La Newsletter - Jean

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La Newsletter
de Jean-Pierre BLAZY
Février 2015 - N° 18
Il est temps que la gauche se ressaisisse et se rassemble sur l’essentiel. Les
attentats du début de l’année, la victoire de Syriza en Grèce et la signification de
l’élection législative partielle dans le Doubs nécessitent que le gouvernement qui
a bien géré ces évènements tragiques et leur suite soit en mesure de rassembler
les Français à la fois sur les valeurs républicaines mais aussi sur la politique
économique et sociale. De ce point de vue, la loi Macron ne pouvait y parvenir
dans la mesure où elle divisait la gauche jusque dans les rangs du groupe
socialiste. Nous sommes d’accord pour rejeter l’austérité en Europe et en aidant
les Grecs nous nous aiderons nous-mêmes. Au moment où la conjoncture
économique apparaît plus favorable avec une perspective de 1% de croissance
en 2015, il faut consolider cette perspective en donnant confiance aux Français
et en renforçant la cohésion sociale pour renforcer la cohésion nationale.
Le 49-3 sur le texte Macron
Un aveu de faiblesse
L’utilisation de l’article 49-3 dans le grand style de la Ve république sonne
comme un aveu de faiblesse pour le gouvernement. Il aurait pu en être
autrement si le gouvernement avait écouté les députés dits « frondeurs » qui ont
proposé des amendements pour tenter de corriger un texte régressif sur le plan
social.
Je reste contre le projet de loi Macron, car ce n’est pas en défaisant un peu plus
la cohésion sociale du pays que nous pourrons refaire la cohésion nationale qui
fait défaut. François Hollande a prétendu que la loi Macron sera un coup de jeune
pour le pays alors que plusieurs dispositions du texte mettront à mal un peu plus
notre droit social sans que l’on puisse être certains de ses effets réels en matière
de création d’emplois. Les mesures les plus régressives sont la libéralisation du
travail le dimanche et en soirée, la diminution des obligations des employeurs en
cas de licenciement économique, l’utilisation d’ordonnances pour réformer
l’inspection du travail, l’échelle des peines et le délit d’entrave, la suppression de
l’obligation de publication des comptes pour toute entreprise et l’élargissement
coûteux et injustifié du « régime des impatriés » (qui vise les cadres dirigeants
étrangers en France).
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Dans un autre registre, l’utilisation d’ordonnances pour réformer le droit
de l’environnement semble hasardeuse. Enfin, les privatisations des
aéroports privent encore un peu plus l’État stratège de ses capacités
d’action.
*****
L'élection partielle dans le Doubs
sonne comme un avertissement
Je
me réjouis de la victoire de Frédéric Barbier (PS) face à la candidate du Front
national au second tour des législatives partielles dans le Doubs. Mais comme
l'ex-suppléant de Pierre Moscovici l'a exprimé: « le résultat qui est le nôtre ce
soir ne donne pas envie de pavoiser, de sourire ou de faire la fête ».
Cette
circonscription historiquement largement à gauche apporte une nouvelle
fois la preuve que l'électorat de gauche boude les urnes, se réfugie parfois même
dans le vote contestataire FN ou pire encore, adhère à ses thèses. Le fameux
«esprit du 11 janvier » est déjà en train de se dissiper. La cohésion nationale est
un écran de fumée sans cohésion sociale.
De cette victoire à la Pyrrhus, le gouvernement ne doit donc pas tirer la
conclusion que la politique menée est la bonne mais au contraire qu'il est urgent
que la gauche renoue avec son électorat. Le contexte économique international
favorable (baisse des prix du pétrole, politique de relance de la banque centrale
européenne, baisse de l'euro …) doit être une occasion de mener une politique de
gauche avec notamment un retour à un rythme de réduction des dépenses
publiques plus adapté à la conjoncture économique, le ciblage des aides fiscales
sur les secteurs réellement exposés à la concurrence, la réutilisation des sommes
correspondantes pour soutenir massivement l’investissement des collectivités
locales, la consommation populaire et des programmes pour l’emploi des jeunes
et des chômeurs de longue durée. D'autres promesses de campagne se font
urgemment attendre telles que la réforme fiscale avec une CSG progressive, des
investissements pour permettre la relance et l’emploi et une nouvelle loi
bancaire.
Loin d'être uniquement contestataire, une partie de la majorité dont je fais partie
formule d'autres propositions de « réformes structurelles » permettant le
financement de l'économie réelle par les banques, la stimulation effective de la
recherche, de l'investissement privé, du logement, de la transition écologique et
numérique.
Retrouvez l'ensemble de ces propositions...
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La place de la France est aux côtés de la Grèce
Au VIème siècle av. J.-C. les grecs ont inventé la démocratie (du grec ancien
dēmokratía, « souveraineté du peuple »). En 2015 ils font une nouvelle démonstration de
leur attachement à ce modèle politique en reprenant en main leur souveraineté,
confisquée depuis des années par la Troïka, dénoncée depuis sa naissance par les
socialistes français.
Réhabilitation de la souveraineté populaire, sortie de la crise humanitaire, justice sociale,
renaissance culturelle, le programme de Syriza durant la campagne électorale était clair,
le nouveau gouvernement aspire désormais à le mettre en œuvre. Respecter leur vote
c’est leur laisser la possibilité de le faire. Ainsi en est-il de la démocratie.
« Respect du vote des Grecs »
Le 5 février dernier lors de sa 5ème conférence de presse, François Hollande
déclarait au sujet de la Grèce : "Le rôle de la France est de trouver une solution,
de contribuer à un accord mais dans le respect, respect du vote des Grecs mais
respect des règles européennes et respect des engagements. C'est sur ces
bases-là que je travaille avec nos partenaires européens". Pourtant, la veille,
d’une façon tout à fait incompréhensible, la BCE a durci les conditions de
refinancement des banques grecques, alors qu’elle s’apprête à racheter
massivement sur les marchés des titres privés dont la qualité de certains n’est
pas garantie. Ceci n'est pas admissible. A l’inverse, une partie de la solution
réside dans la monétisation de cette dette.
Les mémorandums d’austérité ne font pas partie des institutions
européennes
Le respect des objectifs budgétaires du Pacte de Stabilité et de Croissance est
une obligation pour les pays de l’Union Européenne que le nouveau
gouvernement grec a bien l’intention d’honorer. A l’inverse, l’application des
mémorandums d’austérité imposés par la Troïka, coalition illégitime qu'il est
urgent de remplacer par une instance démocratique, n’en est pas une. Cette
dernière, en conditionnant les programmes d’aide à la Grèce à des réformes
structurelles ultralibérales, a plongé le pays dans une crise économique et
humanitaire dévastatrice. Parallèlement, la rigidité et l'orthodoxie allemande sur
la dette grecque depuis son origine, ont participé à entraîner l'UE dans une crise
toujours plus profonde. C’est conscients des causes qui ont conduit leur pays
dans la misère que les Grecs se sont levés contre les mémorandums le 25 janvier
dernier. Leur imposer de nouvelles mesures d'étouffement économique serait une
lourde remise en cause de leur souveraineté et ne serait pas sans conséquence
sur toute l'économie européenne.
Là où il y a une volonté, il y a un chemin
La Grèce est une alliée en Europe, et cette alliance peut montrer une nouvelle
voie, celle d’une nouvelle orientation de la politique européenne, celle qui place
l’humain au cœur des enjeux, bien devant les intérêts financiers de quelques
uns. Celle qui concilie le respect des règles communes et la détermination à
construire un avenir meilleur.
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La prise de conscience, y compris dans les institutions européennes, que
l'austérité est une impasse fait de cette période un moment propice à la
réorientation de la politique européenne. C'est sur ce nouveau chemin que
doivent converger toutes les forces progressistes en Europe, côte à côte. Elles
peuvent, ensemble, permettre à tous les Européens de regarder l’avenir avec
confiance.
C'est au nom de cet avenir que la France doit porter une exigence politique claire
qui parle aux Grecs comme à l'ensemble des peuples d'Europe, en appuyant
l'exigence grecque de rendre soutenable le remboursement de sa dette, en
prônant une véritable négociation européenne en lieu et place des injonctions de
la Troïka, en soutenant la réduction de l'excédent primaire que l’État grec doit
dégager, garantissant les investissements indispensables au redressement
économique et social du pays et à la création d'emplois. Ainsi, la France
assumera une nouvelle responsabilité politique à un moment décisif de l'histoire
de l'Europe. Ce moment décisif nous engage tous, car nous pouvons ainsi obtenir
la réorientation des choix de l'Union européenne. Aussi, le Parlement, et en
particulier sa majorité à l'Assemblée nationale, doit être pleinement associé à la
définition des positions portées par notre pays lors des prochains sommets
européens.
Sophocle nous a enseigné qu'il existe des moments où la seule loi qui compte est
celle de la justice. C'est celle qu'ont choisie les Grecs, c'est celle que nous devons
soutenir.
Les signataires
Jean-Pierre BLAZY
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