DE L’INSTITUT CURIE
LE JOURNAL
COMPRENDRE POUR AGIR CONTRE LE CANCER
8-9 octobre. Week-end
contre le cancer
8-9 octobre. Week-end
contre le cancer
ENTRE NOUS
10 ans de progrès
pour la cellule
Dix ans de progrès
pour la cellule
ACTUALITÉS
# 63 - AOÛT 2005 - 1,25 - ISSN 1145-9131
DOSSIER
Proches de malades
Proches de malades
Aider: oui, mais comment?
Aider: oui, mais comment?
JIC63_1COUV-SR1VD 17/08/2005 15:22 Page 1
LE JOURNAL DE
L’INSTITUT CURIE ,03
la recherche en biologie cellulaire à
l’Institut Curie, et participe largement à
l’étude des cellules normales et tumorales.
… sous tous ses angles
Tout au long de ces années, le pôle
de biologie cellulaire n’a cessé de se
développer et d’investir de nouveaux
champs de recherche. Il a fédéré
des énergies et servi de tremplin aux
collaborations entre chercheurs et
médecins de divers horizons. Rapidement,
une interface originale entre physique
et biologie est née. Cet échange a créé
une dynamique favorable à la créativité
et a participé à mieux comprendre le
fonctionnement complexe de la machinerie
cellulaire. Les découvertes en attestent.
Du fondamental à l’application
Aujourd’hui, le pôle imagine son avenir.
De son évolution est d’ores et déjà née
la nécessité de donner une nouvelle
impulsion au « transfert ». Passerelle
entre le centre de recherche et l’hôpital
de l’Institut Curie, il est la condition
essentielle à une concrétisation rapide
des découvertes scientifiques en
applications médicales, comme au
décryptage moléculaire des observations
INSTITUT CURIE
ACTUALITÉS
E
n 1995 s’ouvrait le pôle de biologie
cellulaire à l’Institut Curie.
Ses 7 000 m
2
de laboratoires
dédiés à la cellule en faisaient – et en
font toujours – le plus grand centre
de recherches de biologie cellulaire
en France. Sa création est née d’un
constat : la cellule doit être repensée
au vu des formidables avancées
de la biologie moléculaire. Connaître
la cellule et son fonctionnement est
indispensable pour comprendre
les dérèglements des cellules tumorales,
et y pallier. Et, comme le rappelait à
l’ouverture de ce pôle le P
r
Daniel Louvard,
directeur du centre de recherche de
l’Institut Curie : « Les grandes propriétés
d’une cellule sont communes à toutes
les cellules, et le détail des mécanismes
moléculaires est souvent remarquablement
conservé d’une espèce à lautre. »
Voir la cellule…
L’une des grandes performances de ce
pôle est d’avoir su anticiper les avancées
technologiques, et miser notamment
sur l’imagerie du vivant. Cette plongée
au cœur de la cellule a contribué à
changer la vision du monde cellulaire.
Elle fait désormais partie intégrante de
cliniques.
Le biologiste Bruno Goud est depuis
dix-huit mois à la tête de l’unité
CNRS-Institut Curie « Compartimentation
et dynamique cellulaires » de ce pôle.
Il souhaite encore renforcer les liens entre
son laboratoire et le Département de
transfert, tout en participant au grand
chantier de l’Institut Curie : le pôle de
biologie du développement
1
. Tandis que
les interfaces qui en ont fait l’originalité se
poursuivent, le pôle de biologie cellulaire
entend contribuer à mieux comprendre
comment une cellule saine devient maligne.
Céline Giustranti
1. Lire «Projet ambitieux pour de nouveaux
laboratoires », Journal de l’Institut Curie, juin 2005.
Dix ans de progrès pour la cellule
Depuis dix ans, le pôle de biologie cellulaire de l’Institut Curie est précurseur dans
les techniques d’imagerie du vivant.
h
,BIOLOGIE CELLULAIRE
LE JOURNAL DE
L’INSTITUT CURIE
02,
SOMMAIRE
hACTUALITÉS
Institut Curie
Dix ans de progrès pour la cellule
Coup double contre les tumeurs
et l’infarctus
Actualités générales
Tabagisme passif :
la fumée des autres tue aussi
hDÉCRYPTAGE
La coloscopie
Ce qu’il faut savoir
hDOSSIER
PROCHES DE MALADES
AIDER : OUI,
MAIS COMMENT?
Grâce à vous
Une consultation de sexologie
Témoignage
Des petits rien qui lui
permettaient de continuer
hENTRE NOUS
Initiatives
Week-end contre le cancer
Histoire d’un don:
au nom de leurs pères
Rétrospective
Pionnier de la lutte contre le cancer
p. 3
p. 5
p. 6
p. 7
p. 8
p. 11
p. 13
p. 15
p. 19
Image 100
CHRONOLOGIE
>1995 : le pôle comprend des
biologistes rassemblés en une unité
mixte de recherche CNRS-Institut
Curie, intitulée Compartimentation
et dynamique cellulaires (UMR 144)
et dirigée par Jean Paul Thiery,
et une jeune équipe (contrat jeune
formation Inserm, CJF 95-1) de
huit immunologistes, codirigée par
Christian Bonnerot et Sebastian
Amigorena. Ayant pris de l’ampleur,
cette équipe Inserm constitue
aujourd’hui le pôle d’immunologie
cellulaire. Une seconde jeune équipe,
dirigée par Geneviève Almouzni,
a conduit à la création d’un laboratoire
CNRS-Institut Curie dans le domaine
des phénomènes biologiques qui
ne sont pas strictement déterminés
par le matériel génétique.
>2003 : Jean Paul Thiery prend
la direction du tout nouveau
Département de transfert.
>2004 : Bruno Goud lui succède à la
tête de l’UMR 144 CNRS-Institut Curie.
LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE COMPRENDRE POUR AGIR CONTRE LE CANCER EST ÉDITÉ PAR L’INSTITUT CURIE - 26 RUE D’ULM, 75248 PARIS CEDEX 05 - FAX: 01 43 25 17 56 - JOURNAL.INSTITUT-
[email protected] - WWW.CURIE.FR - DIRECTEUR DE LA PUBLICATION: PRCLAUDE HURIET - RÉDACTRICE EN CHEF: NATHALIE BOISSIÈRE - RÉDACTION: JEAN-BAPTISTE CUMIN, CÉLINE GIUSTRANTI,
SARAH MELHENAS, ESTELLE MERCERON, XAVIER SIMONIN - ICONOGRAPHIE: CÉCILE CHARRÉ (01 44 32 40 51) - DONS ET ABONNEMENTS: YOVAN VUJOSEVIC (01 44 32 40 80) - ONT PARTICIPÉ À CE
NUMÉRO: PR PIERRE BEY, GINETTE BUSSON, PR JEAN-MARC COSSET, DR LAURE COPEL, CECILE FLAHAULT, DR JACQUES GIRODET, BRUNO GOUD, ALEXANDRE LESCURE, PR DANIEL LOUVARD,
DR JEAN MICHON, ROLON POINSOT, PR PIERRE POUILLART, DR ETIENNE SEIGNEUR, JEAN PAUL THIERY DE L’INSTITUT CURIE - LE SOMMAIRE, LES TITRES, CHAPÔS, INTERTITRES, ILLUSTRATIONS
ET LÉGENDES SONT DE LA RESPONSABILITÉ DE LA RÉDACTION EN CHEF ET N’ENGAGENT PAS LES AUTEURS - PHOTO DE COUVERTURE: IMAGE 100 - ABONNEMENT POUR
4 NUMÉROS/AN: 5- CRÉATION ET RÉALISATION : CITIZEN PRESS (01 53 00 10 00) - FABRICATION: TC GRAPHITE (PARIS) - IMPRESSION: LA GALIOTTE PRENANT - 70/82 RUE AUBER, 94400 VITRY-SUR-
SEINE - NUMÉRO DE COMMISSION PARITAIRE : 0907H82469 - DÉPÔT LÉGAL DU N° 63 : AOÛT 2005 - CE NUMÉRO A ÉTÉ IMPRIMÉ À 140 000 EXEMPLAIRES DONT 10 000 SONT ACCOMPAGNÉS D'UN
PAPILLON « LEGS ». TOUS COMPRENNENT UN DEPLIANT « WEEK-END CONTRE LE CANCER ».
Depuis 2004, la championne de tennis apporte bénévolement
son soutien aux chercheurs, aux médecins de l’Institut Curie,
et plus encore aux malades du cancer. Marraine de l’Institut,
elle « espère pouvoir leur donner du courage et un peu de bonheur.
Il faut toujours aller de lavant, se battre. Parfois, on est moins
motivé et, à d’autres moments, on reprend confiance en soi. »
Amélie Mauresmo: marraine de l’Institut Curie
D. Hamot/IC
En septembre, le pôle de biologie cellulaire de l’Institut Curie fête ses dix ans. Le moment
de dresser un bilan et de parler d’avenir pour les chercheurs qui poursuivent cette grande aventure.
R. Rios/IC
A. Roux/IC
ÉDITORIAL
Parce que le monde évolue
Aujourd’hui, la recherche est en restructuration. Depuis
quelques années, les conditions de son exercice se sont
profondément modifiées. La France ne lui a consacré
en 2001 que 33 milliards d’euros, soit 2,2 % de son PIB ;
notre pays est donc en retrait par rapport aux grands
pays producteurs de savoir, et la désaffection des
étudiants vis-à-vis des sciences est une réalité. Les
chercheurs réclament un meilleur accueil des jeunes,
un décloisonnement entre les disciplines, une plus
grande ouverture internationale et un développement
des partenariats institutionnels et industriels. Le
potentiel humain de la recherche publique doit être
revitalisé. Grâce à la dynamique du Plan cancer, l’Institut
Curie a initié le Cancéropôle Île-de-France, au sein
duquel il est une permanente force de proposition, et l’organisation originale
et performante de son centre de recherche apporte d’emblée des réponses
adaptées aux préoccupations des chercheurs et des patients. Mais ce n’est pas
suffisant. Afin d’alimenter la réflexion nécessaire à la future loi d’orientation
et de programmation de la recherche, la direction et les chercheurs
de l’Institut Curie proposent des restructurations pour notamment :
haccorder des moyens aux jeunes chercheurs pour leurs projets ;
haméliorer la gestion de carrière des enseignants-chercheurs,
chercheurs, ingénieurs et techniciens ;
hcréer, en France comme à l’étranger, de nouvelles relations entre son
centre de recherche, les universités et les organismes de recherche ;
haccroître les échanges entre disciplines (physique, chimie, biologie,
médecine) et les partenariats industriels.
Tous les efforts doivent être faits pour s’affranchir des lourdeurs et rigidités
qui caractérisent le système français. En proposant de telles actions*,
l’Institut Curie veut donner à la communauté scientifique les moyens
de satisfaire les attentes des patients touchés par le cancer et celles de
leur famille. Le temps presse…
* Pour en savoir plus : L’Institut Curie : un site pilote sur www.curie.fr/recherche (rubrique À la une).
PrDaniel Louvard,
directeur du centre
de recherche
de l’Institut Curie,
reconduit dans un
3emandat jusqu’en 2010.
Noak / Le Bar Floréal / IC
JIC63_2-3-SR2VD 17/08/2005 15:23 Page 2
LE JOURNAL DE
L’INSTITUT CURIE
04,
À
l’issue d’une collaboration
exemplaire, le groupe de chercheurs
dirigé par le P
r
Spyros Artavanis-Tsakonas
(Boston, États-Unis) et l’équipe CNRS du
P
r
Daniel Louvard à l’Institut Curie
viennent de découvrir un nouvel acteur
indispensable au développement
intestinal : le gène Notch. Ce dernier
maintient l’équilibre entre deux types
de cellules, essentiel au renouvellement
de ce tissu : les cellules souches, qui
participent à son renouvellement, et
les cellules différenciées, qui remplissent
des fonctions précises dans l’activité
intestinale. Au même moment, un groupe
néerlandais, avec lequel a également
collaboré l’équipe du P
r
Louvard,
a montré qu’en bloquant l’activité de
Notch – et donc en obligeant les cellules
à se (re)spécialiser –, il est possible, chez
la souris, de faire régresser des polypes,
précurseurs des tumeurs colorectales.
Ces découvertes permettent d’en savoir
plus sur le rôle des cellules souches
adultes dans le développement tumoral,
et ouvrent de nouvelles perspectives
dans la compréhension du cancer
colorectal, l’un des plus fréquents au
monde, ainsi que des voies prometteuses
dans son traitement.
Céline Giustranti
Nature, 16 juin 2005.
,DÉCOUVERTE
INSTITUT CURIE
ACTUALITÉS
En avril 2005, l’Institut Curie
associé aux hôpitaux Cochin
et Necker (Paris) a traité
son 1 000
e
patient par
curiethérapie prostatique,
un des nombreux
traitements conservateurs
dont l’Institut est le pionnier.
Initiée à Paris en 1998, la
curiethérapie se distingue
par son efficacité et des
effets secondaires minimes.
Elle consiste à implanter
dans la prostate, au contact
de la tumeur, de petits
éléments métalliques
radioactifs. Ces grains
émettent un rayonnement
qui détruit les cellules dans
un rayon de quelques
millimètres ; ils peuvent
être laissés définitivement
dans la prostate car leur
radioactivité décroît
rapidement. Les résultats
de la curiethérapie
prostatique, pratiquée
depuis longtemps aux
États-Unis, montrent que
dans les formes précoces de
cancer elle est tout aussi
efficace et provoque moins
d’effets secondaires
que les autres traitements
(chirurgie, radiothérapie
classique). Avec 40 000
nouveaux cas chaque année
en France, le cancer de
la prostate est la maladie
la plus fréquente chez
l’homme. Plus d’un millier
de patients ont ainsi été
traités, ces douze derniers
mois, dans une vingtaine de
centres français. Ils seraient
environ 5 000 à pouvoir en
bénéficier chaque année.
Nathalie Oudar
hPOUR EN SAVOIR PLUS
Le Cancer de la prostate.
Dossier thématique de
l’Institut Curie (vente par
correspondance - 1,25 euro).
,CURIETHÉRAPHIE
1000
e
patient traité
La lactadhérine jouerait
un rôle clé dans la formation
des vaisseaux sanguins (visibles
en rouge) : une nouvelle cible à
bloquer pour combattre les tumeurs.
h
Notch, un acteur clé
du développement intestinal
L’INSTITUT CURIE
EN CHIFFRES
>Ses 62 équipes
de recherche, associées au CNRS
ou à l’Inserm, font du centre
de recherche de l’Institut Curie
le plus important centre en France
dédié au cancer.
>Avec 100 000 patientsen
consultation chaque année, dont 7500
nouveaux, son hôpital spécialisé dans
la lutte contre le cancer est le
centre de référence pour plusieurs
cancers, et assure la diffusion
de multiples innovations médicales.
PHYSIQUE
À LA RENCONTRE
DES LYCÉENS !
À l’occasion de lAnnée mondiale
de la physique, l’Institut Curie
s’associe à la 13eédition des
Olympiades de physique, et crée
le prix Institut-Curie doté de
1000 euros. Chaque année,
la Société française de physique et
l’Union des professeurs de physique
et chimie organisent ce concours,
qui s’adresse aux lycéens de 1re et
Terminale. Objectif : valoriser la
culture scientifique et susciter des
vocations. Les élèves travailleront
par groupes sur le sujet expérimental
de leur choix. Après sélection
régionale, les meilleurs projets
seront récompensés début 2006.
EN BREF
LE JOURNAL DE
L’INSTITUT CURIE ,05
INSTITUT CURIE
ACTUALITÉS
,SOLIDARITÉ
À LIRE
VIVRE AVEC LE CANCER
À la disparition de son épouse,
Marcel Angenault a recueilli
le témoignage de ceux qui luttent
contre le cancer : patients,
soignants, médecins, chercheurs
et ami(e)s, parmi lesquels
le PrPierre Pouillart, chef
du Département d’oncologie
médicale de l’Institut Curie
et son équipe. Les droits
d’auteur de ce livre sont reversés
à l’Institut Curie.
hÉditions de lArchipel, 2005
(240 p., 17,95 euros).
D
e nouveaux vaisseaux
sanguins se forment
dans notre organisme
tout au long de notre vie. Ce
mécanisme, l’angiogenèse,
est essentiel pour
reconstruire les vaisseaux en
cas d’infarctus du myocarde,
d’attaque cérébrale ou
d’ischémie des membres.
Mais c’est également ce
phénomène qui permet aux
tumeurs de croître, en leur
apportant les indispensables
nutriments et oxygène.
Les équipes Inserm
de Ziad Mallat et
Jean-Sébastien Silvestre
,RECHERCHE
Coup double contre
les tumeurs et l’infarctus
à l’hôpital Lariboisière et de
Clotilde Théry et Sebastian
Amigorena à l’Institut Curie
viennent de montrer
le rôle clé joué par une
protéine, la lactadhérine,
dans la formation des
vaisseaux sanguins.
Ces résultats laissent
deviner de nouvelles
stratégies thérapeutiques
pour traiter les maladies
cardiovasculaires ou bloquer
le développement des
tumeurs, premières causes
de mortalité en France.
C. G.
Nature Medicine,
Quand le gène Notch est actif, le développement du tissu
intestinal est tel que les cellules souches et progénitrices
(en vert) ont colonisé les replis du côlon.
h
20 ans pour le bonheur
des enfants
L
’Association des parents et amis
d’enfants soignés à l’Institut Curie
(Apaesic) fête ses 20 ans. Créée grâce
à un groupe de parents d’enfants atteints
de cancers et au personnel soignant
du Département d’oncologie pédiatrique
de l’Institut Curie, cette association
est animée par un réseau de parents
bénévoles. Objectifs de lApaesic ?
Apporter un soutien moral et financier
aux enfants atteints de cancers et à leurs
familles, améliorer la qualité de vie
de l’enfant et de sa famille au sein
de l’hôpital, promouvoir et financer
la recherche médicale liée aux tumeurs
de l’enfant, informer les familles et
dialoguer avec les milieux professionnels
(santé, éducation, administrations,
autres associations). En 2003, lApaesic
s’est rapprochée d’autres structures pour
former l’Union nationale des associations
de parents d’enfants atteints de cancers
ou de leucémie, plus représentative
auprès des pouvoirs publics.
Estelle Merceron
hPOUR EN SAVOIR PLUS
www.apaesic.com
J.-S. Silvestre/Inserm U689/Hôpital Lariboisière
Pas plus grands que des grains
de riz, les implants radioactifs
détruisent les tissus dans lesquels
ils sont implantés.
h
Noak/Le bar Floréal/IC
S. Fre/Institut Curie
Graphic Obsession
JIC63_4-7-SR2VD 17/08/2005 15:24 Page 4
LE JOURNAL DE
L’INSTITUT CURIE ,07
LA COLOSCOPIE
DÉCRYPTAGE
Le programme de dépistage gratuit des cancers colorectaux (proposé tous les deux ans aux
personnes de 50 à 74 ans) doit être généralisé à toute la France d’ici à 2007
1
. Il repose sur la détection
de sang dans les selles. Si ce test est positif, une coloscopie permet alors de déterminer l’origine
du saignement. Certains antécédents médicaux peuvent amener à réaliser une coloscopie d’emblée.
Plus de 36 000 nouveaux cas de cancers colorectaux sont diagnostiqués chaque année.
Ce qu’il faut savoir
LE JOURNAL DE
L’INSTITUT CURIE
06,
L
e tabagisme passif est l’expression
la plus connue pour désigner le fait
de respirer la fumée des autres. Malgré
la loi Évin de 1991 qui interdit de fumer
dans tous les lieux publics, excepté dans
des zones réservées, un laxisme indéniable
est constaté. Pourtant, les risques du
tabagisme passif sont scientifiquement
établis. La fumée de tabac secondaire, qui
se dégage lorsque la cigarette se consume,
contient en effet plus de substances
cancérigènes que celle inhalée par le
fumeur lui-même ! Des chiffres troublants
le montrent. Ainsi, le risque d’avoir un
cancer du poumon serait augmenté de
26 % chez un adulte non-fumeur exposé
à la fumée des autres. Chez l’enfant,
les conséquences ne sont pas non plus
négligeables : mort subite du nourrisson,
,TABAGISME PASSIF
GÉNÉRALES
ACTUALITÉS
infections respiratoires, asthme et cancers,
avec une augmentation du risque estimée
à 10 % lorsque la mère a fumé pendant sa
grossesse. Deux tiers à trois quarts des
Français seraient favorables à l’interdiction
totale de fumer dans les lieux publics
1
. Une
mesure qui, selon des experts, permettrait
de sauver 80 000 vies en dix ans.
Estelle Merceron
1. Sondage TNS Sofres, auprès de 1 008 personnes,
pour lAlliance contre le tabac (octobre 2004).
hPOUR EN SAVOIR PLUS
www.tabac-info-service.fr
www.help-eu.com
hPOUR EN SAVOIR PLUS
« Le cancer colorectal »,
dossier thématique de lInstitut Curie
(1,25 euro, sur commande).
La fumée des
autres tue aussi
À LIRE
TOUTES LES QUESTIONS
À VOS RÉPONSES
Le PrPhilippe Jeanteur (Montpellier)
a répondu à plus d’une centaine
de questions claires, précises et
spontanées qui lui ont été posées,
au fil des années, par ses patients.
Destiné au grand public, son
livre divisé en dix grands thèmes
permet d’accéder facilement
aux informations recherchées et aux
nombreux renseignements pratiques.
hÉd. John Libbey Eurotext, coll. «Dialogue
médecin-malade», 2004 (238 p., 19 euros).
CANCER DU SEIN.
L’ANNONCE, LE
TRAITEMENT, LA RÉMISSION
Atteinte d’un cancer du sein à 32 ans,
l’auteur, Stéphanie Honoré,
nous raconte toutes les étapes
qu’elle a traversées durant sa
maladie. Elle y mêle témoignages,
informations pratiques et
explications scientifiques
particulièrement bien vulgarisées.
Déçue de ce qu’elle a pu lire durant
sa maladie, elle a voulu donner
aux femmes, confrontées à cette
situation, une aide aussi bien pour
comprendre les médecins, dont le
langage est souvent trop codifié, que
pour se comprendre elles-mêmes.
hÉd. du Seuil, 2005 (224 p., 19 euros).
EN BREF
Noak/Le bar Floréal/Institut Curie
« HELP - POUR UNE VIE SANS TABAC »
Fumer reste la première cause de mortalité prématurée évitable en France, comme dans
les 25 États membres de l’Union européenne : respectivement 66 000 et 650 000 décès
chaque année. Le tabac est sans nul doute le seul produit de grande consommation qui tue
la moitié de ses consommateurs et met en grave danger la vie des non-consommateurs.
Consciente de cette situation, l’Union européenne a lancé une campagne d’information
et de sensibilisation intitulée « Help - Pour une vie sans tabac », et Paris accueille, du 18
au 21 septembre, la II
e
Conférence internationale francophone sur le contrôle du tabac.
Xavier Simonin
A. Lescure/Institut Curie
Les complications
sont rares : douleurs
aiguës dues à la
perforation du côlon,
hémorragie après
ablation d’un polype.
Elles nécessitent
une intervention
chirurgicale d’urgence.
Existe-t-il des
complications ?
DrJ. Girodet / Institut Curie
Polype repéré lors d’une coloscopie
classique grâce à un système vidéo.
h
hLE PRINCIPE
La coloscopie consiste à introduire dans le côlon un tube souple muni d’un système vidéo.
Un canal de l’endoscope, dit opérateur, permet d’introduire dans le côlon différents
instruments : pince à biopsie, anses pour ablation des polypes, aiguilles, cathéters. Le
médecin peut ainsi examiner les parois internes du côlon, y découvrir d’éventuelles lésions
et en pratiquer soit l’ablation totale, soit l’ablation d’un fragment (biopsie) pour l’analyser.
La coloscopie est prescrite chez tous les patients présentant des symptômes évocateurs
de lésion intestinale. C’est également le meilleur examen individuel de dépistage proposé
à partir de 45-50 ans chez les personnes présentant des facteurs de risque. Cet examen,
pratiqué en milieu hospitalier, dure quinze à vingt minutes en moyenne.
hLA PRÉPARATION
Une consultation préanesthésique est nécessaire avant l’examen puisqu’il se déroule sous
anesthésie générale. On ne doit pas prendre d’aspirine dans les dix jours qui précèdent.
Les patients sous traitement anticoagulant doivent le signaler pour que le médecin
prescrive des médicaments compatibles avec l’examen. Une préparation est indispensable
pour débarrasser les intestins des matières qui s’y trouvent. Deux jours avant l’examen,
le patient doit adopter un régime sans résidus (sans fruits ni légumes, ni viandes
grasses…). Le riz, les pâtes, les poissons et les viandes maigres sont autorisés. La veille
de la coloscopie, le patient doit boire avant le dîner deux litres d’un médicament
qui va provoquer des selles liquides « lavant » les intestins. Si la coloscopie a lieu
le lendemain matin, un troisième litre doit être bu après le repas. Si elle a lieu le
lendemain après-midi, le troisième litre sera bu le matin de la coloscopie.
hCOMMENT SE DÉROULE LA COLOSCOPIE ?
Le patient est allongé et endormi. Le médecin introduit l’endoscope par l’anus et le fait
progresser dans le côlon. De l’air est insufflé par l’endoscope pour bien visualiser les parois
sur un écran. Si le médecin repère un polype, celui-ci peut être enlevé immédiatement,
à condition qu’il n’excède pas un certain volume. Le polype sera analysé pour en préciser
la nature, bénigne ou maligne. Les résultats sont connus en une semaine environ.
Une fois l’examen terminé, on reste sous surveillance deux à trois heures avant de rentrer
chez soi – accompagné. La reprise des activités peut se faire dès le lendemain.
1. Seuls vingt-trois départements pilotes le proposent déjà : Allier (03), Alpes-Maritimes (06), Ardennes (08) ,
Bouches-du-Rhône (13), Calvados (14), Charente (16), Côte-d’Or (21), Finistère (29), Hérault (34), Ille-et-Vilaine (35),
Indre-et-Loire (37), Isère (38), Marne (51), Mayenne (53), Moselle (57), Nord (59), Orne (61), Puy-de-Dôme (63),
Pyrénées-Orientales (66), Haut-Rhin (68), Saône-et-Loire (71), Seine-Saint-Denis (93), Essonne (91).
DR JACQUES GIRODET
GASTRO-ENTÉROLOGUE
À L’INSTITUT CURIE
A
près un an d'activité,
Cancer Info Service
(0810 810 821 – numéro
Azur – coût d’un appel
local) tire un bilan positif.
Avec près de 35 000 appels
reçus, ce service
téléphonique géré par
la Ligue contre le cancer,
dont la priorité est donnée
à l'information et à l'écoute,
est aujourd'hui un lieu de
dialogue reconnu, accessible
à tous. «Les attentes des
patients et de leurs familles
sont énormes, et nous n'avons
pas le droit de les décevoir.
Ces informations, cette
détermination, nous devons
les partager. Qui mieux
que Cancer Info Service
pourra le faire? » a déclaré le
ministre de la Santé à cette
occasion. Cancer Info
Service entend développer
de nouveaux aspects,
dont celui de promouvoir
des comportements
préventifs individuels
et collectifs durables.
hLire notre dossier « Hérédité
et cancers du sein ou de l’ovaire ».
,SOS CANCER
S’informer pour mieux guérir
Ligue contre le cancer
JIC63_4-7-SR2VD 17/08/2005 15:24 Page 6
LE JOURNAL DE
L’INSTITUT CURIE
08,
La vie change, les rythmes et les repères du quo-
tidien sont perturbés. Plus rien n’est comme avant.
La lutte contre la maladie est désormais au centre
de toutes les préoccupations. À l’angoisse de la
mort s’ajoutent les «blessures narcissiques» qu’in-
flige le parcours de soins : ausculté, échographié,
« IRMisé », « biopsié », piqué, tatoué, parfois
mutilé… Le corps malade devient l’objet de tous
les regards, de toutes les expertises. Simultanément,
le patient se perd dans la maladie, vacille et chan-
celle, en proie à tous les états. Tantôt combative
et optimiste, calme et rassérénée, tantôt abattue et
déprimée, irritable et pessimiste, la personne
malade est de manière plus ou moins explicite en
quête d’affection, de soutien, de sécurité et de
réparation de son image dans le regard des autres.
Mais ce «regard-miroir» n’est pas toujours au
rendez-vous. Que dire ? Que faire face à une telle
maladie à laquelle rien ne prépare ? Et comment
prévoir jusqu’à quel point elle vous affectera, vous,
qui n’êtes pas malade ?
Entre ce que vous dites, ce que vous ressentez et
ce que vous pensez, tout se décale. Votre regard
s’affole, les larmes jaillissent, les mots se coincent,
ou alors vous adoptez un air détaché, vous tempé-
rez, vous minimisez la gravité de la maladie,
l’impact des effets secondaires des traitements…
Faute d’offrir un « regard-miroir » dans lequel le
malade espérait se retrouver, vous donnez à voir
votre propre représentation de la maladie. Ni enten-
due dans sa plainte, ni reconnue dans son atteinte,
la personne en souffrance peut alors se sentir seule,
comme recluse dans sa maladie.
Proche et lointain à la fois
De votre côté naît alors un sentiment d’inutilité,
d’impuissance. Pourtant, le témoignage de votre
amour, de votre affection est essentiel durant
toutes les étapes du parcours de soins : les hospita-
lisations, la mise en œuvre de traitements à domi-
cile, la sortie du tunnel thérapeutique, la réinsertion
sociale, peut-être aussi parfois la rechute, et parfois
les soins palliatifs, la fin de vie. Chacune de ces
étapes exige énormément de bienveillance, un peu
de savoir-faire, beaucoup d’endurance et une bonne
organisation de la vie quotidienne.
Tout le problème est alors de trouver les moyens
de vous préserver de l’épuisement physique
PROCHES
DOSSIER
LE JOURNAL DE
L’INSTITUT CURIE ,09
Image 100
AIDER : OUI, MAIS COMMENT?
PROCHES DE MALADES
AIDER : OUI, MAIS COMMENT?
Que l’on soit ami,
parent, conjoint…
être proche de
malades n’est pas
chose facile.
Les conseils éclairés
sont souvent
les bienvenus.
h
Comment aider, soutenir une personne atteinte d’un cancer ? Comment gérer
la vie au quotidien lorsque la maladie s’ajoute à la complexité des rapports humains ?
Il n’y a pas de recette miracle, chaque situation est unique. Mais comme aucun proche,
aussi aimant soit-il, ne saurait tout assumer sans se faire aider, nombre de dispositifs
d’accueil, d’écoute, d’information et d’orientation leur sont désormais destinés.
Des troubles persistants atteignent
votre conjoint, votre enfant, un parent,
votre meilleure amie. Une consultation
médicale. Des examens. Peut-être un
cancer? Redouté, le diagnostic tombe,
c’est le choc. L’annonce de la maladie bouleverse,
sidère, les mots se dérobent, l’existence est subi-
tement remise en cause. C’est un traumatisme pour
la personne malade, mais aussi pour son entourage,
pour vous-même.
■ ■ ■
Plus proches l’un de l’autre, nous découvrions
pourtant la solitude et la fragilité dans ce qui s’éprouve
sans pouvoir véritablement se le communiquer. 1Complétant la collection Sor Savoir Patient*,
la publication du guide Vivre auprès d’une
personne atteinte d’un cancer est prévue
pour la fin de l’année 2005. « Ce guide
est réalisé par une équipe pluridisciplinaire
(cancérologues, psychiatres, psychologues,
professionnels paramédicaux, linguistes, etc.)
sur la base d’une analyse des informations
existantes sur le sujet et des expériences
des différents professionnels impliqués »,
explique Julien Carretier, de la Fédération
nationale des centres de lutte contre le
cancer. Parmi les têtes de chapitres de cet
outil d’information élaboré à l’attention
des proches de malades : les relations aux
différentes étapes de la maladie, le secret
médical, les besoins exprimés par les
proches, mieux communiquer, le cas des
familles qui interdisent de dire la vérité au
patient, l’équilibre familial pour les enfants,
la lutte contre l’épuisement, mieux connaître
les différents professionnels de santé.
En outre, le guide regroupe une multitude
d’adresses utiles et un glossaire médical
à la portée du grand public.
S. M.
* Le Sor (standards, options et recommandations)
Savoir Patient est un programme mené depuis 1998
par la Fédération nationale des centres de lutte contre
le cancer, en collaboration avec la Ligue contre le cancer,
la Fédération hospitalière de France, la Fédération
nationale de cancérologie des centres hospitaliers
régionaux et universitaires et la Fédération française
de cancérologie des centres hospitaliers généraux.
Se procurer les guides Sor Savoir Patient
hSur Internet : www.curie.fr,
www.fnclcc.fr et www.ligue-
cancer.asso.fr
hEn allant au centre de lutte contre
le cancer de votre région, à l’occasion
d’une consultation et dans certains Eri
(Espaces de rencontre et d’information).
hPar courrier à la Ligue contre le cancer :
14, rue Corvisart, 75013 Paris
VIVRE AUPRÈS D’UNE
PERSONNE ATTEINTE D’UN
CANCER : SUIVEZ LE GUIDE!
Les conjoints, les proches ne sont pas suffisamment prévenus
des changements de caractère de comportement des malades. 2
1. Postface d’E. Hirsch dans Le Temps d’un cancer. Chroniques d’un méde-
cin malade, Sylvie Froucht-Hirsch, éd. Vuibert, 2005 (Lire aussi p.10).
2. Le Livre blanc des I
ers
États généraux des malades du cancer, la Ligue
contre le cancer, éd. Ramsay, 2000.
C. Charré/Institut Curie
JIC63_8-14-SRVD 17/08/2005 15:33 Page 8
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