la gestion actif-passif dans une compagne d`assurances

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LA GESTION ACTIF-PASSIF
DANS UNE COMPAGNE D’ASSURANCES
Mr HOCINE BELHIMER
CADRE D’ETUDES CAAT ASSURANCES
La gestion Actif-Passif dans une compagnie d’assurance – Hocine BELHIMER -
Introduction Générale
L'assurance est une activité financière spécifique, ce qui rend la
politique de gestion des actifs d’une compagnie d’assurance différente de
celle d’une société ordinaire. En effet, en plus des considérations de
rentabilité et de sécurité des actifs, un gestionnaire des actifs d’une
compagnie d’assurance doit prendre en considération aussi à la
solvabilité de cette dernière. Ce qui nécessite la coordination des
décisions de production qui se matérialisent par l’augmentation des
engagements de l’assureur inscrites au passif de son bilan, et les
décisions de placement impacte l’actif de bilan.
L’absence d’une gestion actif/passif aussi bien au sens de l’analyse
que de l’action est pour beaucoup dans les difficultés rencontres par les
sociétés d’assurance et les fonds de pension depuis la fin des années 1980
dans différents pays : couverture d’engagements certains par des espoirs
de plus-values, prolongation de la tendance passée, absence d’examen de
scénarios d’évolution des actifs et des passifs…etc.
Cette gestion dynamique de l’actif et du passif de la compagnie par
des techniques A.L.M (pour l’anglais Asset And Liability Management)
permet de maximiser les rendements financiers générés par les provisions
techniques, et de diminuer d’autant les primes. Très succinctement, les
techniques A.L.M tendent à faire correspondre les maturités de l’actif et
du passif. La stratégie consiste tant à conserver liquide la totalité des
primes encaissées étant loin d’être optimale, il s’agit donc de sélectionner
des placements dont les échéances permettront de faire face aux
obligations futurs.
La présente étude vise à définir la gestion Actif-Passif comme
méthodologie de gestion d’une compagnie d’assurances au sein de
laquelle s’insère la gestion des actifs ou plus précisément l’allocation
d’actif de l’assureur, En d'autres termes, nous posons les questions
suivantes :
- Qu’elle est la particularité de l’analyse financière appliquée
aux entreprises d’assurances ? ;
- Qu’est ce qu’on entend par la gestion Actif-Passif d’une
compagnie d’assurance ? Est il opportun, nécessaire ou
indispensable pour une entreprise d’appliquer une politique de
gestion Actif-Passif ?
- Quels sont les risques auxquels elle permet de faire face ?
- Quels sont les apports de la gestion Actif- Passif ? Ses
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La gestion Actif-Passif dans une compagnie d’assurance – Hocine BELHIMER -
méthodes ? Et ses résultats ?
- Est-ce que le respect des engagements réglementaires et des
règles prudentielles induit une bonne gestion Actif-Passif ?
- Comment peut on évalué une entreprise d’assurance ?
- Quels sont les répercutions de ces nouvelles exigences sur la
gestion des actifs de l’entreprise d’assurance ?
Pour se faire on a distribué notre intervention au tour de trois parties :
 Partie I : Particularité de l’analyse financière appliquée aux
entreprises d’assurance.
 Partie II :La gestion actif-passif d’une compagnie
d’assurance.
 Partie III : Cas pratique de la gestion passif-actif dans une
compagnie d’assurance.
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La gestion Actif-Passif dans une compagnie d’assurance – Hocine BELHIMER -
PARTIE I :
Particularité de l’analyse financière appliquée aux entreprises
d’assurance
L'assurance est une activité financière spécifique, caractérisée par :
I.L’inversion du cycle de production :
Lorsqu’une entreprise souhaite commercialiser un nouveau produit ou
service, elle fixe son prix de vente en regard à son prix de revient. La
seule inconnue reste alors le chiffre d’affaires, à savoir le nombre de
biens ou services qui vont être vendus.
II.La transformation négative :
L’assureur finance, quant à lui, ses emplois longs et courts à moyen et
long terme. D’où, le phénomène de transformation négative émane
essentiellement de la particularité du passif du bilan assurantiel et des
risques qui en découlent.
III.La tarification et ses implications :
l’assureur doit inciter, à travers son circuit de distribution, de bien
vérifier les risques à assurer pour lui permettre de bien tarifier les
prestations en cas de survenance de risques ;
Les informations collectées doivent être réellement liées au risque
tarifié, afin de disposer d’un bon indicateur du risque encouru.
IV.L’asymétrie d’information, (l’aléa moral et la sélection adverse) :
Représentant l’une des difficultés majeures dans la relation entre
l’assureur et l’assuré, l’asymétrie d’information résulte des deux cas
suivants à savoir :
- L’aléa moral ou hasard moral qui lié au fait que l’assureur
ignore ce que sera l’attitude de l’assuré face au risque, ce dernier
est susceptible de modifier son comportement vis-à-vis du
risque une fois assuré ;
- La sélection adverse ou l’anti sélection qui résulte du fait que
l’assuré possède une meilleure information que l’assureur sur le
risque que ce dernier doit couvrir.
V. Localisation des risques techniques sur les passifs :
Cette inversion du cycle de production conduit les sociétés
d’assurance à disposer des ressources permanentes abondantes
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La gestion Actif-Passif dans une compagnie d’assurance – Hocine BELHIMER -
(provisions techniques) qui leurs permettent d’effectuer des
provisions.
Ces dites provisions sont destinées à couvrir les sinistres dont le
caractère est aléatoire, ce qui peut provoquer des pertes sévères d’où
le risque technique du passif.
VI. Mécanisme économique de la réassurance :
La couverture de réassureur procure à l’assureur direct une sécurité
qui lui permet de s’engager plus résolument dans la souscription de
grand nombre de contrats de même au niveau financier certains
réassureurs affirmes que la réassurance constitue pour l’assureur une
source de financement à bon marché.
VII.
Structure du bilan d’une compagnie d’assurance :
Tableau N°1 : Structure du bilan d’une compagnie d’assurance
ACTIF
Valeurs immobilisée :
- Terrains, immeubles…valeurs
mobilières
Et prêts admis en présentation des
provisions techniques, Titres de
participations,
dépôt
et
cautionnement, Valeurs remises par
les réassureurs.
Part de réassureur dans les provisions
techniques
- Valeurs réalisable et disponible
Co-et réassurance, agents
techniques.
- Titre de placement, banque et
caisse
PASSIF
Capitaux et réserves
9%
Dettes à long terme
9%
Provisions
Et assurés, autre débiteur
74%
- Provision de primes
- Provision de sinistres
Dette à court teme
8%
D’après le bilan mentionné ci-dessus, on retient les principaux éléments à
savoir :
5
La gestion Actif-Passif dans une compagnie d’assurance – Hocine BELHIMER -
1.
Capitaux permanents.
Ils comprennent le capital social pour les sociétés anonymes ou les
fonds d’établissement pour les mutuelles d’assurances, les réserves
réglementaires et les réserves pour fluctuation de taux de change et
capitalisation.
Cependant les capitaux propres ne constituent dans l’ensemble que de 8 à
9% du total du passif du bilan.
2.
Dettes à court terme.
Elles couvrent les opérations les plus courantes avec les services de
distributions (agents et courtiers).
3.
Les provisions techniques.
Elles sont dites techniques parce que leur constitution répond à la
nécessité pour l’assureur de faire face à tout moment à ses engagements
et que leur évaluation tient compte des règles techniques.
Elles constituent les comptes de l’épargne qu’a dû accumuler une
entreprise d’assurances à la date de l’inventaire pour qu’elle puisse faire
face à l’avenir à ses engagements envers les assurés et bénéficiaires de
contrat, elles représentent de 70 à 80% du total du passif.
De cette définition il ressort que Les provisions sont des corrections
comptables apportés à l’inventaire et destinées à constater :
- Une moins-value sur un élément d’actif : provision pour
dépréciation ;
- Une perte ou une charge prévisible : provision pour risque et
charges ;
- Une dette certaine, estimée ou évaluée à l’égard de tiers :
provisions techniques d’assurance.
Notant que seul l’actif représentant les provisions techniques est
réglementé. Lorsqu’elle a satisfait à ces conditions réglementaires,
l’entreprise compagnies d’assurances peut placer librement les fonds
restant disponibles.
La représentation de ces dites provisions technique diffère selon la
législation, en effet, chaque pays prévoie une liste d’actifs admis en
représentation des engagements techniques selon ses propres
considérations et impératifs économiques et légaux.
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La gestion Actif-Passif dans une compagnie d’assurance – Hocine BELHIMER -
VIII. La marge de solvabilité contexte et principes.
Par définition, une compagnie d’assurances se doit d’être solvable,
c’est-à-dire suffisamment solide financièrement pour respecter les
engagements qu’elle a envers ses assurés et ses autres créanciers.
Plus précisément, la solvabilité peut être définie à partir de deux angles
de vue :
– la possibilité qu’à une entreprise de respecter ses obligations
financières en termes de paiement de prestations, d’intérêts et
d’amortissements des dettes ;
– le fait de disposer d’un tampon financier suffisant pour couvrir les
risques, frais et pertes imprévus sans mettre en péril la pérennité de
l’entreprise.
Les pouvoirs publics ont édicté un ensemble de dispositions
comptables et de règles de gestion prudentielles qui visent à assurer la
solvabilité des compagnies d’assurances. Il existe donc des règles
concernant la constitution de provisions et de réserves qui sont
complétées par une exigence portant sur le niveau des fonds propres.
1.
Critique de la marge de solvabilité actuelle.
Les critiques formulées à l’encontre de la marge de solvabilité actuelle
sont quantitatives mais également qualitatives :
a. Critiques quantitatives :
- Si prend comme seule et unique référence le passé et fait donc
l’hypothèse que le passe est un bon guide pour estimer le futur sans
ajustement. La vision est uniquement rétrospective ;
- Si n’opère pas de distinction entre les risques, qu’elle que soit leur
volatilité à l’intérieur d’une même branche (seul le montant
souscrit impacte le calcul) ; si n’opère pas de distinction entre
assureurs et réassureurs ;
- Si ne porte que sur le montant espère des provisions techniques ;
- Si ne pénalise pas les entreprises qui sous-provisionnent ou qui
sous-tarifient les risques, mais pénalise les entreprises qui surprovisionnent.
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La gestion Actif-Passif dans une compagnie d’assurance – Hocine BELHIMER -
b. Critiques qualitatives :
- Aucune surveillance n’est exercée sur le contrôle interne (pistes
d’audit, méthodes de gestion…..). l’aspect qualitatif est
complètement négligé ; si ne satisfait pas aux exigences
internationales et notamment aux normes USGAAP et IAS-IFRS ;
- Si est moins complet que d’autres systèmes de surveillance de
solvabilité internationaux, ce qui pousse les pays de l’union
européenne à développer leur propre modèle et remet en cause
l’harmonisation des normes.
2.
Les réformes :
On assiste depuis le début du siècle en cours à plusieurs projets de
réformes qui ont touché toute l’activité financière, ces travaux visent à
renforcer la solvabilité et la stabilité des institutions financières tout en
les dotant des moyens leurs permettant d’améliorer leurs rentabilités.
L’activité d’assurances a aussi été touchée par cette vague de réformes.
En effet, on assiste à des évolutions aussi bien dans les règles
réglementaires, comptable (effort de normalisation), prudentielle, que
dans les techniques de gestion et de pilotage utilisées.
a. Evolutions réglementaires récentes.
En 1999, de nouvelles exigences réglementaires en matière de gestion
Actif-Passif sont apparues en France, leur objectif est double :
-
Déclencher une réflexion en matière de gestion Actif-Passif là où
elle n’existe pas encore ;
-
Formaliser l’évolution des risques financiers auxquels sont
exposées les sociétés d’assurances.
C’est ainsi que sont apparus le rapport de solvabilité et l’état trimestriel
T3.
b. Le rapport de solvabilité.
Depuis la loi n°98-546 du 2 juillet 1998, les entreprises d’assurances
françaises doivent établir un rapport de solvabilité. Ce document de
synthèse, établi à la clôture de chaque exercice et adopté par le conseil
d’administration ou le directoire de l’entreprise, présente les politiques
suivies et les résultats obtenus en matière de provisionnement, de gestion
financière et d’équilibre Actif-Passif. Il doit ainsi permettre d’identifier
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La gestion Actif-Passif dans une compagnie d’assurance – Hocine BELHIMER -
les facteurs de vulnérabilité et leur incidence à moyen ou long terme sur
la solvabilité de l’entreprise d’assurance.
- Contenu réglementaire du rapport de solvabilité.
Le rapport de solvabilité contient obligatoirement une analyse des
conditions dans lesquelles l’entreprise est en mesure, à moyen et long
terme, de faire face à l’ensemble de ces engagements, il doit aborder les
thèmes suivants :
 Expose les conditions dans lesquelles l’entreprise garantit les
engagements qu’elle prend à l’égard des assurés, par la
constitution des provisions techniques suffisantes dont les
modalités de ce calcul et les hypothèses retenues sont explicitées
et justifiées ;
 Rappel les orientations définies en matière de placements ;
 Présente et analyse les résultats obtenus ;
 Indique si la marge de solvabilité est constituée conformément à
la réglementation en vigueur.
- Recommandations des organisations professionnelles.
Ces recommandations peuvent être regroupées selon 4 thèmes :
 Les provisions techniques : il s’agit d’expliquer les modalités
de calcul et de justifier que ces provisions sont suffisantes pour
couvrir l’intégralité des engagements futurs ;
 La gestion financière : il s’agit de rappeler les procédures de
contrôle, les orientations définies en matière de placements
(objectif de performances, contraintes en matière de volatilité et
de sensibilité, limites en termes de dispersion, sélection de
benchmarks, qualité des actifs) , les résultats obtenus
(contribution du résultat financier au résultat comptable,
situation et évolution des plus values potentielles, méthodes de
calcul des performances) et d’analyser les résultats des
placements (comparaison des performances aux objectifs,
méthodes d’attribution des performances, comparaison des
niveaux des risques) ;
 La marge de solvabilité : il s’agit de présenter un commentaire
de l’état réglementaire (état C6) qui détaille le calcul de la
marge et du niveau minimum réglementaire, de montrer
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La gestion Actif-Passif dans une compagnie d’assurance – Hocine BELHIMER -
l’évolution de la couverture de la marge de solvabilité et de
présenter la politique de l’entreprise en matière de gestion du
niveau de la marge de solvabilité ;
 Les perspectives : il s’agit de construire des scénarii qui
pourraient remettre en cause la solvabilité de l’entreprise. Ces
simulations devraient intégrer les risques de taux, de marché, de
liquidité, de rachat, de mortalité, etc. les méthodes de gestion
financières (outils de contrôle de la volatilité, de couverture,
justification de l’allocation stratégique d’actifs, etc.) doivent
faire l’objet d’une description. En plus, les politiques de
participation aux bénéfices et de réassurance doivent être
indiquées. Enfin, une prévision du chiffre d’affaires, des
résultats technique et financier doivent également être incluses
dans le rapport de solvabilité.
c. L’état T3.
L’état T3 est un document réglementaire que toutes les entreprises
d’assurances en France doivent renseigner à la fin de chaque trimestre et
transmettre à la commission de contrôle des assurances.
Dans cet état sont indiqués les effets d’une évolution des taux d’intérêts,
des cours d’actions et des valeurs des actifs immobiliers sur la valeur de
marché des placements mais également sur la valeur des engagements de
l’assureur inscrits au passif de son bilan.
- Les insuffisances.
 En ne reprenant pas l’exhaustivité des actifs admis en
représentation des provisions techniques ni l’ensemble de ces
provisions techniques, la présentation de l’état T3 ne permet pas
de conclusion directe ;

L’état T3 permet aujourd’hui un grand nombre d’interprétations,
ce qui a deux conséquences :
 l’hétérogénéité des informations entre les sociétés (et même
au sein d’une même société ayant plusieurs systèmes de
gestion) ;
 la recherche systématique par les entreprises des conditions
de simulations qui leur paraissent les plus favorables ;
 certaines compagnies ont mis en place depuis plusieurs années
des outils de gestion
Actif-Passif plus ou moins évolués. Ces
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La gestion Actif-Passif dans une compagnie d’assurance – Hocine BELHIMER -
outils permettent le plus souvent des analyses beaucoup plus
précises que ce qui peut être retiré de l’état T3. certaines
sociétés pourraient donc se trouver dans la situation paradoxale
de disposer d’outils parfaitement adaptés à leur besoin de
contrôle et de maîtrise de leurs risques à moyen et long terme et
de ne pouvoir remplir correctement l’état T3 ;
 Tels que sont construits et présentés les tableaux de l’état T3, il
semble que les effets de la réassurance n’aient pas été prévus.
Cela concerne tout d’abord les engagements qui peuvent être
évalués bruts ou nets de réassurance ;
 Non-prise en compte des lois de rachat : Dans le cadre d’une
gestion Actif-Passif des flux d’actifs et de passif, il faut au
contraire être le plus proche possible de la réalité et donc
prendre en compte des rachats futurs(même si la projection du
comportement des assurés est parfois difficile).
d. Le Projet Solvabilité II.
La réforme du système européen de solvabilité des entreprises
d’assurance est entrée dans sa phase active. Comme « Bâle II » pour le
secteur bancaire, la directive « Solvabilité II » nécessite une préparation
bien en amont et doit faire l’objet de toute l’attention des entreprises
d’assurance.
La Commission européenne a proposé, un projet de directive-cadre
«Solvabilité II» qui a pour but de mettre à jour le système européen de
solvabilité des entreprises d'assurance. Cette directive devrait
radicalement modifier la gestion des risques pour les assureurs
européens.
- Objectifs de Solvabilité II.
 Les Consommateurs :
L’objectif de Solvabilité II est avant tout de permettre une meilleure
absorption des risques auxquels sont confrontés les différents acteurs de
la société. Le niveau des exigences en capital demandé aux assureurs
risque, s'il est trop élevé, de réduire l'offre pour les consommateurs,
d'augmenter les tarifs des assurances ou encore d'exclure certains
consommateurs. La réforme vise donc, entre autres, à intégrer davantage
le marché européen de l’assurance, afin de permettre à chaque compagnie
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La gestion Actif-Passif dans une compagnie d’assurance – Hocine BELHIMER -
d’assurance européenne de tirer les avantages du marché unique et
d’abaisser les coûts de couverture.
 Les Entreprises :
L'autre objectif de cette réforme est également d’améliorer la
compétitivité des grandes sociétés d’assurance par rapport à leurs
concurrentes américaines et asiatiques. Un sondage réalisé par le CEA
auprès de 442 entreprises indique que 60% d’entre elles considèrent que
la réforme augmentera les possibilités de créer des couvertures
paneuropéennes. De plus, 65% d’entre elles s’attendent à ce que le texte
permette plus d’innovation.
Cependant, pour les plus petites entreprises, le modèle proposé pour
calculer le capital nécessaire à l’absorption des risques peut s’avérer trop
sophistiqué. Le projet de directive prévoit donc une approche standard.
La mise en œuvre de ces mesures demande du temps. Il ne s'agit pas
seulement d'un calcul mais aussi, d'une refonte du mode d'organisation de
l'entreprise. Celle-ci doit placer la gestion du risque au centre de ses
préoccupations, quelque soit le résultat du calcul en lui-même.
En principe, « Solvabilité II » comprend un éventail d'éléments bien
plus large que « Solvabilité I », mais également des approches plus
complexes en matière de solvabilité.
De plus, « Solvabilité II » soulève de véritables problèmes théoriques
et pratiques dont l’ampleur englobe et dépasse les difficultés identifiées
dans le cadre de l’élaboration des normes IFRS, Notamment en ce qui
concerne l’évaluation des engagements techniques des entreprises
d’assurance.
Cette réforme devrait encourager et même inciter les entreprises
d'assurance à identifier, mesurer et gérer leurs risques (assurance, crédit,
marché, liquidité, opérationnelle) et assurer ainsi une allocation optimale
des capitaux propres.
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La gestion Actif-Passif dans une compagnie d’assurance – Hocine BELHIMER -
PARTIE II :
La gestion Actif-Passif d’une compagnie d’assurance
Les assureurs sont exposés à des risques inhérents aux actifs qu’ils
détiennent, à leurs engagements et aux corrélations entre les deux. La
gestion Actif-Passif constitue un cadre permettant d’évaluer et de
maîtriser ces risques de manière systématique et efficace.
I.
Définition :
La gestion Actif-Passif désigne un mode de gestion visant à
coordonner les décisions relatives à l’actif et au passif, il s’agit donc d’un
processus continu, impliquant la formulation, la mise en œuvre, le
contrôle et la révision de stratégies se rapportant à l’actif et au passif dans
le but d’atteindre les objectifs financiers, compte tenu d’une certaine
tolérance au risque et de certains contraintes.
II.
Objectifs :
Les objectifs de la gestion Actif-Passif d’une compagnie d’assurance
sont les suivants :
- Agir sur la composition du bilan :
Le fait générateur d’un contrat d’assurance et l’émission d’une
cotisation. Corrélativement il ya naissance d’un engagement envers
l’assuré inscrit au passif, qu’il s’agit de couvrir par des actifs appropriés.
En conséquence, pratiquer une gestion Actif-Passif, c’est déterminer
l’allocation optimale des actifs pour un passif donné.
Cette approche s’impose pour la gestion d’une activité ancienne ayant
conduit à l’enregistrement de passif à l’égard de la clientèle : si la
composition du bilan n’est pas satisfaisante, seuls les actifs qui sont des
instruments de marché peuvent être modifiés de façon relativement
simple.
La gestion Actif-Passif se conçoit donc comme un problème de
maximisation sous contrainte, ayant pour double objectif :
- D’une part, d’optimiser le retour sur fonds propres (variable à
maximiser) ;
- D’autre part, de maîtriser les risques financiers (contrainte à prendre en
compte).
- Optimiser le retour sur fonds propres :
La variable à maximiser est le retour sur fonds propres, qui s’impose
comme la seule mesure permettant de juger la performance globale d’une
activité ou d’une société. En effet, seul le rendement des fonds propres
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La gestion Actif-Passif dans une compagnie d’assurance – Hocine BELHIMER -
permet la synthèse des critères de volume et de prix, c’est des critères à la
fois commerciaux et financiers.
- Maîtriser les risques financiers :
Les risques financiers (de placement) concernent principalement les
obligations (risque de taux) ainsi que les actions et les immeubles (risque
de marché).
III.
Quelques cas de faillite imputables à la mauvaise Gestion
Actif-Passif :
Un assureur qui ne coordonne pas ses stratégies en matière d’actif et
de passif court au désastre. Nissan Mutuel Life, un assureur japonais qui
comptait 1,2 millions d’assurés et dont les actifs s’élevaient à 2000
milliards JPY (17 milliards USD) en constitue un bel exemple. La
compagnie vendait des rentes individuelles rémunérées à 5% voire 5,5%,
sans couvrir ces engagements. Lorsque le rendement des obligations
d’Etat a chuté à un taux planché record, un écart important s’est creusé
entre la rémunération pour laquelle la compagnie s’était engagée et le
rendement de ses propres placements.
En 1997, la compagnie a déposé son bilan, c’était le premier assureur
japonais à faire faillite en cinq décennies. Ses pertes se sont élevées à 300
milliards JPY (2,5 milliards USD)
Deux ans plus tard, un léger décalage entre l’actif et le passif a très
fortement déstabilisé General Américain Life, sise à Saint-Louis (EtatsUnis), au terme de 66 ans d’activité, alors que la compagnie comptait 14
milliards USD d’actifs et figurait parmi les cinquante premiers assureurs
du pays. Le vendredi 30 juillet 1999, Moody’s Investors Service a
rétrogradé sa notation de A3 à A2, au regard de ses engagements et de sa
puissance financière. Ce déclassement a provoqué une crise de confiance,
accompagnée d’une ruée vers les banques, en conséquence de quoi l’Etat
a placé la compagnie sous tutelle.
Au cœur de la crise : 6,8 milliards USD de titres d’emprunts, en
l’occurrence des titres de financements à court terme (short terme
funding agreements) émis par la compagnie. Non seulement les titres
étaient rémunérés à un taux très intéressant, mais les investisseurs
pouvaient en demander le remboursement dans les sept jours. Par le
passé, très peu d’investisseurs, pour la plupart des gestionnaires de fonds,
avaient invoqué cette clause.
Quelques heures après le déclassement, plusieurs gestionnaires de
fonds sollicitaient déjà le remboursement de prés de 500 millions USD.
14
La gestion Actif-Passif dans une compagnie d’assurance – Hocine BELHIMER -
General American Life qui détenait 2,5 milliards USD de liquidités, a pu
satisfaire ces demandes sans difficulté.
Cependant, dans les jours qui ont suivi, d’autres investisseurs ont aussi
demandé à être remboursés, pour 4 milliards USD au total. Se trouvant
dans l’impossibilité de vendre des actifs suffisamment vite pour répondre
aux besoins sans gravement menacer son capital, la compagnie a
demandé à être placé sous tutelle de l’Etat .
Ces faillite sont la conséquence de l’exposition de ces assureurs aux
risques : risques du taux d’intérêts, risque de non corrélation entre l’actif
et le passif,…etc.
Ainsi, il serait opportun de présenter les différents risques auxquels
s’expose une compagnie d’assurance.
IV.
Les principaux risques auxquels s’expose une compagnie
d’assurance :
L’activité d’assurance est par nature une activité risquée : la fonction
économique globale des entreprises d’assurance est d’assumer des
risques qu’une personne physique ou morale ne pourrait supporter en
mutualisant un grand nombre de risques similaires. Néanmoins, une
entreprise d’assurance est elle-même exposée à un certain nombre de
risques globaux qui peuvent menacer son existence et, dans des cas
extrêmes, la ruiner. Pour cela, la société d’assurance doit être en mesure
de se prémunir contre les risques suivants :
- Les risques techniques ;
- Les risques de comportement (des assurés et des distributeurs) qui
incluent notamment le risque de liquidité ;
- Les risques de placement ;
- Les risques de solvabilité (comptable).
Ces risques sont fortement dépendants. Pour se couvrir contre leur
réalisation, il est nécessaire d’avoir une vision d’ensemble et de ne pas
traiter séparément le passif et l’actif.
V.
Principales méthodes de Gestion Actif-Passif.
Il y a lieu de signaler au départ que les méthodes utilisées en
assurance vie sont différentes de celles utilisées en assurances non vie :
1.
Les Techniques De La Maîtrise Du Risque De Taux
D’Intérêts :
a.
La technique de l’évaluation du cash-flow.
15
La gestion Actif-Passif dans une compagnie d’assurance – Hocine BELHIMER -
En 1986, les autorités de contrôle de l’Etat de New York ont adopté le
règlement n° 126 pour combattre les risques techniques inhérents aux
produits sensibles aux taux d’intérêts.
Par l’application de ce procédé, qui correspond à l’appellation anglosaxonne Cash Flow Testing, un actuaire qualifié de la compagnie
d’assurance doit établir un « mémorandum actuariel » dans lequel il doit
notamment tenir compte des multiples effets d’une variation des taux
d’intérêts (stress Testing) sur les éléments du passif (taux de rachat des
polices, primes additionnelles) et de l’actif (remboursement anticipé de
titres nantis en garantie), ce qui implique d’évaluer l’impact potentiel de
sept scénarios de taux d’intérêt (ces scénarios ont été suggérés par le
règlement 126 pour le taux des emprunts d’Etat).
Cette technique facilite l’identification des problèmes potentiels en
montrant, par exemple, que la hausse des taux d’intérêt provoque une
augmentation du taux de chute ou qu’une baisse des taux d’intérêts réduit
les bénéfices en comprimant le Spread. Cette approche a pris de
l’importance du fait que Moody’s l’utilise pour vérifier si les éléments
d’actif d’un assureur sont suffisamment coordonnés à ses engagements.
Cependant, elle à un inconvénient important, elle peut être manipulée
de telle sorte qu’elle produise les conclusions désirées. Une société qui
obtient de mauvais résultats avec certains scénarios peut donc les écarter,
arguant qu'ils sont hautement improbables.
Les sociétés peuvent aussi définir des hypothèses de départ qui
assouplissent les tests pour satisfaire aux normes réglementaires ce qui
remet en cause leur utilité. Les modèles de CFT ne mesurent que le
risque de taux d’intérêt, même si d'autres types de risques, tels que les
risques commerciaux, de change ou de fluctuation des cours, ont une plus
grande incidence pour certains assureurs.
b.
L’harmonisation des flux de trésorerie.
L’harmonisation des flux de trésorerie ou «Cash Flow Matching» est
la techniques qui consiste à éliminer le risque de taux d'intérêt auquel
certains de ses actifs sont exposes, en alignant simplement ses
engagements sur des actifs générant des flux de trésorerie identiques.
Il s’agit d’adosser l’actif au passif de telle sorte que les flux financiers
nets (la somme des cash inflows positifs de l’actifs et des cash outflows
négatifs du passif) soient positifs ou nuls.
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La gestion Actif-Passif dans une compagnie d’assurance – Hocine BELHIMER -
Cependant, bien qu’elle permette d'éliminer le risque de taux d'intérêt,
les assureurs jugent cette démarche impossible ou irréalisable pour
plusieurs raisons :
- Imprévisibilité des flux de trésorerie :
Un des obstacles à l’application de cette méthode est le problème de
l'échéance des engagements. En assurance vie, les futurs flux de
trésorerie sont influencés par la gamme d'options (notamment le rachat
anticipé) dont bénéficient les assurés. En outre, l’évolution de facteurs
exogènes, tels que les taux de mortalité, a également un impact sur le
timing et le montant des indemnisations.
Pour les compagnies d'assurance non-vie, le nombre d'inconnues est
encore plus important.
L’évolution du résultat technique, du droit de la responsabilité civile
et des frais de santé peut avoir un impact considérable sur les flux de
trésorerie.
- L'harmonisation se fait aux dépens de la flexibilité :
Même quand il est matériellement possible d'harmoniser les cash-flows,
l'exercice peut se révéler trop contraignant.
Un assureur qui décide de coordonner exactement les mouvements à
l'actif et ceux au passif peut devoir accepter des obligations dont le
rendement est inférieur à ce qu'il aurait pu atteindre en tolérant un léger
décalage. Par ailleurs, se cantonner à un type d'obligations particulier
empêcherait l’assureur de saisir des opportunités restant à la portée de
concurrents plus souples, qui tolèrent un léger décalage.
En outre, la technique du cash flow matching ne permet pas de prévoir
des stratégies combinant des Actions dans le portefeuille en raison de
l’incertitude des flux générés par ces Actifs.
c.
L’immunisation.
Cette méthode, moins contraignante, consiste à coordonner la
sensibilité aux taux d'intérêt des éléments de l'actif et du passif, en sorte
de les «immuniser». L'idée est de se protéger contre les pertes causées
par une variation des taux.
On peut y parvenir en structurant un portefeuille de manière à ce que
l'impact d'une telle variation sur la valeur des engagements compense
l'impact sur les éléments de l'actif.
17
La gestion Actif-Passif dans une compagnie d’assurance – Hocine BELHIMER -
Le principe directeur de cette stratégie est la coordination des
échéances entre éléments de l'actif et du passif ; pour ce faire on a
recours à la duration.
2.
La méthode de l’analyse financière dynamique.
L'analyse financière dynamique (DFA) est une forme de Gestion ActifPassif qui a commencé à s'imposer dans les branches dommages/RC. Elle
permet à un assureur d'envisager différents scénarios et de voir leur
incidence selon les décisions qu'il prend.
Les modèles de DFA se composent essentiellement de cinq éléments :
Conditions initiales
Générateur de scénarios
Calculateur financier
Optimisateur
Résultats
- Les conditions initiales reflètent les performances de la société
examinée (volume de primes, sinistralité, etc.) et l'environnement
économique dans son ensemble (inflation, croissance du PIB, etc.)
Etant donné qu'elles font le lien entre la conjoncture actuelle et les
perspectives, les conditions initiales doivent tenir compte des
dernières évolutions et générer des résultats raisonnablement
modélisables.
- Le générateur de scénarios, cœur de tout modèle de DFA, construit
une série de scénarios plausibles sur la conjoncture en général, les
éléments d'actif de la société et ses engagements. Ce dispositif se
concentre sur une série déterminée de résultats présentant un intérêt
particulier et attache une distribution statistique à chaque variable
et génère des scénarios de manière aléatoire ou crée des scénarios
en fonction de corrélations théoriques et empiriques prédéfinies.
18
La gestion Actif-Passif dans une compagnie d’assurance – Hocine BELHIMER -
Les résultats des simulations sont souvent résumés sous la forme
de courbes de distribution. Généralement, on utilise la simulation
de Monté Carlos.
- Le calculateur financier transpose ces scénarios en résultats
financiers. La précision avec laquelle le calculateur procède dépend
de la question examinée. Les résultats financiers sont généralement
mesurés selon diverses bases comptables: législation, contraintes
fiscales et économiques.
- L’optimisateur, que de nombreux modèles de DFA emploient, utilise
une grandeur statistique récapitulative ou quelques statistiques pour
évaluer et opérer une sélection entre différentes stratégies.
La grandeur statistique récapitulative peut mesurer l'utilité, le
rendement des capitaux, comme le RAROC (risk-adjusted return
on capital ou rendement du capital ajusté au risque), la probabilité
d'atteindre un objectif particulier ou de devoir affronter une crise
grave (risque de faillite, par exemple).
Cette approche à deux variables implique souvent de tracer une
frontière efficiente, qui révèle la série de stratégies maximisant la
compensation financière pour un niveau de risque donné.
- Les résultats résument les leçons tirées des simulations. Ceux-ci
comprennent la distribution des grandeurs clés et quelques
indications quant au choix des variables qui affectent le plus les
résultats.
Toutefois, la Gestion Actif-Passif en assurance non vie appelée :
Dynamique Financial Analysis présente deux principales limites :
1. Elle n’offre de manière générale aucune prise sur les risques non
identifiées à la date d’étude ;
2. L’étape de modélisation et de simulation qu’elle requiert de faire de
nombreux choix de modèles et d’hypothèses, qui doivent pouvoir
s’appuyer sur des données exhaustives et fiables ; il en résulte une
très grande variabilité des résultats et des méthodes.
VI. L’évaluation d’une compagnie d’assurance.
Il s’agit de répondre à la question : Comment évaluer une
compagnie d’assurance ?
Tout organisme d’assurance devrait pouvoir évaluer sa richesse propre
et déterminer si cette richesse évolue favorablement, si elle est suffisante
pour assurer sa survie dans des circonstances défavorables, et si elle peut
19
La gestion Actif-Passif dans une compagnie d’assurance – Hocine BELHIMER -
être augmentée par une meilleure adéquation Actif-Passif ou par la
commercialisation de garanties différentes.
L’évaluation des portefeuilles d’assurance est réalisée en intégrant les
bénéfices (ou pertes) prévisibles dans le futur en fonction des actifs et des
passifs présents en portefeuille.
La méthode traditionnellement utilisée est l’Embedded value, mais
cette méthode est mal adaptée aux contrats d’épargne vie modernes, qui
comportent des options complexes exercées au gré des souscripteurs.
C’est pourquoi les actuaires travaillent sur de nouvelles techniques
d’évaluation comme la fair value.
VII. La mise en place d’une gestion Actif-Passif dans une
compagnie d’assurance :
La gestion Actif-Passif n’est pas seulement une analyse mais également
une action sur les postes du bilan pour rechercher l’équilibre à moyen et
long terme de l’institution. Il faut donc se poser la question des moyens,
de l’organisation et des systèmes d’information qui permettront de piloter
cet équilibre de l’institution.
1.
Organisation De La Fonction Actif- Passif :
- Le premier examen consiste alors en l’examen des gaps de
trésorerie. Il est complété par un contrôle élémentaire portant sur le
niveau des durations de l’actif et du passif (calculés au même taux).
- Le deuxième examen porte sur le bilan comptable simplifié et doit
conduire à la réalisation d’un bilan réévalué simplifié, qui, seule,
permet de justifier la comparaison entre la valeur de marché des
actifs et la valeur actuelle des passifs.
- La troisième étape consiste à réévaluer l’actif en valeur de marché
et le passif en valeur actuelle afin de calculer, d’une part, le surplus
et, d’autre part, le ratio de financement.
2.
Les Instruments De La gestion Actif-Passif :
l’allocation d’actif
Une fois passif connu, on peut vérifier la qualité de l’allocation d’actif
ou déterminer une allocation stratégique d’actif de référence par classes
d’actifs précisant :
- La part d’obligations à taux fixe et leur duration ;
- La part de titres à taux variable ou indexées sur l’inflation ;
- La part d’action ;
- Les tolérances acceptées au titre de l’allocation tactique.
a.
20
La gestion Actif-Passif dans une compagnie d’assurance – Hocine BELHIMER -
Si l’allocation d’actifs est pilotée, elle évitera de subir les mouvements
de marchés et de brades les actifs.
b.
les instruments financiers dérivés.
Pour se protéger contre certains risques financiers, les assureurs sont
amenés à utiliser des caps, des floors, des options de taux et certains
swaps ainsi que des titres intégrant des produits dérivés (produits
structurés, obligation indexées).
c.
La Mesure De L’adéquation Actif-Passif :
Un élément essentiel de succès du pilotage de la solvabilité et du bilan
par la gestion actif- passif est le comité Actif-Passif (composé par des
techniciens et des financiers).
La mesure de l’adéquation Actif-Passif ne peut être à un seul des
points suivants :
- un équilibre comptable ;
- un adossement des flux estimés traités comme s’ils étaient
certains ;
- un raisonnement de « gap » de trésorerie ;
- un équilibre de valeurs actuelles estimées à un niveau donné.
L’adéquation Actif-Passif doit être examinée sous toutes ses facettes
sans oublier les comptes de participation bénéficiaire et la rentabilité des
fonds propres.
Les difficultés principales tiennent au caractère de non-activité des
risques partiels et à la dépendance des variables entre elles.
Le ratio de financement est un concept très simple et très pédagogique
qui permet :
- d’expliquer facilement des problèmes complexes ;
- de mesurer les effets de différentes stratégies commerciales sur la
richesse de la société.
d.
les fonctions demandées à la gestion Actif-Passif :
Sur la base de la situation de la société à un instant donné, la
technique de gestion Actif-Passif doit récupérer les éléments comptables
et financiers réels.
Les calculs réalisés à partir de ces éléments permettent pour différents
scénarios :
- de projeter les comptes en fonction d’hypothèses sur l’actif et sur les
engagements ;
- de calculer les « gaps de trésorerie » ;
21
La gestion Actif-Passif dans une compagnie d’assurance – Hocine BELHIMER -
- de mesurer les effets de variations du niveau des taux sur le ratio de
financement.
 Gestion de portefeuilles.
Pour chaque canton éventuel ou pour l’actif général, toutes les
caractéristiques des valeurs mobilières et des prêts en portefeuille doivent
être renseignées.
 comptabilité.
Les principales informations comptables utilisées par la gestion ActifPassif sont :
 Les provisions mathématiques, canton par canton ;
 Les autres provisions techniques et dotations (exemples :
réserves de capitalisation) ;
 L’évaluation des actifs immobiliers par exemple ;
 Les engagements non techniques (dette fiscale…) et le bas du
bilan doivent être modifiés pour assurer la cohérence entres
les actifs et les engagements projetés.
Ces données permettent de reconstituer un bilan équilibré de l’activité
qui sert de support à la gestion Actif-Passif.
 chaînes passif.
Afin d’effectuer des simulations précises, il faut disposer des éléments
qui permettent de déterminer les flux futures de trésorerie générés par les
engagements, actuels ou à venir :
 Les caractéristiques des produits ;
 L’Age au moment de la souscription ;
 Le montant de l’épargne acquise et des capitaux sous risque ;
 Le taux garanti ;
 L’éventuelle durée de détention prévue initialement ;
 L’option de réversion (avec caractéristiques).
 Paramètres de simulation.
Nous allons décrire les variables qui peuvent éventuellement être utilisés
dans les simulations. Il ne s’agit pas de modifier la valeur des paramètres
à chaque simulation, mais de pouvoir intégrer une modification
réglementaire (taux technique, provision globale de gestion) ou de
réaliser des études de sensibilités.
22
La gestion Actif-Passif dans une compagnie d’assurance – Hocine BELHIMER -
-
 Actif :
variation de la courbe des taux ;
modélisation des actions et de l’immobilier (par le modèle de
Gordon-Shapiro par exemple, les actions étant considérées
comme distribuant un dividende en augmentation constante).
 Comptabilité :
- hypothèses sur l’augmentation de certains postes (frais de
gestion…..) ;
- coût unitaires de gestion des événements sur les produits.
 Passif :
Les simulations sont réalisées dans la plupart des cas sur le
portefeuille fermé. Il n’est pas tenu compte des nouveaux versements des
assurés actuels et des versements de nouveaux assurés.
Les arbitrages sur les multi supports avec des fonds ainsi que le chiffre
d’affaires peuvent être réalisés pour mesurer leurs effets sur le ratio de
financement.
En cas de variation importante des taux d’intérêt, les arbitrages
peuvent devenir importants et modifier sensiblement le ratio de
financement.
Les principaux paramètres de la simulation (pour chaque produit ou
génération de produit) concernent :
- les garanties de taux et leur durée ;
- le taux de participation aux bénéfices ;
- la table de mortalité ;
- les taux de rachats prévisionnels, éventuellement en fonction de la
durée de détention ou du niveau de taux…. ;
- le taux technique en cas de sorties en rentes ;
- les tables d’options au terme éventuel ;
- la prorogation ;
- la sortie en capital ;
- la sortie en rente.
 Compte de résultat et bilan simplifiés.
Les éléments récupérés de l’actif, de la comptabilité et du passif
permettent de constituer ces comptes au début de la simulation.
En regard des valeurs comptables des différents postes est indiquée la
valeur économique de l’actif ou de l’engagement correspondant. Cela
permet de déterminer le ratio de financement de l’activité.
23
La gestion Actif-Passif dans une compagnie d’assurance – Hocine BELHIMER -
 simulation de comptes.
A partir des éléments précédents et sur la base des hypothèses
retenues, il est possible de projeter les différents postes comptables
nécessaires pour la constitution des comptes de résultats et bilans
prospectifs.
 Flux nets de trésorerie.
Jusqu’à échéance de tous les contrats détenus par les assurés et en
fonction des hypothèses retenues pour la simulation, il est possible de
calculer les flux de trésorerie générés par les éléments de l’actif, les flux
de sortie générés par le passif et les flux nets. On obtient alors les gaps de
trésorerie.
 Surplus et ratio de financement.
L’actualisation des flux nets de trésorerie à l’aide d’une courbe de
taux permet de déterminer une valeur actuelle :
- de l’actif (valeur de marché des valeurs mobilières, évaluation des
prêts, des immeubles…) ;
- des engagements ;
- et une valeur économique de la richesse de chaque canton ou de
l’actif général.
Les éléments actuariels tels que la sensibilité, la duration ou la vie
moyenne peuvent être calculés.
 Sensibilité du surplus et du ratio de financement.
A la date de la simulation ou à une autre date, en fonction des
hypothèses retenues, il est impossible d’obtenir le surplus et le ratio de
financement de chaque canton pour une large échelle de variation d’un
ou de plusieurs paramètres : taux d’actualisation, taux distribution en
particulier.
Un logiciel cde gestion Actif-Passif peut éventuellement, par
l’intermédiaire d’un modèle de diffusion des taux, simuler un grand
nombre de scénarios et ainsi obtenir la fonction de répartition du ratio de
financement ou du surplus. Cette méthode permet d’affecter des
probabilités à la réalisation des différents risques.
L’interprétation des résultats demeure toutefois plus délicate du fait de la
difficulté de calibrage de ces modèles et de l’incertitude de leur
robustesse à long terme.
24
La gestion Actif-Passif dans une compagnie d’assurance – Hocine BELHIMER -
Les résultats de ces simulations permettent :
 de modifier l’allocation d’actifs :
- la duration des obligations ;
- la part des actions dans le portefeuille ;
- l’utilisation de produits dérivés ;
 de valider et d’orienter les décisions stratégiques et
commerciales de la société :
- de la politique de distribution ;
- d’une production nouvelle ;
- de la fixation du taux minimum garantie de la production ;
- d’une renégociation des contrats existant ;
25
La gestion Actif-Passif dans une compagnie d’assurance – Hocine BELHIMER -
PARTIE III :
Cas pratique de la gestion Acti-Passif dans une compagnie
d’assurance
I.
La Gestion D’Actif-Passif Au Sein De La C.A.AT:
La gestion Actif-Passif au sein d’une compagnie d’assurance exige le
traitement séparé des produits vie et non vie. Au plus de cette contraintes
on a eu aussi plusieurs obstacles pour l’application de cette méthode au
sein de notre compagnie de parrainage tels-que :
1.
pour les assurances non vie :
Comme on a vu dans le deuxième chapitre, la gestion d’Actif-Passif
pour les assurances non vie se fait par les modèles D.F.A qui ne peuvent
pas être réalisé au sein de la CAAT pour les raisons suivantes :
- L’inexistence d’un progicielle de simulation, cœur de tout modèle
de DFA, qui permet de construire une série de scénarios plausibles
sur les éléments d’actif de la société et ses engagements et
d’attacher une distribution statistique à chaque variable et génère
des scénarios de manière aléatoire ou créer des scénarios en
fonction de corrélations théoriques et empiriques prédéfinies ;
- L’inexistence du principe de cantonnement qui permet la
distinction entre les produits non vie et les produits vie et qui sont
très sensible à la variation des taux d’intérêt ;
- 85% des placements de la CAAT sont en Valeurs d’Etat qui se
caractérise par une volatilité moins importante.
2.
Pour les assurances vie :
Pour les assurances vie la gestion d’Actif-Passif se base sur l’étude
des effets de la variation de taux sur le bilan de la compagnie, mais on a
remarqué l’impossibilité d’appliquer les techniques de la couverture
contre le risque variation de taux d’intérêt au sein de la CAAT pour les
raison suivants :
- L’inexistence du principe de cantonnement qui permet la
distinction entre la production vie et non vie et c’est ainsi que la
Loi 06-04 du 20/02/2006, oblige les compagnies à la filialisation
des assurances de personnes à terme (janvier 2009) et cela aux fins
de développement de la branche ;
- L’entreprise a pris l’initiation de présenter, le produit retraite
complémentaire rente, qui est comme premier pas destiné au
26
La gestion Actif-Passif dans une compagnie d’assurance – Hocine BELHIMER -
-
-
-
personnel de la CAAT, et qui garantie contre paiement de primes
mensuelles d’assurance durant la période du différé et à l’issue de
celle-ci, le paiement viager d’arrérages de rentes trimestrielles et à
terme échu, à tout agent de la contractante ayant rempli et signé
une demande d’adhésion, cette rente est égale à 20% du salaire
annuel soumis à cotisation de sécurité sociale. Ainsi que la
tarification est établie sur la base de la table de mortalité TV 97 –
99 et un taux technique de 2 ,75%. il faut noter aussi que le
personnel de la CAAT bénéficie d’une participation de la
société par un taux de 50% sur la prime d’assurance.
La CAAT commercialise ces produits vie depuis l’année 2007, ce
qui donne à cette dernière une couverture contre l’exerce de
l’option de rachat pendant au moins de deux ans ;
L’inexistence d’un progiciel qui permet d’effectuer des simulations
selon des scénarios différents et d’estimer la fonction du
comportement des assurés ;
Pour les raisons expliquées au dessus on n’a pas pus présenter un
modèle de la gestion Actif-Passif,
Et on s’est focalisé dans cette partie sur
l’interprétation et
l’analyse des comptes sociaux de la société (bilan, tableaux des
résultats, balance…), ainsi que sur la comparaison des exigences
réglementaires en matière de marge de solvabilité et des dettes
techniques et la représentation des placements.
3.
La Solvabilité De la CAAT :
Afin de garantir la solvabilité des sociétés d'assurance, la
réglementation impose aux compagnies d’assurance :
La constitution d'une marge de solvabilité, composée du capital social
(libéré), des réserves et des provisions techniques. Elle doit être égale au
moins à :
- 15% du montant des dettes techniques ;
- 20% du montant de la production nette de réassurance.
- En cas d'insuffisance, la société d'assurance doit :
- Procéder dans un délai de 06 mois, à une augmentation du capital
ou à un dépôt auprès du Trésor Public équivalent au déficit
constaté ;
- De faire représenter leurs engagements réglementés (Réserves,
Provisions techniques. Dettes techniques) par des actifs financiers
et immobiliers équivalents. Les placements en valeurs d'Etat
27
La gestion Actif-Passif dans une compagnie d’assurance – Hocine BELHIMER -
doivent être l'équivalent de 50% des engagements vis à vis des
assurés.
- Outre ces deux prescriptions, les sociétés doivent constituer deux
provisions techniques dans te but de renforcer cette solvabilité :
- Une provision technique calculée sur la base d’un prélèvement de
1% du montant des primes émises ;
- Une provision pour complément obligatoire aux dettes techniques
constituée sur la base d'un taux de 5% des sinistres à payer (SAP).
a.
Représentation des engagements techniques :
Tableau N°2 : représente des engagements techniques période 20032007
En milliers de DA
Désignation
2003
2004
2005
2006
2007
Valeurs
mobilières
ou
titres assimilés
677103
719703
950992
1145993
1607985
Valeurs d’Etat
3164130
4161300
5978300
7789000
9060500
Actifs
immobiliers
264094
264094
413644
413644
822292
Autres
placements
3868041
4354002
2609457
1637101
1649084
TOTAL
7973368
9499099
9952393
10985738
13139861
Réserves
623161
1067184
1207146
812822
412609
Provisions
techniques
543653
573601
597850
385815
667904
Dettes techniques
7035903
8398052
8111884
8117163
9960181
TOTAL
8202717
10038837
9916880
9315800
11040694
COUVERTURE
TOTALE
97%
95%
100%
118%
119%
COUVERTURE
EN
VALEUR
D’ETAT
39%
41%
60%
84%
82%
Source : Direction de finance et comptabilité.
Composés des réserves, provisions techniques et dettes techniques, les
engagements réglementés doivent être représentés par des actifs
équivalents dont 50% au moins par des valeurs d'Etat ce qui est le cas de
la CAAT pendant la période 2005/2007.
Par contre pendant les périodes 2003 et 2004 la CAAT n’a pas
respecté la réglementation en vigueur.
28
La gestion Actif-Passif dans une compagnie d’assurance – Hocine BELHIMER -
b.
La marge de solvabilité.
La solvabilité des sociétés des assurances et/ou de réassurance doit
être matérialisée par la justification de l’existence d’un supplément aux
dettes techniques.
La marge de solvabilité peut être constituée tant sur la base des primes
que sur la base des dettes techniques.
Tableau N°3 : l’évaluation de la marge de solvabilité (2003-2007).
Désignation
2003
2004
2005
2006
2007
Valeurs
677103
719703
950992
1145993
1607985
Valeurs d’Etat
3164130
4161300
5978300
7789000
9060500
Actifs
264094
264094
413644
413644
822292
3868041
4354002
2609457
1637101
1649084
7973368
9499099
9952393
10985738
13139861
Réserves
623161
1067184
1207146
812822
412609
Provisions
543653
573601
597850
385815
667904
Dettes techniques
7035903
8398052
8111884
8117163
9960181
TOTAL
8202717
10038837
9916880
9315800
11040694
97%
95%
100%
118%
119%
39%
41%
60%
84%
82%
mobilières ou
titres assimilés
immobiliers
Autres
placements
TOTAL
techniques
COUVERTURE
TOTALE
COUVERTURE
EN
VALEUR
D’ETAT
Source : élaboré par nos soins.
Après l’analyse des tableaux on remarque que la C.A.A.T a toujours
disposé d’une marge de solvabilité assez confortable, le total des
29
La gestion Actif-Passif dans une compagnie d’assurance – Hocine BELHIMER -
éléments constitutifs couvrant en moyenne trois fois et demi le minimum
à constituer sur la base des dettes techniques sur la période 2003-2007 à
l’exception de l’année 2004.
Cette moyenne est égale à cinq fois et demie calculée sur la base des
primes nettes de cession.
30
La gestion Actif-Passif dans une compagnie d’assurance – Hocine BELHIMER -
Conclusion Générale
Un établissement financier qui cordonne soigneusement la gestion de
son actif et de son passif peut fonctionner de manière plus sûre et accroit
sa rentabilité. Cette démarche est appelée « Gestion Actif-Passif » ou
A.L.M.
Le bute de notre travail a pour objet de donner une vision approfondie
de cette technique de gestion appliquée récemment, aux entreprises
d’assurances et, de faire une étude sur la gestion
ACTIF-PASSIF utilisée par les entreprises d’assurances Algériennes.
La gestion Actif/passif au sein des compagnies d’assurances
algériennes se basait essentiellement sur le respect de la réglementation
en vigueur c'est-à-dire elle agit sur trois composantes suivantes :
- Les provisions techniques ;
- Les actifs admis en représentation des provisions techniques ;
- La marge de solvabilité.
Les entreprises Algériennes, n’en pas encore opté pour les techniques
de gestion ACTIF-PASSIF, telle qu’elle est connue au monde assurantiel
pour les raisons suivantes :
1. pour les assurances non vie :
 la structure du marché algérien, qui se caractérise par
l’absence d’une concurrence qui oblige les entreprises à
procéder à des systèmes d’optimisation sophistiquées et, qui
prend en considération la tarification comme contrainte.
2.
pour les assurances vie :
 il est regrettable que dans un pays aux riches potentialités
comme l’Algérie, le secteur des assurances représente moins
de 1% du PIB (à peine 0,66%) au moment où chez nos
voisins de l’Est et de l’Ouest, le taux se situe entre 2,4 et
2,6%, alors que la part des assurances de personne dépasse à
peine les 6% du chiffre d’affaires globale.
 Les placements des entreprises d’assurances algériennes,
sont à 85% en valeurs d’Etat ces dernières se caractérise par
une volatilité moins importante, surtout avec la conjoncture
actuelle de l’économie algérienne.
Outres les causes édictées au dessus, on a remarqué l’absence du
système de cantonnement qui permet la distinction entre la production
vie et non vie et c’est ainsi que la Loi 06-04 du 20/02/2006, oblige les
31
La gestion Actif-Passif dans une compagnie d’assurance – Hocine BELHIMER -
compagnies à la filialisation des assurances de personnes à terme (janvier
2009) et cela aux fins de développement de la branche ;
Nous pensons que la limitation de l’ALM au respect de la réglementation
en vigueur ne permettra pas une immunisation efficace de l’entreprise
contre les risques qui peuvent peser lourd sur sa solvabilité d’où la survie
de l’entreprise.
Les compagnies d’assurances algériennes ont intérêts d’opter à une
série de réformes visant à installer un système de gestion
Actif –Passif surtout :
 Avec le passage de l’économie algérien de l’économie planifiée
vers l’économie de marché caractérisé par une concurrence qui
oblige l’entreprise à revoir la tarification actuellement utilisée ;
 Loi 06-04 du 20/02/2006, oblige les compagnies à la
filialisation des assurances de personnes à terme (janvier 2011),
d’où la nécessité d’une gestion a part de l’activité d’assurance
vie, ce qui nécessite un modèle de gestion Actif-Passif efficace
basé essentiellement sur les effets de la variation de taux
d’intérêt ;
32
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