La Presse Bisontine n° 147 - Octobre 2013
ÉCONOMIE
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L
aPresse Bisontine : Vous êtes
depuis cet été le nouveau prési-
dent du Centre des jeunes diri-
geants de Besançon. Qu’est-ce qui
a motivé cette implication ?
Roland Girard :J’ai 35 ans, je suis jeune
dans la fonction puisque j’ai repris mon
entreprise il y a trois ans et l’esprit du
C.J.D. me correspond bien. Car c’est un
réseau national basé sur certaines valeurs
comme l’économie au service de l’homme.
Le C.J.D. n’est pas un club affaires où
on s’échange des cartes de visite, c’est
un vrai réseau de développement per-
sonnel avec beaucoup de formations pro-
posées autour de ce thème. Le C.J.D.
sert aussi à rompre l’isolement des jeunes
dirigeants en permettant d’échanger
sur nos problématiques, souvent com-
munes à tous. Le C.J.D. est en fait la
seule école de dirigeants qui existe. Il
peut nous apporter une somme de
connaissances qu’aucun cursus scolai-
re ne peut apporter.
L.P.B. :Vous avez fait de la “plasticité du diri-
geant” le thème central de vos deux années
de présidence. Qu’y a-t-il sous ce terme ?
R.G. :Les dirigeants sont aujourd’hui
dans un environnement très concur-
rentiel et qui évolue très vite. Si le diri-
geant reste planté sur ses acquis ou
ses ressentis, les choses vont se com-
pliquer pour lui. Ce que j’appelle la
plasticité, c’est la capacité qu’il aura
à intégrer de nouveaux facteurs et de
les restituer à ses équipes. C’est une
sorte de souplesse qui lui permettra
d’ingérer, de digérer puis de “régurgi-
ter” tout ce qu’il acquiert. Je pense que
le dirigeant d’entreprise doit avoir un
regard extérieur sur son entreprise.
Quand j’ai repris mon entreprise en
2010, j’ai immédiatement engagé un
directeur général qui est sur la partie
opérationnelle. Quant à moi, je me suis
concentré sur le développement, la
veille technologique et concurrentiel-
le et la croissance externe en ayant à
l’esprit de détecter les bonnes cibles.
En résumé, la plasticité, c’est la capa-
cité de s’adapter à un environnement.
L.P.B. :Un dirigeant ne doit donc pas tout maî-
triser dans son entreprise ?
R.G. :Il n’est pas souhaitable en effet
que le dirigeant veuille tout savoir et
tout contrôler. Dans mon entreprise,
ma stratégie est simple : il s’agit de
m’entourer de collaborateurs qui sont
meilleurs que moi. J’ai un directeur
général, un responsable technique et
une responsable admi-
nistrative qui sont bien
meilleurs que moi dans
la marche au quotidien
de l’entreprise, dans la
technique et dans les
questions administra-
tives. Je me suis aperçu
qu’en prenant un peu de
hauteur on voit des mil-
liards de choses que l’on
ne verrait pas si on est
dans le fonctionnement
au quotidien.
L.P.B. :Quel est votre parcours professionnel ?
R.G. :J’ai repris l’entreprise Burocom,
spécialisée dans les solutions
d’impression, en 2010, après avoir été
commercial pendant 11 ans, notam-
ment chez un concurrent de Burocom.
J’ai commencé à travailler à 19 ans
avec un B.T.S. en alternance, avec déjà
en tête de reprendre un jour une entre-
prise. Je me disais “à 30 ans, tu auras
ta boîte.” J’ai fait la démarche d’aller
voir des financiers avec qui j’ai monté
un projet. Puis je suis allé voir le diri-
geant de l’époque en lui proposant
d’abord de travailler pour lui dans l’idée
de dynamiser son réseau commercial.
Dès la première année, on a doublé les
résultats. Puis j’ai repris l’entreprise.
Burocom est passé de 20 salariés à plus
de 40, son chiffre d’affaires de 3 à 7 mil-
lions d’euros et on devrait encore pas-
ser un nouvel étage d’ici la fin de l’année.
On ne fanfaronne pas, mais pour
l’instant notre stratégie et notre poli-
tique commerciale fonctionnent.
L.P.B. : Avec le léger recul de votre expérien-
ce de dirigeant,quels sont les ingrédients pour
réussir ?
R.G. :Il faut certes beau-
coup de volonté mais
avant tout une straté-
gie, c’est essentiel. Il y a
tant d’entreprises qui
ont de bonnes idées, qui
travaillent très bien au
quotidien mais qui ne
pensent pas au long ter-
me. Quand on sait où on
va et que les équipes
adhèrent au projet, ça
va beaucoup mieux. Il
n’y a pas de vent favo-
rable pour celui qui ne connaît pas son
port d’arrivée. Il faut une stratégie éla-
borée et une stratégie, ça se travaille.
L.P.B. : Le C.J.D. de Besançon compte 37
membres. Ce n’est pas trop difficile de“recru-
ter” des bonnes volontés ?
R.G. :37 membres, c’est une taille cri-
tique. Il y a plus d’une centaine
d’antennes du C.J.D. en France, leur
taille ne dépasse pas une cinquantai-
ne de membres. Nous travaillons beau-
coup sur la qualité du recrutement.
L.P.B. : Au-delà de l’émulation et de la forma-
tion de vos membres,ne devez-vous pas jouer
un rôle plus politique ou de lobbyistes ?
R.G. :Nous le faisons largement. Nous
participons notamment à d’autres ins-
titutions ou d’autres structures. Nous
avons aussi un rôle consultatif pour le
national. Le C.J.D. sur le plan natio-
nal fait justement un fort lobbying sur
les questions d’actualité. Dernière en
date : le retour en arrière sur la défis-
calisation des heures supplémentaires,
que nous réclamons bien sûr, sachant
que les P.M.E., c’est 90 % des emplois
en France.
L.P.B. : Quel est le moral des jeunes dirigeants
bisontins en cette rentrée ?
R.G. :Entre nous, nous avons une façon
de nous présenter en parlant de notre
“ciel”. Je dirais qu’en cette rentrée,
les jeunes dirigeants sont plutôt sur
un ciel bleu avec quelques nuages.
Nous sommes je pense dans une bon-
ne dynamique sur le plan du déve-
loppement.
I
Propos recueillis par J.-F.H.
“Une
stratégie,
ça se
travaille.”
“À 30 ans,
tu auras
ta boîte.”
Roland
Girard,
nouveau
président
du Centre
des jeunes
dirigeants de
Besançon.
C.J.D. La “plasticité” du dirigeant
“Pour réussir, il faut beaucoup de volonté,
mais avant tout une stratégie”
Le Centre des jeunes
dirigeants de Besançon
(C.J.D.) vient de faire
sa rentrée. Son nouveau
président Roland Girard,
responsable de la société
Burocom à Besançon,
donne le ton de cette
rentrée économique.