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Participes et masdars en kryz : une syntaxe mixte 5
2. LES MASDARS : PARTICIPES ‘ABSTRAITS’ ET NOMS VERBAUX
Outre deux autres stratégies (infinitif de but ou ‘datif du verbe’ pour des
prédicats à sujets co-référents, et des complétives à joncteur emprunté ki), le kryz
utilise une forme de complémentation ‘nominale’. Le ‘masdar’,
morphologiquement apparenté au participe perfectif, permet d’intégrer un
prédicat à la valence d’un autre grâce aux cas et postpositions propres aux
nominaux. Etant donné la luxuriance du paradigme casuel en kryz, l’emploi du
masdar y couvre un champ diversifié de complétives au sens large, et englobe
des emplois circonstanciels, sémantiquement proches des converbes.
En tant que nom, le masdar se fléchit pour remplir la fonction, actantielle ou
circonstancielle, qui lui est assignée dans le prédicat principal : il est nom du
point de vue de sa syntaxe externe, et peut recevoir la plupart des cas
sématiquement compatibles avec sa valeur abstraite (certains des 23 cas du Kryz
supposent en effet le trait + animé pour être applicables). Il est donc de genre
neutre, marqué dès l’absolutif, qui sert de forme de citation, par le morphème -c,
(marque du genre neutre sur les adjectifs substantivés) :
(9) xinib.ci-r ula-y-c ğira-y-c
femme-ERG manger-PART-ABS.N / MSD boire-PART-ABS.N/MS
ˤağats’-re
porter-PRS
La femme apporte le manger et le boire <= ‘le mangé et le bu’.
(10) ula-y-c-kar ğira-y-c-kar ˤats’in
manger-PART-nH/MSD-SUBEL boire-PART-nH/MSD-SUBEL rassasié
şiudeb
être.F.Neg.PRS-F
Elle ne se rassasiait ni de boire ni de manger / ni de ce qu’elle buvait ni de ce
qu’elle mangeait.
Comme on le voit dans ces deux premiers exemples, la complétive est
initialement une relative substantivée en fonction de complément d’un autre
verbe. Ce phénomène s’observe d’ailleurs aussi en turc, où la même forme
verbale suffixée en –DIK permet de relativiser les fonctions autres que le sujet,
mais s’interprète comme une complétive si elle est suivie d’une marque de cas et
qu’il n’y a pas de fonction syntaxique laissée vide. Mais alors qu’en turc le sujet
de la complétive ou de la relative nominalisée est au génitif, en kryz, où le nom
verbal est lui aussi issu d’un participe perfectif substantivé, la complétive, tout
comme la relative, conserve une syntaxe interne verbale. Comme les participes,
le masdar garde ses arguments marqués pour leur fonction, et l’indexation du
prime actant S ou P quand le verbe a une place pour ce morphème (entre <>,
propriété lexicale) :
PPF Masdar
i<r>kn-i ‘celui qui est resté’ => i<r>kn-i-c rester (M)
anir y<u>qr-i ‘celle qui a été prise’ => y<u>qr-i-c la (F) prendre
aniz i<d>qa-y ‘ce qu’il a vu’ => i<d>qa-y-c le (N) voir