même sens que l’équilibre du championnat (écart pre-
mier/dernier) ou que l’incertitude pour savoir qui sera le
champion (écart premier/second). Le concept d’équili-
bre compétitif n’est pas conforté par cette observation.
Les écarts de points montrent une détérioration de
l’équilibre compétitif depuis 2003/04. Est-ce dû à la
domination de Lyon durant sept saisons consécutives?
L’incertitude de voir ce club remporter son septième
titre d’affilée en 2007/08 n’était pas forte en début de
saison. Elle fut finalement supérieure aux années précé-
dentes en raison d’un faible écart de points avec
Bordeaux en fin de saison. Le nombre de spectateurs a
néanmoins légèrement chuté. Les deux premiers titres
de Lyon ont fait baisser l’affluence, alors que celle-ci a
augmenté du troisième au sixième championnat rem-
porté consécutivement par l’O.L. L’affluence ne baisse
pas nécessairement avec la domination d’un club pen-
dant plusieurs saisons consécutives et n’est pas liée à
l’incertitude sur l’identité du champion. Quand sept sai-
sons de suite une ligue a le même champion, l’équilibre
compétitif se détériore (par rapport à cinq champions
différents de 1994-1995 à 2000/01); mais ceci n’a pas
entraîné une chute de l’affluence.
L’affluence dépend aussi de la détermination des
équipes à vaincre, de la composition des équipes ali-
gnées, de leur classement dans le championnat au
moment où deux clubs se rencontrent et de l’enjeu de la
rencontre (un titre de champion en jeu, une qualification
en compétition européenne, une relégation en division
inférieure). Dans divers sports, la beauté du jeu et le
nombre de buts marqués, et donc les équipes à jeu
offensif, attirent davantage les spectateurs et l’on peut
craindre que la multiplication des scores 0-0 (11,4 %
des matchs de Ligue 1 en 2001/02, 14,7 % en 2007/08),
obtenus lors de matchs entre équipes très défensives, ne
finissent par lasser et réduire l’affluence (Groot, 2008).
L’analyse économique des ligues a négligé ces variables
et s’est focalisée sur l’équilibre compétitif.
Le match Lille-Lyon a eu la plus forte affluence de
la saison 2007/08 (77.840 spectateurs), match joué à
titre exceptionnel au Stade de France
3
. L’agglomération
parisienne, plus peuplée que l’agglomération lilloise,
offre une taille de marché supérieure à toute autre en
France. La deuxième affluence la plus importante
(57000 spectateurs) a été relevée trois fois, pour
Marseille-Nice, 6
e
journée, Marseille-Bordeaux, 36
e
journée et Marseille-Strasbourg, 38
e
journée
4
. Les trois
matchs se sont déroulés au Stade Vélodrome de
Marseille, ville dont le marché du football est le plus
dynamique en France. Marseille a la meilleure affluence
sur l’ensemble du championnat, 52600 spectateurs en
moyenne par match en 2007/08, devant l’Olympique
Lyonnais 37297 et le PSG 36 946. La taille du marché
est intégrée dans les modèles économiques de ligue
sportive. Le statut de cette variable dépend de la façon
dont la ligue est organisée. On distingue les ligues fer-
mées nord américaines des ligues ouvertes euro-
péennes. Les clubs sont admis dans une ligue fermée en
fonction de la taille et de la rentabilité de leur marché.
Les clubs entrent dans une ligue ouverte en fonction de
leurs résultats sportifs, indépendamment de la taille de
leur marché.
Enfin, à la 38
e
et dernière journée du championnat,
Lyon joue à Auxerre (15
e
du classement), équipe plus
faible que Monaco, pourtant l’affluence est de 60 %
plus forte (19796 spectateurs) que pour le match
Monaco-Lyon. La différence est que l’enjeu est impor-
tant pour Lyon; n’ayant que 2 points d’avance sur
Bordeaux; il doit impérativement gagner à Auxerre
pour devenir champion. Lors de son déplacement à
Monaco, 29
e
journée, l’enjeu était moindre, Lyon possé-
dait alors 6 points d’avance sur Bordeaux. Bordeaux a
attiré 40.068 spectateurs à Lens, 38
e
journée, équipe
beaucoup plus faible et mal classée, mais qui devait
absolument gagner pour espérer se maintenir en Ligue
1, alors que Bordeaux pouvait être champion en
gagnant, en cas de défaite de Lyon à Auxerre. Malgré le
fort déséquilibre compétitif entre Bordeaux et Lens, qui
n’aurait pas dû drainer beaucoup de spectateurs, le
public a été attiré par l’enjeu du match, important pour
2
DÉBATS ET OPINIONS - DÉBATS ET OPI
NIONS
La lettre de l’AFSE, n° 72
Tableau 1 - Résultat sportif et affluence en championnat de France
de Ligue 1 (football)
Saison Champion Ecart Ecart 1er/ Nombre Variation Moyenne
1er/2een % de points dernier** de spectateurs en % par match
1994-95 Nantes 2,7 1,47 5.045.606 1,9 13.278
1995-96 Auxerre 5,6 1.00 5.028.685 -0,3 13.233
1996-97 Monaco 15,2 1,47 5.400.523 7,4 14.212
1997-98* Lens 01,18 5.667.621 4,9 14.915
1998-99* Bordeaux 1,4 1,26 6.774.070 19,5 17.827
1999-2000* Monaco 10,8 1.00 7.634.673 12,7 20.091
2000-01* Nantes 5,9 1,15 7.859.614 2,9 20.683
2001-02* Lyon 3.0 1,03 7.463.972 -5,1 19.642
2002-03 Lyon 1,5 0,97 7.462.009 -0,1 19.637
2003-04 Lyon 3,8 1,26 7.649.410 10,3 20.130
2004-05 Lyon 15,2 1,24 8.086.774 5,7 21.281
2005-06 Lyon 17,9 1,45 8.186.311 1,2 21.543
2006-07 Lyon 21.0 1,24 8.290.346 1,3 21.817
2007-08 Lyon 5,1 1,45 8.285.686 -0,1 21.804
* Statistique ajustée, la ligue ne comptant que 18 clubs, au lieu de 20 les autres années.
** Ecart de points par match entre le champion et le dernier du classement.
3En raison d’une opération marketing du club lillois en faveur de la construction d’un nouveau stade à Lille.
4A la 36ejournée, Bordeaux joue le titre et à la 38e Marseille doit absolument gagner pour garder un possible accès à la Ligue des Champions.