Les interrogations sur les tulipes rouges des Arras

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Les interrogations sur les tulipes rouges des Arras
Sans fleurs la vie serait triste, une réflexion sur l’histoire locale ne peut pas oublier les « tulipes rouges
des Arras ». Ces petites tulipes précoces étaient autrefois nombreuses, la mécanisation et la chimie ont
nettement réduit leur présence, leur « cueillette » est interdite. Actuellement, quelques deux cents pieds
subsistent sur dix sept hectares : La Tulipa Raddii Reboul figure sur la liste des espèces menacées à enjeu
européen - ZNIEFF de type 1.
Diverses hypothèses ont été émises sur son implantation, la tradition veut que la présence des ces fleurs
soit liée à celle des moines au Moyen Âge.
Ceci nécessite quelques rappels historiques :
- vers l’an 1000 : Aouste est rattaché au royaume de Bourgogne ;
- 1098 : fondation de l’abbaye de Citeaux en Bourgogne ;
- 1137 : fondation des abbayes cisterciennes de Léoncel (qui aura des terres dans le Valentinois) et
d’Aiguebelle ;
- le duc de Bourgogne est aussi comte des Flandres et de l’Artois, Philippe le Hardi, après 1404
renforce son alliance avec le Saint-Empire Romain Germanique, Jean sans Peur renforce son alliance
avec la Hollande ;
- 1550 : destruction de couvents et monastères dans la vallée de la Drôme par le duc de Montbrun.
Voici donc la première hypothèse :
Des habitants, des membres d’un couvent d’Aouste ou de la région auraient été en contact avec d’autres
moines ou des militaires dépendant des ducs de Bourgogne et auraient commercialisé des tulipes; cellesci servant de monnaie d’échange - et de contrebande ou de spéculation - ainsi de 1634 à 1637 le prix
des bulbes a augmenté de 5 900 % en Hollande (1). La culture est aussi liée aux réseaux de canaux
d’irrigation, à la qualité et à l’entretien des sols ainsi qu’aux contacts commerciaux.
Une seconde hypothèse est aussi émise:
Histoire et Patrimoine Aoustois
La tulipe des Arras pourrait ressembler aux tulipes de l’île grecque de Kithira, elle semblerait être liée à
la présence grecque à Aouste sur la Route de l’Étain (500 av. J.-C.).
Dans la mythologie grecque, Tulipe, fille du Dieu Protée était convoitée par Vertumne. Ce dieu avait
peu de succès auprès de Tulipe. Vertumne, se changea en chasseur et piégea Tulipe dans les bois. Diane,
déesse de la chasse, la sauva en la transformant en une fleur qui se plante en automne et fleurit au
printemps.
Cette hypothèse devrait pouvoir être étudiée par un botaniste ; avons-nous des différences entre les
tulipes originaires de Turquie - et ayant voyagé en Hollande - et les tulipes des Arras ?
Par ailleurs la culture des tulipes en Hollande ne s’est généralisée qu’au tout début du XVIe siècle - ce
qui nuance encore l’hypothèse première, sans totalement l’annuler. A Aouste comme ailleurs, les moines
ont pu développer une culture préexistante, l’art des jardins intégrant alors les apports des civilisations
grecques, romaines et arabes. Le jardin n’était alors qu’une illustration de la liaison indispensable entre la
vie matérielle, sociale et spirituelle.
Notes et sources
1 - Jacques Trauman : « Tulipes : quand les bulbes dégénèrent en ‘bulles’ », Le Monde, 05/08/2013.
A consulter le document sur l’évolution des jardins à travers les âges: www.chateauquierzy.org
Puisque tout va mieux en le disant avec des fleurs, il est aussi utile de savoir que le sud de la commune
d’Aouste et le sud de Mirabel-et-Blacons abritent d’importantes zones d’orchidées: notamment l’«
Ophrys lutea », répertoriées en 2010 (dans le Bulletin de la société Française d’Orchidophilie RhôneAlpes, n° 23, 2011).
René Descours
Histoire et Patrimoine Aoustois
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