Introduction : La phrase Les types de phrases obligatoires Les types

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Cours 2, TD Morphosyntaxe – 29/01/2015
Lucy Michel
Première partie
Introduction : La phrase
Deuxième partie
Les types de phrases obligatoires
Troisième partie
Les types de phrases facultatifs
Les types de phrases « facultatifs » ne reposent pas sur la valeur illocutoire (comme les obligatoires),
et surtout, ils viennent se surajouter à un type de phrase existant. On dit aussi que les types
facultatifs sont des éléments de réarrangement énonciatif (syntaxique ou logico-sémantique).
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Le type logique : la négation
La négation constitue avant tout un phénomène logico-sémantique d’inversion de la valeur
de vérité de l’énoncé (inversion du signe).
Avec la négation, le locuteur asserte la non-adéquation entre l’énoncé nié et la réalité (en
disant « je ne suis pas malade », je dis que « je suis malade » est faux dans notre univers).
Cette définition de la négation, ça correspond à ce qu’on appelle la négation descriptive, qui se
contente de poser le versant négatif d’une assertion correspondante.
Mais la négation peut aussi être polémique : dans ce cas, elle a en plus une valeur de réfutation,
de rejet d’une assertion et de rétablissement de la vérité 7→ « Ce garçon est stupide »/ « non, il n’est
pas stupide ! » ; « Cette fille a 25 ans »/ « non, elle n’a pas du tout 25 ans ! ».
D’un point de vue formel :
1. mode : plutôt indicatif, mais dépend du mode obligatoire ;
2. lexique : de manière générale, négation double : « discordantiel » (// discorde) ne, qu’on
décrit généralement comme un adverbe (ouvre la négation) + « forclusif » (forclore,
fermer).
Mais le lexique qui apparaît dépend de la portée de la négation (3 portées possibles) :
totale, partielle, exceptive.
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— négation totale ; : porte sur la proposition entière 7→ elle s’exprime au moyen de ne
et des adverbes pas, point (aujourd’hui, point est juste une variante littéraire ou
archaïque de pas, mais avec un fonctionnement différencié jursqu’à récemment : viennent
des subst. pas (d’abord négation de verbes de mvt) et point (très petite quantité)).
— négation partielle ; : porte sur un élément ou une partie de la proposition 7→ elle
s’exprime au moyen de ne et de mots négatifs de différentes natures qui permettent
d’identifier précisément l’élément visé par la négation.
— négation exceptive : à mi-chemin entre la négation et l’assertion, elle nie tous les autres
éléments appartenant à la classe d’objets de l’élément excepté 7→ « Je n’aime que
le vin rouge » : « vin rouge » n’est pas nié, mais tous les autres éléments appartenant à
la catégorie « boissons alcoolisées » ou « vin », ou même « aliments » selon le contexte,
sont niés. Le « ne » dirige vers le négatif, et le « que » redresse vers le positif en
sélectionnant l’élément qui ne sera pas nié : ne se construit qu’avec « ne » . . . « que ».
3. syntaxe : canonique, mais la place de la négation peut varier (cf. CM)
4. prosodie/ typographie : adopte celle du type de phrase obligatoire auquel elle s’ajoute.
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Les tournures emphatiques
Emphase : terme issu de la rhétorique, au départ, veut dire : « insistance, accentuation ». En
grammaire, ça renvoie donc à des phénomènes de bouleversement communicationnel.
Ce sont des tournures de phrases qui regroupent tous les procédés d’insistance et de mise
en relief : tout ce qui permet de mettre l’accent sur un élément de l’énoncé, d’en faire
l’information centrale, constitue un phénomène d’emphase.
L’emphase fonctionne par détachement ou par extraction :
1. par extraction avec ce qu’on appelle la focalisation ou phrase clivée : construite avec un
présentatif + un outil relatif 7→ « C’est Marie qui a mangé le gâteau » : sert à centrer
l’énoncé sur « Marie », qui est l’élément nouveau de l’énoncé (rhématique), mais,
comme il s’agit d’un réarrangement énonciatif, on peut toujours revenir à l’énoncé de
départ « Marie a mangé le gâteau » : concerne les phrases assertives ou interrogatives
mais pas injonctives (ou alors seulement dans le cadre d’une dérivation illocutoire de l’assertion
vers l’injonction : ex. « C’est toi qui dois venir ») ;
2. la dislocation consiste en un détachement d’un constituant (par une virgule) à gauche
ou à droite de la phrase : l’élément détaché est repris ou annoncé par un pronom anaphorique ou cataphorique dans la phrase centrale 7→ « Je la trouve géniale, cette fille » : ici,
l’élément détaché de la phrase ne constitue pas nécessairement une information nouvelle
(thématique), mais permet d’insister sur l’élément central au propos (SL) ;
3. la phrase pseudo-clivée, à mi-chemin entre extraction et détachement, est une structure de spécification : « Ce que je veux, c’est un peu de calme » 7→ l’accent est mis ici
comme avec la focalisation, sur l’élément concerné par le présentatif, qui constitue le
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rhème (« un peu de calme ») et qui est cataphorisé dans l’énoncé principal par le démonstratif « ce » 7→ l’énoncé présuppose que je veux quelque chose, et spécifie que
la chose que je veux est du calme 7→ l’élément spécifié est retardé.
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Le type passif
Passage d’un énoncé à la voix passive permet d’inverser la valeur actancielle et le rôle
grammatical des élts. Voix active : sujet du v. = responsable du procès du verbe.
Voix passive : sujet du v. = pas responsable du procès du verbe.
Le passage d’une voix à l’autre s’accompagne de modifications morphosyntaxiques :
Ex. « La directrice a renvoyé Arthur »
1. sujet = entité responsable du procès
2. verbe au passé composé
3. COD = entité non responsable du procès
Ex. « Arthur a été renvoyé par la directrice »
1. sujet = entité non responsable du procès
2. verbe au passé composé passif : fait nécessairement apparaître le verbe être
3. complément d’agent = entité responsable du procès 7→ prépositionnel (par ou de), alors que le
COD ne l’était pas
Complément d’agent introduit par la préposition par 7→ le complément d’agent n’est jamais obligatoire.
Mais le plus important, c’est la transformation sémantique, qui permet d’identifier certains
phénomènes qui sans cela restent bizarres, complexes à analyser :
Ex. « les feuilles mortes se ramassent à la pelle » ; « le linge délicat se lave à 30 degrés »
Constructions pronominales à valeur passive : permettent d’avoir une forme de phrase active,
mais une valeur sémantique de voix passive : le sujet du v. n’est pas responsable du procès
(ramasser/laver : demandent un responsable de procès animé 7→ responsable implicite : humain).
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Le type impersonnel
La phrase impersonnelle se reconnaît à l’apparition d’un il impersonnel, càd, qui n’a pas de
référent, ne fait plus partie de la variation il, elle, et surtout n’anaphorise ni ne cataphorise
rien.
Deux cas de figure :
1. les tours impersonnels : ce sont des tours obligatoires, concernent les verbes impersonnels (pleuvoir, venter, faire beau, etc. : souvent météorologiques, et intransitifs) et les tours
figés il s’agit de, il est, il y a, il est certain que, etc. (construisent des termes complétifs) ;
2. les constructions impersonnelles qui relèvent d’un choix : « une voiture arrive » 7→ « il
arrive une voiture » : le sujet de la phrase de départ demeure le sujet logique dans la
phrase impersonnelle, mais n’est plus le sujet grammatical 7→ l’analyse grammaticale
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scolaire qui fait de « une voiture » un « sujet réel » est extrêmement problématique
> confusion ++ entre niveau syntaxique et niveau logico-sémantique. D’un point de vue
morphosyntaxique, « des voitures » est une séquence de l’impersonnel (donc bien un
complément verbal).
Les constructions impersonnelles permettent là encore de modifier l’organisation logicosémantique de l’énoncé : « la voiture » devient l’élément nouveau, rhématique,
même si reste sujet logique.
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