EXITÉ DES ÉNONCÉS DE PROBLÈMES 
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clôturer  sa  propriété  carrée  de  plus  de  4,5 hectares,  d’un  périmètre  de 
850 mètres. Il  passe sa  matinée  à planter  les  170 poteaux  espacés  de 5 mè-
tres  sur  lesquels  il fixera le  grillage dans  l’après-midi. Intrigué,  son  voisin, 
Monsieur  Paul,  cultivateur  qui  possède  un  champ  de  plus  de  10  hectares, 
d’un  périmètre  de  1 273 mètres  (justement !)  vient  le  voir  le  midi :  il  veut 
aussi clôturer son champ. L’affaire est vite conclue. En effet, Monsieur Lu-
cien vend à  Monsieur  Paul les 1 273 mètres de grillage, à 10 F le mètre, et 
s’empresse  d’aller  acheter  850 mètres  de  grillage  neuf  à  12 F  le  mètre,  en 
début  d’après-midi.  Il  s’est  ainsi  débarrassé  de  423 mètres  inutiles  et  en-
combrants. De plus, il a gagné : 
1 273 x 10 – 850 x 12 = 2 530 F. 
Monsieur Paul a aussi fait une bonne affaire car s’il avait dû acheter 
du grillage neuf, il aurait payé : 1 273 x (12 – 10) = 2 546 F en plus. 
Dans ce scénario, la réponse 427 m est possible (il vend 850 m le mi-
di). De même pour la réponse 423 m (vente ou vol de 846 m). Seuls les for-
mateurs ont tort, car il ne peut pas dépasser 850 m. L’absence de réponse est 
également valable, s’il n’y a pas eu de vente ou de vol à midi par exemple. 
D’OÙ VIENT LE QUIPROQUO ? 
Bien évidemment, les étudiants qui ont appliqué un principe soustrac-
tif (423 mètres ou 427 mètres) ont commis une erreur de raisonnement, puis-
que leur réponse n’était justifiée par aucun enchaînement de faits. Les com-
mentaires  de  Duval  (1995)7  sont  tout  à  fait  pertinents.  Ils  illustrent  deux 
principes très fréquents en mathématiques : 
-  le  principe  d’économie,  lequel  consiste  à  vouloir  résoudre  le  pro-
blème avant de le comprendre, et à faire l’économie du raisonnement. L’in-
dication « il y en a 423 mètres de moins que le matin » (1) les incitait forte-
ment à écrire : 850 – 423 = 427. Il aurait suffi d’écrire : « il y en avait 423 m 
de plus le matin » (2), ce qui est la même chose, pour qu’avec un bel ensem-
ble tous répondissent : 850 + 423 = 1273, ce qui aurait été tout aussi faux, 
puisque cela ne reposait sur aucun scénario... , sauf celui des formateurs que 
les étudiants ne pouvaient pas deviner8. 
- le principe de cohérence, lequel implique que les étudiants, dans un 
deuxième temps, ont perçu l’une ou l’autre des deux incohérences. Ils ont dû 
choisir de transformer l’énoncé pour supprimer l’incohérence de quantité de 
grillage  en  faisant  abstraction  de  celle  de  temps  (30 %),  soit  l’inverse 
                                                        
7 Cf. p. 124.  
8 Il serait d’ailleurs intéressant de proposer les deux versions du problème à deux groupes différents 
et de comparer les pourcentages de réponses. Je suis prêt à parier que la réponse 1273 sera majoritaire 
dans le deuxième cas.