Rome une ville antique
I. La fondation de Rome
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La création de Rome relève du mythe
Enée, le fils de la Vénus (déesse de l’amour et de la beauté) et
d’Anchise (un berger légendaire), s’enfuit de Troie et se réfugie sur le
littoral italien avec son père et son fils Ascagne. Il fonde alors la cité
Lavinium. Plus tard, c’est son petit-fils Amelius qui jettera Romulus et
Rémus dans le Tibre. Les jumeaux vont alors s’échouer sur les berges
du mont Palatin où ils seront allaités par une louve, puis recueillis par
un berger. Ils fonderont, à l’âge adulte, en 753 av JC précisément, une
ville sur les rives du Tibre, en la délimitant par un sillon sacré. Ce
périmètre est nommé « pomerium » et est tracé à l’aide d’une charrue
tirée par un bœuf blanc. Or, Rémus violera cette limite, son frère le
tuera pour ce geste et il deviendra alors le premier roi parmi les sept
souverains légendaires de Rome.
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Les apports de l’archéologie
Les données archéologiques démontrent, en réalité, que cette région
était peuplée, à la fin de l’Age du Fer (vers le IX°s ou le VIII°s av JC),
par les Latins, les Etrusques et les Samnites. Ce sont eux qui
véritablement fondèrent la ville en choisissant un site stratégique, le
Mont Palatin. Cette colline est en effet facile à défendre, proche des
rives du fleuve mais protégée de ses crues. Elle deviendra par la suite
le lieu de résidence des empereurs. Des vestiges montrent aussi que
l’Ile Tibérine servait de gué pour franchir le fleuve.
Plus tard, au VI° siècle av JC, les archéologues ont constaté que les
Etrusques, grands bâtisseurs, ont asséché le Mont Palatin et le
Capitole, futurs Forum Romain où se déroule la vie politique et
religieuse de la ville.
C’est sous la République (entre le V°s et le I°s av JC) qu’apparaissent
les premiers monuments intéressants. Sous l’Empire, la cité prospère
et elle connaîtra un lent déclin dès le V°s ap JC.
II. Les vestiges antiques
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Le Forum romain
Dès le Moyen Age, il est abandonné et sert de carrière où les
ouvrages antiques seront remployés dans les églises nouvellement
édifiées. Rapidement, il portera le nom de « campo vaccino »
(« champ à vaches ») où seuls les érudits dessineront les vestiges
émergeant du sol. Il faudra attendre la naissance de l’archéologie au
XIXes pour qu’il soit fouillé entièrement. Cet espace mesurant 120m de
long sur 50m de large est le symbole de la démocratie. Il est orné de
colonnades, d’arcs de triomphe, de statues équestres, d’arbres sacrés
(le figuier, l’olivier et la vigne) et comporte de nombreux monuments
longeant l’imposante Via Sacra. C’est l’artère principale du Forum qui
est très large car deux chars pouvaient s’y croiser. Elle était empruntée
par les cortèges des généraux, revenant des batailles, pour exposer
leur butin, d’où son nom « voie sacrée ». Le Forum renferme la Curie,
où siège le Sénat, imposant édifice construit par Jules César, qui
grâce à sa transformation en église chrétienne présente un bon état de
conservation. Notons pour l’anecdote que les Sénateurs installaient
leurs chaises sur des gradins d’un coté ou de l’autre en fonction de
leur opinion du jour ! Devant la façade du Sénat, se trouve le
Comitium, autre symbole de la démocratie, dont il reste deux bas-
reliefs en marbre et quelques colonnes. Les orateurs s’exprimaient sur
des tribunes nommées Rostres qui étaient ornées des figures de proue
des navires capturés lors d’expéditions (dites « rostra » en latin).
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Le Palatin et le Celio
Le site a servi d’une part de lieu de résidence impériale dont le plus
illustre est le palais de Domitien (empereur de 81 à 96). Il était
constitué d’immenses appartements privés, nommés « Domus
Augustana », et de bâtiments publics, dits « Domus Flavia ». Ces
derniers avaient été construits par l’architecte Rabirius et
comprenaient une basilique, une salle d’audience (dite « aula regia »)
et une salle des banquets (nommée « triclinium »).
D’autre part, cette dynastie d’empereurs, les Flaviens, ont développé
les spectacles et les jeux sur ces deux collines en construisant le
stade de Domitien et le célèbre Colisée. Ce plus grand amphithéâtre
mondial, fut inauguré en 80 par Titus avec des fêtes qui selon la
légende ont duré 100 jours. Domitien en acheva la décoration. Ses
dimensions colossales nécessitèrent 100.000m3 de pierres provenant
de Tivoli et 400 tonnes de fer. Sa façade est devenue un des
préceptes de l’architecture classique : elle est constituée d’une
superposition de trois galeries dont les baies en plein cintre sont
séparées par trois types de colonnes1. Son sommet est orné d’une
galerie aveugle et d’une corniche où on attachait le « velum »2.
L’édifice pouvait contenir jusqu’à 80.000 personnes réparties selon
leur catégorie sociale. En effet, la famille impériale et les sénateurs
s’asseyaient en bas, les chevaliers au milieu, et la Plèbe3 en haut. Les
spectacles se déroulaient au niveau de l’arène recouverte de sable,
qui pouvait se transformer en retenue d’eau pour des joutes navales.
Le programme était varié : chasses le matin, exécutions publiques le
midi et combats de gladiateurs l’après-midi. L’essor du Christianisme
entraîna un déclin des jeux et il faut attendre l’intervention de Mussolini
pour qu’il redevienne un monument prestigieux.
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Le Panthéon
Ce temple, dédié à tous les Dieux romains, a été conçu par l’empereur
Hadrien entre 118 et 125 et il deviendra une église en 608, ce qui
explique son excellent état de conservation. Il est perçu par les
architectes comme un modèle : pour l’équilibre de ses proportions, car
son diamètre et sa hauteur sont équivalents ; pour sa forme parfaite, la
rotonde et sa coupole circulaire précédant un porche rectangulaire
surmonté d’un fronton triangulaire ; et pour sa prouesse technique
avec ses 16 colonnes monolithiques4 en façade et sa voûte à
caissons5 dont les dimensions ont été égalées 1.500 ans plus tard !
Pour ses raisons, il servira souvent de modèle architectural dont le
plus célèbre exemple est la Basilique Saint Pierre au Vatican.
1 Les colonnes étaient successivement doriques, ioniques et corinthiennes, créant ainsi une hiérarchisation de la
façade. En effet, l’ordre dorique est trapu et peu décoré, celui ionique est plus élancé et son chapiteau est orné de
deux volutes, et le corinthien est constitué d’une fine colonne et d’un chapiteau sculpté de feuilles d’acanthes (une
sorte de fougère). Cette superposition d’ordre renforce la hauteur vertigineuse de l’édifice (48m).
2 C’est une immense toile de lin qui servait de protection pour les spectateurs contre le soleil et les intempéries. Il
était mis en place par les marins de la flotte impériale.
3 La Plèbe constitue l’ensemble des citoyens ordinaires. Notons que les esclaves, les femmes et les pauvres ne
pouvaient pas s’asseoir et assistaient debout au spectacle au sommet du Colisée !
4 Les colonnes sont en granit gris et rouge. Elles sont monolithiques, c’est à dire qu’elles ont été taillées en un seul
bloc, ce qui est une performance car elles mesurent 12m de haut et 4m de circonférence.
5 Cette coupole, percée d’un oculus, mesure 43,30m de diamètre. Cette performance n’est due qu’à la technique de
construction ingénieuse utilisant une pierre volcanique très légère. Sa paroi intérieure est ornée de caissons, motif
géométrique constitué de petits carrés en creux, permettant d’accentuer les dimensions gigantesques de cette
voûte.
Editeur : MemoPage.com SA © 2006 Auteur : Elène Thévenot