Invité de « Novye Izvestia » - Haut Représentant pour la Politique

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22/05/2006
Invité de « Novye Izvestia » - Haut Représentant pour la Politique
étrangère et de Sécurité commune de l’UE, M. Javier Solana.
Q : Quelles sont les principaux thèmes du sommet UE-Russie à Sotchi ? Est-ce que
la sécurité énergétique de l’Europe sera discutée ? Qu’est-ce que vous attendez de
ce sommet comme décisions ?
R : Ce sera un sommet important mais selon le mécanisme qui est déjà sur
place pour ce sorte de rencontres il ne faut pas attendre de tous les sommet
des décisions « révolutionnaires ». Il s’agit de continuation de processus des
relations fortes, partenariat profond, que nous voulons continuer à approfondir
avec nos amis russes. Sans doute comme vous avez mentionné l’énergie sera
là. C’est un débat intéressant et important pour tout le monde : pour la Russie
– pays-producteur - et pour l’Europe comme consommateur. Donc dans cette
relation stratégique que nous avons avec la Russie sans doute j’attends un
dialogue très positif.
Q : L’UE et la Russie sont en train de considérer un nouveau document de base qui
devrait remplacer l’actuel Accord de Partenariat et de Coopération. Quel est la
différence entre le moment et les circonstances de l’année 1994 lorsque cet Accord
était signé et ceux d’aujourd’hui ? Est-ce que les buts principaux du premier Accord
sont atteints ?
R : (English) Much has happened since 1994. Russia is now a different country.
Also EU-Russia relations have changed dramatically. I think we have made
more progress since 1994 than anyone then thought possible. We have gone
far beyond the objectives set out in the agreement, also as a result of
developments in the EU, such as the development of a security and defence
policy. It is only normal therefore that we need to move to a new agreement
that reflects these changes and sets out a path for the future.
Q : Une question philosophique: les relations UE-Russie sont-elles déterminées
plutôt par valeurs ou par intérêts communs ?
R : Les relations entre pays quand elles sont profondes sont basées
normalement sur les deux cotés. Donc nos relations se basent sur le deux
cotés de monnaie. Nous devons faire compatibles les valeurs que nous
partageons et les intérêts de chacun. Nous pouvons gagner tous d’avoir les
relations plus étroites, plus claires, plus profondes, plus amicales.
Q : En Europe comme à l’Occident en général on critique de plus en plus la politique
intérieure et extérieure de la Russie. On lui reproche d’avoir plié la démocratie, de ne
pas respecter l’Etat de droit, d’utiliser l’export d’énergie comme levier politique, de ne
pas correctement traiter des pays voisin… Est-ce que ces développements nuisent
les relations UE-Russie ?
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R : Je veux insister et dire très clairement que nous avons des relations
étroites de partenariat avec la Russie. Il est difficile à comprendre l’Union
Européenne sans relations avec la Russie. Probablement, c’est réciproque : il
est difficile de voir la Russie qui va vers la démocratie, qui va assumer
l’engagement économique dans le monde sans avoir des relations profondes –
politiques, économiques, stratégiques - avec les pays d’Europe, avec l’Union
Européenne. Nous avons de très bonnes relations humaines avec les
dirigeants de la Russie et nous parlons avec toute la franchise possible. S’il y a
des choses à dire nous les disons. Ce que nous voulons faire – s’il y a des
problèmes, des difficultés – c'est les régler. Quant aux pays voisins l’histoire
de chacun doit être prise en considération. Le contexte historique fait partie
des relations entre les pays de l’Europe d’aujourd’hui. A travers l’histoire des
différents pays de l’Europe de 25 avaient leur propres relations bilatérales
entre avec la Russie. Donc c’est normal qu’il y ait encore des relations un peu
différentes d’un pays à l’autre, entre des pays particuliers de l’Union et la
Russie. Mais notre objectif est de construire relations profondes communes
entre l’Union Européenne, ses institutions et la Russie. C’est dans l’intérêt de
nous tous et c’est un objectif de la PESC et de moi-même.
Q : Qu’est-ce qu’il appartient au domaine des relations bilatérales, disons, entre
l’Allemagne ou l’Italie et la Russie, et sur quels sujet l’UE doit parler avec les Russes
comme un bloc unique ? Certains diplomates russes reprochent aux relations UE-
Russie d’être le plus petit dénominateur commun des relations bilatérales. Etes-vous
d’accord ?
R : Je ne croix pas que ce soit une bonne définition, bonne description de la
nature de nos relations. C’est vrai qu’il a des relations traditionnelles et
particulières entre la Russie et plusieurs pays de l’Union. Mais il est évident
que les Institutions jouent le rôle de plus en plus important dans la politique
européenne. Nous travaillons pour les construire de plus en plus efficaces
dans tous les domaines y compris des domaines stratégiques. Donc il faut
s’accoutumer à la nécessité d’avoir des rapports profonds, étroits, amicaux
avec eux. J’aimerai voir les relations entre la Russie et nos institutions à
Bruxelles s’approfondir, devenir de plus en plus significatives.
Q : Vis-à-vis la Russie il y a quand même des différends entre certains
gouvernements nationaux et Bruxelles.
R : Il faut faire les efforts pour comprendre la situation. L’Union Européenne
s’élargit. Il faut que nous comprenions ça vis-à-vis les relations avec la Russie.
Il faut aussi que la Russie comprenne ça. Tous les deux nous devons faire des
efforts correspondants pour améliorer les relations bien que l’Union
Européenne s’élargisse.
Q : Quelles sont des perspectives d’élargissement de l’UE et quelles chances
d’adhésion ont l’Ukraine et la Géorgie ? Leur orientation pro-européenne ne nuirait-
elle pas le partenariat entre l’UE et la Russie ?
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R : Pour le moment le processus d’élargissement s’est limité aux pays que
nous avons décrits comme futures membres de l’Union. Les premiers
candidats sont la Roumanie et la Bulgarie. Suivent la Croatie, la Turquie, les
pays des Balkans Occidentaux. A notre avis il est très important pour la
stabilisation de l’Europe de donner la perspective européenne aux pays
balkaniques. A ce moment-là nous avons décidé d’arrêter de faire des
propositions pour des nouveaux candidats. Mais de maintenir les relations
étroites avec les pays qui sont à la frontière de l’UE.
Q : Ne voyez-vous une certaine rivalité entre l’Europe et la Russie quand à leur
voisins les plus proches qui faisaient part de l’ancienne URSS ?
R : Je ne croix pas qu’il y devrait avoir des rivalités. A moins si nous ne
pensons pas en termes des zones d’influence qui est à mon avis une manière
de penser dépassée par le temps. Aujourd’hui la politique de voisinage doit
être une politique de coopération. C’est dans notre intérêt que les pays qui
sont nos voisins et aussi les voisins de la Russie aient des relations positives
et constructives avec elle. Je croix que pour la Russie c'est la même chose :
qu’ils ont des bonnes relations avec l’UE. Je pense que c’est ça la manière
moderne de relations entre des pays qui sont voisins en même temps de la
Russie et de l’UE. Je ne veux pas les considérer comme une sorte de
compétition. La vie politique et économique d’aujourd’hui entre nous doit se
faire en termes de coopération et en commun.
Q : Selon le projet de la Constitution Européenne votre poste s’appellerait le ministre
des affaires étrangères de l’Union. Que changerait-il dans votre mandat si la
Constitution entre en vigueur ?
R : La Constitution prévoit une figure de ministre qui aura la compétence un
peu au delà de celle que j’ai aujourd’hui. Par exemple, la rotation présidentielle
finira dans le domaine de relations estrangères. Le ministre assumera la
représentation totale de la politique étrangère de l’Union qui est partagée
maintenant entre la présidence et le Haut représentant. On va commencer à
créer le service extérieur commun. Ca veut dire de profiter mieux des
représentations des différents pays-membre dans le monde entier, les utiliser
d’une façon plus coordonnée, commencer à créer le service étranger unique de
l’Union. Ca va prendre du temps mais sans doute sera un élément très positif
de relations extérieures de l’Union. Pour nous et aussi pour les pays tiers qui
ont des relations avec nous ce sera plus facile, plus simple. Nous comprenons
bien que l’UE n’est pas un pays. C’est une structure politique plus complexe
qu’un état. Mais nous devons faire des efforts pour simplifier le plus possible
nos structures après le moment ou l’Union compte 25, 27 etc. pays.
Q : D’aucuns en Russie se souviennent de Vous comme de la personne qui a donné
l’ordre d’attaquer la Yougoslavie. Aujourd’hui Kosovo est au seuil d’indépendance, il
n’y reste guère de population serbe d’antant là-bas. Comment de l’hauteur de la
situation actuelle appréciez-vous les décisions de l’époque ?
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R : Comme vous savez à l’époque j’étais Secrétaire général de l’OTAN. Ca ne
signifie pas que le SG de l’OTAN prend les décisions d’utiliser la force. Elles
sont prises par les pays membres qui ont des forces armées, la capacité pour
le faire. Je croix qu’à ce moment-là tous les efforts possibles étaient fait pour
trouver une solution pacifique. Je me rappelle de la conférence de Rambouillet
et des autres efforts. Mais c’est déjà l’histoire. Aujourd’hui nous devons
considérer les réalités actuelles et regarder dans l’avenir. Les pourparlers sur
le statut final de Kosovo ont commencé, le Secrétaire General de l’ONU a
donné les responsabilités pour ça à l’ancien président finlandais M. Ahtisaari
qui est une personnalité respectée par tout le monde et qui fait un bon travail. Il
est encore trop tôt de dire quelle sera la situation finale, la durée de discutions
etc. Mais il faut dire de façon très claire et nette que nous ne laisserons pas
tomber la Serbie. Nous allons respecter les soucis et les préoccupations des
Serbes. La Serbie est un pays sans lequel la région balkanique ne peut pas être
stable. La stabilité régionale dépend beaucoup de la stabilité interne de la
Serbie. Je travaille beaucoup et je suis très fier d’avoir récupéré l’amitié
profonde avec tous les leaders démocratique de la Serbie. Pour nous la Serbie
continue d‘être une amie clef et nous essayons de faire tout pour aboutir à la
solution dans laquelle tout le monde se trouve à l’aise.
Q : Une fois Vous avez passé le congé avec votre famille en Russie. Qu’est-ce qui
vous a impressionné le plus dans ce voyage ? Considérez-vous peut-être répéter cet
expérience touristique ? Que voudriez-vous voir en Russie ?
R : Ce voyage a laissé beaucoup d’émotions et beaucoup d’amour vers la
Russie. Je suis espagnol et je le reste même lorsque je représente l’Europe.
Mon cœur est espagnol. Je croix que le cœur espagnol et le cœur russe sont
très proches. Je n’ai pas vu d’autre pays dans le monde qui ait plus de statues
de Don Quichotte qu’en Russie. Là peut être même plus qu’en Espagne. Il y a
quelque chose très profond qui nous unie, l’Espagne et la Russie. Littérature,
culture, souffrance dans l’histoire. Ma famille est très contente aussi. Ma fille
après cette visite a retourné. Pendant 3 ans elle a vécu et travaillé à Moscou.
Pour moi la Russie signifie beaucoup. De point de vie sentimental et culturel,
amicale. Je connais assez bien Moscou. Je m’y trouve vraiment très à l’aise.
J’y ai beaucoup d’amis et je garde beaucoup d’expériences dans mon cœur.
J’aime beaucoup St-Petersburg. Je l’ais visité 4 ou 5 fois et j’y serai encore
mois prochain au sommet G8. J’aimerais aller un peu plus à l’Est du pays que
je ne connais pas encore bien.
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