, a profité de sa
période de dictature pour supprimer l’un des deux consuls, étendre la durée de son
mandat…
Au IIIe siècle, on entre alors dans une période de guerres civiles qui durera jusqu’en -27.
En Grèce on reprend la structure politique de Rome, on reprend aussi la civitas romaine et
la notion d’imperium . La colonisation fait que le pouvoir de Rome s’étend et permet
d’appliquer le système romain à travers le bassin méditerranéen. Les consuls qui sont des
généraux avant tout se servent de leur notoriété acquise sur les champs de bataille pour
obtenir le pouvoir de l’imperium qui est en fait un pouvoir de « empereur-roi » mais le
sujet étant tabou, en façade c’est un pouvoir réglementé qui reste au main du Sénat.
Partout où Rome devient la civilisation dominante, des institutions se mettent en place et
s’imposent donc stabilité institutionnelle là où on passe à la différence des Grecs qui se
battaient, conquéraient puis mettaient un homme au pouvoir de la nouvelle cité sans
adapter le pouvoir au pouvoir romain.
Jules César incarne parfaitement ce type d’hommes.
Triumvirat : trois hommes qui se partagent le pouvoir consulaire Octave, Lépide et Marc
Antoine. Se partagent également les conquêtes sur tout le bassin méditerranéen. Octave
sauve Rome de la royauté en tuant Marc-Antoine qui voulait épouser Cléopâtre en lui
laissant son titre de reine. Autorité= augere, celui qui peut augmenter par lui-même.
Marc Antoine fils adoptif de César
Rome pas compatible avec la chrétienté, Eglise va devenir le Sénat.
Toutes les personnes qui entrent dans la civilisation romaine (cité ayant un accord avec
Rome) ont la citoyenneté.
Empire divisé en fonction des langues parlées :
-langue latine : partie de l’empire dirigée par Rome
-langue grecque : partie dirigée par Byzance
Problème de la religion, car la majorité de la religion est devenue chrétienne. Constantin
est le 1er empereur qui se convertit lui-même au christianisme. Cependant, le christianisme
ne devient pas la religion d’Etat mais la religion de l’empereur. Pour l’empereur, c’est lui
qui choisit la façon dont on pratique la religion. Il s’affirme Aryen. Un comité déclare que
cette conception de la religion n’est pas valable. Une réelle division s’opère alors entre
l’Occident qui refuse également cette conception et l’Orient qui continue à la suivre. C’est
la fin de l’empire romain. L’institution ecclésiastique subsiste pourtant. A la suite, du
grand chiisme (1054), on définit les chrétiens orthodoxes en Orient, et les chrétiens
catholiques à l’Ouest.
Vision judéo-chrétienne du monde :
C’est celle qui est restée la vision de notre religion. C’est d’abord la parole divine qui se
manifeste et nous rapporte comment l’homme a été créé. Le mythe vient ensuite. C’est
l’une des grosses différences avec la vision romaine. Le Dieu judéo-chrétien se manifeste
comme esprit. C’est la source du rapport entre les hommes et le spirituel. Dieu est le
principe même du monde, qui est en fait un cadre pour créer l’homme. Extraordinaire,
Dieu conception de l’homme avec son esprit !! De plus, Adam est crée en tant qu’homme
et non en tant qu’hébreu. Il le crée à son image, important paradoxe car Dieu n’a aucune
limite, pur esprit..en, créant l’homme prend le risque de lui donner des atouts que lui sait
utiliser mais Adam saura—il dans sa liberté infinie en user bien…non homme use mal
preuve de l’épisode du paradis ! Homme devait rester dans l’éternité et non passer dans la
génération, l’arbre de la connaissance perverti la créature divine. L’élection du peuple
hébreu c’est choisir un peuple qui va racheter les péchés d’Adam, doit obéir aux règles
divines. Passage de Babel, hommes dans leur diversité font échouer encore la loi divine,
vouloir atteindre la perfection, l’altitude des Cieux mais espoir, Dieu mélange les langues et
esprit transcende tous les esprits. Bible est constituée uniquement de prescriptions, pas de
description du monde. Le corps n’est jamais valorisé, la chair peut l’être néanmoins.
Différence de la culture grecque, création du monde et des dieux très physiques. Chair et
esprits se mélangent.
Réflexion sur les principes
Les Dieux sont physiquement semblables aux hommes même s’ils ont une conception
particulière (pas de sang, ne mangent pas…).
La société des Dieux est semblable à la nôtre. Ils éprouvent les mêmes sentiments : colère,
passion, malversations, intelligence… Ils ont un commencement mais ils sont immortels
tant qu’ils sont dans l’univers grec. Les dieux promettent l’immortalité de la société en
étant eux-mêmes immortels.
Les grecs eux-mêmes ont réfléchi au principe de la théologie. Comment est-ce possible ?
Ce qui caractérise la vision juive du monde, c’est l’idée d’un seul Dieu.
Dans la Bible, le fait que Dieu a crée ce qui précède la création de l’homme (le monde) n’a
pas d’importance. Il n’y a pas de réflexion métaphysique. L’homme a un esprit ce qui lui
donne un discernement de ce qu’il fait. Dieu en produisant cette créature prend un risque :
pour rendre sa créature plus parfaite, il lui donne un de ses attributs ce qui limite sa
liberté. Dieu est donc très en colère de la manière dont l’homme a trahi la création.
Dieu se manifeste pour mettre l’homme à l’épreuve. La Bible crée la cohésion, cohésion au
niveau de la langue, au niveau social. Recherches de principes premiers, sources de la
réflexion, manière avec laquelle il faut déduire la manière de s’organiser, de retrouvera le
royaume premier. Mieux on respectera les règles édictées, plus vite on retrouvera le
royaume premier donc plus vite on sauvera l’homme de ces pêchés.
Dimension transcendante des règles bibliques. Rapport de confiance, de foi par rapport à
la langue mis en avant.
Vision latine et romain du monde, souvent assimilée à la vision grecque car elles se
confondent.
Pas de théogonie, pas de création du monde grâce au Dieu, texte constitué qu’à partir du
milieu du troisième siècle (Plaute). Archives à l’époque de Tite-live, qui relatent les
évènements de la vie quotidienne. Les auteurs consignent les actes juridiques, beaucoup de
documents genre stèles, inscriptions. S’il y avait vraiment eu une théogonie, alors lors de
l’émergence de la « littérature » latin, nous aurions été au courant. Culture latine n’a pas
besoin de théogonie, pas de dialogue entre eux et leurs dieux. Analogies entre les dieux
grecs et les dieux latins, les dieux sont là c’est un fait mais leur origine n’a pas
d’importance. Lucrèce va réfléchir à la manière grecque sur les divinités, qui nous
renseigne sur la pensée grecque, matérialisme grecque plus que sur la pensée latine.
Formalisme latin même si on n’a pas les connaissances. Calendrier extrêmement codifié.
Semaines sont des ides, Importance des institutions. Les Romains craignent leurs dieux ,
ne communiquent pas avec au contraire des Grecs, dieux , demi-dieux, héros dans la
culture grecque ce qui permet une certaine médiation entre les mortels et les Dieux de
l’Olympe. Certains hommes se servent de cette obscurité par rapport aux divinités pour
exploiter leur caractère = jules césar s’est servi de cela pour affirmer son caractère divin .
Syncrése entre les divinités romaines et grecques. Justice humaine rentre dans le jus (le
droit) , fas (ce qui a plut au dieux)
Justus = juste
Fas = faste dans le sens « un jour faste »
L’important ce n’est pas le fond mais la forme, c'est-à-dire le processus d’application.
Utopie transcendante
Il faut que le rapport au dieu lui-même puisse être penser …
Idée de principe primordial, qui peut se dire verbe dans les deux cas, qui renvoie au
langage, descriptif, volonté, obligation, se que décrit le logos grec c’est une forme limitée,
l’obligation puisse ne pas être respecté.
Point de synthèse entre Rome et la Grèce comme il existe des disjonctions.
Pouvoir (force qui s’exerce et qui est efficace) des romains peut avoir des points de contact
avec l’ordre tel que le perçoit les grecs.
Autorité peut se lier plus facilement au christianisme.
Le christianisme est une forme de synthèse entre l’univers juif et l’univers grec dans son
expression. Une part de discursivité se met dans la Bible. Il s’agit avant tout de décrire les
actes du Christ. Réunion de la théorie et de la pratique.
Quand Dieu se révèle, c’est toujours pour commander quelque chose. Le moment où on
comprend est involontaire de notre part. La foi est de cet ordre la. Dans notre univers
judéo-chrétien-latin-grec, quelle est la part la plus importante ? Part judéo-chrétienne
indispensable mais pas comparable à la part romaine : tout est encadré, dimension
juridique et à la part grecque (organisation de la cité, aspect politique).
Actuellement, quand un enfant né, le 1er acte est de le déclarer à l’état civil. C’est lui donner
une identité. On utilise toujours le calendrier romain. Le simple fait de déclarer la
naissance d’un enfant est un acte de programmation et de formalisation. La déclaration de
naissance d’un enfant est un acte à dimension symbolique et affective qui est strictement
obligatoire. La date de la naissance nous fait entrer dans un programme de 18 ans avant
d’être majeur civilement, juridiquement et politiquement. On devient ainsi assujetti au
droit. On est titulaire d’un certain nombre de pages dès la naissance. Le fait de donner à un
enfant une identité lui permet donc de rentrer dans un certain mode de fonctionnement.
Dès qu’une personne a 18 ans, elle obtient une majorité juridique (possibilité d’ouvrir un
commerce). La liberté juridique suppose l’obligation contrairement à la liberté politique.
Le cadre de l’autonomie sociale est posé.
Désobéissance civique : ne pas respecter une loi pour des principes moraux
Etat de droit
Société :
Peuple
-social
politique
-éthique
-religieux
Genre
(espèce)
humaine
Action morale
Dans ce schéma, la partie haute est publique, la partie basse est privée. Il faut distinguer ce
qui est de l’ordre des valeurs et de l’ordre des principes. Quand on acquiert une culture, on
acquiert forcément des valeurs. Dans l’ensemble on a plusieurs éthiques qui peuvent entrer
en conflit.
En passant de la société au genre humain, on sort des particularités, des conflits entre les
différentes valeurs. Il faut ainsi penser ses lois comme susceptibles d’être universelles,
plaçant tous les hommes égaux.
Distinction entre loi et droit
Le droit est un dispositif qui couvre la société dans son ensemble. Ce n’est pas tant un
dispositif descriptif que le cadre formel et ordonné dans lequel on va pouvoir prescrire. Ce
droit là est rationalisable.
La loi est un dispositif d’action qui prescrit ce qu’il faut faire et ce qui ne faut pas faire.
Il n’y a pas de société sans loi. Si elles ont une source religieuse, elles s’associent à la
coutume. Dans les sociétés traditionnelles, les règles éthiques ont valeur de loi. Par
exemple, Socrate a été condamné à mort car il est allé contre la coutume. Dans Antigone,
Créon symbolise la loi, alors qu’Antigone se bat pour la coutume. Cela montre qu’il peut y
avoir un conflit entre les deux.
Les Dieux deviennent une réalité formelle, un attachement à des principes.
La naissance du politique
Cf. La naissance du politique de Christian Meier
Tout doit se faire de manière proportionnelle.
La République de Platon
Les cités grecques étaient indépendantes les unes de autres. Elles partageaient la même
vision du monde mais essayaient d’avoir la plus grande influence les unes sur les autres.
La politique englobe les efforts nécessaires pour gérer la cité : manière de gouverner, de
diviser les tâches, de diviser l’espace géographique.
Clisthène vivait à une époque où Athènes consistait en fait en la ville même consacrée à
l’administration et au commerce, zone côtière réservée à la pêche, le terre du milieu était
consacrée à l’agriculture (=400 000 habitants dont 40 000 citoyens athéniens).
L’agglomération se déséquilibrait de plus en plus en faveur de la ville-même. De plus, la
classe des commerçants devenait de plus en plus puissante et menaçait de prendre le
pouvoir sous forme d’oligarchie. Cette nouvelle classe met l’aristocratie en difficulté. A ce
moment, les aristocrates décident de s’associer au peuple.
Clisthène va diviser artificiellement la totalité de la péninsule en 100 dèmes. Chaque dème
est à nouveau divisé en 3 régions qui représentent chacune des régions originelles (villemer-campagne). Il crée ainsi un décentrement artificiel sur des bases géométriques.
L’intérêt public est ainsi mis en avant. Chacun doit pouvoir se mettre à la place des autres
indépendamment de ses origines géographiques et sociales, il est décentré. Pendant un
temps, l’influence des commerçants est ainsi limitée.
Cette science de l’organisation est appelée la politique.
En Grèce, les magistrats étaient tirés au sort, ce qui obligeait chacun à se tenir au courant
des lois et affaires de la cité.
C’est par l’Eglise que le droit romain arrive en Europe dans les pays qui n’ont jamais été
conquis par les romains (ex : Irlande). Par exemple, le baptême est un acte d’état civil.
C’est l’Eglise qui est détentrice de l’état civil jusqu’à la révolution.
L’unité de mœurs est assurée par l’Eglise en Occident.
En Orient, l’empereur ne reconnaît pas l’autorité du pape et exerce un pouvoir personnel.
2ÈME CONFÉRENCE : ATHÈNES, ROME ET JÉRUSALEM
Christian BOUCHINDHOMME
Prise de notes : Isabelle BOUVIGNIES
Samedi 12 septembre (fin de séance)
INTRODUCTION A LA 2EME CONFERENCE
Présentation de cartes tirées de l’Encyclopædia Universalis.
Trois cultures à l’origine de la culture occidentale : éléments de commentaire pour
accompagner la présentation des cartes
La culture occidentale est la seule à s’être modernisée spontanément, bien qu’il y ait eu également
dans la culture japonaise et dans la culture coréenne des éléments de modernisation spontanée. Ce
n’est pas vrai, en revanche, de la culture chinoise. Le Japon a connu un repli sur soi au XVIIe siècle,
mais il a adopté un alphabet phonétique qui lui permet de commercer. Pour autant, on ne peut pas
dire que la modernisation se soit accomplie spontanément. Pensons à Pearl Harbor en 1941. La
modernisation du Japon s’est faite depuis l’extérieur. Les pesanteurs constituent néanmoins
aujourd’hui des ressources pour le Japon moderne. Depuis la semaine dernière, le parti conservateur
(P.L.D.) au pouvoir depuis plus de cinquante années a été remplacé par le parti qui lui faisait face.
L’alternance est une preuve de modernisation.
Trois sources donc pour la culture occidentale : la grecque, la romaine et la proche orientale : la
source juive. Trois cultures qui ont colonisé la presque totalité du bassin méditerranéen. Voir le
pourtour du bassin méditerranéen à plus de 1000 km. Nous reviendrons sur l’hégémonie grecque et
la conquête d’Alexandre (356-323 av.) qui ira jusqu’à l’Indus.
Les premiers seront les Grecs, puis les Romains, couvrant la Turquie actuelle, Proche Orient
compris, le Maghreb, l’Espagne, le sud de la Grande-Bretagne, la Pologne. Cela correspond à peu
près à la muraille d’Hadrien (76-138) qui fut empereur de 117 à 138.
L’Empire romain adoptera par la suite la religion judéo-chrétienne. Des conversions se
multiplieront. Le christianisme devient dès le IVe siècle la religion de tout l’Empire.
Les Hébreux sont des nomades de la fin du 2ème millénaire. En -1200, selon la Bible, ils sont autour
du plateau de Canaan. Ce sont des commerçants et des mercenaires. Ils louent leurs services aux uns
et aux autres. Ils ont une langue, l’araméen. On parle dans la Bible des deux royaumes, le royaume
de Judée et le royaume d’Israël, de l’exil vers l’Égypte selon cette mythologie biblique, puis du
retour dans le royaume d’Israël. Les Hébreux nourrissent un type de religion unique : un seul Dieu
qui ne se nomme pas, mais qui est source du verbe et source du discours mythique. L’idée de nature
est ici réduite à rien. Les Hébreux sont un peuple de nomades susceptible de se déplacer. Son unité
lui vient donc de son principe. Le Temple sera détruit deux fois… Première destruction entre 604 et
562, seconde en 70 après J.-C.
Le christianisme va lui s’installer dans la langue grecque, et va jouer un rôle dans l’ensemble de
l’Empire romain. Par le véhicule de la langue grecque, c’est une religion orientale qui va coloniser
l’ensemble de l’Empire.
Pour les Grecs, il y a un au-delà et un ici-bas. Les principes de la nature sont les mêmes que ceux de
la culture. Ce que nous percevons comme des relations sociales s’explique par des motifs naturels
en même temps que ce que nous percevons comme des relations naturelles a pour les Grecs une
justification sociale. Il suffit pour le comprendre de considérer la nature d’Éros qui règle le
comportement des hommes comme celui des animaux et des dieux. Les dieux et les déesses peuvent
désirer des humains et s’accoupler à eux sous une apparence animale. Zeus a une riche descendance
chez les humaines. C’est impensable dans le judaïsme où Dieu ne se manifeste pas, excepté sous la
forme du buisson ardent, du feu, de l’esprit, ou du souffle. Il n’a pas forme humaine et il est interdit
qu’on lui en donne une. Le principe divin n’est pas représentable.
En revanche, on assimile les Grecs et les Romains. On dit souvent que les dieux des Romains sont
ceux des Grecs. Certes, ces deux cultures sont de filiation indo-européenne, et dans les civilisations
indo-européennes, les panthéons s’organisent plus ou moins autour de cette tripartition : guerriers,
laboureurs et prêtres. Des différences pourtant subsistent entre les Grecs et les Romains qui
interdisent qu’on les assimile.
L’hellénisme originel, c’est la présence grecque tout autour de la Méditerranée.
Les Romains vont entrer en contact avec la culture grecque, et vont être fascinés par les Grecs au
point d’adopter la culture des vaincus. Ils diront ainsi que leurs dieux sont les mêmes que ceux des
Grecs. Voir ce que raconte Virgile dans l’Énéide au 1er siècle av. J.-C. Il s’agit de reprendre Homère
et d’intégrer les figures homériques dans la mythologie romaine. Cependant le code des Romains
est différent, ils passent par le droit.
ATHENES
Carte 1 : Civilisations égéennes, XVe-XIIIe siècles
De -1200 à -800, on assiste à un abandon de la royauté.
Carte 2 : Grèce expansion
Grèce archaïque. Occupation du monde par les Grecs durant l’époque archaïque (VIIIe-VIe siècle) :
cette société égéenne est mycénienne, achéenne.
Notre alphabet dérive de l’alphabet phénicien. La Grèce est un monde de petites cités. Ce sont des
villes-États dotées d’une structure administrative. Groupement géographique, des familles
s’associent, plusieurs foyers constituent l’oikos ou unité économique. Ces cités s’inventent un
héros. Ces fondateurs les posent comme cités. On rationalise le fonctionnement des oikoi. On crée
une organisation politique, « politique » vient de polis.
Carte 3 : Empire perse
Les actuels Irak-Iran.
Carte 4 : Guerres médiques
Carte 5 : Grèce Ve siècle
Puis les débuts de la Grèce classique. Le découpage social est le suivant : aristocrates,
commerçants, métèques, esclaves.
Un père non naturel qu’on se choisit pour être basileus : roi.
Laïos est un roi grec connu, roi de Thèbes. Voir dans les tragédies d’Eschyle (525-456) et de
Sophocle (495-406). Œdipe est le fils de Laïos.
Lycurgue est roi de Sparte. Thucydide, historien grec, raconte la guerre du Péloponnèse. C’est une
intelligentsia qui va penser pour l’ensemble du monde grec. Les philosophes naissent pour partie à
Athènes. Leur réputation dépassera la puissance même d’Athènes.
Carte 6 : Grèce IVe siècle
La Grande Grèce.
Carte 7 : Macédoine antique
Carte 8 : Empire d’Alexandre
Ici ce n’est plus Athènes, mais la Macédoine de Philippe II (382-336), puis l’Empire d’Alexandre
(356-323).
L’Empire grec s’effondrera sous les coups de boutoir de Rome, mais la Grèce va continuer de
produire de la culture à l’intérieur de la culture romaine. Cela va continuer jusqu’à Byzance, jusqu’à
l’émergence progressive de deux Empires : l’Empire d’Orient et l’Empire d’Occident. L’Empire
d’Occident sera sous l’autorité de l’Église romaine. Il s’effondre en 476 avec la déposition du
dernier empereur : Romulus Augustule face au chef barbare Odoacre. L’Empire d’Orient ne
s’achèvera qu’en 1453.
ROME
Les héros fondateurs de Rome sont Remus et Romulus.
Carte 1 : Étrusques
Les premiers peuples de Rome : les Étrusques, les Latins et les Sabins.
Carte 2 : Rome administration
Carte 3 : Rome conquête
La conquête romaine s’étend aux Gaulois, aux Ibères, à la Macédoine (-148), au Péloponnèse (siège
de Corinthe), à la Crète (-67), à Chypre (-58), à Carthage (46). La totalité du Proche-Orient sera
conquise.
Carte 4 : Rome IVe siècle
15 milliards d’années : naissance de l’univers
250 millions d’années : apparition de la vie
3,2 millions d’années : Lucy (Australopithecus afarensis)
Premiers temples : 8000 ans
L’accélération est fulgurante.
Vendredi 18 septembre 2009
2ÈME CONFÉRENCE : ATHÈNES, ROME, JÉRUSALEM.
Les trois cultures sont des cultures antagonistes. Ces cultures sont à l’origine traditionnelles. La
culture occidentale a connu une forme de révolution inédite de sorte que l’individu est devenu le
centre même de celle-ci. Comment cela a-t-il été possible ? Dans l’espace culturel européen, trois
sources se sont agglomérées et le tout est devenu explosif.
L’espace européen est d’abord méditerranéen. Il comprend le Maghreb, la France, l’Italie, la Grèce,
la Turquie, le Proche-Orient, le Moyen-Orient, etc.
Cet ensemble comprend trois villes. Rome au nord et à l’ouest. Athènes au nord, Jérusalem à l’est.
Un axe : la partition est-ouest est importante. Athènes est au centre de cette partition. Cette division
nous parle encore aujourd’hui et a encore un sens. L’essentiel se passe à l’est de la Méditerranée. La
Grèce a occupé une place capitale. Rome est plus à l’ouest. L’Empire romain se divisera plus tard
en deux empires : l’Empire d’Occident et l’Empire d’Orient. Aujourd’hui, on parle du monde
occidental.
Pour évoquer ces trois sources, grecque, juive et romaine, il y a la dimension géographique, mais
aussi la dimension chronologique.
ATHENES
La Grèce devance un tout petit peu la Palestine puisqu’on situe le mycénien entre -1500 et -1200.
Puis ce sont les siècles dits obscurs entre -1200 et -800. Voyons d’abord l’émergence d’Athènes et
cette particularité de l’abandon de la royauté corrélative de l’émergence « du » politique.
Politique/polis
La politique grecque fut d’abord centrée sur la royauté, puis sur son aristocratie : celle des grandes
familles fondatrices d’Athènes. Pendant la période classique, l’aristocratie se départit de son
pouvoir au profit du demos. Les aristocrates vont s’arranger pour transférer des pouvoirs au peuple,
donnant lieu à la démocratie.
L’émergence d’Athènes est celle d’une cité-État, d’une unité politiquement indépendante. Le monde
grec, c’est une multitude de cités-États : Delphes, Thèbes, Corinthe, Sparte, Athènes, etc. Ces cités,
bien qu’indépendantes les unes des autres, vont créer des ligues pour exercer leur hégémonie. Elles
vont être dans des conflits permanents, avec des périodes de paix relative. Néanmoins, toutes les
cités parlent la même langue, ont les mêmes dieux. La particularité du monde grec est d’être très
unifié culturellement et très divisé politiquement. Les Grecs vont peiner à instaurer une unité
politique.
Grèce archaïque
L’époque archaïque commence autour de 800 et se prolonge jusqu’en 450, jusqu’au milieu du
e
V siècle, siècle de Périclès (495-429). Périclès et Clisthène (570-508) sont des aristocrates qui vont
donner, pour contrer la montée d’une puissante oligarchique, le pouvoir au peuple. C’est aussi le
début de la période florissante d’Athènes qui durera jusqu’au IIe siècle avant notre ère. Athènes
devient la capitale du monde grec. On passe par Athènes pour se faire connaître des Perses, des
Babyloniens.
Le grand auteur de la période archaïque est Homère, ses deux livres sont l’Iliade et l’Odyssée. Ils
racontent des guerres entre Grecs. L’Iliade est une épopée qui se passe dans la mer Égée. Les îles de
Chypre et de Crète sont de culture grecque. C’est là que ça se passe, dans les îles (dont les
Cyclades), à l’est d’Athènes. L’Iliade raconte la guerre de Troie. Troie est en Asie mineure, elle est
de culture grecque elle aussi. Troie est en guerre contre les Achéens de la côte du Péloponnèse.
L’épopée grecque raconte la manière dont ils se battent, mais cela reste mythologique. C’est une
culture polémique (polemos). L’Odyssée est une autre grande épopée qui se passe à l’ouest. Ithaque
est une cité-État. Son roi, Ulysse, est un paysan aisé qui va faire un long périple. Il ne colonise pas,
mais visite tout ce qui est à l’ouest du monde grec. On a essayé de reconstituer son périple. Certains
pensent qu’il est allé jusqu’au sud de l’Italie, jusqu’à Gibraltar, visitant ainsi les confins du bassin
méditerranéen. Ulysse relève tout ce qui est hostile et bizarre. Il rencontre des créatures étranges :
les Cyclopes, Circé la magicienne. Les données mythologiques nous présentent des monstruosités à
la limite de l’humanité et du divin. Ulysse jalonne le monde, en pose les limites et le
fonctionnement. On a ici la constitution mythique du monde. On se trouve dans un monde mi divin,
mi divin, on dialogue avec les dieux. On y rencontre peu de barbares.
Nous pouvons également évoquer un autre grand auteur, Hésiode qui lui écrit une cosmogonie
racontant comment le monde a été engendré, la séparation des éléments :
Donc, avant tout, fut Abîme ; puis Terre aux larges flancs, assise sûre à jamais offerte à tous les
vivants, et Amour (Eros), le plus beau parmi les dieux immortels, celui qui rompt les membres et
qui, dans la poitrine de tout dieu comme de tout homme, dompte le cœur et le sage vouloir.
D’Abîme naquirent Érèbe et la noire Nuit. Et de Nuit, à son tour, sortirent Éther et Lumière du Jour.
Terre, elle, d’abord enfanta un être égal à elle-même, capable de la couvrir tout entière, Ciel Étoilé,
qui devait offrir aux dieux bienheureux une assise sûre à jamais. Elle mit aussi au monde les hautes
Montagnes (Hésiode, Théogonie, Les Belles Lettres, p. 36).
On est ici aux limites du monde archaïque.
Grèce classique Ve-IVe siècles puis Grèce hellénistique
Ve siècle, siècle de la ligue athénienne. La guerre du Péloponnèse (guerre entre Athènes et Sparte,
431-404) est le résultat de l’hégémonie athénienne. C’est la période où l’hégémonie athénienne
s’installe. Deux figures : Socrate (469-399) et Platon (428-347).
Puis la deuxième moitié du IVe siècle, celle d’Alexandre (356-323). Aristote (385-322) fut son
précepteur. Athènes est de moins en moins présente dans les institutions de la Grèce, mais elle reste
une grande puissance économique et culturelle. Sparte (Lacédémone) en revanche est une cité dont
le prestige est moins culturel que militaire. Lycurgue (390-324), le législateur, fondateur de ses
institutions. Thèbes, Sparte représentent une force militaire redoutable. Mais ni Athènes, ni Sparte
ne parviendront à imposer une hégémonie totale. Après la guerre, Athènes entre dans une période de
décadence. La mise en place d’institutions sophistiquées a donc été suivie d’une perversion de ces
mêmes institutions récupérées par des oligarchies. Il y a les commerçants, des nouveaux riches. Une
caste règne qui donne des tyrans. Ceux-ci détournent les lois à leur profit. On assiste donc à la
décadence d’Athènes. Il y a également Thèbes et Sparte, mais elles n’ont pas le même rayonnement
qu’Athènes.
La guerre entre Athènes et Sparte a fait le jeu de la Macédoine, de Philippe, puis d’Alexandre qui va
étendre les limites de la Grèce en quelques semaines. Le périple d’Alexandre est extraordinaire. Il y
a une Alexandrie jusque sur l’Indus. Alexandre meurt à son retour sans avoir eu le temps de revoir
la Macédoine, mais il laisse des colonies partout. Cette conquête a quelque chose d’unique :
parvenir à occuper un tel espace en si peu de temps (335-323) ! Ces colonies ont laissé des vestiges.
Le monde grec comprend alors la Grèce actuelle, le Proche-Orient, l’Asie Mineure et une partie de
la Sicile. Empédocle, le philosophe bien connu (490-430), est sicilien. De la Sicile jusqu’en Asie
Mineure, Alexandre réussit donc quelque chose d’étonnant. La manière dont plus tard les Arabes
coloniseront et occuperont l’espace méditerranéen du sud au nord est quelque chose de comparable.
Voir ce qui se passe entre l’hégire (622) et 732, la rapidité avec laquelle s’accomplit la conquête
musulmane. Autre phénomène comparable : l’extension et la saisie des esprits et des corps que fut
la Réforme au XVIe siècle. À partir de 1520, la Réforme s’est installée aussi rapidement.
Combien Alexandre a-t-il fondé d’Alexandries ? Il meurt en chemin, en 323, mais son épopée
continue jusqu’en 317. C’est un mal grec : qui sera l’héritier d’Alexandre ? Alexandre a de
nombreux généraux qui veulent tous devenir général en chef. Trois généraux lui succèdent :
Antigonos, Séleucos et Lagos qui se partagent les conquêtes. Il en résulte trois royaumes.
Le royaume de Macédoine pour le descendant d’Antigonos (Antigonos Gonatas) et la famille des
Antigonides.
Le royaume d’Asie Mineure d’Antiochos Ier, le fils de Séleucos et la famille des Séleucides.
Enfin le royaume d’Égypte des Ptolémées, descendants de Lagos ou famille des Lagides — dont
Cléopâtre (69-30) qui est grecque et n’est pas une descendante des Pharaons comme on le croit
généralement.
Trois centres à nouveau. À l’ouest, Athènes, le Péloponnèse avec les Antigonides, royaume très
agité. Les Séleucides se battent contre les Lagides, les Grecs d’Égypte. Il y a des guerres fratricides.
Les Grecs font cependant régner la culture et le commerce, multiplient les techniques de toutes
sortes. Cette époque dure jusqu’en -146, c’est-à-dire jusqu’au sac de Corinthe par les Romains.
Grecs et Romains
Les Romains occuperont toute l’Italie avant d’étendre leurs conquêtes vers l’est (voir plus loin). Ils
rencontrent les Grecs en Sicile et de l’autre côté de la mer adriatique. Les Romains colonisent, mais
ne mettent pas en avant la force militaire. Ils proposent des associations qui se négocient. Ils
formalisent, créent des contrats d’association à la différence des Grecs qui ont une science de la
ligue. Les Romains ne procèdent pas comme ces derniers. Ils soumettent, mais ils ne mettent pas les
ennemis à genoux, les populations des cités tout au moins. On s’associe par le foedus (qui a donné
le mot « fédération »). Ils continuent donc leur marche vers l’est, atteignent le royaume séleucide.
C’est le royaume des Lagides qui leur résistera. C’est l’histoire de Marc Antoine (83-30) et de
Cléopâtre. Marc Antoine y laissera la vie. Quand on est fédéré à Rome, on est autonome, mais pas
indépendant. C’est la forme romaine d’hégémonie politique. La Grèce va donc continuer par sa
culture et par son commerce. L’autonomie des peuples colonisés est préservée et tout l’est de la
méditerranée continue de parler grec. Ce grec commun, c’est la koinè qui durera jusqu’à l’époque
byzantine dès le IIIe siècle ap. J.-C. On va continuer d’écrire en grec dans la partie orientale de
l’Empire romain.
Il y a un auteur de la période hellénistique qui est important pour comprendre le contact entre le
monde grec et le monde romain, c’est Polybe. Polybe (entre 202 ou 210 et126) est un stratège grec,
fait prisonnier, et qui aura ainsi le loisir d’étudier les institutions romaines. Polybe est grec jusqu’au
bout des doigts. Il écrit une histoire (Histoires) et se demande comment les Romains sont parvenus
à faire ce qu’eux-mêmes, les Grecs, ne sont pas parvenus à faire. Il comprend difficilement, lui
Grec, des institutions qui lui sont étrangères. Mais ce qu’il en décrit a le mérite de dégager le
caractère proprement original d’un régime mixte (voir plus loin).
JERUSALEM
Dès le conflit entre les Grecs et les Perses au Ve siècle (guerres médiques : 490-448), durant les
conflits des Grecs entre eux (guerre du Péloponnèse), la Palestine est déjà là.
Le monde des Hébreux
On continue dans l’ordre d’ancienneté : le monde des Hébreux. Leurs écrits sont au nombre de 22.
Athènes et Rome, c’est beaucoup plus. Le monde hébreu, c’est la Bible, seule source écrite : 22
livres cumulatifs. C’est relativement un petit peuple. Il n’y a ici ni Homère, ni Virgile, mais la
Bible. Ce sont des textes qui ont été préservés et qui sont connus de l’ensemble du peuple hébreu. À
l’époque, les ouvrages ne sont pas au nombre de 22. Disons une quinzaine. La Torah est un texte
cumulatif qui a une triple dimension : le rapport avec un Dieu ; l’existence d’une éthique qui donne
des règles à la communauté ; une dimension historique : c’est un peuple qui raconte ce qui lui
arrive. Tout est codé et et empilé.
On peut projeter un âge. Si on s’en tient au calendrier, nous sommes en 5770, moins dix heures,
puisque Rosh Hashana se fête dans dix heures. Là est fixé le début de l’humanité. On peut donc
fixer historiquement la prise de conscience du Dieu d’Israël.
Selon l’histoire biblique
Eretz Israël, c’est en -1850.
La fuite en Égypte : -1400.
L’Exode : -1200.
Deux royaumes, de Juda et d’Israël. Période des juges.
Premier roi : Saül.
David puis Salomon : un seul royaume. -1030. Fondation du Temple.
Le royaume se divise à nouveau en 931.
Le royaume d’Israël est détruit en 722.
Fin du royaume de Juda en 587.
Destruction du Temple -586 par Nabuchodonosor.
1ères diasporas : 597, 586.
En 538, Cyrus autorise le retour des exilés en Judée. Reconstruction du Temple à Jérusalem.
On retrouve ensuite des dates communes aux autres histoires.
Le récit biblique commence autour de -1850. C’est une date intenable. On nous dit dans la Bible
qu’Abraham est en Mésopotamie, qu’il va peupler la terre promise. Le peuple en question existe,
mais le récit biblique ne peut coïncider avec l’histoire réelle. Aujourd’hui, on peut dater les vestiges,
on a le carbone 14. Les endroits où se trouvent ceux-ci sont désertiques. L’archéologie se déchaîne
entre le lac de Tibériade et la Méditerranée. Assyriens, Perses et Hébreux sont l’objet d’études
nombreuses depuis un siècle.
Il faut enlever 1000 ans pour retrouver une datation exacte. Dans le récit biblique, Abraham aurait
vécu autour de -1850. En fait, il a plutôt vécu entre -800 et -700, et l’essentiel de l’histoire biblique
se passerait en réalité sur 100 ans. Le récit biblique est un texte collectif produit pour qu’on s’y
identifie. Il s’agir d’être là pour quelque chose. Comme pour les récits fondateurs des sociétés
premières, les mythes sont là pour créer la cohésion de la société. La Bible est une œuvre collective.
Il faut qu’on puisse reproduire quelque chose comme de l’histoire, et la datation est plausible. Ainsi
le mythe biblique continue de fonctionner dans le christianisme et l’islam.
Pour reconstituer l’histoire réelle, l’archéologie biblique va utiliser les méthodes scientifiques. Elle
est elle-même une discipline scientifique avec une chaire au collège de France, celle qu’a occupée
Ernest Renan, professeur d’hébreu en 1862. Malgré cela, on s’est toujours attaché à montrer que la
datation biblique était juste. Le déploiement chronologique fait mythe. Dans les années 1980-90, on
publiait encore des articles allant dans ce sens, et le mythe unificateur continuait de fonctionner !
L’histoire réelle du peuple juif antique
Les dates historiques commencent seulement en -800. Le Christ a existé à la fin du 1er siècle avant
notre ère. Il apparaît dans les écrits de Tacite (55-120). L’écart n’est donc plus entre -1800 et 70,
mais entre -800 et 70. Le Royaume unifié aurait existé autour -700.
Il y a bien eu un Abraham, un Isaac et un Jacob, des inscriptions en témoignent. La terre de Canaan
est bien cette région fertile située entre le Jourdain et la Méditerranée. Cet espace a bien été occupé
par des groupes humains venus de Mésopotamie, mais il ne s’agit pas d’une conquête militaire
comme le présente le livre de Josué. Nous avons affaire à un peuplement semi nomade, l’effet d’une
crise économique touchant des couches basses d’une population entraînant une colonisation rurale
des montagnes du centre de la Palestine. Les groupes sont partis ensemble, ont cherché à coloniser.
Quant à savoir comment le peuplement s’est produit, on a encore trop peu d’éléments. Enfin,
contrairement au récit biblique, Abraham, Isaac, et Jacob seraient des contemporains.
Le Pentateuque : la Genèse, L’Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome
La Genèse raconte la création de l’homme, la création du peuple juif il y a 5770 ans. Le peuple est
appelé, il doit attendre la terre promise. Il y a eu de fait une migration. On fait d’Abraham, d’Isaac
et de Jacob, contrairement à la réalité, une même famille sur plusieurs générations. On incarne
l’humanité, on occupe un espace, on inscrit cela dans la filiation, enfin on arrive à cette dilatation
extraordinaire du temps (6 millénaires).
Ce dont on est sûr historiquement, c’est qu’en -800, le peuple juif est dans le pays de Canaan.
Ensuite les patriarches : Abraham, Isaac et Jacob.
Puis une sécheresse se produit, c’est la famine et le départ pour l’Égypte de Joseph et de ses frères.
Les 12 tribus d’Israël correspondent aux 12 fils de Jacob. Les fils de Léah (Ruben, Siméon, Lévi,
Juda, Issachar, et Zabulon) ; ceux de Bilhah (Dan et Naphtali) ; ceux de Rachel (Joseph et
Benjamin) ; enfin les fils de Zilpah (Gad et Aser).
Avec l’Égypte, c’est la réduction en esclavage. Dieu intervient, c’est l’Arche d’alliance. Il offre à
son peuple de retourner sur la terre promise. Cela se passe dans la Bible de 1450 à 1200, mais ici il
n’y a aucune preuve historique. De quel pharaon s’agit-il ? Le pharaon dont il est question dans le
récit biblique n’est pas un pharaon historique. Ce que l’on sait également, c’est que les Égyptiens
n’utilisaient pas d’esclaves pour leurs grands travaux.
Le peuple hébreu est donc un peuple de nomades qui se sédentarise, un peuple nomade qui a été en
contact avec de nombreuses civilisations, à commencer par la civilisation assyrienne.
Première destruction du Temple : -586. Ce temple est le Temple dit de Salomon. C’est la fin du
royaume de Juda, Jérusalem est tombée en 587. Nabuchodonosor, roi de Babylone, a existé. Quant à
savoir s’il y a eu un seul Royaume. On ne peut ancrer ce dernier historiquement. Reconstruire cette
histoire 2800 ans après, c’est difficile. Ce que l’on voit, c’est qu’il y a eu une sédentarisation.
C’est l’ensemble du peuple hébreu qui apprend à lire et à écrire. Au VIIIe siècle, tout le monde sait
lire et possède le Livre. En revanche, le peuple hébreu est un peuple peu important du point de vue
numérique, les Grecs ne parlent pas de lui. C’est donc le Livre qui donne son existence au peuple.
La Bible dévoilée (2001, traduction française 2002, Folio histoire, 2004) d’Israël Finkelstein et de
Neil Asher Silberman fait le point. David et Salomon ont-ils existé ? Rien ne le prouve. Y a-t-il eu
des guerres ? Jérusalem est-elle devenue une capitale ? Comment ? On n’en sait rien. Une donnée
importante : Jérusalem fut un village de montagne fortifié de moins de 1000 habitants. Mais c’est la
cité-État de Meggido qui est la référence archéologique. Jérusalem, ce n’est pas Athènes et son
Acropole ! C’est un peuple petit comparé à l’importance qu’il acquiert historiquement. Toute sa
richesse est concentrée dans le texte biblique. C’est un univers qui va finir par s’interpénétrer avec
le monde grec. Qu’ensuite on ait insisté à l’intérieur du christianisme sur la rupture avec Jérusalem,
cela n’enlève rien au fait que le christianisme résulte de cette interpénétration entre le monde grec et
le monde des Hébreux. C’est dans nos mythes, et nos mythes les plus présents sont ceux qui sont
liés à la Bible : c’est d’ailleurs sur l’élément de la foi que la science a du mal à se mettre en place.
L’entêtement de Finkelstein et de Silberman témoigne de cet effort scientifique à restituer l’histoire
réelle.
La science est grecque
Il y a ce qui est grec et ce qui est judéo-chrétien. La science, c’est l’héritage grec. Il y a donc deux
paradigmes qui s’affrontent et ne se résorbent pas l’un dans l’autre ! Lorsque Galilée au XVIIe siècle
met en question le géocentrisme et retourne la physique, il est dans un type de configuration qui est
celui des archéologues aujourd’hui quand ils cherchent à vérifier la datation biblique.
Dans la narration biblique, en revanche, ce qui compte, c’est ce qui est dit de la manière dont une
société peut fonctionner.
La Torah comprend une première série de livres : le Pentateuque ou livres de Moïse
La Genèse. C’est histoire primitive ou l’histoire patriarcale.
L’Exode. Départ et retour en Palestine. On a tendance à penser que l’exode, c’est le départ pour la
Palestine. En réalité, c’est le retour. Le peuple a marché pendant 40 ans. Dieu se manifeste par le
buisson ardent et les dix commandements, les tables de la loi, en bois et recouvertes d’or. Ce sont
les éléments narratifs de l’Alliance entre Dieu et son peuple.
Le Lévitique. Les Lévites sont les prêtres. Ce livre est le livre des règles. De l’Alliance, on passe
aux règles.
Les Nombres. C’est un livre hétéroclite qui contient des règles de vie, des anecdotes, on y parle du
retour vers la terre promise.
Enfin le Deutéronome (deteuros nomos : 2ème loi). Ce sont les règles d’un peuple qui se sédentarise.
La culture orale devient progressivement lettrée, du VIIe jusqu’au IIe siècle après J.-C. Des livres
sont perdus. Le canon biblique sera arrêté au moment de la diaspora définitive. Des textes ont été
écrits tardivement ou ont été réécrits, l’écriture n’est pas d’un seul jet. Il y a de l’hébreu de
synagogue qui cohabite avec de l’hébreu originel.
Ensuite, deux autres séries de livres, celle des Prophètes au nombre de 13 et celle des Proverbes et
des Psaumes au nombre de 4.
Deuxième série des livres constitutifs de la Torah : les Prophètes
Cela représente 13 livres. La prophétie, ce n’est pas, contrairement à ce que l’on dit habituellement,
ce qui est dit vers l’avenir. Le prophète, c’est plutôt celui qui dit des maximes à partir de ce qui s’est
passé.
Un premier groupe de livres concernent les premiers prophètes : ce sont les livres de Josué, des
Juges, de Samuel et des Rois. Ce sont les livres historiques : c’est à partir d’eux qu’on a daté. On
renvoie ici à quelque chose qui est de l’ordre de la mémoire. La culture biblique est une culture qui
se réfère à sa mémoire. Il n’y a jamais de référence à l’avenir, il s’agit de commémorer des
événements et de les revivre. On se réfère toujours au passé. Josué, les Juges, Samuel, et les Rois se
suivent et racontent l’histoire des hébreux.
Un second groupe de livres dit des derniers prophètes. Il s’agit des trois grands prophètes : Isaïe,
Jérémie, Ézéchiel.
Troisième et dernière section de la Torah : les Hagiographes
C’est un recueil d’œuvres relevant de divers genres littéraires : poèmes liturgiques (Psaumes et
Lamentations), poésie amoureuse (Cantique des Cantiques), littérature de sagesse (Proverbes, Job
et Ecclésiaste), les livres historiques (Ruth, Chroniques 1 et 2, Esther, Esdras, Néhémie). Reste le
livre de Daniel qui mêle l’histoire, la prophétie et le genre apocalyptique.
Le peuple hébreu est un peuple qui prend la parole, lui-même est dépositaire du texte. S’il y a un
conflit d’interprétation, on se dote d’un chef qui interprète la parole et la volonté de Dieu. On sort
ainsi le peuple de son embarras.
Le peuple hébreu décide également de se doter d’un roi avec l’assentiment de Dieu. Quel que soit
ce roi, on pourra le contester. Le premier roi s’appelle Saül. Cette période est une période de
sédentarisation et de réoccupation. Il s’agit d’occuper la terre donnée par Dieu. On est dans une
situation de conflit avec les Philistins. Qui pouvaient être les Philistins ? On ne sait pas. Ils occupent
la côte sud et le littoral méridional de Canaan, ainsi que la plaine de Séphéla à l’ouest des monts de
Juda, territoire que la Bible appelle « Philistie » et qui donne son nom à la Palestine. On ne sait pas
d’où ils viennent.
Dans la Bible, il s’agit de reconquérir l’espace occupé par les Philistins, d’occuper le territoire, et
enfin de se doter d’un roi qui va symboliser l’unité du peuple. Mais ce roi n’est pas le roi grec
basileus, détenteur d’un pouvoir de type militaire et qui ordonne. Le roi des Hébreux est un
intercesseur entre le peuple et Dieu. Les Romains ont aussi un roi (rex) dont on verra la
signification en évoquant Rome.
Saül apparaîtrait en -1020 et -1010 selon la datation biblique. La Bible raconte qu’il combat les
Amalécites, mais épargne leur roi (1 Samuel, 15). Ce sera l’occasion d’une désobéissance à l’égard
de Dieu qui lui préfèrera dès lors David.
David devient roi de la totalité d’Israël. Puis c’est Salomon qui fait de Jérusalem la capitale. Rien de
cela n’est pas prouvable. Il construit un Temple pour y mettre l’Arche d’alliance. Salomon est le roi
de la puissance qui irradie. C’est dans le Temple qu’on concentre les impôts : l’esprit et la matière.
Le « schisme de Sichem » (1 R 12) est un retour à la situation antérieure des deux royaumes. Les
Anciens d’Israël refusent de reconnaître Roboam, roi de Juda, comme leur roi. Ils lui préfèrent
Jéroboam. Les douze tribus vont se séparer, au sud le royaume de Juda (les tribus de Juda et
Benjamin), au nord les dix tribus restantes forment le royaume d’Israël. Le plus officiel, le saint des
saints, se trouve au nord. Le schisme a lieu en -933. Or on a bien au VIIIe siècle deux royaumes.
Le Proche-Orient a été en butte à des assauts venant des Assyriens. Le royaume du nord est éliminé
en -722. Le royaume de Juda lui survit 135 ans, et c’est Nabuchodonosor (605-562), le roi de
Babylone (qui avait libéré le sud de la Mésopotamie de la tutelle assyrienne) qui le détruit en -587,
première date dont on soit sûr aujourd’hui. Ont lieu les premières dispersions du peuple hébreu en
597, en 587. Une première implantation juive ou sédentarisation a lieu à Babylone. Puis, dès 538,
les Perses prennent le dessus sur les Babyloniens. Cyrus autorise le retour des exilés en Judée.
Les Assyriens et les Babyloniens sont des peuples sémitiques. Les Perses sont indo-européens. Au
milieu du VIe siècle, les Perses l’emportent. Ils libèrent les Hébreux qui ont la possibilité de
retourner en Palestine. Tous, ceux qui restent à Babylone ou ceux qui rentrent, bénéficient d’une
autonomie sous les Perses qu’ils conserveront jusqu’à un certain point sous les Grecs, puis sous les
Romains. La terre des Hébreux sera sans cesse occupée.
En 70, ce sera destruction du 2ème Temple et la diaspora définitive. Cette fois, le peuple juif ne
trouvera plus de compromis pour exister.
[Voir les travaux de ces dix dernières années, notamment La Bible dévoilée (Bible unearthed)
d’Israël Finkelstein et de Niel Asher Silberman, Bayard, 2002. Folio, 2004. Les Rois sacrés de la
Bible, Bayard, 2006.]
Samedi 19 septembre (suite de la 2ème conférence)
La synthèse impossible et la naissance des temps modernes
Les trois visions, hellénique, juive et romaine, se sont fondues les unes dans les autres jusqu’au XIIIe
et XIVe siècles ap. J.-C. Le théologien catholique, Thomas d’Aquin (1224-1274), écrit en latin. Pour
l’Église romaine, il s’agit de montrer que le christianisme et la philosophie d’Aristote disent la
même chose. Cette synthèse réalisée par Thomas d’Aquin ne va durer qu’un temps limité, jusqu’à
sa contestation par la science moderne qui naît au XVIe siècle. La théologie est mise à mal
progressivement par les découvertes de Copernic (1473-1543) et de Galilée (1564-1642). À partir
du moment où la contestation est assortie de preuves matérielles, Thomas d’Aquin vole en éclats.
Après Descartes, les cartésiens : Leibniz, Spinoza et Malebranche jusqu’à Hegel lui-même tentent
de reconstituer la synthèse réalisée par Thomas d’Aquin. La vision grecque est porteuse de la
physique, mais on se demande au XVIe et XVIIe siècles comment concilier les trois héritages. On dira
que la synthèse n’est plus possible. Il faut séparer Jérusalem et Athènes. Foi et savoir sont deux
domaines différents. On assiste à la mise en place d’institutions qui font fonctionner cela.
Pour Rome, dont nous allons parler, ce qui compte, c’est énoncer et établir des règles comme dans
l’Ancien Testament. En revanche, la vision religieuse du monde romain antique est plus proche de
celle d’Athènes par son polythéisme.
Pour l’un des grands réformateurs du XVIe siècle, Calvin (1509-1564), il s’agit de se placer du côté
de la foi. Rédigée entre 1536 et1560, L’Institution de la religion chrétienne de Jean Calvin est un
ouvrage qui sépare ce qui appartient à Rome (l’Église romaine) et ce qui appartient à Jérusalem.
L’institution de la religion n’est plus pour Calvin ce qu’elle est du point de vue de l’institution
ecclésiastique romaine.
La synthèse thomiste doit donner lieu à autre chose. Si on se place du point de vue de l’individu,
l’idée de laïcité point. La distinction entre public et privé est une idée moderne. À partir du moment
où il faut distinguer entre ce qui est public et ce qui est privé, la foi devient une question
individuelle. Le savoir collectif est-il la synthèse des fois individuelles ? Existe-t-il un type de foi
par individu ? Ma foi renvoie à une communauté. Les convictions de foi se partagent avec d’autres.
Avoir des prétentions sur la vie publique, c’est impossible du point de vue de la foi. Les gens de foi,
on se contente de les consulter. Les questions de savoir l’emportent puisqu’elles sont le savoir
commun. Pour le reste, on essaie de s’arranger.
Dans le cadre de la vie collective américaine où la religion a conservé une certaine vigueur, la
liberté de réunion est garantie d’une manière plus forte qu’en France. Cela étant, du point de vue de
la constitution, il n’y a pas de parti pris favorisant l’une ou l’autre religion. On évoque volontiers le
« In God we trust », mais on prête serment sur le texte dans lequel on a foi. Ça peut ne pas être la
Bible. Il est vrai que tous les pères de la constitution ont été chrétiens, mais Jefferson se disait
agnostique. Kennedy était catholique et il est mort assassiné. Dans les textes cependant, aucune
religion n’est privilégiée. Dans les faits, c’est autrement.
JERUSALEM (REPRISE ET SUITE)
À la toute fin VIIIe-VIIe siècles, les temps de la Bible et de l’histoire se rejoignent. Avant, on est dans
un cours mythique, voire mythologique. Le discours fonctionne comme un mythe.
« Mythologique » parce que le récit rassemble des mythes. 100 ans sont devenus 1000 ans. Le récit
s’est écrit tout le temps de la sédentarisation.
On reprend. La première destruction du Temple de Jérusalem, c’est -587. Déplacement vers l’est et
vers Babylone. Cela ne dure que peu de temps. Les Perses l’emportent sur les Babyloniens et
libèrent les Hébreux en -538. Ils occupent le Proche-Orient et le Moyen-Orient. Puis c’est la période
où le peuple hébreu rentre en contact avec les Grecs, de 332 à 142.
Dans l’empire perse, les textes administratifs sont en trois langues : vieux persan (langue indoeuropéenne), araméen (langue sémitique) et élamite. Ces trois langues sont transcrites dans une
écriture cunéiforme phonétique de 36 phonèmes.
L’existence des Hébreux n’est pas attestée par les Grecs. Les Hébreux réoccupent l’espace, mais
n’ont pas leur indépendance. Un pouvoir royal va renaître notamment dans le royaume de Juda. Il
s’agit toujours de revenir au royaume unique, à la terre promise. Comment y parvient-on ? En étant
patient. C’est l’idée de messie qui se forge à cette époque. La théologie juive se forme sur
l’alternative d’un avènement réel du messie ou d’un avènement qui reste toujours à venir. Le
messie, c’est la réalisation du peuple lui-même qui se conforme aux prescriptions bibliques pour
préparer sa venue. Le peuple, le messie et la terre promise. L’idée apparaît qu’il faut un royaume
maintenant, contre les Perses, contre les Grecs et enfin contre les Romains. Des interprétations
mystiques apparaissent. On est dans une période de division. Des sectes se forment. Le propre
d’une secte : c’est de se couper du courant dominant (ce n’est pas le sens actuel qu’on lui donne).
Dans le protestantisme, on a quantité de sectes.
Cette division en sectes apparaît à partir du IVe siècle jusqu’en 70. En permanence, des sectes
(Pharisiens, Esséniens, Saducéens, etc.) vont essayer d’avoir la main sur les prêtres du Temple. Il y
a division en sectes autour de l’interprétation des textes. Qu’est-ce qu’un roi ? Il faut avoir l’aval de
Dieu en essayant de créer la lecture la plus compréhensible, il s’agit de donner une interprétation du
Royaume. Les sectes résistent les unes aux autres. On doit se battre les armes à la main. Certaines
sectes pratiquent l’attentat systématique.
Se produit une sorte de débat à la limite du conflit.
Jérusalem a été récupérée (-538), un nouveau Temple a été construit. L’institution a été remise en
place. Il n’y a plus d’Arche d’alliance, mais à nouveau le trésor des impôts. Le Temple est l’endroit
qui concentre toute la judéité antique. C’est l’esprit de Dieu qui s’y trouve concentré. L’impôt est la
contribution matérielle du peuple, l’effort de chacun. Le trésor, s’il est gardé, représente la
concentration de l’effort.
Pourquoi les impôts sont-ils prélevés ? Nous sommes nous, aujourd’hui en France, tenus de faire
nos déclarations. Payer ses impôts représente un effort volontaire, d’où la dramaturgie qui entoure
la fraude. Ne pas les payer est une preuve de déloyauté, d’incivisme. L’impôt est volontaire, il est
une participation volontaire au collectif dont l’idée est empruntée au judaïsme antique.
L’occupation perse a représenté une autonomie sans indépendance. L’occupation grecque
commence en -332. Ils occupent jusqu’en -64 et la prise du Temple par Pompée. La tutelle devient
romaine. Avec les Grecs, les Hébreux persistent dans leur être. On assiste à une hellénisation : c’est
la langue grecque qui va être utilisée.
À l’époque de l’hégémonie grecque, le royaume des Séleucides est instable. Le Proche-Orient est
plus stable que le Moyen-Orient. Le pôle stable, c’est Antioche. À partir de là, va rayonner la
langue grecque. Alexandre avait conquis la Turquie, la Syrie, la Palestine. La fin de la domination
grecque, comme nous l’avons dit, ne sera pas la fin de la culture grecque.
Après l’occupation grecque, ce sera l’occupation romaine. Le monde juif cesse d’exister en 70
ap. J.-C. Le Temple est à nouveau. Les Hébreux se dispersent dans tout le monde romain. Antioche
sera une capitale grecque, puis romaine.
Le peuple hébreu, c’est de 1 à 2 millions de personnes. C’est une goutte d’eau. L’hébreu n’est plus
parlé, il ne l’est plus qu’au Temple ou à la synagogue. La langue parlée est l’araméen, la langue la
plus commune. Le Christ parle en araméen. Il appartient à une secte qui interprète la royauté. JeanBaptiste appartient à une autre secte. Le titre de messie signifie l’« Oint », qui a reçu les huiles
sacrées. De là le terme grec Christos que s’est attribué Jésus qui signifie « oint », d’où l’appellation
christanoï (chrétiens).
Mais cela représente une secte juive parmi d’autres qui va être très active dans la diaspora. C’est
l’idée d’un moment imminent : le royaume va advenir. C’est l’apocalypse annoncée. Voir les écrits
intertestamentaires rédigés du Ve siècle jusqu’à Jean-Baptiste.
La situation de dispersion sera ensuite favorable au développement du christianisme. Les chrétiens
parlent grec, ils se disent fils de Dieu. Paul contribue aux conversions. Le royaume ne concerne pas
seulement les juifs, il concerne les Romains. Les chrétiens convainquent les non juifs quand ceux-ci
sont plus nombreux.
La Bible des septante est la Torah traduite en grec en 270 av. J.-C. L’hébreu et le grec sont des
langues très différentes. Ce ne sont pas les mêmes dérives étymologiques, pas les mêmes concepts.
D’où cela constitue le début d’une vision du monde. Pour les héritiers de la partie occidentale de
l’Empire romain, c’est la Vulgate (traduction latine de la Bible par Saint Jérôme à la fin du
e
IV siècle ap. J.-C.) qui sera utilisée. La langue du catholicisme orthodoxe (partie orientale de
l’Empire romain) restera le grec, avant les langues slaves.
Quand l’Empire grec ou byzantin (partie orientale de l’Empire romain) s’effondre (prise de
Constantinople, 1453), lui succède l’Empire ottoman. Avec Pierre Le Grand (1672-1725),
l’orthodoxie passe dans les langues slaves et l’écriture cyrillique.
Le christianisme se développe. Les Romains sont tolérants. Judaïsme et christianisme sont des
religions qu’ils peuvent comprendre. Mais on ne va pas être tendre avec les chrétiens et les juifs.
Être esclave et devenir chrétien, c’est faire communauté et résister, d’une résistance passive. La
martyrologie fonctionne bien.
On commence à s’exprimer en latin. Un creuset se fait. Constantin se convertit, mais le
christianisme n’est pas encore la religion officielle, il faut attendre pour cela le successeur de
Constantin (285-337), Théodose qui entreprend de convertir (380-390). Il apparaît désormais qu’il
faut être chrétien. Le massacre de Thessalonique (Salonique en Macédoine) perpétré en 395 est un
épisode éclairant qui montre que c’est l’évêque de Milan qui donne le ton. Théodose devra faire
pénitence pour avoir entrepris ce massacre contre les hérétiques. Ambroise, l’évêque de Milan, en
bon républicain, fait s’agenouiller l’imperium devant l’auctoritas de l’Église.
La fin de l’Empire romain d’Occident (476) n’est pas la fin de Rome. Pouvoirs spirituel et temporel
sont désormais séparés et l’Église chrétienne d’Occident poursuit la vocation républicaine de
l’ancienne Rome. En face, l’Empire romain d’Orient poursuit une autre voie. Le christianisme va
causer la chute de l’Empire d’Occident : le dernier empereur, Romulus Augustule, meurt en 476. En
revanche, l’Empire d’orient continue d’exister.
ROME
Revenons à l’expansion romaine. Les Romains occupent les royaumes grecs. C’est tout l’espace
oriental qui est ainsi délimité. L’expansion s’accomplit du IIIe siècle au milieu du IIe siècle. Cela
concerne les Gaules, la péninsule ibérique, la côte du Maghreb, la partie carthaginoise ou la
péninsule tunisienne (Tunisie actuelle) qui est un ancien comptoir phénicien.
Avec les Assyriens et les Grecs, le peuple phénicien est un peuple commerçant. La Phénicie avait
des comptoirs un peu partout. L’alphabet phénicien est à l’origine de nos deux alphabets latin et
grec. Il est composé de figures qui vont devenir les lettres de ces alphabets. Les Gaulois utilisaient
un alphabet phénicien repris par les Grecs, mais leurs tablettes ont disparu. La Phénicie, c’est le
problème des Grecs. Elle va être occupée et maîtrisée par ces derniers. Carthage restera le seul pôle
phénicien.
À partir de 264, commence le grand affrontement de Rome contre Carthage. Ce sont les guerres
puniques (264-146) contre Hannibal. On va en Afrique du nord pour l’occuper. Scipion l’Africain
(235-185), Caton l’Ancien (234-149) et sa fameuse formule « Carthago delenda est », Sylla (13878) sont des Romains contemporains de cette période. Carthage est rasée. Thèbes est rasée,
Corinthe est rasée (sac de Corinthe).
D’un point de vue institutionnel, l’histoire de Rome connaît trois phases : la Royauté, la République
et l’Empire.
L’histoire romaine. Les sources : Polybe (de -210 ou -202 à -126), Tite-Live (-59 à 17 après J.-C.) et
Tacite (55-120).
Tite-Live et Tacite sont engagés politiquement. Leur démarche est en quelque sorte « moderne ». Ils
sont préoccupés par la situation de crise institutionnelle qui commence au tout début du premier
siècle av. J.-C. et se poursuit sous Néron (37-68). Après ce dernier, l’institution impériale est
entérinée. L’archive est exploitée de manière orientée. Tite-Live va faire sa place à proximité
d’Auguste (63 av.-14 ap.), Tacite à côté de Néron. La question soulevée par Sénèque (4 av.-65 ap.)
et Tacite est la suivante : peut-on restaurer la royauté à Rome ? Quant à Cicéron (106-43 av.), il
avait perçu le début de la crise institutionnelle et la fin de la République.
Il y a également Virgile (70 av.-19 ap.) qui veut être pour Rome Homère et Hésiode tout à la fois.
Au bout de huit siècles d’histoire romaine, les sources sont détournées.
On sait la relative fiabilité des premières dates.
Rome naît en -753. L’enlèvement des Sabines. Il s’agit de donner aux pasteurs des compagnes.
Remus et Romulus. Ça c’est la légende, mais on a retrouvé suffisamment de vestiges. On n’est pas
très loin de la vérité. Les peuples d’origine : les Latins et les Sabins. Leurs langues et leurs dieux
sont un peu différents. On doit le début de Rome à l’association de plusieurs peuples. Les Latins et
les Sabins forment une fédération contre les Étrusques. Les peuples du Latium créent un contrat
pour fonder Rome. Sept collines, l’espace est celui-là. Cette fédération s’est dotée d’un roi. Les
Étrusques ont dû passer un contrat : « Nous prenons la royauté, vous gardez le sénat ». C’est la
fédération originaire. D’un côté un roi détenteur de la force militaire et religieuse. De l’autre, un
sénat, détenteur de l’origine. Il maintient la cohésion de la cité et impose son point de vue au roi. Le
sénat consulte le peuple constitué de l’ensemble des hommes libres. On passe du demos au populus
dont la plèbe (plebs). « Nous prenons la royauté, vous gardez le sénat » : c’est ce que la légende
admet. On parle des derniers rois étrusques auxquels on doit les symboles du pouvoir que sont la
chaise curule (en forme de pliant) sur laquelle pouvaient s’asseoir les magistrats détenteurs de
l’imperium. Autre symbole : les faisceaux et la hache des licteurs qui constituent la cohorte
accompagnant les magistrats détenteur de l’imperium, leurs attributs consistant en un faisceau de
verges (pour la punition corporelle) entourant une hache (pour la mise à mort par décapitation).
Les derniers rois furent donc étrusques. Le dernier roi de la dynastie des Tarquins fut Tarquin le
Superbe, mort en 495. La légende veut qu’il viole Lucrèce. C’est Junius Brutus qui débarrasse
Rome de son tyran. Il devient ainsi le fondateur de la République romaine après que les rois furent
chassés et la royauté devenue taboue. Le pouvoir royal, c’est donc l’imperium, tandis que
l’auctoritas appartient au sénat.
Le père de famille à Rome a droit de vie et de mort sur ses fils. Sa potestas (pouvoir qui revient à un
magistrat romain qui a ou non l’imperium) est à l’image de celui qui gouverne la cité : le rex. Pour
être sûr que l’auctoritas du sénat demeure supérieure à l’imperium, on crée le consulat. Deux
consuls vont, en lieu et place du roi, régner tour à tour, un jour sur deux. Chaque consul
(reconductible une fois) alterne pendant un an. Le pouvoir royal ou l’imperium est donc divisé. Les
prérogatives religieuses sont séparées, il y a un pontife (pontifex, celui qui consacre les ponts).
Le sénat a lui aussi une portée religieuse.
Les magistrats supérieurs à Rome sont détenteurs de l’imperium. Ils appartiennent aux familles
aristocratiques qui constituent le sénat (patriciens). Il y a ensuite les magistrats inférieurs (patres
familias) qui ne font pas partie du sénat. Pour montrer que le sénateur est au-dessus du pouvoir, il
s’asseyait sur le pouvoir royal, c’est-à-dire sur la chaise curule.
La République -509
Dès lors qu’on a débarrassé Rome de ses rois, la Res publica est fondée.
La décision de colonisation nécessitait l’aval du sénat, de même les élections aux différentes
charges de magistrature (celle de consuls y compris).
Le peuple est réuni en comices (curiates, centuriates et tributes) selon l’ordre de proximité avec le
sénat qui ne participe pas aux élections mais les ratifie. Les familles sont plus ou moins aisées. Qui
est libre peut être un citoyen cives, ce qui implique d’avoir un cheval, une armure et un domicile
pour la cavalerie ou si l’on n’a pas de cheval, pour l’infanterie. Pour être un citoyen, il faut
également un lopin de terre, une villa (le mot « ville » vient de là) ou une ferme. L’idée agricole est
très présente à Rome.
Une fraction de la population n’est pas représentée, c’est la plèbe qui va être dotée dès 449, après
une révolte violente, d’un tribun. Apparaît donc le tribun de la plèbe qui est un type de magistrat
intouchable que ni l’imperium ni l’auctoritas ne peuvent atteindre. Le tribun est sacro-saint. On ne
peut rien contre lui, il a un droit de veto sur toutes les magistratures, sur toutes les élections, mais
n’a pas de droit de proposition en revanche.
Autre prérogative des magistrats romains : leur connaissance des formules qui présidaient à la
fabrication des lois. À Rome, personne n’était censé ignorer la loi, mais qui connaît la loi ? Le
respect de loi est lié au respect des formules qui ne sont connues en réalité que des patriciens. Si une
loi est appliquée sans la procédure, elle est cassée pour vice de forme. Les délais doivent être
respectés de manière scrupuleuse (scrupule : petit caillou, précision, dans son côté méticuleux).
Après s’être révoltée, la plèbe obtient le tribunat et un certain nombre de lois fondamentales (la loi
des douze tables) sont publiées.
Polybe est un admirateur des institutions romaines. Pour lui qui est grec, les Romains ont inventé un
régime mixte qui allie les avantages de la royauté, d’aristocratie et de démocratie et met fin à
l’anacyclose grecque ou cycle de dégénérescence des régimes en tyrannie, oligarchie et anarchie (ou
ochlocratie).
Une magistrature : la dictature. Un magistrat peut prendre tous les pouvoirs en main pendant six
mois. Il exerce le pouvoir à discrétion. La cité devient une armée et le pouvoir qui règne, c’est
uniquement l’imperium. Passé ce délai, le dictateur restitue son pouvoir. Aujourd’hui, l’article 16
est un article du même type qui suppose l’accord du conseil constitutionnel. Il a été mis en œuvre
par le général De Gaulle. À Rome, le premier dictateur (en -336) a été un plébéien qui, au bout de
six mois, est selon la légende retourné à ses champs. On trouve l’anecdote dans Tite-Live. De fait,
quand il y aura des dictateurs, ce fut le cas de Sylla, les six mois ne seront pas six mois. De même
en sera-t-il pour César.
À partir du IIIe siècle, les guerres civiles vont se multiplier jusqu’à la fin de la République en -27
quand Octave devient Auguste. Pourquoi ces guerres civiles ? Les institutions fonctionnent tant que
Rome occupe un espace raisonnable. Dans les colonies, les institutions sont analogues, ce que
permet la religion civile romaine qui reconnaît les dieux des peuples colonisés. Également, le
pouvoir militaire est transféré à une certaines cités assimilées par la civitas romaine. Le pouvoir
s’étend par l’imperium. Les consuls sont des généraux. Il s’agit de parcourir le cursus honorum,
puis on fait la guerre quelque part, on obtient une notoriété. À son retour, on fait un triomphe au
vainqueur (l’arc de triomphe vient de là). À partir de là, les consuls peuvent se liguer. Ils utilisent
les proconsuls. Il s’agit de créer une situation trouble. Puis une dictature. On modifie les lois. C’est
la guerre civile permanente à partir du IIIe siècle, mais les institutions fonctionnent. On essaie de se
faire roi, mais on ne peut devenir roi. Grâce à la force des contrats, la civilisation romaine s’étend
avec une certaine stabilité. C’est aussi la citoyenneté romaine qui s’étend. Rome devient la
civilisation dominante par ses institutions. Rome négocie en créant quelque chose qui est
institutionnel. C’est la dimension formalisée de l’institution. C’est écrit, on dit « gravé dans le
marbre ». On doit créer une stabilité là où on passe et l’Église romaine restera par la suite une
institution de ce type-là.
L’Empire -27
César (101-44) va utiliser la dictature. Il pense aussi détourner le Tibre. Il sera finalement assassiné
par Marcus Brutus (on connaît le fameux « Tu quoque mi fili » prononcé par césar au moment de sa
mort). César a voulu modifier l’ordre naturel des choses, mais c’est un crime qui touche à la majesté
romaine. Rome se pense comme élue des dieux, les dieux laissent Rome vivre, mais il ne faut pas
les titiller.
Le sigle de la République romaine, SPQR : Senatus Populus Que Romanus.
Les héritiers de César sont Octave, Marc Antoine et Lépide. Pendant une période de dix ans, chacun
va utiliser les campagnes de Rome, surtout Octave et Marc Antoine, pour le premier la campagne de
Palestine, pour le second la campagne d’Égypte. C’est Octave qui récupère l’imperium. Il a sauvé
Rome de la royauté (l’alliance de Marc Antoine et de Cléopâtre), et il se fait investir de l’autorité du
sénat. Le sénat l’augmente de son autorité : « autorité » vient de augere qui signifie augmenter, d’où
vient aussi ce que nous appelons un « auteur ». Il est César, il a l’imperium, mais il est aussi
Augustus. César a eu deux fils, l’un l’a tué, l’autre a réalisé ce qu’il n’avait pas pu réaliser : une
modification de l’exercice du pouvoir qui donne naissance à l’Empire. Désormais les empereurs
seront Augustus Caesar Imperator. On assiste à la restauration de la royauté en mots cachés. C’est
important. Reste que l’Empereur a la difficulté de la succession.
C’est finalement du régime mixte romain, plus que de la démocratie athénienne, que la démocratie
moderne se rapproche le plus. La démocratie athénienne n’a duré qu’un siècle. Quant au modèle
républicain, il sera repris par l’Église. Ambroise (339-397), l’évêque de Milan, est un républicain
qui compte bien faire plier l’empereur (imperium). L’idéal d’Ambroise, c’est en fait le retour à la
République. Il veut incarner l’autorité de l’Église. L’aspect vestimentaire des dignitaires
ecclésiastique en est la preuve : le pourpre du cardinal, c’est la bande pourpre de la toge des
sénateurs. L’auctoritas reprend le pouvoir à l’imperium. Le sénat romain, que représente l’Église,
va subsister à travers elle.
L’Empire romain
Les romains ont étendu leur Empire. Les Hébreux vont avoir l’indépendance. La secte qui veut une
royauté contre Rome, c’est celle à laquelle appartient le Christ. Il sera question du roi des juifs, par
dérision sans doute. Sur la croix, on lira INRI, Iesus Nazarenus Rex Iudaeorum. Quant à Paul le
converti, il est citoyen romain.
L’édit de Caracalla accordera en 212 la citoyenneté romaine à tous les hommes libres de l’Empire.
Cela constitue une sorte de naturalisation.
L’Empire romain va se diviser progressivement, il a tendance à s’épuiser sur ses frontières. La
population romaine ne suffit pas à être l’armée capable de défendre un tel « État ». Les difficultés se
multiplient, d’où la conversion au christianisme. L’Empire est divisé par deux langues : le latin et le
grec. Dioclétien (245-313) en 286 est amené à partager l’administration de l’Empire. Constantin
réunit le Concile de Nicée et les autorités spirituelles contre l’arianisme en 325. L’Empire d’Orient
est favorable à l’arianisme, l’Occident est contre. Avec Théodose, l’institution romaine se maintient.
En 1054, la rupture entre les deux Empires, entre Latins et Orthodoxes, est consommée.
Constantinople est la capitale de l’Empire d’Orient.
CONCLUSION
Athènes, Jérusalem et Rome sont trois mondes qui s’interpénètrent. Tout ce qui est romain est grec.
L’héritage juif s’exprime en grec. À Rome, les enseignants sont grecs. Mais ces trois éléments
continuent de se heurter.
Quand on faisait ses humanités dans les études classiques avant 1968, on était latiniste, helléniste, et
éventuellement on faisait de l’hébreu. Ces langues sont celles de la culture classique profane, mais
elles sont aussi des langues liturgiques. Les problèmes de traduction révèlent les problèmes de
compatibilité entre des visions du monde dont une part demeure irréductible et indissoluble.
La vision juive du monde est restée notre conception de la religion. La parole divine dit comment le
monde et l’homme ont été créés. Ce n’est pas partagé par Rome et Athènes. Cette idée de révélation
et de création leur est étrangère. Le principe divin est une idée abstraite et une idée verbale, c’est du
sens qui peut être proféré. Il se manifeste comme esprit. Le Christ est incarnation. L’esprit se fait
homme, donne une dimension historique à ce qui est de toute éternité. Au commencement, Dieu
créa le ciel et la terre…
Chez Hésiode, c’est le chaos qui s’organise à travers des êtres qui sont des dieux. Dans la vison
juive du monde, rien de tel. Dieu est principe même du monde judéo-chrétien, et le monde n’est
qu’un cadre. On crée le cadre pour l’homme singulier qui est à l’image de Dieu. Ici Dieu donne
quelque chose de son esprit : le Fils de Dieu. C’est plus universalisant. Le peuple juif est le peuple
élu. Le Dieu de la Bible crée l’homme avec son esprit. C’est une invention géniale. Dieu n’est plus
que du sens. Du sens qui se dit en hébreu, mais on met cette communauté d’élus en position d’avoir
affaire au reste de l’humanité.
Le premier Adam est créé en tant qu’homme. Il se crée avec l’esprit. Dieu crée l’homme à son
image. Puisqu’il n’est que sens, Dieu n’est pas limité, mais avec l’homme se crée néanmoins une
limite. En effet, si l’homme a quelque chose de Dieu, il s’instaure une limite en Dieu qui prend ainsi
un risque. La liberté que Dieu donne à l’homme est une liberté qui limite celle de Dieu. L’homme
use mal de sa liberté. C’est l’histoire de la chute. L’homme devait rester sans génération, mais il use
de sa liberté pour avoir tous les attributs de Dieu. Du fait de la créature, la création est un échec. La
créature est libre, mais désormais l’homme doit obéir, apprendre à vivre avec des règles pour
pouvoir se souder, produire une cohésion. Se souder avec une mission : bien observer les règles, et
que tous en viennent à obéir à ces règles. Le passage par Babel montre les hommes dans leur
diversité. L’esprit se manifeste, mais ça échoue. Les hommes sont présents dans leur diversité. Pour
réussir enfin, il faut que cette diversité soit harmonieuse. Voilà comment en vue de l’unité, il s’agit
de sauver les autres. Dans le judaïsme, c’est le messie. Dans le christianisme, il s’agit d’une
incarnation du messie. Pour le judaïsme, c’est l’idée messianique d’une fin des temps. Pour le
christianisme, le moment messianique est le moment où l’homme sera réconcilié avec lui-même.
Comment ? Par un royaume ? Évidemment non !
La Bible est un texte de prescriptions. Une histoire et des règles. La fin du Pentateuque porte sur les
commandements. L’Exode nous livrent les dix commandements. Les règles du Lévitique sont au
nombre de 613 ! Le judaïsme est une religion qui donne des règles, non pas une description du
monde. Il y a dans ce sens une possible détestation du corps, le corps n’est pas valorisé. La chair
n’est pas le corps. L’univers du judaïsme est un univers de paroles et de règles.
Pour ce qui est des Grecs, nous avons affaire à un univers où la nature est première. Au
commencement est le chaos. La Terre, les Ténèbres, la poitrine généreuse de Gaïa. Érèbe, Éros :
c’est un univers peuplé de divinités. Le Mont Olympe. La nature se crée elle-même, elle crée les
dieux. Les dieux sont immortels. L’ichor (sang des dieux), l’ambroisie, le nectar, les fumées des
sacrifices et l’éther. Ce n’est pas une personne, mais une coagulation de principes. Nous avons
affaire à une religion civique publique, mais la compréhension de celle-ci n’est connue que de
l’aristocratie. Le principe de raison, c’est le cosmos, celui qu’on peut voir, le mouvement régulier
des étoiles. Avec la régularité, c’est l’idée de l’éternité et de l’harmonie qui dominent. Cela donne
lieu à une réflexion philosophique. Ce qui est important, c’est le logos et la parole. On parle en
grec. La parole est importante pour la Bible également.
Deux formes du verbe donc : l’un qui se voit (la theoria), le calcul, forme grecque de pensée, on
calcule des rapports de force. Concernant la Bible, ce sont des règles qui s’imposent par le sens.
Notre philosophie, c’est la science. On parlait dans l’ancien programme de philosophie, de la
connaissance et de l’action, c’était une tête de chapitre, on comprend pourquoi.
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