HISTOIRE
DU
COUVENT
DE
BONNE NOUVELLE
I
-
LE
COUVENT
DE
BONNE-NOUVELLE
AU
MOYEN
AGE
Une
fondation dominicaine
La
fondation du couvent de Bonne Nouvelle est
éclairée
par une documentation exceptionnelle. Une
vingtaine
de
pièces
originales, provenant du duc de Bretagne ou de particuliers, sont en effet
recensées,
la plupart
classées
dans
le chartrier
conservé
aux archives municipales de
Rennes1.
La
question du fondateur
fait
cependant
débat
:
est-ce
le duc ?
C'est
la
thèse
soutenue
par les Dominicains
depuis toujours. Yves Pinsard raconte comment le duc
Jean
IV,
lors de la bataille d'Auray en 1364, fit
le
vœu de
bâtir
une
église
en l'honneur de la Vierge en cas de
victoire2.
C'est
la « bonne nouvelle » de
cette
victoire, annoncée
à sa femme recueillie en la chapelle Saint-Vincent de
Rennes,
qui aurait
déterminé
le nom et le
lieu
de la fondation du couvent.
C'est
du moins la
tradition
soigneusement
entretenue
par les
frères prêcheurs. Elle était rappelée
en quelques lignes
gravées
sur lames de cuir au-
dessus
de
l'entrée
du couvent3. Tous les titres de
propriétés
des Dominicains de
Rennes,
jusqu'au
XVUIe
siècle,
font référence
à
cette
fondation ducale. A l'encontre de
cette
tradition,
l'historien Dom
Plaine et
d'autres
à sa suite objectent que le nom de « Bonne Nouvelle »
n'apparaît
dans
les archives
que tardivement4. Les textes de fondation
désignent
simplement le couvent des
frères prêcheurs,
en
précisant
parfois « les
frères
preschours de lordre de Samt-Dominique » (2 fév. 1369) ou encore
« léglise
et moustier de noveau
fondée
et
douée près
leglise de
Saint-Albin
de
Rennes
par les
frères
predicatours de lordre des
Jacobins
» (1371). Pourtant, le couvent est
appelé
« Bonne
Nouvelle
» dès
le milieu
du
XVe siècle
par les particuliers qui
font
des
dons
aux
religieux5.
Quel
que soit le nom de ce couvent, la
date
de sa construction est connue
très précisément.
C'est
en
février
1368
qu'apparaît
le premier projet de fondation. Il convient en effet de corriger selon notre
calendrier en vigueur la
date
de
février
1367 inscrite au bas du document6. De nombreux historiens ont
repris
cette
date
de 1367 pour le premier texte de fondation,
sans
s'étonner
que les textes suivants
datent de 1368.
C'est
donc bien le 10
février
1368 que le duc
écrit
à
l'abbé
de Saint-Melaine, au doyen
de Nantes, et au
sénéchal
de
Rennes
pour obtenir des informations au sujet du projet de fondation d'un
couvent
dans
les faubourgs de
Rennes.
Il a été saisi
d'une
demande
des Dominicains de Dinan qui
requièrent
son autorisation pour
bâtir
ce couvent, selon la
volonté
de Perrot Rouxel et de sa femme,
qui
leur ont
donné
à
dessein
un terrain devant
l'église
Saint-Aubin.
Le duc souhaite
s'assurer
que
cette
fondation
ne porte pas
préjudice
à qui que ce soit ; On peut
supposer
qu'il fait
allusion aux religieux
déjà présents
en la
ville,
et en particulier à
l'abbé
de Saint-Melaine dont l'accord est requis7. Le
1 Arch. Municip.
Rennes,
18H2.
2
Yves
Pinsard,
Le
triomphe
du
vœu
de
Rennes
à
Notre-Dame
de
Bonne
Nouvelle,
1634.
Repris
par
Pierre-
Stanislas
Vert,
Notice historique
sur le
voeu
de Notre-Dame de
Bonne-Nouvelle,
rendu
par
la
ville de
Rennes
en
1634
et
renouvelé en 1861,
suivie
de considérations
sur le
culte de
la
sainte
Vierge,
Rennes,
1861
(annexe
16).
3
Ibidem,
p.
19-21.
4
Plaine
dom,
Histoire du culte de
la
sainte Vierge
à
Rennes,
Rennes,
1872, p.
63-97.
Philippe
Legrand
affirme
à
tort
que le couvent de Bonne
Nouvelle
n'est
pas
cité
avant le
XVTIe siècle
; Ph. Legrand,
Le
couvent de Bonne
Nouvelle,
Rennes.
Etude manuscrite,
Rennes,
1996, p.
5.
5
En 1490,
Jeanne
Harvat
fait
une fondation au couvent de Bonne
Nouvelle.
Arch.
municip.
18H22.
6
Le document est
daté
de
février
1367 ;
cette
date
a
été
reprise par Paul de La Bigne
Villeneuve,
mais
corrigée
par Michael
Jones.
L'année
commence à
Pâques
au Moyen Age.
Pâques
tombe le 18
avril
en 1367. Par
conséquent,
les premiers documents concernant le couvent sont bien
émis
en
février,
et suivis deux mois plus
tard
d'autres
documents
émis
en
avril,
au cours de
l'année
1368 selon notre calendrier moderne (annexe 1).
7 Arch. Dép.
Ille
et
Vilaine
18H2 (annexe 2).