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(11) On le tient pour unique.
(12) On l'a traité d'imbécile.
(13) Je te vois en vainqueur.
Jusqu'ici, les efforts de description ont, à quelques exceptions près (e.a. Olsson 1976),
avant tout porté sur les aspects syntaxiques des CAO. En effet, les auteurs se sont, pour la
plupart, attachés à trouver la meilleure façon de rendre compte sur le plan syntaxique du
fait que les énoncés SN1-V-SN2-X semblent adopter la forme d'une phrase simple tout en
comportant, sur le plan sémantique, deux prédications, celle existant entre le sujet et le
prédicat (i.e. le SV) de la proposition principale, d'une part, et celle établie entre les termes
SN2 et X, d'autre part. De plus, la recherche s'est généralement concentrée sur les
constructions à prédicat non introduit. Les (rares) auteurs qui ont consacré une réflexion
aux CAO avec comme se sont avant tout évertués à chercher des parallélismes structuraux
entre les structures avec et sans comme (cf. Aarts 1992, Guimier 1999) et à étudier le statut
syntaxique de l'élément comme (e.a. Guimier 1999, Noël 1996). Les différences entre les
deux types de CAO (avec et sans comme) ont bénéficié jusqu'ici de très peu d'attention
(voir toutefois Defrancq 1996a, 1996b ; Willems & Defrancq 2000).
Les deux premiers chapitres de notre étude seront consacrés à l'examen des diverses
analyses syntaxiques qui ont été proposées pour les CAO sans comme (ou constructions à
AO direct, désormais CAO-D, cf. chapitre 1) et pour les CAO avec comme (désormais
CAO-C, cf. chapitre 2), ainsi qu'à celui des critères logico-sémantiques et structuraux
supposés les appuyer. Nous y démontrerons qu'il est au bout du compte très difficile de
saisir le fonctionnement des CAO à un niveau purement syntaxique.
Au vu des difficultés auxquelles se voient confrontées les analyses syntaxiques des CAO, il
semblait impératif d'opter pour une approche différente. Celle que nous avons choisie se
distingue sur trois points de celle suivie dans les études antérieures : primo, nous avons
abandonné l'analyse syntaxique au profit d'une étude sémantico-pragmatique des CAO ;
secundo, nous avons privilégié une étude comparative des deux types de CAO basée sur
des exemples de corpus ; tertio, nous avons choisi un angle d'attaque différent. Au lieu
d'examiner immédiatement (comme cela a généralement été le cas) la façon dont la relation
prédicative établie entre les éléments SN2 et X se rapporte à la relation prédicative
première de la phrase, et plus spécifiquement au verbe, nous nous sommes d'abord
intéressée à la nature de la relation prédicative seconde elle-même. Notre objectif est, en
effet, de démontrer que la nature sémantico-pragmatique de la prédication seconde
[SN2-X] est différente selon que cette prédication comporte comme ou pas, cet élément
pouvant être interprété comme une forme de marquage de la relation prédicative.
Cela dit, nous ne négligerons pas la question concernant les rapports qu'il peut y avoir
entre la prédication seconde et la prédication première établie au sein de la phrase. Nous
aborderons cette question, tout comme celle de la prédication seconde, d'un point de vue
sémantique, en admettant, en conformité avec l'hypothèse générale défendue par Achard
(1998) en rapport avec la 'complémentation', que la relation prédicative seconde doit, du