Un métier de choix, peu importe le genre (France Laurent)

Un métier de choix, peu importe le genre
JEUDI 14 NOVEMBRE 2013
Mariana Eduardo [1]
ÉGALI Aujourd’hui a lieu la journée «Futur en tous genres». L’événement vise l’ouverture des enfants à
tous les horizons professionnels pour lutter contre les sotypes de genre.
Les options de publication
Non
Journaliste:
Mariana Eduardo
Photographies: Jean-Patrick Di Silvestro
Pour la quatrième année consécutive, les petites filles s’essaieront à l’ingénierie et les petits garçons à
l’enseignement, ou tout autre profession traditionnellement «réservé à l’autre sexe. La journée «Futur en
tous genres», organisée par le Bureau de l’égalité entre femmes et hommes, et le Département de
l’instruction publique, a lieu aujourd’hui dans toute la Suisse. Autrefois «Journée des filles», l’événement
existe depuis les années 2000. Pour loccasion, 3940 élèves genevois en 7e primaire sont invités à suivre
leur parent de sexe opposé sur son lieu de travail. Des ateliers sont également proposés.
Frontière étanche
Alors que les stéréotypes de genre sont encore bien ancrés dans le monde du travail, nous avons donné la
parole à celles et ceux qui ont franchi la barrière. Ces cas sont toutefois marginaux car la frontière est encore
étanche. Une division sexuée de lemploi conditionne les choix de carrière de la majorité de la population.
Selon les statistiques suisses, les hommes choisissent plut des apprentissages professionnalisants, alors
que les femmes entreprennent plus souvent des formations généralistes. Dans le choix même des emplois,
les femmes optent plus volontiers pour des métiers «sociaux», dans lenseignement, la san ou le travail
social. Tandis que les hommes sont largement surrepsentés dans l’ingénierie, l’architecture, l’informatique et
dans les métiers du bâtiment.
Ces différences se retrouvent au niveau des études de la santé, où il y a environ 85% de femmes. Ce taux
grimpe davantage dans le travail social. La distinction entre les sexes est également fortement marquée dans
les métiers dits «masculins», bien que l’écart tende à diminuer avec les années. Dans les professions
techniques et en informatique, on ne trouve, en moyenne, qu’une femme pour onze hommes. Dans
l’ingénierie, il n’y a que sept cent cinquante femmes pour douze mille hommes.
«Ces chiffres démontrent que certains métiers sont encore considéréspour les hommes et d’autres
‘destinés aux femmes’», explique France Laurent, responsable du projet «Futur en tous genre. La division
sexuée se retrouve déjà durant lenfance dans les parcours scolaires. D’où limportance de sensibiliser les
enfants dès l’école primaire: «En mobilisant les écoles, le monde professionnel et la sphère familiale, on
montre aux écoliers quils peuvent sorienter librement, peu importe leur sexe.»
Le sage homme sage-femme
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Pierre Carquillat, 32 ans, se destinait initialement à une profession bien «masculine», à savoir l’ingénierie.
Après deux ans détudes, et une réorientation en médecine, il découvre, au hasard des événements, un
métier historiquement féminin auquel il naurait jamais pensé: sage-femme. Ce jeune Français tombe
instantanément sous le charme de cette «médecine joyeuse». Au point de lenseigner aujourd’hui à la haute
école de san de Genève.
«C’est un métier médical qui laisse de cô les pathologies. On accompagne les familles dans des moments
de grand bonheurEn plus dêtre un éternel optimiste, le maïeuticien est surtout un amateur de défis. «On
était seulement six hommes sur quarante élèves pendant ma formation en France En Suisse, la psence
masculine se ferait encore plus rare dans cette branche. Là où Pierre donne ses cours, la filière «sage-
femm ne compte quun étudiant de sexe masculin sur les nonante élèves.«Il y a dix ans encore, le métier
était réservé aux femmes», confie-t-il.
Et pourtant, les patientes de Pierre le trouveraient plus doux et plus empathique que certaines sages-femmes.
Sa psence apporte également la mixi nécessaire pour mettre tout le monde à laise: «Pendant ma
formation, je devais parfois suivre une sage-femme dans ses consultations. Lorsquelle sabsentait, les futurs
papas se ruaient sur moi pour me poser leurs questions. Ils se sentaient plus à l’aise de discuter de ce sujet
‘féminin avec un homme.» C’est que l’accouchement est un énement qui suscite beaucoup de
questionnements aups des jeunes pères inquiets. Même notre homme, qui pourtant adore l’adrénaline et
l’urgence de la naissance, avoue avoir perdu son aplomb lorsque sa propre femme a donné la vie. MEO
Une femme libre au volant
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Isabelle Reichmuth, 50 ans, est conductrice de poids lourds à Genève. Dans son entreprise, elle est la seule
femme pour cinquante hommes. Cela ne l’effraie pas, bien au contraire. Cette vendeuse de formation sest
lancée il y a dix ans dans l’aventure. «Je voulais plus de liberté et j’ai toujours aimé conduire. L’emploi offre
un très bon contact avec les gens, et puis cest vraiment agréable de pouvoir être à l’extérieur quand il fait
beau.»
Mais cest loin d’être un métier facile. Il est physique et les horaires sont rudes. L’énergique quinquagénaire,
mère deux enfants, commence sa journée de travail à 5 heures du matin et la termine à 14h30. De quoi
mener une vie de famille? «J’ai eu de la chance que mes enfants soient déjà grands quand jai commencé ce
métier. Autrement, cela aurait é impossible de conjuguer les deux.»
Malg les clichés, Isabelle n’a rien de la «camionneuse». Toujours féminine, elle prend avec légèreté les
blagues de ses collègues. C’est un peu la princesse de ces messieurs: «Ils font des commentaires de mecs,
mais au final il y a une bonne ambiance. Ils sont toujours disponibles quand j’ai besoin d’aide Son métier
atypique est bien perçu, des femmes notamment: «Je reçois souvent des encouragements. On me licite de
briser les sréotypes et de casser le mythe de ‘la femme au volant’ qui ne sait pas conduire MEO
Maquilleur au-delà des clichés
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Jérémy Guerdat a 20 ans. Sa mère est cuisinière, son père travaille aux CFF et son frère est ingénieur
informatique. Il vient d’une famille «bien comme il faut». Lui a choisi de sortir du lot: il est maquilleur
professionnel. Il était le seul garçon pendant sa formation de deux ans à Genève. Il travaille aujourdhui dans
le Jura, où peu dhommes ont investi cet univers de filles. Après sa formation générale en maquillage, il est
parti étudier le maquillage deffets spéciaux à Strasbourg, où la dispari hommes-femmes était moins
marquée.
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Enfant, Jérémy adorait le monde du cinéma. Les effets spéciaux faisaient rêver ce fan de Tim Burton. «J’ai
toujours trouvé magique de voir la création des monstres lors des making-off des films.»
Etre seul au milieu des femmes ne pose pas de problème à ce blond aux yeux bleus. Il avoue ne jamais avoir
été attipar les métiers dits «masculins». Et puis il observe que ses clientes apprécient d’être maquillées
par un homme. «On me dit parfois que les gaons sont plus pcis dans leurs gestes, plus doux et plus à
l’écoute C’est comme ça qu’il explique la suprématie masculine chez les stars du métier, malgla majori
minine du domaine. Encore un stéréotype?
Quoi quil en soit, le jeune Jurassien déplore les «clichés» dont le monde de la mode est imprégné,
notamment celui de l’homosexualité: «Si tu es un garçon coiffeur ou maquilleur, les gens prennent directement
pour acquis que tu es gay. On est très vite catégorisés.» MEO
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