Céline Lis-Raoux, la vie en toutes lettres
Rencontre avec la cofondatrice et éditrice du magazine “Rose”
Céline Lis-Raoux, cofondatrice et éditrice du magazine "Rose"
Avant...
Avant le « Big C », le cancer du sein qui l’a frappée en 2008, à 31 ans, et dont elle a mis deux ans à guérir, elle
était journaliste à L’Express Magazine puis au Figaro. La maladie l’oblige à quitter Paris pour Bordeaux, où son
mari possède un vignoble. « Je pesais 36 kg et ne pouvais plus me lever », souligne-t-elle. Aujourd’hui encore,
sa silhouette frêle contraste avec la détermination de son regard. « Quand je cherchais à m’informer, je
tombais sur des sites ultra-stressants. Qu’est-ce qu’un cancer ? Pourquoi la chimiothérapie agit-elle de façon si
brutale ? Trouver les réponses à ces questions et bien connaître les traitements est fondamental pour en
supporter la violence. »
Après
« Quelle lecture m’aurait aidée quand j’étais malade ? » Cette question, obsédante, sera à l’origine du
magazine Rose, qu’elle cofonde en 2011 avec Céline Dupré, elle aussi en rémission. « Comment annoncer à son
fils de 6 ans que sa maman est gravement malade ? Comment vivre sa vie de couple malgré tout ? Quelles
initiatives inspirantes ont été lancées par des femmes après leur guérison ? Nous avons voulu créer un
magazine destiné aux malades et à leur entourage, qui évoque la vie pendant et après le cancer. Car c’est bien
de cela qu’il s’agit : vivre. »
Force de conviction
À force d’obstination, les deux Céline constituent une minirédaction (quatre permanents, des pigistes).
Obtiennent que le journal puisse être offert aux malades dans tous les hôpitaux. La Poste et le groupe Geodis le
distribueront gratuitement. Le premier numéro est lancé en octobre 2011 grâce à des fonds privés, les banques
refusant tout prêt aux anciens malades. Au total, 400 000 euros, récoltés via des donations ou des pages de
publicité achetées par des marques engagées comme Hermès, Chanel et Caudalie. Succès : ce premier opus
s’écoule à 180 000 exemplaires et remporte le prix CB News du Meilleur Lancement de l’année.
Pari d’ouverture
D’où le pari de Céline, deux numéros et deux levées de fonds plus tard : passer du statut de start-up à celui de
groupe de presse, avec un objectif de 500 000 exemplaires diffusés en France, en Suisse et en Belgique.
« Pour cela, nous avons besoin d’un business angel, précise-t-elle. Nous sommes un des rares journaux à
l’équilibre ! » Aujourd’hui, Céline travaille quinze heures par jour. Ses proches s’en inquiètent. « Tout va bien,
répond-elle. Je suis vivante. Quand on a, comme moi, pu être soignée dans les meilleures conditions, on a un
devoir envers les autres. »
www.rosemagazine.fr
Baseline : « Il t’a été beaucoup donné ; il te sera beaucoup demandé. »
Mère attitude : « Chaque année, je passe une semaine de vacances seule avec chacun de mes fils de 6 et 12
ans. »
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