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pharmaJournal 17 | 8.2010
Politik · Politique
lesquelles aucun médicament spécifique
n’est disponible [1]. Liberté thérapeu-
tique et responsabilité accrue vont de pair:
médecins et pharmaciens étant entière-
ment responsables de l’utilisation du
médicament employé «off label», ils sont
tenus de respecter leur «devoir de
diligence» [7] lors d’un tel usage (voir
tableau 2).
Implications pratiques pour le
pharmacien
Respect de l’article 26 LPTh
(Principe de la prescription et de la
remise)
Hors étiquette, le pharmacien devrait vé-
rifier que les trois critères (sécurité, effica-
cité et qualité) sont toujours assurés par
rapport à l’usage fait du médicament afin
de respecter l’article 26 LPTh. Lors de la
validation, le pharmacien doit donc tenir
compte de données tirées de publications
scientifiques (études cliniques, rapports
de cas, avis d’experts, etc.) ou de recom-
mandations («guidelines») de sociétés
médicales reconnues ou d’agences sani-
taires suisses ou étrangères. Lors de cette
recherche, les questions à se poser sont
du type «quels pourraient être les risques
particuliers pour ce patient?» ou «quel
risque y a-t-il si le médicament n’est
pas efficace?». Un site Internet du genre
www.pubmed.gov permet d’accéder aux
données d’études cliniques grâce à un
moteur de recherche fonctionnant par
mots clés. Un ouvrage comme le «Martin-
dale – The complete drug reference»
contient également des informations
scientifiques de référence pour le profes-
sionnel (voir tableau 3). Par analogie aux
exigences relatives au médecin prescrip-
teur, le pharmacien devrait archiver les
données utilisées lors de la validation,
afin de pouvoir démontrer avoir respecté
l’article 26 LPTh (p. ex. en cas de plainte).
A noter que si un traitement autorisé est
disponible, il faut avoir des arguments
scientifiques solides pour ne pas y recou-
rir! [1]
Le pharmacien est ainsi confronté à
plusieurs limites pratiques lors de valida-
tion d’ordonnances pour des médica-
ments employés «off label»:
Identification de l’emploi «off label»:
dans certains cas, les informations
contenues sur l’ordonnance ou une
discussion avec le patient permettent
d’identifier qu’il s’agit d’emploi «off
label», mais parfois il n’est pas pos-
sible au pharmacien de le déceler. Le
pharmacien devrait contacter le pres-
cripteur en cas de doute [2], mais la
prévalence de prescription «off label»
estimée à près de 25% [1] signifie des
contacts fréquents avec le prescrip-
teur, ce qui n’est pas toujours facile-
ment réalisable dans la pratique.
Lacunes dans les données dispo-
nibles: seules les entreprises phar-
maceutiques peuvent financer des
études cliniques de longue durée, sur
un grand nombre de patients, en
présence d’un groupe contrôle, etc.
afin de démontrer l’efficacité et la
sécurité du médicament lors de son
enregistrement. Hors étiquette, les
données à disposition sont tirées
d’études de cas, de petites études
cliniques, etc. qui présentent souvent
un moins bon niveau d’évidence. De
plus, souvent seul un résumé est
librement disponible et sans les don-
nées complètes de l’étude, il est diffi-
cile d’en avoir un regard critique.
Archivage des informations trouvées:
un grand nombre de données de-
vraient être archivées et répertoriées
de façon à pouvoir les retrouver faci-
lement (nom du patient, date, nom
du médicament, indication, copies
des informations trouvées, annota-
tions, etc.), ce qui nécessite une orga-
nisation spécifique pour la prise en
charge de ce type d’ordonnance.
Temps à disposition: il est évident
que pour respecter l’ensemble de ces
points, le temps nécessaire à valider
une ordonnance contenant un médi-
cament employé «off label» est supé-
rieur au temps requis pour une
ordonnance «standard».
«Obligation de légitimation»
Bien qu’aucune exigence particulière ne
concerne le pharmacien quant à une
«obligation de légitimation» [2], il lui est
vivement conseillé d’informer le patient
de l’usage «off label» lors de la remise du
médicament. On peut par exemple partir
de la notice d’information du médica-
ment et expliquer entre autres que le
médicament n’est habituellement pas
employé dans l’indication pour laquelle il
a été prescrit mais que cet emploi est pos-
sible.
Le cas échéant, à la lecture de la no-
tice, le patient pourrait ne pas com-
prendre dans quel but le médicament lui
a été prescrit ou croire que le médicament
lui a été remis par erreur. Dans le doute, il
pourrait renoncer à suivre son traitement.
«Devoir d’information»
Comme pour le point ci-dessus, le phar-
macien n’a pas d’exigence particulière à
respecter [2]. Il devrait toutefois rappeler
au patient que son assurance maladie de
base n’est pas tenue de prendre en charge
un médicament lors d’emploi hors éti-
quette. En effet, les préparations de la
liste des spécialités utilisées hors étiquette
ne sont remboursées qu’en présence d’un
«complexe thérapeutique» ou si la vie du
patient est en danger et cela avec accord
préalable du médecin-conseil [8]. En pra-
tique, il n’est pas toujours possible aux
Tableau 2: Devoir de diligence du médecin et du pharmacien lors d’emploi
«off label» d’un médicament [2]
Devoir de diligence du médecin Devoir de diligence du pharmacien
Selon l’article 26 LPTh, la prescription doit se
faire en tenant compte des connaissances
pharmaceutiques et médicales reconnues
Selon l’article 26 LPTh, la validation d’ordon-
nance doit se faire en tenant compte des
connaissances actuelles. En cas de doute:
contact avec le médecin, voire refus de délivrer
«Obligation de légitimation» (pouvoir prouver
avoir informé le patient): pourquoi employer un
médicament sans autorisation officielle? Quelle
serait l’alternative possible? etc.
Pas de recommandation
«Devoir d’information»: pas de prise en charge
par l’assurance obligatoire des soins (assurance
de base)
Pas de recommandation
Disposer d’une couverture d’assurance
appropriée (en cas de dommages)
Pas de recommandation
Devoir d’annonce des effets indésirables selon
l’article 59 LPTh
Devoir d’annonce des effets indésirables selon
l’article 59 LPTh